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Critiques de Andrea Marcolongo (58)
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La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer ..

Un livre plein de surprises, à commencer par son titre. le lecteur attend un argumentaire en neuf points passionnants, le lyrisme des neuf muses filles de Zeus appelées à la rescousse pour chanter le logos. J'ai cherché en vain…

Je m'attendais à un « antimanuel » de grec ancien, ce livre est beaucoup plus que cela, un essai sur l'agonie des mots et peut-être leur réincarnation par celles et ceux qui les font vivre.



Je m'empresse de préciser que dans ma période lycéenne et universitaire erratiques je n'ai suivi aucun enseignement de latin ou de grec ancien. Disons le d'emblée, malgré la promesse de la quatrième de couverture, pas toujours facile de suivre le propos de l'auteure pour le lecteur qui ne dispose d'aucun point de repère académique en grec voire en linguistique. A cet égard, pour le vocabulaire technique un glossaire aurait été le bienvenu.



Naturellement, la lecture de cet essai apporte d'autant plus de plaisir si les univers de Platon, Sophocle … ne sont pas totalement inconnus, mais on imagine que celle ou celui qui ouvrira ce livre a déjà quelque affinité et plus avec « l'été grec » pour reprendre le titre du magnifique livre de Jacques Laccarière.



Abstraction faite de l'écueil susévoqué, affleurement de récifs égéens dans l'azur des cyclades, on se laisse emporter par la fougue, la passion, la drôlerie de l'auteure.



Assurément, pas besoin d'être docteur es études homériques pour percevoir le legs du grec à la langue française, ces lieux philosophiques légendaires « l'académie » de Platon, le « lycée » d'Aristote si différents aujourd'hui et bien sur cette richesse étymologique qui donne sens au mot à commencer par « philosophe », qui aime la sagesse et non pas le sage, ce n'est pas tout à fait pareil cela peut même être très différent.



Andrea Marcolongo chante les subtilités de cette « langue morte », rien de dénigrant dans mon propos, le français est devenu à maints égards une langue morte, immolé sur l'autel de la pensée moderne binaire utilitaire et son affreux appendice la novlangue.



Parmi ces subtilités j'ai notamment fait connaissance avec ce mode optatif. L'optatif exprime le désir, le souhait, l'espérance, dans les interstices du « réel », ainsi que le rappelle l'auteure, « la frontière qui sépare un désir réalisable d'un désir impossible est aussi subtile, délicate » (P. 112)



Cette langue qui ignore l'univers carcéral du temps tronçonné en passé, présent, futur… le plus important était le « comment » plus que le « quand » ; apprécier le début, le déroulement, la conclusion



« Difficile de penser sans le temps, mais le temps n'existe pas, ce qui existe c'est une fin pour chaque commencement, et un commencement pour chaque fin (…) difficile pour nous mais non pour le grec ancien cette langue qui percevait non le temps mas le processus et qui grace à l'aspect du verbe, exprimait la qualité des choses qui semblent toujours nous échapper – quand la question que nous nous posons toujours sans jamais percevoir comment. » (p. 14)



Autre délicatesse du grec ancien, le « duel », qui s'ajoute au singulier et au pluriel ; le duel par lequel, on ne comptabilise pas, la somme un plus un, mais l'alliance et l'exclusion, un petit air de yin & yang si j'ai bien suivi le propos.



Deux éléments contraires mais qui ne sont pas contradictoires, la terre et le ciel, l'homme et la femme…., l'un ne se dissous pas dans l'autre ou dans une transcendance aliénante



Ce n'est pas naturellement le premier ouvrage de cette nature, les « petites leçons sur le grec ancien » de Jacqueline de Romilly et Monique Trédé (2008) suit un fil d'Ariane assez proche et ambitionne aussi d'être simple et pédagogique mais quelle différence dans le souffle ! Dans ce second ouvrage, la sensation de lire une démonstration de patinage artistique avec les figures imposées exposées parfaitement mais un cours d'amphithéâtre in vitro, pas l'amphithéâtre de la vie, in vivo, celui de la comédie (« kômôdia ») et de la tragédie (« tragôdia »).



Le grec ancien est victime d'une politique culturelle étriquée et aussi de l'évolution des préférences de la « démocratie de l'usage », (démocratie encore un mot grec,...) qui plébiscite l'expression sms et se moque de Montaigne.

L'auteure constate avec raison « Quoiqu'on dise aujourd'hui à l'ère de twitter et de whatsapp, ce sont eux qui changent avant que la langue change et non l'inverse. » (p. 126)



Tragédie du grec ancien mais aussi des « humanités » que l'on laisse agoniser à petit feu dans les établissements d'enseignement



Un livre pétillant pour danser et rire avec les mots dans le tragique



Contribution faite dans le cadre de masse critique.Un grand merci à babelio et aux éditions « Les belles lettres »

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La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer ..

C’est l’histoire d’une passion.

Une passion qui dure depuis l’enfance.

La passion de l’auteur pour le grec ancien.



Elle fait le parallèle entre nos langues et le grec ancien.

Chez nous, la notion de temps est toujours représentée.

Chez les grecs, c’est la notion du comment.

Le grec ancien est influencé par la langue indo-européenne qui a disparu.



Après un début très accessible, tout devient plus pointu et donc plus ardu à lire.

On notera cependant certaines notions, comme l’appauvrissement de la langue. Avec entre autre la disparition du mode optatif.

L’auteur prodigue conseils et encouragements pour aborder l’étude du grec ancien de manière positive.

L’étude de cette langue, dit-elle, ouvre l’esprit et permet de se connaitre soi-même.

C’est une étude très complète sur l’origine, la complexité, l’évolution, voire la disparition d’une langue.

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De arte gymnastica

Petite précision, n'ayant eu la patience d'attendre sa sortie en France, j'ai décidé de lire cet ouvrage en italien. A sa sortie française - prévue le 2 mai prochain - ce sera avec plaisir, que je me mettrai, à nouveau, dans les foulées de cette auteure.



Je dis foulées, car Andrea Marcolongo s'est lancée un défi de taille : un marathon et pas n'importe lequel, LE Marathon, d'Athènes, elle a choisi de mettre ses foulées dans celles des Anciens, et au premier chef dans celles de Phidippidès le messager qui après avoir couru 41.8km et prononcé la seule phrase : " Nous avons gagné ! " s'est écroulé, terrassé par son effort.



41.8km car en réalité, la distance géographique qui sépare la ville d'Athènes, du village de Marathon ne correspond pas à celle des marathons modernes. "Les 42,195 km actuellement convoités n'ont en effet fait leur première apparition que lors des Jeux olympiques de 1908 à Londres où, au gré du prince de Galles, le départ de l'épreuve a commencé dans les jardins du château de Windsor et pour s'assurer que les nobles puissent regarder la course confortablement, à l'aise et à l'ombre, donc depuis, les coureurs sont obligés d'enchaîner près de 400 mètres supplémentaires ».



Revenons au livre avec Andrea Marcolongo la préparation d'un marathon devient tant une épreuve physique, qu'un réflexion philosophique.

On y retrouve ce qui le charme de son écriture, c'est stimulant, poétique, lyrique, et toujours érudit.



La preuve, quand elle évoque Dante :

" « Maître, quel est le poids qui les fait se plaindre si fort ? » demande Dante à Virgile (Enfer, III, 43-44), horrifié par les gémissements qu’il entend venant de l’antichambre de l’enfer. Ce sont des gens qui courent, leur guide répond promptement : ce sont les sans méfiance, ceux qui dans la vie ne savaient pas prendre position et prendre le parti du bien ou du mal et qui maintenant, dans l’anti-enfer, sont condamnés à jamais à courir en vain derrière un drap blanc, symbole de leur lâche indécision.

La course est la première punition que le lecteur de la Divine Comédie rencontre en enfer : les « coureurs de l’au-delà » apparaissent à Dante si désespérés qu’on les appelle des gens « qui sont ces gens si défaits de souffrance » (ibid., 33). Ceux qui, dans la vie, étaient « sans infamie et sans louange » (ibid., 36) sont obligés de courir sans fin, nus, sans but, tandis que les guêpes et les mouches les piquent dans la chair et que d’horribles vers se nourrissent de leur sang et de leurs larmes. Ces esprits neutres et lâches, sont si insupportables dans leur course que même Satan ne veut pas qu’ils soient en enfer (« Les cieux les chassent, pour n’être pas moins beaux, et le profond enfer ne veut pas d’eux,car les damnés en auraient plus de gloire.» (ibid., n. 40) , et même Virgile avertit Dante : «ne parlons pas d’eux, mais regarde et passe. » (ibid., n. 51).

Filet des insectes haineux et avec l’ajout de quelques centimètres de tissu, cette scène de la Comédie n’est pas si différente du spectacle glaçant offert par un marathon contemporain. Pour ceux qui ne pratiquent pas la course à pied, assister à un marathon en dehors du contexte olympique rappelle directement le suicide collectif – une apocalypse de l’humanité dans laquelle paradoxalement les participants, épuisés et dépassés, poursuivent volontairement leur propre souffrance."



A l'époque de la sortie de son premier livre Le Monde des Livres écrivait : "La jeune et talentueuse helléniste italienne a inventé un genre littéraire inédit : le journal intime érudit."

Et ce livre n'y déroge pas.



Ce marathon est pour elle une prise de conscience d'avoir "vécu" dans la « tête » des Grecs, s’efforçant de comprendre leur langue, leur poésie, leur philosophie et tout le catalogue des merveilles créées par leurs neurones porteurs. Mais elle avait oublié qu’eux aussi avaient un corps, fait de chair, de sang, d’impulsions, de désir et de besoin de bouger. Le cerveau doit être bien entraîné, les muscles ne peuvent pas l'être moins – et peut-être que pour écrire un poème épique, l’inspiration de la Muse ne suffit pas, les Grecs avait également besoin de jambes rapides et de chevilles robustes.



Au passage, sont égratignés le marketing qui fait de la course à pied une activité "tendance", les applications mobiles et autres gadgets ces "outils" qui "aident" à améliorer les performances et qui font que les coureurs contemporains, équipés de tous les gadgets technologiques possibles, semblent maintenant plus semblables aux protagonistes d’un film dystopique qu’aux athlètes de la Grèce antique, qui s’entraînaient nus et équipés de rien d’autre que de la force de leurs muscles. Dans la Grèce antique, la seule donnée mesurable et contrôlable était celle, très évidente, de souffle, court ou long : « La limite de la force de l’exercice est le changement de respiration ; il s’ensuit que les mouvements qui ne provoquent pas de variations dans la respiration ne méritent pas le nom d’exercices », a écrit le médecin Galien en ignorant toujours la différence entre l’exercice aérobique et anaérobie.



Elle convoque également Platon qui dans Timée écrivait : "ne mouvoir ni l’âme sans le corps, ni le corps sans l’âme, pour que, se défendant l’une contre l’autre, ces deux parties préservent leur équilibre et restent en santé. Il faut donc que le mathématicien ou quiconque applique intensément son esprit à quelque étude donne aussi en compensation du mouvement à son corps, en pratiquant la gymnastique, et que, inversement, celui qui accorde le plus clair de ses soins à façonner son corps fournisse à son âme des mouvements compensatoires, en s’adonnant à la musique et à tout ce qui touche à la philosophie, s’il veut que, à juste titre, on dise qu’il est à la fois bon et beau"



Mais aussi sur des réflexions qu'il pourrait avoir face à la folie au fait que nous essayons aujourd’hui de mettre dans nos plats, et donc en circulation dans notre corps, des aliments biologiques, c’est-à-dire des produits sans l’utilisation de produits chimiques tels que des pesticides et d’autres poisons.

La folie est plutôt d’avoir longtemps pensé le contraire, c’est-à-dire que la façon dont les champs, les mers, les montagnes, les rivières nous offrent naturellement leurs cadeaux était contournable, modifiable (comme si elle n’était pas déjà plus que parfaite comme ça) grâce à la technologie et à une arrogance sans bornes.



L'auteure de nous rappeler qu'en grec ancien, le mot "régime" ne signifiait pas restriction alimentaire ou sacrifice pour perdre du poids : le terme díaita, en fait, indiquait un mode de vie visant à préserver la santé dans tous ses composants, de la nourriture au sommeil, de l’exercice physique au bien-être mental.



Et de penser, de manière évidente, que courir est l’acte le plus contemplatif qui soit – et autrefois considéré comme quelque chose de mystique sous forme de pèlerinage. Enfin soustrait – libéré – des mille distractions quotidiennes, il n’y a que deux panoramas possibles à contempler : l’intérieur, fait d’émotions et de sensations physiques, et l’extérieur, fait de routes, d’arbres, de rivières, et pour les chanceux des montagnes et de la mer.

Il ne s’agit pas seulement d’arbres et de paysages à admirer, mais aussi de sens à éveiller et à entraîner : de plus en plus prisonniers du confort des murs de la maison et des écrans bleus des smartphones, il arrive que nous ne sachions plus quoi faire de notre audition coincée dans des écouteurs avec filtre antibruit, de notre sens de l’odorat asphyxié par des déodorants artificiels, de notre toucher anesthésié par des crèmes et des protections.



Depuis Le Banquet de Platon, l’homme est l’être désirant par définition – tant qu’il est mortel, aucun bonheur ne sera assez grand pour le convaincre de ne pas en vouloir encore plus.

"Avec l’effondrement des grands idéaux collectifs, des partis à la religion en passant par toutes les structures intermédiaires de l’engagement civique, aujourd’hui ce bonheur est devenu si privé – et vendu déjà privatisé à un prix élevé – que nous pourrions aussi bien essayer de le fabriquer nous-mêmes, en devenant nos propres juges et nos propres tyrans. D’où l’obligation de performer en permanence, de se défier les uns les autres chaque matin saint pour pouvoir dire le soir que nous avons gagné – que ce soit contre nous-mêmes, l’agenda, le regard des autres ou le chronomètre au poignet, peu importe – ressentir au moins ce peu de satisfaction qui nous rappelle d’être en vie, qui nous permet de nous dire par nous-mêmes « Bravo ! »"



Et bien je dis à Andrea Marcolongo : BRAVO et MERCI pour ce nouveau livre c'est toujours un plaisir de la retrouver.

Et résumons en une phrase son nouvel ouvrage, qu'elle prononce elle-même : "Je sors courir pour pouvoir écrire, et j'écris pour pouvoir courir"

Et bien le 2 mai, je courrai chez mon libraire pour que sa version française rejoigne son homologue italienne sur l'étagère de ma bibliothèque... Et tout cas je suis déjà dans les starting-blocks (même si dans le cas d'un marathon ils ne servent à rien...)
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L'art de résister

Andrea Marcolongo explique dans ce livre son rapport à l’Énéide, et plus précisément le changement de perception de cette œuvre, provoquée par le confinement consécutive à la pandémie. Elle exprime son manque d’intérêt réel pour le livre de Virgile, le présentant comme une attitude répandue, voire systématique. Italienne, elle l’a étudiée à l’école, longuement, au point de n’y voire qu’une lecture obligatoire, sans y avoir trouver du plaisir. Et elle pense que c’est le cas de la plupart des gens : le livre dont on n’ose se séparer, prend la poussière sur une étagère peu accessible. Mais la situation de crise, d’enfermement, le sentiment d’arriver à la fin d’un monde, l’ont poussé à ouvrir de nouveau l’ouvrage, et de lire d’une autre manière, avec un autre angle de vue.



Andrea Marcolongo en vient à penser que l’Énéide n’est pas une œuvre que l’on puisse apprécier lorsque tout va bien, que c’est une œuvre vers laquelle on se tourne, que l’on comprend, en temps de crise, de guerre, de doute et de souffrance. C’est les moments de rupture qui permettent de s’y retrouver. Énée n’est pas un héros guerrier et triomphant, il ne fait guère d’étincelles à Troie. Il est un héros qui souffre, et qui exprime sa souffrance, un héros qui pleure. Il est aussi un héros quelque peu dépassé par la mission qui lui est confiée, mais il ne la fuit pas, et il va essayer de la remplir au mieux, avec courage et abnégation. Et cette mission est de reconstruire. Après les atrocités de la guerre, le génocide dont son peuple a été la victime, les errances sur la mer, les nouveaux morts, il s’agit de rebâtir, de donner un nouveau départ. C’est en cela qu’ Énée correspond aux époques difficiles, il redonne espoir. C’est tout au moins le point de vue d’ Andrea Marcolongo, c’est ce qu’elle semble y avoir trouvé dans le moment difficile qu’a été le confinement.



A partir de ce point de départ, elle passe en revue l’ Énéide, ainsi que toutes les critiques ou prises de positions au sujet du poème. Comme par exemple l’accusation souvent portée contre Virgile, d’avoir écrit un poème sur commande, à la gloire d’Auguste. Elle défend bec et ongles son poète, et son héros. C’est une véritable déclaration d’amour à l’oeuvre et à l’auteur.



C’est brillant et inspiré, et se lit avec un véritable plaisir. Cela donne la sensation tout de même d’un parti pris, comme lorsqu’elle évoque par exemple la commande impériale de l’Énéide :



« Il est vrai qu’en 29 avant J.-C. Virgile avait accepté d’écrire l’Énéide. Il est tout aussi vrai qu’il l’avait presque aussitôt refusé en son for intérieur – tout en se gardant bien d’en faire part à l’Auguste. »



On voit mal sur quoi se base l’auteure pour connaître le sentiment intérieur de Virgile. C’est plus une intuition ou une envie qu’un fait solide. Mais beaucoup d’analyses sont passionnantes, l’auteure connaissant bien son sujet. Il ne faut juste pas prendre ce livre pour une analyse rigoureuse et solidement étayée de l’oeuvre, il s’agit plus d’une lecture personnelle, souhaitant transmettre sa vision, sa passion de l’ouvrage, et voulant donner envie au lecteur d’y retourner, en faisant une lecture sous un angle inédit.
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Etymologies pour survivre au chaos

Avec cet essai Andréa Marcolongo invite le lecteur à visiter son jardin dans lequel elle cultive l'amour des mots. Elle y propose un florilège de mots très ordinaires, comme le sont les roses ou les tulipes, mais qui pour elle ont une résonance particulière. Elle en dévoile les racines afin de découvrir leur structure, leur évolution et leur sens parfois insoupçonné en faisant appel à de multiples références linguistiques, littéraires, philosophiques ou historiques, émaillées d'anecdotes personnelles.

Le texte est vivant, agréable par moments mais trop érudit, donc souvent difficile à appréhender pour qui n'a pas reçu une solide formation littéraire.

En préambule l'auteure affirme que "la démocratie se loge au coeur du langage: la langue est un bien commun, un partage." En gros, ceux qui parlent mal ne peuvent pas penser clairement, ceux qui sont conscients de l'importance de pouvoir s'exprimer sont rebelles. Pour elle, prendre conscience de la valeur des mots et de leur origine est une tâche démocratique et politique…

Soit, chacun est libre de croire à ce qu'il veut cependant il m'a semblé que si l'étymologie est une méthode pour goûter l'émerveillement du langage, je ne lui ai rien trouvé de rebelle ou démocratique. A mon humble avis elle me semble même plutôt élitiste, ce qui m'a fortement enquiquinée ! (Enquiquiner: probablement dérivé de l'argot kiki, quiqui, « cou, gorge », d'origine onomatopéique. Au sens propre, « serrer à la gorge ». Pop. Importuner, agacer, irriter).

Manifestement Andréa Marcolongo s'est fait plaisir en rédigeant son essai mais a-t-elle pensé à celui du lecteur qui n'a pas le privilège d'appartenir au cercle des distingués linguistes ? J'en doute...

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La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer ..

Mon fils, amateur de 'Bude' (collection de bilingues latin/grec, du nom de Guillaume Budé, traducteur d'oeuvres grecques en latin, 1467-1540), m'a prêté ce témoignage.

Ce faisant, il m'a suggéré de dégager des similitudes entre le grec ancien (que je découvrais avec cet ouvrage) et le russe ; d'où quelques rapprochements qui suivent entre ces deux langues, bien que ces comparaisons ne soient pas précisément l'objet de cet essai.

En effet, c'est à sa propre langue, italienne, que l'auteure se réfère le plus souvent. Ces comparaisons avec le russe ne sont cependant pas dénuées de sens, puisque le vieux-slave et le grec ancien ont une même origine indo-européenne. D'ailleurs, Cyrille et Méthode - missionnés par l'empereur de Byzance au IXe siècle pour évangéliser les peuples slaves - se sont inspirés des lettres grecques pour retranscrire phonétiquement ce qu'ils entendaient, d'où des similitudes entre les alphabets grec et cyrillique (д, к, п р, т, ф, х …).





■ Le 1er chapitre - "Quand, jamais, l'aspect" - est consacré aux verbes grecs, en particulier à leurs aspects : présent, aoriste, parfait… L'aspect d'un verbe permet notamment de distinguer l'action en cours, de celle achevée, ou de celle envisagée. Les grecs accordaient plus d'importance au "comment" qu'au "quand", à la manière dont les évènements se déroulaient qu'au moment de leur survenue ; ainsi, l'aoriste exprimait le process de l'action plus que son moment, et l'aspect d'un verbe primait sur son temps.

L'auteure lie la langue à la façon de penser de ceux qui l'utilisent ; le grec ancien est « la langue dans laquelle (le peuple grec) a exprimé pendant des dizaines de siècles, toute sa politique, toute sa culture, ses lois ; la langue dans laquelle il avait inventé la philosophie, les mathématiques, l'astronomie, et le théâtre. » (p. 61)

Elle explique que la langue ne véhicule pas seulement l'expression, elle est aussi un instrument de pensée. Elle montre l'intérêt de ne pas trop simplifier les règles d'une langue, sa simplicité risquant de s'effectuer au détriment de sa capacité à exprimer des nuances. Sur ce point, elle est plus convaincante que beaucoup d'académiciens prétentieux, réfractaires aux changements (alors qu'une langue vit, donc évolue, sans se décréter), et qui rejettent des anglicismes reflétant des influences étrangères sans les générer.

Comme la plupart des Français, j'enverrai donc toujours des 'mails' - et non de réglementaires 'courriels' - sans que cela ne modifie la manière dont la messagerie électronique s'est diffusée -, je subirai encore les excès du 'marketing', et je stationnerai mon véhicule sur des 'parkings'…



En grec ancien, l'aspect des verbes est si essentiel qu'il s'exprime par des mots généralement très différents. En russe, la plupart des verbes ont deux aspects : imperfectif (l'action qui se déroulait/se déroule/ra) et perfectifs (actions achevées, ou action unique). A l'infinitif, cette distinction s'effectue le plus souvent par ajout d'un préfixe sur la forme imperfective pour constituer sa forme perfective (boire : пить / выпить, mais avec cette dernière forme le verre est probablement vide…), même si quelques couples aspectuels ont des formes différentes (placer : класть / положить).





■ Au 2e chapitre – "Le silence du grec. Son, accents, et esprits" – l'auteure rappelle que la sonorité du grec ancien est définitivement perdue. Il est dommage que le procédé imaginé par Pierre Raufast dans 'La variante chiliienne' pour faire renaître des sons du passé ne soit qu'un rêve (un potier y lit de microsillons imprimés pendant le façonnage de vieilles poteries) ! Même les cris d'animaux s'énoncent différemment dans différentes langues. Ainsi, en anglais, un chien aboie 'arf arf' s'il est petit et fait 'bow bow' s'il est gros, tandis que tous font 'gaf gaf' en russe (p. 71).

En écrivant cette phrase, il me vient à l'esprit que parmi nos célèbres hommes politiques, Nicolas S. dit plutôt "arf arf" et J.L. M. "bow bow" ; allez savoir pourquoi !

Il n'est plus possible de reconstituer la prononciation des lettres du grec ancien, même à partie d'onomatopées ou de sons encore connus. Il est cependant établi que les voyelles grecques ont chacune une forme brève et une forme courte, comme en russe.





■ Dans "Trois genres, trois nombre" (chapitre 3) l'auteure présente le genre neutre en grec ancien (ce genre existe aussi en russe et en allemand), ainsi que le duel (nombre désignant des choses allant par deux, formant un tout). Le neutre correspond à des objets inanimés, les objets animés étant masculins ou féminins.

Le russe distingue aussi parfois les inanimés des animés, mais uniquement pour la fonction de l'accusatif (cas du COD, ou du lieu de destination) au pluriel et au masculin singulier. S'ils n'utilisent pas le genre duel comme les anciens grecs, les Russes déclinent en revanche différemment les objets désignés après les cardinaux de 2 à 4, et ceux désignés après les cardinaux de 5 et au-delà (comme s'il y avait pour eux un 'petit pluriel' et un 'grand pluriel' ; sauf que les objets désignés après 11, 21, 31, … se déclinent comme après 1, et les objets désignés après 12, 13, 14, 22, 23, 24, 32,... comme après 2, 3, et 4).





■ Au chapitre 4 - "Les cas ou une anarchie ordonnée des mots" - nous découvrons les déclinaisons des substantifs selon cinq cas : nominatif, accusatif, génitif, vocatif, et datif. En grec ancien l'ordre des mots était totalement libre : la désinence finale des substantifs permettait de comprendre leurs fonctions respectives dans la phrase. Contrairement au français (qui emploie d'autre mots pour expliquer la fonction des noms dans la phrase, comme les prépositions), d'autres langues modernes sont flexionnelles (le fléchissement de la fin de mot désigne sa fonction) : latin (6 cas : nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif, ablatif), allemand (4 cas : nominatif, accusatif, datif, génitif), grec moderne (4 cas : nominatif, accusatif, génitif, vocatif), russe (6 cas : nominatif, accusatif, génitif, datif, instrumental, locatif), etc.





■ "Un mode nommé désir : l'optatif" est le titre du 5ème chapitre. L'optatif permettait en effet d'exprimer des désirs (il est aussi appelé désidératif) ou les espoirs.





■ Au 6ème chapitre, l'auteure donne des conseils pour les exercices de traduction : le dictionnaire est souvent nécessaire mais le recours systématique à cet outil peut empêcher l'étudiant de développer ses capacités de déduction. La connaissance de la culture des utilisateurs de la langue est aussi primordiale. Il me semble que l'on peut transposer ces conseils à l'apprentissage d'autres langues.





■ Le 7ème et dernier chapitre - "Le grec et nous, toute une histoire" - est intéressant mais vient à mon avis trop tardivement dans l'ouvrage. Faisant le lien entre la culture grecque antique et la langue parlée de l'époque, cette partie du livre aurait en effet mieux trouvée sa place au début. Les explications relatives à la naissance du grec moderne y sont particulièrement bienvenues.





Tout au long de ce livre, l'auteure explique bien les raisons de son attachement au grec ancien, malgré des difficultés d'apprentissage mises en évidence. Même si celui-ci est destiné à tous, je suppose que ceux qui ont étudié le grec ancien y trouveront beaucoup plus d'échos et d'intérêt que les autres. Je comprends mieux l'intérêt que l'on peut trouver à l'étude du grec ancien, mais n'ai pas plus envie de m'y pencher qu'avant cette lecture…

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Déplacer la lune de son orbite

"Je pense à tous les gardiens de nuit de tous les musées du monde qui, en ce moment précis, sont en train de veiller sur le repos des œuvres d'art, épuisées après une journée entière de mains moites dangereusement proches, de commentaires creux et de selfies que personne ne regardera jamais"



La mythologie, l'étymologie, les langues anciennes, l'Antiquité... autant de nobles causes qu'on croirait perdues.

Parmi ceux qui s'affairent pour refuser leur assignation à l'inertie, il faut compter sur l'auteur Andrea Marcolongo.

Il est des livres dans lesquelles on peut y puiser indéfiniment des citations, et bien les siens sont de ceux-là

Chacun de ses livres est un pur bonheur et celui-ci ne déroge pas à la règle. Il vient rejoindre la collection "Ma nuit au musée".

Et quoi de plus normal pour celle que l'on qualifie "L'héroïne grecque" (dans le Monde), de pasionaria de la Grèce, de sauveuse des lettres classiques ou encore "l'Athéna moderne", de choisir le Musée de l'Acropole, après nous avoir fait re-découvrir le grec dans la langue géniale ;

Après nous avoir donner à réfléchir par ces temps cyniques, apeurés, presque déboussolés, qui sont les nôtres, qu'il n’y a rien de plus étymologiquement grec que de rejeter le mètre stérile de l’utilitarisme et de la banalité dominante pour redécouvrir l’enchantement d’être des hommes appelés à vivre chaque jour dignement et pleinement, comme seuls les Grecs savaient le faire et l’ont toujours fait dans son ouvrage "la Part du héros".

Après nous avoir mis ses pas dans ceux d'Isidore de Séville qui écrivait « Quand on a vu d’où vient le nom, on comprend plus rapidement son sens. En effet, l’examen de toute chose est plus facile, une fois connue son étymologie. » et nous avoir donné les clés de "l'étymologie pour survivre au chaos" ;

Après avoir écrit ces mots magnifiques dans "l'art de résister" : "Virgile, dans La Divine Comédie de Dante, est ainsi contraint à marcher dans l’obscurité, muni d’une lumière qui n’éclaire pas son propre chemin, mais ceux qui viendront après lui. Et dire qu'elle a admirablement saisi cette lumière serait un euphémisme



Cette fois c'est à un exercice peut commun auquel elle s'est livré : passer une nuit seule dans ce musée, et s'il y a bien une photo qui a elle seule résume l'expérience, c'est celle où on la voit assise sur ce lit de camp, seule, l'Acropole et la Parthenon en arrière plan.



Car en dehors de cette solitude volontaire, il y a la solitude imposée de ces murs où seraient censés troner en majesté les Marbres du Parthenon et à la pace comme elle le dit si bien : "Suivent un bras, deux jambes, un corps entier, et puis de nouveau absence, absence, absence comme si la frise de Phidias s'appliquait à reproduire, par ces pleins et ces espaces vides, le morse de la civilisation européenne."



L'auteur, ironie du sort ou plutôt comble de l'ironie est venue avec un seul livre la biographie de Lord Elgin, ambassadeur de son état, qui des mois durant s'est lancé dans un vol, un pillage colossal, un démembrement en règle des frises du Parthenon.

Et c'est ce que l'on découvre dans ce livre entre autre, c'est cet enchaînement de "circonstances" qui ont fait que ces œuvres millénaires qui furent découpées, cassées, brisées, noyées (certaines finiront au fond de la Tamise) pour finir au British Museum et dont les retentissements font encore la une de l'actualité.



"Je me laisse transporter par la vision d'une Grèce ayant finalement obtenu reconnaissance et réparation. Et un dédommagement plus que légitime : si chaque lecteur d'Homère, depuis deux mille huit cents ans — lorsque la muse de l'Hélicon chanta à l'aveugle de Chios la geste d'Achille et d'Ulysse —, avait versé à la Grèce ne serait-ce qu'une part minime de la rémunération prévue par le droit d'auteur, ces îles arides jetées dans la mer Égée comme par un coup de dés seraient aujourd'hui les plus riches et les plus florissantes du monde.

Si chaque homme et chaque femme qui ont eu une idée après avoir lu Platon ou Aristote, qui se sont exclamés Eurêka ! après avoir étudié Archimède ou Ératosthène, qui ont ressenti le besoin d'écrire, de peindre, de jouer de la musique après avoir assisté à une tragédie de Sophocle — ou qui se sont tout simplement sentis compris, moins méchants et plus humains —, reconnaissaient aujourd'hui leur dette envers l'Antiquité, la Grèce siégerait au faîte du monde, de l'Olympe même, révérée et respectée de tous les autres pays, humbles mendiants aux pieds de sa grandeur."



C'est toujours magnifiquement écrit, elle fait partie pour moi de ces auteurs qui en plus de nous donner à apprendre, à voir, à écouter, à comprendre, à réfléchir, elle le fait avec une écriture toute en subtilité, en légèreté (même quand il s'agit de sujets graves), toute en poésie, en témoigne ce sublime passage :



"Je me demande si l'art a lui aussi, comme les hommes, une respiration particulière lorsqu’il dort — quelles œuvres ont le repos paisible des enfants, lesquelles ronflent, quels sont au contraire les tableaux insomniaques.

J'imagine le sommeil au souffle parfumé du Printemps de Botticelli au musée des Offices, les élucubrations nocturnes de l'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci aux Galeries de l'Académie Venise, les hiéroglyphes avec lesquels la statue de Ramsès II réordonne le monde depuis le Musée égyptien de Turin, les rêves érotiques de la Vénus de Milo. Je ris en pensant au concert de trombones des bustes des empereurs romains ronflant à l'unisson aux musées du Vatican, au risque de réveiller le pape en personne. Les gémissements de Pompéi, l'égarement de l'autel de Pergame qui, chaque matin, se réveille non en Asie Mineure, mais Berlin.

Les marbres du Parthénon, arrachés à l'Acropole comme des cheveux à un crâne, parviennent-ils malgré tout trouver un peu de repos lorsque la pluie londonienne bat sur les vitres du British Museum ou sont-ils condamnés la brutale insomnie du manque et du vide ?"



Explication sur ce titre énigmatique « déplacer la lune de son orbite » : l'archéologue Edward Daniel Clarke décrit ainsi l'effarement des Grecs terrorisés par les agissements des Anglais, qui leurs enlevaient une partie de leur univers, mais ils étaient certains que l'âme de la terre hellène finirait un jour ou l'autre par se venger. Et telle la malédiction de Toutankhamon qui toucha Lord Carnarvon, et bien Lord Elgin sera rattrapé par la malédiction d'Athéna.



En résumé, comme elle l'a déjà démontré dans ses précédents livres Andrea Marcolongo est une savante alchimiste mêlant évocations historiques et confessions personnelles, et qu'elle se rassure elle n'a rien "pillé" à la Grèce elle a juste ce rôle magnifique de transmission, face à ceux qui eux pillent les idéaux, les concepts les notions de la Grèce Antique pour mieux les en détourner de leur quintessence, et se donner une légitimité que seuls ceux qui veulent se complaire dans une décadence intellectuelle croient.

Et le meilleur moyen de ne pas se laisser piéger est d'avoir les bons guides, Andrea Marcolongo est de ceux-là
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Etymologies pour survivre au chaos

J'avais adoré « La langue géniale ; 9 bonnes raisons d'aimer le grec », cette ode au grec ancien, joyeuse et vibrante.



J'attendais avec impatience « Etymologies - pour survivre au chaos » qui devait initialement être disponible au mois de mars 2020, sortie repoussée pour cause de confinement. C'est fiévreusement que j'ai reçu mon exemplaire, objet essentiel par excellence, auprès de mon dealer local préféré.



Difficile de trouver un titre plus adapté à la conjoncture astrale…



Par « chaos » l'auteure cible les mésaventures du langage, mais ce « chaos » est devenu aussi malheureusement celui des sociétés en proie à la pandémie.



Les mots, le langage peuvent aider à survivre au chaos, à vivre.



Et j'adhère totalement à cette sorte de déclaration préliminaire, « notre langue est faible parce que nous sommes affaiblis (…) lorsque nous renonçons à un mot (…) nous offensons notre propre faculté de raisonnement, parce que s'il y a moins de mots la pensée n'existe plus » (p. 15)



Immédiatement, le rapprochement se fait avec Orwell et « 1984 » son intuition terriblement sombre et prémonitoire de la mise en place de la « novlangue » comme outil totalitaire absolu bien plus que les caméras de « Big brother » qui ont tant frappé les lecteurs.



Un mot est un objet vivant, avec des racines, une histoire, qui donnent sens (au pluriel). C'est un peu comme une tomate cerise ou une fraise, fruits, végétaux qui après avoir fusionné à la terre, absorbé la lumière et l'eau, sont devenus fleurs avant de fondre dans le palais. Aujourd'hui, les mots sont consommés préemballés étiquetés novlangue, avec des colorants artificiels et trop de ces variants anglais si contagieux qui colonisent et cannibalisent le langage comme ces algues indésirables sur le littoral.



Le métissage, en particulier culturel, est une richesse, encore faut-il que la biodiversité soit respectée et qu'il n'y ait pas de prédation.



C'est tout le sens de ce livre de rappeler qu'un mot, c'est d'abord de l'étymologie.



« L'adjectif grec etymos signifie « vrai », « réel », « authentique » : de là vient le mot étymologie, (…) il porte en lui toute la puissance du verbe legô, concept philosophique qui signifie dans cet ordre exact et inébranlable :  « penser pour comprendre ». Et ensuite seulement, dire pour comprendre. » (p. 21)



Ce livre n'est ni un dictionnaire, ni un manuel. Andrea Marcolongo a composé des bouquets de mots, regroupés par thème (la confusion, le délice…) ; pour chacun des mots, qui lui tiennent manifestement à coeur, elle expose le résultats de ses recherches. Car pour nombre d'entre eux, il faut conduire une enquête pour tracer et identifier le plus exactement possible l'étymon. Si le grec ancien est le champ (chant) magnétique naturel, il est régulièrement fait appel à d'autres langues pour éclairer l'étymologie.



Mais le propos de l'auteure ne se limite pas à cet état des lieux linguistique, elle met en évidence combien la signification des mots peut agir dans notre sensibilité, notre quotidien.



Contrairement à certaines critiques que j'ai pu lire, je n'ai pas perçu ces développements comme étant élitistes. Andréa Marcolongo déroule son fil d'ariane du langage, passionnément mais sans démesure, sans hybris, ne pas confondre mot dire et maudire...



L'intérêt de cet ouvrage est d'ouvrir la réflexion, d'aérer l'esprit et nul besoin d'être docteur es grec ancien pour apprécier. Assurément, comme dans « La langue géniale ... » ici et là l'utilisation ponctuelle de vocabulaire technique aurait justifié un petit glossaire annexé. Mais cette lacune ne confère nullement un aspect ésotérique à l'ouvrage, qui à mon goût est de surcroît gorgé d'une joyeuse saveur.



Quatre-vingt dix neuf mots ont été retenus et chacun d'entre eux mériterait que l'on s'y attarde mais c'est fatalement impossible.



Alors je retiendrai juste cet extrait, au sujet du mot « lire »

« Mais non le livre, en revanche : il vient, du point de vue étymologique, du substantif latin liber, littéralement « la fine membrane entre le bois et l'écorce d'un arbre » qui fut un temps utilisée pour écrire.

Il s'agit d'une homographie de l'adjectif, liber, « libre » et c'est l'un des lapsus qui me font le plus sourire (et dont j'ai honte) lorsque je parle ma deuxième langue, le français : combien de fois ai-je dit, et dirai-je encore, « je suis livre » au lieu de « je suis libre » ? » (p.66)



A lire, pas curiosité et à garder à proximité, aux confins de la méditation, c'est-à-dire d'un point de vue étymologique, je suis à tes cotés, en toute confiance.
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La part du héros

Dans son avant-propos à l'édition française de son livre, Andréa Marcolongo nous donne les raisons qui le motivent.



"Par ces temps cyniques, apeurés, presque déboussolés, qui sont les nôtres, il n'y a rien de plus étymologiquement grec que de rejeter le mètre stérile de l'utilitarisme et de la banalité dominante pour redécouvrir l'enchantement d'être des hommes appelés à vivre chaque jour dignement et pleinement, comme seuls les Grecs savaient le faire et l'ont toujours fait."



C'est en suivant le Jason et ses compagnons à bord de l'Argo, le premier navire jamais construit, à la quête de la Toison d'Or, qu'Andréa Marcolongo nous invite à réfléchir à ce qui donne à la vie sa vraie densité. Savoir larguer les amarres pour se lancer à la conquête d'un but qui nous dépasse et dont nous ignorons peut-être même ce qu'il recouvre vraiment.



Et l'on découvre à quel point le plus ancien mythe grec, antérieur à l'Iliade et l'Odyssée, reste d'une surprenante actualité en nous offrant des clés pour décrypter le réel.



Au bout de sa quête, après avoir surmonté de multiples obstacles et bien des raisons de renoncer, Jason trouve Médée et découvre l'amour. Cette dernière le suivra sur le chemin du retour vers la citée de Iolcos en Thessalie, où règne le grand Aison, père de Jason. Elle abandonne elle-même la Colchide, son propre pays situé à "une distance égale à ce que l'on voit entre le coucher et le lever du soleil", gouverné par son père Aiétès et accepte, par amour, l'inconnu d'une destinée qu'elle n'avait pas envisagée.



Ce qui donne à cette épopée sa dimension humaine, c'est qu'en dépit de leurs faiblesses et de leurs imperfections, Jason et ses compagnons, ne renoncent jamais et c'est ce qui fait leur héroïsme. Le leçon qu'ils nous transmettent est celle de la nécessité de la découverte de soi et celle de ne jamais se trahir. "Mieux vaut se perdre que de ne jamais se trouver. Mieux vaut avoir beaucoup voyagé qu'avoir passé sa vie ancré au port à regretter la mer." conclut l'auteur. Une leçon que notre civilisation tend à nous faire oublier, où il ne faut jamais oser, ne bruler aucun navire, mais au contraire accumuler et ne pas s'exposer.



Ainsi, Andréa Marcolongo, nous invite à poser sur le monde un "regard antique", car pour elle, "aimer l'antiquité ne signifie pas se retrancher derrière la nostalgie d'un monde qui n'existe plus depuis des millénaires, mais c'est bel et bien un acte de courage pour trouver un cap à nos années 2000".
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Déplacer la lune de son orbite

« Cassandre : (…) la vérité prophétique me travaille cruellement, me flagelle, par rafales, de ses accents sinistres. » (Eschyle Agamemnon-« Les tragiques grecs-théâtre complet » trad Victor Henri Debidour p. 210)



Ouvrage après ouvrage Andrea Marcolongo poursuit sa mission de lanceuse d'alerte. Elle n'est pas la seule, mais comme Cassandre pour faire référence à l'antiquité grecque qu'elle chérit viscéralement, personne ne l'écoute véritablement.

On se souvient que, contrairement à ce qu'un raccourci largement partagé énonce, le « tort » de Cassandre n'est pas d'être pessimiste, mais de percevoir l'avenir, tel qu'il se profile véritablement. Sa malédiction est que personne ne veut entendre ses interpellations suscitées par ses visions. On souhaite évidemment un destin moins tourmentée à notre helléniste préférée….



Au cas présent Andréa Marcolongo a été missionnée pour contribuer à la série « Ma nuit au musée » pour une immersion nocturne dans le musée de l'Acropole.

On ne connaît pas le modus operandi pour la désignation de l'auteur(e) sur un site. Globalement, à en juger par la liste des auteur(e)s contributeurs-trices, il ne semble pas qu'il y ait globalement de prérequis en matière d'histoire de l'art, de connaissances historiques, en tout cas pas sous forme de savoir académique estampillé spécialiste.

Mais cette impression est sans doute un trompe l'oeil, les « chargé(e)s de mission » semblent chez eux dans ces lieux et très intimes avec les artistes exposés.

Et pour cet opus de la série au titre inspiré, « Déplacer la Lune de son orbite », en toute hypothèse, le profil de l'auteure la présélectionnait naturellement pour cet exercice.



Pourtant, celle-ci, par coquetterie ou excès de sincérité se fait volontiers iconoclaste.

Elle confie qu'elle ne maîtrise pas la langue grecque (moderne) et qu'elle entretient un sentiment de culpabilité à l'égard de la culture grecque antique ; elle considère l'avoir pillée pour favoriser sa réussite personnelle, un vrai aveu d'usurpatrice  !!!



« Cette nuit, face au Parthénon, je ne suis que l'énième descendante d'Elgin qui a cru pouvoir bâtir sur sa vie sur les cendres du monde antique dans le seul but de vendre : que ce soient des marbres ou des livres, j'ai l'impression que cela n'a aucune importance .

Maudite je suis, maudite je reste. » (p. 193)



Elgin est naturellement cet ambassadeur britannique (1766-1841) qui procéda au pillage du Parthénon, (tout particulièrement ces sculptures de Phidias, les « métopes » qui ornaient la partie supérieure de l'Acropole et une des célébrissimes caryatides), se prévalant d'une « autorisation » de l'autorité exercée par l'Empire Ottoman, qui asservissait alors la Grèce, qui ne retrouvera son indépendance qu'en 1830.



Le travail de Marcolongo a certes connu une heureuse fortune, adossé au patrimoine cultuel hellénique, mais ce constat n'a rien d'illégitime et en toute hypothèse ne s'est pas fait aux dépens de ce patrimoine, toute le contraire !

Contrairement à ce qu'énonce notre helléniste préférée, tous les amoureux de la Grèce antique ne sont pas des vautours ou des opportunistes, prompts à se construire des succès et carrières faciles. Ainsi, le lecteur n'adhérera pas nécessairement à la sentence « Que celui qui n'a jamais pris à la Grèce, pas même une idée, jette la première pierre à lord Elgin. » p. 58)

Cette affaire de l'elginraptor occupe une place importante dans l'ouvrage mais ne constitue que l'écume du propos.



Poursuivant le fil d'Ariane déroulé depuis son essai fondateur « La langue géniale-9 bonnes raisons d'aimer le grec » Andréa constate l'appauvrissement accéléré de la pensée aux dépens des veaux d'or de la société contemporaine.

On pourrait ainsi mentionner :



« notre langue est faible parce que nous sommes affaiblis (…) lorsque nous renonçons à un mot (…) nous offensons notre propre faculté de raisonnement, parce que s'il y a moins de mots la pensée n'existe plus » (« Etymologies - pour survivre au chaos » p. 15).



Dans cet esprit, cet opus « Déplacer ... » dénonce cette capitulation :



« Chaque fois que nous jugeons recevable à la question « A quoi sert l'Antiquité ? », refusant de voir que « servir » est le propre des serfs tandis que la culture nous libère, notre vue se brouille davantage. Nous sommes aveuglés par la même cataracte analphabète que ceux qui, il y a deux siècles à peine, ne voyaient en l'Acropole rien d'autre que du vieux marbre tout juste bon à mettre en pièces.

Tel des enfants immatures, ou des mendiants rendus cupides par un système fondé sur le profit, nous abandonnons volontiers un trésor inestimable en échange d'un bonbon vite avalé.

Alors que l'Antiquité est bel et bien ce que nous possédons de plus important. Elle est l'étoffe même de notre âme. En la bradant nous errons à travers la vie, privée de notre capacité à articuler une pensée, comme les statues sans tête du Parthénon. » (p. 98 et 99)



L'auteure s'est installée dans la salle des métopes, salle dimensionnée pour le format réelle, configurée sans doute en prévision d'une (très) hypothétique restitution du receleur, pardon, du British Museum. Outre les copies des éléments de frise expatriés, il y a des panneaux vides qui correspondent aux oeuvres perdues à tout jamais, car contrairement au credo des ravisseurs d'hier et receleurs d'aujourd'hui, il ne peut être que constater que les prélèvements effectués ne l'ont pas été dans un souci de protéger l'art. Faute de mesures de protection à la hauteur des trésors, nombre d'entre eux ont disparu sans laisser de traces.

Andrea est saisie par les ondes du plein et du vide.



« La succession de marbres et de moulages à côté de moi m'évoque un Chemin de croix en pierre. Je me demande où se tiendra le sacrifice final si ce sera le mien. (...)

Il me faudrait du plâtre pour m'en enduire l'âme, me dis-je en observant le visage impassible d'une jeune fille, ajouré par le vent et désormais collé à un corps postiche. Et pour parcourir dignement les avenues de la vie comme un jour de fête dans l'Athènes antique.

Pourtant, la part féroce en moi est incapable de résister à la balafre. Elle connaît parfois un répit, mais jamais la paix.

Je ne crois pas qu'elle s'apaisera un jour. Je n'en peux plus de composer avec les vides laissés par les blessures, je n'ai plus le temps et les laisser se transformer en cicatrices, telles sont mes réflexions alors que je ressens une furieuse envie d'exiger des comptes, comme si la vie était une question de débits et de crédits à recouvrer. » (p. 104 et 105)



C'est une véritable communion avec l'esprit de pierres vivantes :



« Accroupie sur le sol devant ce qui reste de la frise orientale du Parthénon, je ne peux m'empêcher de penser à ce que dirait Phidias en voyant ses marbres réduits en pièces détachées, un pied à Athènes, une tête à Paris, un buste à Londres. Qui sait ce qu'en penserait Périclès, le commanditaire des gigantesques travaux qui menèrent à l'érection du Parthénon, et tous les autres de Platon à Aristote et jusqu'à Alexandre le Grand, en voyant ce massacre.

Et surtout qui sait ce qu'ils diraient en me voyant seule, pieds nus, face aux quelques vestiges délabrés de leur monde, en train de feuilleter la biographie de son bourreau. »

(...)

Je me demande si l'art a lui aussi, comme les hommes, une respiration particulière lorsqu'il dort-quelles oeuvres ont le repos paisible des enfants, lesquelles ronflent, quels sont au contraire les tableaux insomniaques. »

(p. 129, 130 et 136)



Ce fut une nuit de réconciliation, d'émotion salvatrice pour l'auteure :



« Si j'ai eu besoin cette nuit de remplir de mots le vide laissé à Athènes par lord Elgin, c'est surtout pour soigner ma propre incomplétude. Pour exorciser cette malédiction dont nous avons tous été atteints sitôt arrachée la première pierre, matérielle ou intellectuelle, à la Grèce

J'ignore s'ils m'ont pardonnée, mais cette nuit, du moins les marbres de Phidias m'ont écoutée.

Je peux à présent m'allonger sur mon lit de camp et tacher de dissiper dans le sommeil les quelques heures qui me séparent de l'aube. »

« Pour imparfaite que je sois, j'ai l'impression d'avoir fait ma part. Comme nous tachons tous de le faire.

A mon réveil m'attendra, éternel, le spectacle de la Grèce ressurgissant chaque nuit de l'obscurité. Fidèle à son devoir de révéler l'émotion que le monde recèle, aidant les hommes à ne pas perdre la certitude confiante d'en détenir un peu à son tour. » (p. 218 et 219)



Un livre à lire, plein de vie, en dépit de la gravité du propos...et du vide de ces frises violentées.
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Déplacer la lune de son orbite

"Cette nuit, plus que les corps disparus, ce sont les âmes de ceux qui ont hissé à tout jamais l'Acropole sur la cime du monde qui me tourmentent".



Pour sa contribution à cette collection décidément très inspirée, Andrea Marcolongo, helléniste et autrice de plusieurs essais a choisi de passer une nuit dans le musée de l'Acropole, au pied de la colline d'où le temple majestueux dédié à Athéna surplombe la ville. Dans ses bagages, la biographie de lord Elgin, grand ordonnateur du dépouillement du Parthénon dont les frises arrachées sont depuis éparpillées dans différents musées du monde, voire englouties au fond des mers par les nombreux naufrages de l'époque. Autour d'elle, beaucoup de vide, la résonance de l'absence des œuvres que les musées refusent toujours de restituer. C'est de ces ombres que se nourrit la réflexion de l'autrice, tourmentée par le remord - elle qui a bâti sa vie et sa réputation professionnelle sur la culture grecque - et désireuse de comprendre ce lien si fort qui l'attache à l'héritage grec. Cela passe par un retour sur l'histoire et la succession de micro-événements qui ont conduit au découpage sauvage d'une œuvre exceptionnelle, mais pas seulement.



Et c'est tout l'intérêt de ce récit qui explore à sa manière la question de l'identité et l'importance de la culture dans le sentiment d'appartenance. "A croire qu'ils veulent déplacer la lune de son orbite" c'est ce que se seraient exclamés les grecs face aux agissements des anglais, tant l'incompréhension était grande face à la mutilation non pas d'une simple œuvre d'art mais d'une partie d'eux-mêmes. D'autres peuples, d'autres cultures ont subi de semblables viols. Si celui-ci nous interpelle, nous européens c'est pour tout ce que notre culture doit à la Grèce antique d'où nous avons tout importé. Le récit d'Andrea Marcolongo rejoint ainsi celui d'Irène Vallejo, L'infini dans un roseau sans s'y attarder mais en soulignant l'évidence de ce lien que beaucoup méprisent, éternel complexe de supériorité des pays du nord envers ceux du sud. Au milieu de ce musée rempli d'ombres et de fantômes, l'introspection de l'autrice la pousse à explorer des sentiments plus personnels qui ont aussi trait à l'identité, à la langue, elle qui a quitté volontairement l'Italie pour la France, s'exprime en français mais ne peut écrire qu'en italien et qui a fait du grec une patrie alternative. L'émotion affleure et se joint à celle de découvrir que c'est un poète anglais, Lord Byron qui, honteux de ce que sa patrie avait infligé à la Grèce offrit sa voix et ses vers au Parthénon et contribua à retourner l'opinion publique. Toujours est-il que les marbres sont encore au British Museum (et ailleurs).



J'ai adoré ce récit qui trouve le juste équilibre pour mêler histoire et réflexion sans se complaire dans ce qui serait un jugement facile mais en remettant les faits à leur place et en leur redonnant du sens (ou du non sens). C'est autant un éloge amoureux qu'une entreprise de réhabilitation d'un pays dont on a délibérément oublié puis nié la grandeur. Et c'est superbement écrit (et traduit).



"Si chaque homme et chaque femme qui ont eu une idée après avoir lu Platon ou Aristote, qui se sont exclamés Eurêka ! après avoir étudié Archimède ou Ératosthène, qui ont ressenti le besoin d'écrire, de peindre, de jouer de la musique après avoir assisté à une tragédie de Sophocle - ou qui se sont simplement sentis compris, moins méchants et plus humains -, reconnaissaient aujourd'hui leur dette envers l'Antiquité, la Grèce siègerait au faîte du monde, de l'Olympe même, révérée et respectée de tous les autres pays, humbles mendiants aux pieds de sa grandeur".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer ..

Ce livre n’est pas un manuel de grec ancien et n’est pas particulièrement adressé aux hellénistes. L’auteure, chercheuse et enseignante en lettres classiques partage avec le lecteur son amour pour la langue d’Homère et de Platon, qu’elle qualifie de « géniale » – relevant du génie, de l’admiration de tous -. Dès les premières lignes – elle cite Virginia Woolf et sa fascination pour le grec -, on perçoit l’enthousiasme dans son écriture enlevée, spirituelle et non dénuée d’humour. Cette langue morte n’a jamais paru si vivante sous la plume passionnée d’Andrea Marcolongo. On se laisse porter par sa ferveur.



Au-delà des caractéristiques grammaticales et les singularités du grec ancien, elle en dévoile la beauté et livre une compréhension du monde. « L’étude du grec contribue à développer l’aptitude à vivre, à aimer, au goût de l’effort, à choisir et à assumer la responsabilité de ses succès et de ses échecs », dit-elle haut et fort. En outre, l’ouvrage est parsemé d’anecdotes personnelles, d’instants choisis de son propre apprentissage de la langue au lycée, d’encarts informatifs culturels et ludiques – le vin grec, l’écriture, les particules, les couleurs des grecs, l’alpha privatif, les siècles obscurs… -.



Andrea Marcolongo expose donc les « étrangetés » du grec anciens : l’aspect, l’aoriste, les accents, les esprits, le neutre, l’ordre des mots dans la phrase, le duel, les cas, l’optatif… N’étant pas helléniste, – quelques années de latin tout de même – je concède n’avoir pas tout compris, mais j’ai intégré, je pense, l’essentiel.



Un essai singulier captivant communicatif et pédagogique.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Déplacer la lune de son orbite

« L'être humain est décidément une étrange machine. On lui donne du pain, de l'eau, parfois du vin, et il transforme ce combustible en larmes, en rires, en rêves.

Et souvent en mensonges aussi.

Dans ce paradis perdu et parfaitement imaginaire qu'est la Grèce classique, pour nous autres Européens d'Occident, rien n'est plus antique que l'Acropole d'Athènes. Et pourtant je suis plus âgée que ce musée où je m'apprête à passer la nuit sur un lit de camp. »



Déplacer la lune de son orbite, Andrea Marcolongo @manuitaumusee @editionsstock @andrea.marcolong



Si vous ne connaissez pas encore la collection Ma nuit au musée des éditions Stock, dirigée par @alinagurdiel, il n’est pas trop tard pour y remédier 😉 le principe est simple: une autrice ou un auteur passe une nuit dans un musée emblématique et met des mots sur cette expérience unique qui en a fait voyager certains bien loin, parfois au plus profond de leurs souvenirs…



Dans cet ouvrage, l’autrice, fervente helléniste, nous parle de la nuit qu’elle a passée au musée de l’Acropole en vue d’ « essayer de combler, au moins par les mots, le vide laissé par les scies et les pioches des Européens qui ont fait sans remords de la Grèce antique une « boutique de pierres», comme l’écrivait lord Byron. »



Elle s’attache à retracer l’histoire de l’Acropole à travers les siècles de son existence et plus particulièrement à mettre en mots le désastre que fut le pillage de ses merveilles par les Anglais, lors de l’occupation turque de la Grèce…



« Si les marbres du Parthénon ne secrétèrent pas de sang comme les madones italiennes et se contentèrent de gémir discrètement la nuit, les dégâts commis par Lusieri et les ouvriers d'Elgin furent incontestablement violents et cruels, parfois infligés avec une barbarie confinant à la torture.

Ce qui est mort est mort, c'est indéniable. Mais reste toujours le tombeau.

À l'aube du xix° siècle, la Grèce antique d'Homère et de Platon avait certes disparu depuis plus de deux millénaires, mais mutiler son sépulcre fut un outrage plus proche de la profanation que de l'archéologie. Semblable au sacrilège nocturne des profanateurs de cimetières qui brisent les stèles en morceaux. »



Au-delà des racines grecques du monde occidental et de tout ce que nous devons à la Grèce antique…



« Si chaque homme et chaque femme qui ont eu une idée après avoir lu Platon ou Aristote, qui se sont exclamés Eurêka! après avoir étudié Archimède ou Ératosthène, qui ont ressenti le besoin d'écrire, de peindre, de jouer de la musique après avoir assisté à une tragédie de Sophocle - ou qui se sont tout simplement sentis compris, moins méchants et plus humains -, reconnaissaient aujourd'hui leur dette envers l'Antiquité, la Grèce siégerait au faîte du monde, de l'Olympe même, révérée et respectée de tous les autres pays, humbles mendiants aux pieds de sa grandeur. »



… ce sont aussi ses propres racines que l’autrice interroge, son passé, ses origines.



« Cette nuit mes bras ne servent plus qu'à étreindre mes regrets.

Et pourtant je sais que si je suis là aujourd’hui, orpheline prosternée devant l'Acropole, je le dois entièrement à mon père. »



Un texte d’une grande beauté qui nous rappelle ce que l’on doit à la culture classique, mais aussi l’histoire bouleversante de la barbarie infligée au Parthénon « Elgin avait arraché les œuvres les plus importantes de l'Antiquité à un peuple affaibli mais fier, en les détachant à grand renfort d'outils d'un monument qui se dressait, intact, depuis plus de deux mille ans sur l'Acropole. », ce désastre pour l’humanité et la Grèce, toujours privée aujourd’hui des marbres injustement volés!



Se souviendra-t-on que « les valeurs du monde classique qui, à la différence du Parthénon, ne sont pas de pierre, mais demeurent invisibles, impalpables. Grandioses et pourtant fragiles. » demeurent essentielles dans notre monde contemporain car « la culture nous libère », nous enrichit, révèle la part de divin que nous avons en chacun de nous?



Se souviendra-t-on que « D'après Homère, l'aurore est rhododaktyle

[…], « aux doigts de rose », mais ce matin les caresses de l'aube dans le ciel d'Athènes étaient d'or. Surgissant derrière la Macédoine et la Thessalie, vers 6 heures, le char du Soleil a baigné l'Attique d'une lumière dorée pour ranimer chacun de ses habitants, comme le souffle d'une Pentecôte antique. »?



Ce souffle, cette lumière d’or sont à l’image de la culture antique qui ranime notre âme au souvenir de nos racines… et nous rappelle chaque jour ce qu’est un être humain, de chair et d’esprit!
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La part du héros

Après son essai singulier et captivant La langue géniale, sa déclaration d’amour au Grec ancien, Andrea Marcolongo revient nous ravir et nous transporte cette fois à bord de l’Argo, le premier bateau à prendre la mer, au côté de Jason et ses amis. Avec sagacité et sensibilité, elle va entrelacer chronologiquement le récit du Mythe des Argonautes – raconté par Apollonios de Rhodes dans les Argonautiques – et son propre cheminement intérieur, où elle tend à une universalité.



Ce voyage en quête de la Toison d’Or fait de découvertes, d’expériences, de rencontres, d’obstacles, est une traversée riche en sensations, en bouleversements, en émotions. Jason ne sera plus le même à son retour. Il aura connu l’échec et la réussite, la joie et la peine, la peur, le courage, l’audace, l’amitié et l’amour avec la belle et fascinante Médée…



Selon Andrea Marcolongo, nous sommes tous des Argonautes, aujourd’hui. Nous sommes les héros de notre vie. Sa traversée n’est pas un long fleuve tranquille, et nous en sommes responsable. Au fil de l’existence, on expérimente, on risque, on gagne, on perd, on tombe, on se relève…



Andrea Marcolongo parle en son nom, évoque des périodes de sa vie intime (perte de sa mère, anorexie, études) et de nombreuses situations auxquelles on peut tous s’identifier. Elle aborde ainsi divers sujets contemporains qu’elle « analyse », souvent avec pertinence, mais on ne peut s’empêcher d’y voir parfois un jugement hâtif ou trop convenu. En revanche, son travail sur les mots, leur étymologie est passionnant.



L’idée de mettre Le mythe des Argonautes au diapason du monde actuel est belle et pleine de bons sens. Le voyage est prenant et favorise une réflexion sur nous-même. Un petit bémol toutefois, le texte est inégal – on frôle parfois le livre de développement personnel.
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La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer ..

Surprise, Andrea (prénom masculin) est le prénom d’une « jeune ambassadrice italienne du grec ancien », blonde aux yeux clairs (autodescription p 73 avec photo à l’appui sur le bandeau du livre). Le titre et l’image font vendre, et tant mieux si cela augmente la diffusion du livre.



C’est déjà un best-seller, et pourtant le texte n’est pas facile. Il traite de l’aspect au sens linguistique (trait grammatical associé à un prédicat exprimant le point de vue de son développement), des accents et des esprits dont nous étions jadis dispensés dans les thèmes, du neutre et du duel, de la beauté de l’aoriste, des trois sortes d’optatifs, etc. Le thème profond n’est pas la pensée ou la littérature grecques mais l’histoire linguistique, cette simplification progressive de l’indo-européen vers le grec classique puis vers la koinè, le créole antique. Je ne suis pas sûr que les 200 000 lecteurs aient tout goûté, mais le texte est rafraîchi par l’usage de la première personne, par des aveux, des anecdotes et des parenthèses. Plus discutables à mes yeux sont les encarts nombreux, comme dans un guide touristique, sans lien nécessaire avec le passage en cours (« les siècles obscurs » de l’encart p 24 sont repris dans le chapitre sur « le grec avant le grec » p 167) et même avec le grec lui-même (l’encart sur les tabous linguistiques p 98 mentionne des langues exotiques et non « la langue géniale »). Néanmoins de nombreux passages parleront à ceux qui « ont fait du grec » et en gardent la nostalgie : « Sa manière de s’exprimer foudroyante, synthétique, ironique, franche, dont nous éprouvons, soyons sincère, une nostalgie inconsciente » p 6), « Toutes les langues étrangères se traduisent. Le latin et le grec se tournent, c’est-à-dire qu’elles font l’objet de versions » (p 130), même s’ils ne le pratiquent plus (« Pour la plupart, le moment de l’oubli se situe exactement une minute après avoir rendu sa version de grec au bac » [p 16]).



Question pour la fin : Qui a fait le décompte des 9 bonnes raisons d’aimer le grec ?



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La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer ..

[Chronique complète sur le blog]

Il y a dix ans, je subissais les foudres de mon professeur de grec.



Il y a dix jours, j'ai dévoré La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer le grec ancien, et je n'imaginais pas à quel point les mots d'Andrea Marcolongo me parleraient, et à chaque page, l'ancienne khâgneuse en moi a eu envie de lui crier « merci ! » , « enfin ! »



Ne vous y trompez pas. Ce n'est pas pour rien si le livre d'Andrea Marcolongo est publié sous l'estampille de la petite chouette athénienne. Si vous espérez un ouvrage de vulgarisation du type « le grec pour les nuls« , passez votre chemin. Si j'étais chroniqueuse sur M6, je dirais sans doute que l'auteur revisite la grammaire grecque. Bailly, Bizos, Allard et Feuillâtre relookés… mais les ingrédients restent les mêmes.



Vous avez toujours tenté d'apprendre l'optatif, l'aoriste, le duel, les accents, les esprits… sans en comprendre le fonctionnement ? Pire ! sans en comprendre l'intérêt ? Andrea Marcolongo vous les raconte, de façon intime, pour ne pas dire lyrique (et vous embarque avec elle par la même occasion).



La langue géniale : 9 raisons d'aimer le grec est un livre qu'il faudrait donner à lire à tout étudiant en lettres classiques, et que tout ancien étudiant en lettres classiques devrait lire.



Au-delà d'une sorte de description amoureuse de la grammaire grecque, Andrea Marcolongo mène une véritable réflexion sur la pédagogie des langues anciennes.



Comme j'aurais voulu que ce livre existât il y a dix ans !
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Déplacer la lune de son orbite

Une nuit au musée du Parthénon à Athènes, voici ce qui attend Andrea Marcolongo, helléniste reconnue mais qui n'y va pas sans une certaine appréhension.



Une nuit parmi les marbres, statues, frises et métopes qui seront ses compagnons. Et dans ce décor, l'autrice en vient à penser.



Penser l'art et son origine, penser l'idée et la réalisation d'une œuvre aussi grandiose (merci Périclès et Phidias), penser l’œuvre en ce qu'elle dépasse ses auteurs, penser la propriété de l’œuvre.



Car le Parthénon n'est plus aujourd'hui comme il était il y a 2500 ans. D'abord les saccages du temps, puis les vicissitudes de l'histoire et de la domination d'un peuple (grec) par un autre (turc), la transformation de sa fonction et enfin (et ce sera là l'essentiel) le pillage anglais du début du XIXème siècle.



Andrea Marcolongo s'attache beaucoup à cet aspect des choses : l'amputation des statues, l'arrachage à la pioche des métopes, la découpe des morceaux de frise etc ... mais pourquoi ?



Sauver l’œuvre ? La faire connaître ? La posséder ?



La réflexion est vive, très intéressante et pertinente. A l'heure où l'on en vient à restituer l'art africain aux musées africains, comment ne pas penser à la restitution des vestiges du Parthénon à la Grèce ?



Mais l'art antique grec appartient-il à la seule Grèce ou à l'humanité entière, tant il a influencé tout l'art européen à partir de la Renaissance ?



Un livre rapide mais profond, qui permet de découvrir en quelques heures à la fois l'art, l'histoire et de façon accessoire mais non subsidiaire, la vie mouvementée et romanesque de Lord Elgin (l'homme qui s'empara des marbres du Parthénon).



Un coup de cœur à partager !
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Déplacer la lune de son orbite

Le dernier opus de la collection "Une nuit au musée" est excellent ! Andrea Marcolongo parvient à harmoniser l'histoire du musée qu'elle a choisi, les réflexions plus générales que cette dernière lui inspire et sa vie personnelle.

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L'autrice de "La langue géniale" a choisi le musée de l'Acropole. Elle retrace l'histoire des œuvres qui ne s'y trouvent pas mais qui y ont leur place et cette histoire est à la fois passionnante et révoltante. J'ai appris comment la Grèce sous la domination ottomane a été dépouillée des marbres réalisés par Phidias au Ve siècle AJC pour le Parthénon ou l'Érechthéion par un ambassadeur anglais, Lord Elgin, à la toute fin du XVIIIe et au tout début du XIXe siècles. Ces œuvres conservées au British Museum sont réclamées par la Grèce depuis son indépendance. Andrea Marcolongo revient sur La vengeance de Minerve qui a poursuivi Elgin jusqu'à la tombe et sur la compensation apportée à la Grèce par Lord Byron.

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Elle élargit sa réflexion sur les notions de spoliation et de domination culturelles à d'autres œuvres. Elle interroge aussi sur l'étonnante dévaluation du patrimoine artistique et philosophique dans nos sociétés. On se demande effectivement comment on peut considérer la Grèce comme un boulet ou un mauvais élève dans la construction européenne actuelle au regard de tout ce que nous lui sommes redevables. La dette devrait être inversée. Quand changera-t-on enfin de système de valeurs ?

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Le livre d'Andrea Marcolongo m'a d'autant plus plu qu'il a cette dimension politique. C'est un bijou d'intelligence et de pertinence. Lisez-le, vous apprendrez beaucoup et vous ne vous ennuierez pas une seule fois.
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Etymologies pour survivre au chaos

Des mots et encore des mots. Qui prennent racine dans l’antiquité et qui sont une fontaine dans notre source quotidienne de partages, d’échanges, de découvertes. Les mots contre les maux dans toute la fulgurance de la maestria d’Andrea Marcolongo.



Par mon résumé, vous trouverez chaque mot choisi par l’auteure pour offrir une odyssée des chemins de l’âme et ses moyens le plus terriens pour s’exprimer : le langage avec pour métaphores des couleurs : le mélange (Krasis), la couleur pers (Glaukos), le cyan (Kyaneos), le pourpre (Porthyreos), le noir (Melas), le blanc (Leukos), le rose (Rhodon), le bronze (Xanthos) et l’indigo (Indikon).







Tout commence par un mélange en entrant dans un labyrinthe. La confusion est totale et il en faudrait peu pour devenir nerveux. Tel un migrant on n’espère rien d’odieux, ni de détestable une fois le chaos derrière soi. Personne pour trahir quand explosera le feu de la joie.



Puis, la couleur pers filtre doucement, avec une délicatesse infinie, provoquant un délice pour les yeux. On se met à regarder le ciel pour y trouver toute la poésie à lire ou à imaginer. Dans une posture d’ingénu, on perçoit un nuage se développant en fleurs et le cœur devient pétale en espérant un jour de s’éprendre pour goûter au bonheur, à la félicité, tout ce qui fait aimer la vie.



Le cyan succède à la manière d’une nature morte, un tableau qui pourrait paraître noir mais qui en réalité colore pour apaiser l’anxiété, l’angoisse, pour éviter les cauchemars et atténuer la douleur. Même si on affronte la solitude, il ne faut jamais se jeter dans un quelconque abandon tout en prenant conscience que tout est mortel et que l’éternel serait toxique. Vivons, tout simplement.



Le pourpre prend la place dans toute sa flamboyance couleur de vin. Telle une passion soudaine, le temps d’un voyage, loin de la rage du monde. L’ambition alterne avec l’enthousiasme, comme une virgule sur chaque étape de la vie. Une catharsis en quelque sorte. Au fait, si on allait voir un loup ?



Une éclipse en plein jour, fait rarissime. Tout devient noir et tout devient triste. A qui la faute ? A la guerre que les hommes continuent à entretenir ou à une tache invisible dans l’univers ? Pourtant, la jalousie n’est pas la seule responsable dans cet omnibus des existences. Ne tombons pas dans la mélancolie, regardons à travers cette lumière diaphane, quelle soir diurne ou nocturne, la nuit suivons la chouette qui en sait beaucoup plus que nous.



Soudain une étincelle jaillit, du crépuscule nait, fulgure une lumière, une lumière tout de blanc vêtu, aussi claire qu’une pleine lune dans toute sa majesté et sans aucun dissimulateur. Une merveille pour qui sait voir, regarder. C’est un phare qui s’élève dans le firmament, l’être aimé qui envoie un baiser, un ami retrouvé, un arc-en-ciel offrant une fontaine de couleurs.



Bref, la vie en rose, en couleurs et en fleurs. Garder confiance, sans pour autant occulter un tabou ou un paradoxe. Partir aux confins de son âme comme un papillon qui s’envole, développant ses ailes vers un climax de beauté.



Juste avant de peindre un dernier contour, tracer un chemin de bronze où s’élève un cerf-volant. Il a la forme d’un animal habillé de vert-de-gris ; ce n’est pas une blague même si d’aucuns peuvent être surpris. Et pourtant, c’est simple comme effeuiller la marguerite, poser un grain sur le destin.



Enfin l’horizon apparaît dans toute la magnificence d’un indigo, si grandiose que le regard se porte en même temps vers l’Orient et l’Occident. L’étymologie est une belle aventure, aussi étrange que le processus de la soie, aussi bienfaitrice pour donner un sens à chaque chose. Embarquons tous dans cette montgolfière du langage pour retrouver la liberté.
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La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer ..

Andrea Marcolongo est une conquérante qui désherbe le jardin de nos idées .



Avec vaillance; elle bouscule les idées reçues et nous montre combien cette langue est omniprésente dans notre quotidien.



Ce livre est une révélation.



En le refermant, j ai pris la bêche du courage et je me suis mise à la grammaire hellénique !



Qu attendez vous?!!
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