Le deuxième ou le troisième jour après le martyre (l'assassinat) du grand-duc, son altesse, qu'un sentiment chrétien poussait à tout pardonner, résolut de rendre visite à l'assassin de son mari, Kaliaïev, détenu à cette époque au commissariat de Serpoukhov. (...) On ignore ce que se dirent la grande-duchesses et Kaliaïev, puisque personne n'assista à l'entretien. Des quelques mots qu'en dit la grande-duchesse, on peut conclure que cette rencontre donna satisfaction à son sentiment chrétien et que Kaliaïev avait été touché : il avait accepté d'elle une icône et lui avait baisé la main. Quelques jours plus tard, la première impression s'estompa en Kaliaïev et la raison prit le dessus sur le coeur. Se sentant en quelque sorte coupable de faiblesse devant son parti, il écrivit une lettre d'injures et de reproches à la grande-duchesse, dont la démarche avait été très critiquée.
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