Pendant que les images passent, Alex Murdaugh secoue la tête d'avant en arrière. Lors de ses trois interrogatoires, il n'a cessé de le répéter : il ne s'est pas rendu au chenil avec Maggie et Paul, et la dernière fois qu'il les a vus, c'était au dîner. Voilà maintenant qu'une vidéo semble prouver le contraire.
Début 1957 Buster Murdaugh est de retour aux affaires. Le monde autour de lui s'apprête à changer. L'heure est à la lutte les droits civiques. Dans un Sud hanté par le Ku Klux Klan, les fantômes de la colonisation, de l'esclavage et de la guerre civile, les Murdaugh sont du bon côté de l'Histoire. Ils sont progressistes tant que ça sert leur nom. Par-delà les clivages, ils s'entendent avec tout le monde, les Blancs et les Noirs, les riches et les pauvres, les puissants et les vulnérables. Au cabinet, ils sont rejoints par d'autres comme eux, aimantés par le pouvoir et l'influence.
Et, comme son père avant lui, il chasse avec les forces de l'ordre, pêche avec les juges, joue aux cartes avec les avocats, manie l'art de demander des nouvelles des événements de la vie de chacun et de lui faire croire qu'il compte plus que tous les autres. Tout le monde est le bienvenu pour manger dans la main des Murdaugh. Ils reçoivent comme des Gatsby, organisent des barbecues, des réceptions, où accourent des centaines de convives. (p. 95)
Cette histoire dit-elle, est plus étrange que de la fiction.
La greffière est la maîtresse de cérémonie durant les semaines à venir. Toutes les décisions lui reviennent - les grandes, les petites. Les journalistes auront-ils le droit d’installer leurs tentes sur la pelouse ? C'est non. Les téléphones portables seront-ils autorisés dans l'enceinte du tribunal ? Non plus. Faut-il commander des sodas au gingembre ? Bien sûr.
(page 55)
La Caroline du Sud est trop petite pour être une république et trop grande pour être un asile de fou.
Dans le Lowcountry, les Murdaugh dernière génération incarnent une certaine idée du bonheur moderne. Ils ont une femme de ménage, un jardinier et toute une flotte de pickup, voiturettes de golf et véhicules pour faire le tour de leur propriété. Ils jouent au golf, organisent des barbecues, des soirées plus guidées, des parties de chasse aux cerfs, aux colombes ou aux cochons sauvages. Ils ont une autre maison au bord de la mer, à Edisto, à neuf cent vingt mille dollars.
OZ
C'est en quelque sorte l'ancêtre de toutes les séries d'aujourd'hui. Sans OZ, il n'y aurait peut-être jamais eu Six Feet Under, The Wire, Les Soprano ou même Prison Break. Diffusée en six saisons entre 1997 et 2003, cette série américaine créée par Tom Fontana était en effet un sacré pari. Car à l'époque, I'heure était avant tout aux sitcoms. Avec ses épisodes de 56 minutes chacun et son scénario ultra-violent racontant la vie dans une prison de haute sécurité, OZ faisait donc figure d'ovni dans le paysage télévisuel américain. (169)
C'est l'histoire d'une Amérique en déclin, dans une Amérique en déclin.
Un contingent de Black Panthers le récupère à l'aéroport et l'emmène dans l'appartement d'Eldridge Cleaver, l'un des membres. Avec lui, les militants Bobby Seal [sic] et le jeune Bobby Hutton, dix-sept ans. Pendant des heures, les Panthers décrivent leur quotidien d'hommes noirs d'Oakland, détaillent le comportement des flics qui les traitent de "nègres" et racontent leur frustration de se voir refuser un job à cause de la couleur de leur peau. La discussion durera jusque 4 heures du matin. (91-92)