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Critiques (983)
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Shutter Island (BD)

Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Cette bande dessinée est une adaptation du roman éponyme de Dennis Lehane, publié en 2003. Dans les années 1950, l'îlot de Shutter Island, au large de Boston, abrite un hôpital psychiatrique où sont internés des criminels souffrant de troubles mentaux. le marshal Tedy Daniels et son coéquipier Chuck Aule prennent le bateau pour se rendre dans la forteresse, à la demande du directeur. En effet, une prisonnière, Rachel Solando, s'est évadée sans laisser de traces, excepté une feuille de papier laissée sur son lit sur laquelle elle a dessiné une succession de chiffres et de lettres, sans signification apparente. Les enquêteurs s'interrogent sur le véritable rôle des médecins psychiatres qui semblent leur cacher la vérité. Se livrent-ils à des traitements expérimentaux sur les malades, en particulier ceux qui sont enfermés dans le phare ? On comprend que l'inspecteur a des motifs personnels pour être sur cet îlot : il recherche le responsable de la mort de sa femme, un certain Andrew Laeddis... jusqu'au moment où le récit bascule ! L'atmosphère de ce huis clos, hanté par de dangereux psychopathes, est admirablement servie par le graphisme et de sombres teintes encrées, jouant sur les contrastes sépia. le lecteur est littéralement piégé par des indices savamment distillés, qui le conduisent à une terrifiante révélation finale. C'est une oeuvre aboutie car on relit attentivement cet album pour savourer l'agencement des dessins et des textes avec le plaisir d'y déceler la maîtrise parfaite du récit. ? Colette Broutin
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Les aventures prodigieuses de Tartarin de T..

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Tartarin, personnage légendaire créé par Alphonse Daudet en 1872, n'a jamais quitté sa bonne ville de Tarascon. Ses exploits se cantonnent à tirer dans des casquettes lancées en l'air avec ses amis chasseurs qu'il enchante par ses récits d'aventures. A-t-il vraiment tué une Bartavelle ? Nul ne le sait. C'est un bon vivant, vantard et gourmand, imprégné de lectures. Elles nourrissent son imaginaire et sa faconde. Mais l'arrivée d'un cirque, avec son lion en cage, le met à l'épreuve. Les habitants de la petite ville poussent Tartarin à partir en Algérie, à la chasse aux grands fauves de l'Atlas. Que d'aventures rien que pour les préparatifs ! Et la traversée de la ville de Marseille pour embarquer sur un paquebot prête bien à rire.
Le choix des couleurs et de la ligne claire crée un univers naïf, tout en rondeur. Les auteurs donnent à voir l'humour tendre de Daudet pour peindre ce petit monde clos et provincial. Les textes dialogués facilitent la compréhension et mettent à la portée des jeunes lecteurs ce récit de Daudet à la langue souvent bien désuète. C'est une adaptation réussie à conseiller à ceux qui veulent connaître ce fameux héros sans lire l'oeuvre de Daudet. Agnès Donon
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Ni vu ni connu

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - le narrateur, Antoine, a dix ans. Il est invité à l'anniversaire d'un camarade de classe, Thomas. Au cours d'une partie de cache-cache, il reste dissimulé dans la maison et espionne les autres. Persuadé que personne ne s'intéresse à lui et que ses copains ne remarqueront pas son absence, il continue à se cacher pour observer ses camarades, sa maîtresse et même sa mère. Il découvre ainsi que les apparences sont trompeuses, qu'il est difficile de se faire des amis et qu'il n'est pas le seul à souffrir de la solitude. Son stratagème une fois révélé, il prend conscience qu'il a pu blesser ceux qui l'aiment. le rythme de ce court récit, où le narrateur adopte une position d'observateur en retrait, dévoile progressivement la personnalité de cet enfant complexé, sensible et intelligent mais aussi « égocentrique et narcissique » comme le lui reproche vertement sa mère. L'auteur a su habilement évoquer un fantasme largement partagé : l'impression de ne compter pour personne et le désir de savoir ce que les autres pensent de nous. Un petit livre facile à lire mais qui résonne au plus profond de chacun. Colette Broutin
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Petits sauvages

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Depuis que son père est mort, la petite Elaine refuse d'apprendre à écrire, refuse de grandir. Elle fait l'école buissonnière pour retrouver le jardin ouvrier où son père conviait fées et sortilèges pour l'émerveiller. Et comme sa mère, inquiète, l'enferme, elle transforme sa chambre en « jungle », où elle « pourra onduler au plus profond du monde sauvage ». Par la magie du théâtre, chambre et jardin se confondent. le père d'Elaine apparaît, qui l'encourage à ramper parmi les herbes folles. « Mon papa disait que le plus formidable de tous les jardins, c'est la tête, [explique l'enfant]. Il disait que dans la tête, on peut faire pousser tout ce qu'on veut ». Même un petit sauvage imaginaire nommé Skoosh, qui serait son seul ami... La tête d'Elaine résonne de voix intérieures : c'est le choeur hostile et vindicatif des voisins qui jugent sans comprendre ; ce sont les voix désemparées de sa mère ou des médecins impuissants ; enfin, c'est la voix tendre du père, qui ramène Elaine à la raison. En quinze scènes, l'enfant grandit - ainsi que l'annonçait son nom, Elaine Grew (« Elaine a grandi » en anglais) - et elle est prête à vivre de nouveau. Dans la belle traduction de Séverine Magois, voici un texte sensible et juste sur le deuil et la folie. David Almond, qui croit au pouvoir incantatoire de la parole, sait suggérer un espace, camper des personnages, les doter du caractère et de la vitalité qui les rendront vivants et émouvants sur scène. Charlotte Plat
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Les arbres pleurent aussi

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - le marronnier qu'admirait Anne Frank depuis sa lucarne de captivité est vieux et malade. Peut-être faudra-t-il l'abattre ? La nouvelle suscite l'émoi, tant l'arbre moribond - que Maurizio A. C. Quarello représente en couverture comme mort déjà : bois tronqué sans cime ni racines, vaines ramifications étendues vers un ciel absent, grisaille stérile du tronc que seul rehausse le rouge sang des dernières feuilles - symbolise à Amsterdam la mémoire de l'Holocauste. Irène Cohen-Janca a eu la belle idée de faire parler ce témoin muet qui a tout vu, de haut. En plongée, nous apercevons dans l'eau noire du canal le reflet du visage d'Anne Frank, le jour de son arrivée - présage sinistre. Ou les casques et les dos anonymes des policiers venus l'arrêter avec sa famille un matin de 1944. Nulle colère dans la voix de l'arbre, qui a vécu cent cinquante ans, assez pour connaître la versatilité humaine et savoir que les choses s'inversent : si nous renversons la couverture de l'album, nous découvrons des racines qui creusent le sol. Arbre de vie, le marronnier se souvient du bonheur de la jeune fille au printemps, quand « comme des chandeliers [s]es grandes fleurs blanches se dressaient vers le ciel ». Il cite le Journal d'Anne Frank et rappelle son optimisme : « Elle ne douta jamais que tout à nouveau refleurirait autour d'elle. Qu'à l'hiver glacial où règne un silence de mort succède toujours l'explosion de vie du printemps. » C'est un message apaisé et plein d'espérance que nous transmet cet album, qui lie la poésie du texte à celle des images et s'achève sur une touche de vert : l'apparition ultime du greffon de l'arbre, promesse de vie et de mémoire. Charlotte Plat
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L'étonnante disparition de mon cousin Salim

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Tante Gloria et son fils Salim sont de passage à Londres, dans la famille de Ted et Kat, avant de prendre l'avion pour New York. Ils se rendent tous à la London Eye, la roue majestueuse au sommet de laquelle la vue sur la capitale est magique. Ted et Kat suivent du regard leur cousin prendre place dans une nacelle, mais trente minutes plus tard, il n'est toujours pas redescendu. Salim a disparu ! Police, famille et amis tentent de comprendre ce qui est arrivé. Pendant ce temps, Ted élabore neuf théories qu'il a bien l'intention de vérifier une à une, avec la complicité de sa soeur Kat ! le roman de Siobhan Dowd évoque immédiatement le Bizarre Incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon (Pocket Jeunesse, 2004, LJ n° 110-111). L'histoire, racontée du point de vue de Ted, prend une nouvelle dimension. En effet, le jeune homme, présumé autiste, est passionné par la logique, les phénomènes météorologiques et les mathématiques. Et, à l'inverse, il a tendance à prendre au premier degré les expressions du langage courant, il ne parvient pas à comprendre certaines attitudes ou émotions. Mais il réussira, avec ses raisonnements implacables, à retrouver Salim ! Ce personnage particulièrement attachant fournit à l'auteur des prétextes pour renverser les moments tragiques en passages comiques ou poétiques. Enfin, la différence de Ted n'est pas décrite comme un handicap, mais comme un atout, notamment à travers la possibilité d'avoir une autre vision du monde. Un éloge à la différence. Anne Clerc
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Chasseur d'orages

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Depuis le décès de son grand-père, Herb vit chez son père et sa belle-mère dans le quartier chic de Vancouver. Il ne se sent pas à sa place et décide de s'enfuir. Il a pour projet de se rendre aux Lightning fields, un endroit insolite où ont été plantés des centaines de piquets pour attirer la foudre, au fin fond du désert américain. Il était prévu qu'Herb fasse le voyage avec John, son grand-père, Pour lui rendre hommage, le garçon souhaite aller y disperser ses cendres. La nuit où il met les voiles, c'est la fête à Vancouver et, dans la foule, il rencontre trois étudiants aux Beaux-Arts : Moon, Mina et Blondie. Ces trois-là vont se joindre à lui pour un « road-movie » à la découverte de leurs sentiments et de leur identité. Par la voix du jeune narrateur, ce court roman évoque sur un ton très juste la difficulté des relations entre parents et adolescents (notamment dans les familles recomposées), l'attachement, les souvenirs, les rencontres (et même la naissance de l'amour), sur fond de voyage dans les grands espaces américains. L'énergie et la simplicité de ces quatre jeunes font passer un bon moment. Perrine Concialdi
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Méto, tome 2 : L'île

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - La révolte fomentée par Méto et ses amis au sein de la Maison se solde par un violent combat contre les Monstres-soldats, qui entraînera la mort ou la capture de nombreux enfants. Méto, Marcus, Octavius et quelques autres ont survécu et sont recueillis par la communauté des Oreilles coupées. Ces anciens Serviteurs de la Maison se sont organisés en une société de castes aux rites barbares et violents. Loin de trouver la liberté les enfants vont subir le joug d'une organisation archaïque et autoritaire. Mais notre jeune héros parvient à se lier avec des personnages singuliers ; ils lui livreront des informations qui feront progresser sa réflexion : Qui sont les enfants et pourquoi sont-ils retenus sur l'île ? Quel est leur destin ? Quels sont les liens entre les différentes communautés de l'île ? Peu à peu, un monde extérieur se dessine... le rythme s'accélère dans ce second tome, et l'on suit au plus près les découvertes de Méto. L'auteur se recentre sur son narrateur, en constante action et réflexion, mais sait aussi faire exister autour de lui des figures intéressantes - monstre-soldat repenti, chaman... Il poursuit son propos en décrivant ici un modèle d'organisation sociale à la bestialité effrayante, et à la moralité incertaine... Les éléments narratifs se mettent en place, et le suspens est parfaitement maîtrisé. On attend avec impatience le dernier tome. ?Hélène Sagnet
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Un soir, j'ai divorcé de mes parents

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Comment survivre au divorce de ses parents ? C'est l'épreuve que traverse le narrateur, jeune adolescent. Il assiste, impuissant aux affrontements et aux déchirements de ceux qu'il aime. Alors que son père et sa mère se reconstruisent, chacun de leur côté, il décide de s'en éloigner pour ne pas sombrer dans le désespoir. En secret, chaque week-end, il s'installe dans une minuscule chambre de bonne appartenant à son grand-père. Confronté à la solitude et à l'inconfort, il surmonte ses épreuves en dialoguant avec lui-même et acquiert ainsi une maturité intellectuelle et affective. En assumant sa solitude, « il apprend à être ». Il se donne des règles de vie, fréquente les musées et les bibliothèques et fait des rencontres qui l'ouvrent aux autres. En « divorçant de ses parents », il rencontre aussi l'amour et comprend que leur séparation n'a pas détruit ce qui les unissait. Il faut apprendre à devenir adulte. Ce petit livre, facile à lire, aborde de façon originale la question du divorce. L'auteur prend un plaisir évident à jouer avec les mots, les pronoms, les rythmes, les assonances, conférant au récit le charme subtil d'un poème en prose. ?Colette Broutin
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De chaque côté des cimes

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Dahoé et Namkha sont deux jeunes filles vivant au Zanskar, région située dans l'Himalaya et surnommée le petit Tibet. Seules enfants du village nées pendant l'hiver, elles deviennent les meilleures amies du monde et se promettent de ne jamais se séparer. Mais secrètement Dahoé rêve d'une autre vie. Elle veut s'instruire, quitter le village, être libre. Claire Mazard, dans un style simple mais pas simpliste, nous propose un roman complètement dépaysant à rapprocher du Journal de Ma Yan (Gallimard Jeunesse, 2003, LJ n° 105). Elle présente le parcours de deux filles, de l'enfance à l'âge adulte. L'identification au personnage de Dahoé, la narratrice, est immédiate. Ses préoccupations sont touchantes ; elle veut découvrir ce qui se passe au-delà des montagnes, qu'elle a pour seul horizon. Elle va devoir se battre contre le poids des traditions. Car son avenir est tout tracé ; le mariage avec un mari qu'elle n'aura pas choisi ou le couvent. Mais elle a d'autres aspirations et va tout faire pour les réaliser. Un roman sensible, dépaysant et passionnant, qui pose de belles questions sur la vie. Sébastien Féranec
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La vieille Chéchette

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - La vieille Chéchette, on l'a toujours connue ainsi : vieille, folle et sauvage, à l'image de ces mauvaises herbes qui, échappant à la main de l'homme, résistent au temps et aux intempéries. Au village, on s'est fait à sa présence. Certains lui font la charité quand d'autres s'en moquent. Seule Madeleine Germain perçoit chez cette créature un semblant d'humanité. Et bien lui en prend, car lorsque le petit théâtre prend feu par la faute d'un de ses enfants, la vieille Chéchette se sacrifie pour sauver le malheureux, pris dans les flammes. Paru en 1884 dans un recueil intitulé Contes et légendes, l'histoire de la Vieille Chéchette, écrit dans un style désuet, se veut avant tout un conte moralisateur. C'est donc davantage le travail graphique réalisé par l'illustrateur qui retiendra notre attention. En utilisant trois couleurs - le blanc, le noir et le vert, qu'il s'amuse à permuter, - Stéphane Blanquet génère des ombres et des reliefs, dotant ainsi la vieille femme d'une silhouette « monstrueuse ». La couleur orange de couverture, présente tout au long de l'album sous forme de liseré, fait office d'avertissement. C'est cette même couleur que prendront les flammes qui attaqueront la maison de Madeleine, anéantissant le petit théâtre antique. Sur la dernière double page, les villageois, jusqu'ici représentés de profil, encerclent en lui faisant face le corps calciné de la vieille Chéchette. Outre une certaine cruauté du conte qui ne les laissera pas indifférents, les adolescents apprécieront les silhouettes des personnages, aux allures de petits lutins dignes d'un roman Fantasy. Élise Hoël
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Pic

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Voici un roman d'aventures qui séduira les jeunes lecteurs en quête de sensations fortes ! Pic ? Quel drôle de prénom pour un garçon de presque 14 ans ! Pas tant que cela... L'adolescent, fils du célèbre alpiniste Joshua Wood, est arrêté par la police new-yorkaise pour avoir escaladé les buildings de la Grosse Pomme. Pour lui éviter de purger sa peine, le père de Pic, que ce dernier n'a pas vu depuis des années, propose de l'emmener avec lui en Thaïlande pour une ascension de l'Everest. Mais ce geste, qui aurait pu passer pour un élan d'affection paternel inattendu, se révèle très intéressé : Josh veut en réalité que Pic franchisse le sommet de l'Everest avant ses 14 ans, pour qu'il devienne le plus jeune alpiniste à avoir réalisé cet exploit... le roman met tout en place pour tenir le lecteur en haleine : aux belles descriptions des sommets se mêlent le récit des conditions de vie des grimpeurs dans les différents camps, ainsi que celui des sensations physiques et mentales de l'adolescent qui se surpasse pour accomplir cette ascension. Mais Pic est plus qu'un simple récit d'aventures : il met aussi en scène la difficulté des relations père/fils en campant un père égoïste et complètement obnubilé par l'exploit sportif. On apprécie en outre la belle amitié qui naît entre le jeune Américain et son compagnon de route népalais, Sun-jo, mais aussi la description des relations politiques complexes entre le Tibet et la Chine. En résumé, un très bon roman d'aventures qui, même si son style n'est pas toujours excellent, se lit très facilement ! Marianne Joly
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Boule de Suif

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - 1870, les Prussiens envahissent la ville de Rouen. Un groupe de dix personnes grimpe dans une diligence en partance pour Dieppe. Plusieurs classes sociales se côtoient au cours de cette cavalcade : commerçants, grands bourgeois, religieuses, etc. Mais une prostituée, nommée Boule de suif, se distingue des autres personnages. Les voyageurs sont partis précipitamment, nul n'a pris de quoi se nourrir, exceptée Boule de suif, prévoyante, qui déjeune dans son coin. Mais sous le regard concupiscent des autres voyageurs, elle finit par partager avec générosité son repas. La nuit venue, ils font halte dans une auberge malheureusement occupée par des Prussiens. le lendemain, un des officiers ennemis ne les laissera repartir que s'il peut profiter des charmes de Boule de suif. Li-An revisite Maupassant et propose une superbe description des travers humains : individualisme, hypocrisie, mensonge... Son travail sert parfaitement le texte classique et permet d'aborder un grand auteur de manière ludique. Un humour très corrosif mis en valeur par le dessin coloré et les cases travaillées dans de multiples formats. Une adaptation réussie et un « one shot » qui vient enrichir la collection « Ex-libris ». Agnès Donon
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Du vent dans mes mollets (BD)

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Rachel a neuf ans et, depuis une semaine, elle dort tout habillée, avec cartable et affaires de gym pour ne pas être en retard à l'école. Alors sa mère l'envoie chez Mme Trebla, « une dame qui parle avec les enfants et qui, après quelques dessins, arrive à les convaincre de se mettre en pyjama le soir, d'enlever leur cartable et leurs chaussures avant de se coucher à l'intérieur des couvertures. » Suivent neuf séances désopilantes chez la psychologue au cours desquelles Rachel médite sur l'amour, la mort, Barbie et la politique, avant qu'un triste épilogue ne vienne frapper le lecteur qui ne s'attendait pas à voir la mort s'introduire dans ce récit faussement naïf et vraiment hilarant. Raphaële Moussafir a toujours souhaité que son texte devienne une bande dessinée. Elle a choisi elle-même l'illustratrice, qui dessine une Rachel à la fois expressive et dynamique, oscillant entre rire et désarroi, caprice et cruauté. Si le trait est parfois un peu caricatural, il n'est jamais redondant par rapport au récit et il acquiert, dans les dernières pages, une plus grande subtilité, jouant habilement du cadrage et de l'échelle pour accentuer la fragilité de l'enfant, éprouvée par le deuil. Perdue dans une page tapissée d'herbes vertes, une petite silhouette résiste au chagrin, debout. Et plus loin, les poings serrés, recroquevillée, isolée dans un noir chagrin, l'enfant semble minuscule et sans défense, parmi les fleurs tendres d'un tissu Liberty. « Je suis restée longtemps sans rien dire, la tête posée sur les genoux de maman, en regardant le tissu de sa jupe qui restait le même alors qu'Hortense était morte. Je me suis dit que j'aurais bien aimé être un morceau de tissu », confie Rachel, dans une page où illustration et narration se mêlent pour souligner avec finesse le fil psychanalytique du récit. Charlotte Plat
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Nodame Cantabile, tome 1

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Chiaki, jeune pianiste, est l'élève le plus doué de l'université de musique de Momogaoka. Seulement, son voeu le plus cher n'est pas d'être un musicien reconnu, mais de devenir chef d'orchestre comme son mentor Sevastiao Viera et de partir pour l'Europe. Mais il lui est impossible d'accomplir son rêve ; à son grand désespoir, il a la phobie des moyens de transport. Il est bloqué au Japon, incapable d'approcher un avion ou un bateau. Après une violente dispute avec son professeur de piano, il s'autorise une déprime bien arrosée, broie du noir et envisage d'abandonner la musique définitivement. C'est alors qu'il fait la connaissance de Nodame, sa voisine musicienne... Cet énorme succès au Japon qui se poursuit avec plus de 22 volumes nous arrive dans une édition fidèle à l'originale. Malgré un trait simplifié à l'extrême, qui pourra rebuter certains lecteurs, cette intrigue vaut le détour. Les thèmes abordés sortent de l'ordinaire. Rares sont les mangas qui traitent de musique classique. La force de l'histoire réside également dans la relation très piquante des deux héros. Lui est un musicien rigoureux et perfectionniste, tandis que Nodame est excentrique et désordonnée... Cette opposition de caractère donne lieu à des situations très savoureuses et souvent hilarantes. Sébastien Féranec
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