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Citations de Alain Mabanckou (778)


Oui , Idi Amin Dada est vraiment un monstre plus méchant que le dragon .Moi, je n’ai plus envie de suivre son histoire que papa Roger veut nous forcer à écouter(…) Je ne peux pas quitter la table, on dirait un impoli sinon on va croire que moi Michel je ne veux pas m’informer sur ce qui se passe dans un pays de notre continent.
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Quand je serai grand je t'emmènerai dans une île loin là-bas
Où les crabes marchent sur le sable de la Côte sauvage
Notre fille portera des chaussures rouges qui brillent
Et une robe blanche avec des fleurs jaunes
Comme toi
notre garçon portera un chapeau
Quand je serai grand
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J’appartiens plutôt au groupe des doubles nuisibles, nous sommes les plus agités des doubles , les plus redoutables, les moins répandus aussi, et comme tu peux le deviner la transmission d’un tel double est plus compliquée, plus restreinte, elle s’opère au cours de la dixième année du gamin, encore faut-il parvenir à lui faire avaler le breuvage initiatique appelé mayamvumbi, l’initié le boira régulièrement afin de ressentir l’état d’ivresse qui permet de se dédoubler, de libérer son autre lui-même, un clone boulimique sans cesse en train de courir, de cavaler, d’enjamber les rivières, de se terrer dans le feuillage quand il ne ronfle pas dans la case de l’initié, et moi, je me retrouvais au milieu de ces deux êtres, non pas en spectateur puisque, sans moi, l’autre lui-même de mon maître aurait succombé faute d’assouvir sa gloutonnerie…
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«… et alors, un jour de grand soleil, ma belle-famille a débarqué à la maison, elle a tenu un petit conseil de guerre ethnique, et j'étais l'objet de leur discussion byzantine, moi Verre Cassé, ils ont parlé de moi en long et en large, ils ont pris un décret me concernant, et ils m'ont condamné par contumace parce que je ne m'étais pas présenté devant leur tribunal, c'était comme si j'avais pressenti le traquenard que ces gens me tendaient, en fait mon instinct avait parlé, j'avais déserté la maison depuis la veille, et c'est ainsi que j'avais échappé de justesse aux griffes de ces intolérants, de ces pourfendeurs des droits de l'homme, de ces trouble-fête, de ces fils du chaos, de ces fils de la haine, or c'était sans compter avec la vigilance et la rancœur de Diabolique qui savait où me trouver, et elle a traîné ce comité d'accueil familial dans la rue,{…} ils avaient décidé de m'emmener chez un guérisseur, un féticheur, ou plutôt chez un sorcier nommé Zéro Faute pour que celui-ci chasse le diable tenace qui habitait en moi, pour qu'il m'ôte l'habitude de me dorer sous le soleil de Satan, et nous devions aller là-bas, chez cet imbécile qu'on appelait Zéro Faute, moi je n'avais pas peur, je voulais les emmerder, et j'ai dit «laissez-moi tranquille, est-ce que quand je bois mon pot je provoque quelqu'un, pourquoi tout le monde est contre moi, je veux pas aller chez Zéro Faute », et tous ces braves gens de ma belle-famille ont dit en choeur « tu dois venir avec nous, Verre Cassé, tu n'as pas le choix, on t'emmènera là-bas, même dans une brouette s'il le faut», j'ai répondu en hurlant comme une hyène prise dans un piège à loups « non, non et non, plutôt crever que de vous suivre chez Zéro Faute », et comme ils étaient nombreux ils m'ont attrapé, ils m'ont bousculé, ils m'ont menacé, ils m'ont immobilisé, et moi je criais « honte à vous gens de peu de foi, vous ne pouvez rien contre moi, a-t-on jamais vu un verre cassé être réparé », et ils m'ont installé de force dans une brouette ridicule, et tout le quartier riait devant cette scène inédite parce qu'on me traînait comme un sac de ciment, et moi j'insultais Zéro Faute tout au long de mon chemin de croix pendant que ma femme parlait toujours du serpent noir qui l'avait mordue, et je demandais de quel serpent noir il s'agissait … »
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pour simplifier les choses et ne pas polluer ton esprit, je dirai que les romans sont des livres que les hommes écrivent dans le but de raconter des choses qui ne sont pas vraies, ils prétendent que ça vient de leur imagination, il y en a parmi ces romanciers qui vendraient leur mère ou leur père pour me voler le destin de porc-épic, ils s'en inspireraient (...) je t'assure que les êtres humains s'ennuient tellement qu'il leur faut ces romans pour s'inventer d'autres vies, et dans ces romans, mon cher Baobab, en s'y plongeant, on peut parcourir le monde entier
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j'avais vite appris à discerner les choses, à chercher la solution la plus adaptée à un obstacle, les hommes ont tort de se vanter là-dessus, je suis convaincu qu'ils ne naissent pas avec leur intelligence, ils bénéficient certes d'une aptitude pour cela, l'intelligence est une graine qu'il faut arroser afin de la voir s'épanouir un jour, devenir un arbre fruitier bien enraciné, certains demeureront d'ailleurs aussi ignares et aussi inculte qu'un troupeau de mouton qui se jette dans un ravin parce que l'un d'entre eux s'y est engagé
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En réalité, nous ne sommes pas les enfants des indépendances, nous sommes les enfants de l'après-génocide rwandais. Un génocide rendu possible par une colonisation qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours par des moyens détournés. L'Afrique n'a jamais été aussi tributaire de ses anciens maîtres. Pour le grand malheur de ses populations. Mais, au-delà de la respnsabilité qu'on peut imputer à l'Occident, les Africains sont également au banc des accusés.
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Bon, ça me reviendra, et de toute façon les Sénégalais, c'est simple, faut pas chercher midi à quatorze heures, ils s'appellent tous Diop, l'essentiel est de retrouver leur prénom.
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Un Blanc qui apprend du tam-tam, c'est normal, ça fait chic, ça fait type qui est ouvert aux cultures du mondes et pas du tout raciste pour un sou. Un Noir qui bat du tam-tam, ça craint, ça fait trop retour aux sources, à la case départ, à l'état naturel, à la musique dans la peau. C'est pas pour rien que les Européens s'intéressent comme ça au tam-tam. C'est pour comprendre comment les choses se passaient quand chez nous il n'y avait pas d'autres moyens de communication que celui-là.
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Moi je cherche une autre route, ma route du bonheur, celle que je prendrais pieds nus, en plein soleil, même si le goudron me brûle. j'arriverai loin, très loin, là où toutes les routes du monde se croisent, là où se retrouvent les gens qui nous ont quittés, et qui n'ont plus le même visage comme lorsqu'on les avait connus sur terre. Cette route-là, je dois bien la garder dans ma tête, je ne veux pas qu'elle n'existe plus quand je serai grand, sinon je vais me perdre au milieu des gens méchants qui ne m'aiment pas et qui cherchent à me faire du mal.
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Dans notre pays, un chef doit être chauve et avoir un gros ventre. Comme mon oncle n'est pas chauve et n'a pas de gros ventre, quand tu le vois, c'est pas tout de suite que tu peux savoir que lui c'est un vrai chef avec un grand bureau au centre-ville
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C'est grâce au site News Book, qui propose une riche actualité littéraire, que j'ai eu la chance de découvrir à la fois un livre, un auteur et une petite maison d'édition.
Tout d'abord, le livre physique. Tout en longueur,ce petit ouvrage de moins de 200 pages est très sobre concernant sa couverture. Le mot "sobre" n'est pas péjoratif. Au contraire : ce fond blanc avec pour seule illustration un cadrage sur les yeux, je dirais même sur le regard, de l'auteur. Tout à fait dans le ton puisque cette nouvelle collection de l'éditeur ; Chemin faisant ; a pour but, je cite, que les "créateurs égrènent leurs souvenirs".

Il s'agit donc ici d'une autobiographie, pas du tout linéaire mais plutôt des morceaux choisis par l'auteur. Il nous raconte des rencontres marquantes, il nous raconte l'Afrique, son rapport à l'écriture et au fait d'être un écrivain congolais français et il nous raconte des anecdotes. Le livre est une forme d'abécédaire : les entrées se font de A à Z. On trouve entre autres "Algérie (souvenirs d')", "Blog (Mon)", "J'écris en français parce que..." ou encore "Ma mère".
Je ne connaissais cet auteur que de nom, ou plutôt de visage. Il a reçu de nombreux prix littéraires pour ses oeuvres. Je n'en avais lu aucune jusqu'ici. Peut-être que je tenterais l'expérience puisque cette lecture m'a fait découvrir un homme, une pensée et une écriture.
Congolais d'origine, il aime sa terre natale comme un enfant aime sa mère. Il va ensuite s'installer en France et ses livres seront tous écrit en français. Cette situation est ambigüé : écrivain français ou écrivain francophone ? Pour les écrivains français, il est clairement francophone. Pour lui, il est un écrivain français. Cette question l'énerve on le sent bien, et il ressent comme un sentiment d'exclusion le fait d'être rangé en librairie dans le domaine étranger.

Sa langue est pleine de poésie. Il joue avec la langue : dans une des entrées, il y a plus de trois pages sans point final. Et le plus étonnant c'est que je m'en suis rendue compte à la fin : le thème justifiait ce jeu synthaxique.
Ce que j'ai aimé dans cet exercice, c'est que l'auteur se livre. Le fait que ce ne soit pas linéaire rend étrangement le sujet plus proche : comme si dans une discussion on parlait d'une chose, pour rebondir sur une autre sans rapport.

J'adorerai que certains de mes auteurs favoris se livrent à ce jeu. Je trouve que c'est enrichissant pour comprendre le parcours de l'écrivain, ses choix d'écriture et puis comprendre ses livres, tout simplement.
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Mon pays d’origine, le Congo, possède une petite fenêtre qui donne sur la mer. De là, gamin, je voyais passer toutes sortes d’oiseaux, certains pressés, d’autres à l’envol lourd. Parmi eux, les oiseaux migrateurs, qui planaient loin au-dessus de ma tête, me fascinaient. Lorsqu’ils se posaient sur les branches d’un arbre, le bec ouvert, je les observais contempler l’horizon, les ailes marquées par leur longue traversée. J’étais enfant et je voulais, moi aussi, devenir un oiseau migrateur.
Mais je suis devenu un écrivain, sans doute par compensation… Et la plupart de mes grands voyages sont nés des rencontres et des lectures que j’ai faites et qui m’ont construit.
Dans ce livre, j’ai voulu dévoiler certaines pages de mon univers. La clé est dans la serrure : il suffit de la tourner, de pousser doucement la porte pour entrer dans ce jardin que j’arrose encore avec la foi du charbonnier.
On y trouvera l’ombre de ma mère, les éclats de rire de mes amis, une promenade silencieuse avec J.-M. G. Le Clézio, et bien d’autres souvenirs…
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Si parfois je n'arrive pas à dormir ce n'est pas toujours à cause du baiser que j'attends de ma mère, c'est aussi à cause de la moustiquaire qui me gêne. Quand je me mets dedans j'ai l'impression que l'air qui entre dans mes poumons c'est le même que j'ai déjà respiré hier soir et je ne fais plus que transpirer jusqu'à mouiller le lit comme si j'avais fait pipi alors que non.

Les moustiques de notre quartier sont bizarres, ils aiment trop la transpiration, comme ça ils se collent à ta peau et ont tout le temps de bien sucer ton sang jusqu'à cinq heures du matin. En plus, lorsque je suis dans la moustiquaire, je ressemble à un cadavre, les moustiques qui tournent autour de moi sont comme des gens qui me pleurent parce que je viens de mourir.
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De Gaulle était grand comme deux hommes et demi de chez nous ou cinq Pygmées et demi du Gabon. D’après papa Roger, le Congo l’aimait bien parce que quand les Allemands avaient décidé d’habiter la France le général de Gaulle est venu chez nous à Brazzaville pour annoncer que la France n’est plus dans la France, que la capitale de la France ce n’est plus Paris avec sa tour Eiffel, c’est maintenant Brazzaville la capitale de la France libre.
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Cela me fait très mal lorsque tonton René dit à ma mère que papa Roger n’est pas mon vrai père, qu’il n’est qu’un ‘père nourricier’. Ce n’est pas pour la nourriture que papa Roger compte pour moi et ce n’est pas pour me nourrir qu’il a décidé d’être mon père.
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Papa Roger est mon père, un point c’est tout. Je ne veux pas savoir si j’ai un vrai père quelque part. Je ne veux pas voir le visage de ce monsieur que je ne connais pas et qui serait mon vrai père. C’est un lâche qui a laissé maman Pauline se débrouiller à l’hôpital alors que c’est lui qui l’avait épousée depuis Louboulou, le village de ma mère. Ce type était gendarme là-bas avant d’emmener ma mère vivre dans le district de Mouyondzi où on l’avait affecté. Maman Pauline n’était qu’une petite fille devant lui. Et voilà que ce gendarme a dit, juste deux ans après leur mariage : maintenant je fais ce que je veux, je prends plusieurs femmes si je veux, je vais te renvoyer dans ta brousse si tu n’es pas d’accord avec moi. Si tu ouvres ta gueule de villageoise de Loubboulou, je mets ta famille en prison jusqu’à la fin du monde.
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Tu me sers à quoi, Pauline, hein ? Tu as été enceinte deux fois, et deux fois ces enfants sont morts dès qu’ils sont sortis de ton ventre ! Tu me sers donc à quoi, à la fin ? Ta famille, c’est des sorciers, ils ont mis des gri-gri dans ton ventre ! Tu n’auras pas d’enfants !
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Pendant qu’il nous parle, moi je regarde bien son visage, ses yeux noirs qui brillent avec la lumière de la lampe-tempête, et je me dis qu’il a beaucoup de globules-blancs, qu’il ira tout droit au Paradis, qu’il ne sera pas loin de Dieu.
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Lorsque je vois arriver papa Roger, je deviens un autre garçon.
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