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EAN : 9782246168331
146 pages
Grasset (01/10/2005)
4.05/5   33 notes
Résumé :
Pendant sa campagne d'Egypte en 1798, Bonaparte séduisit Pauline Fourès (dite Bellilotte), la femme d'un lieutenant de son armée. Devenu Premier Consul, le "défenseur de la France" délaissa bientôt cette pauvre conquête. Et le mari bafoué, qu'on avait forcé à divorcer, tenta de provoquer un scandale, rapidement étouffé par Fouché, l'exécuteur des basses œuvres...
Dépassant le cas personnel de Bonaparte, cette pièce puissante et poignante est un réquisitoir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le pouvoir permet tout.
De faire ramper des hommes (contraints, bêtement dociles, ou véritablement éblouis par le dominant).
De prendre leurs femmes, de gré ou de force.
Et de jeter les indésirables sans autre forme de procès.

L'être humain ne s'est pas affranchi de cette loi animale au cours de son "évolution". Stefan Zweig le montre via ce récit d'une conquête féminine de Bonaparte lorsqu'il était général des armées.

Avec sa plume élégante, sobre et précise, l'auteur exprime brillamment la domination, l'abus de pouvoir, la douleur d'un homme trahi et abandonné, la soumission, la révolte, la lâcheté - ou l'instinct de survie - des témoins et des proches... Autant de références au nazisme dont Zweig fut victime.

Une partie du propos rappelle le roman 'Le Montespan' - histoire d'un homme trompé, bafoué, humilié par un puissant. Mais on est très loin, ici, des excès spectaculaires de son auteur, Jean Teulé.
Les textes de Zweig sont mesurés et percutants - style parfait d'un très grand écrivain.
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« Un caprice de Bonaparte », dernier volet d'une oeuvre pour le théâtre qui en compte huit, n'est probablement pas l'ouvrage le plus connu de Stefan Zweig. Une histoire est vraie, cependant : nous sommes en 1798 pendant la campagne d'Egypte. Au campement, Bonaparte séduit Pauline Fourès, Bellilote, la femme adorée d'un de ses fidèles lieutenants, aussi fidèle à sa personne qu'il est dévoué corps et âme à la Révolution. Il devra divorcer « au nom de la raison d'Etat » et quand l'heure de la révolte viendra, Bonaparte, devenu Napoléon et Premier Consul, aura déjà délaissé sa conquête. Un drame conjugal vite étouffé par Fouché.

Alors qu'il nous relate un événement du niveau d'un fait divers, on sent comme un jugement de la part de l'auteur ; déjà dans le titre « Un caprice… », mais aussi tout au long des trois actes sous tendus par cette question lancinante : le pouvoir et la puissance qu'il procure ouvre-t-il tous les droits sur le petit peuple ; au « troussage de domestique » en l'occurrence… ?

Une « petite » pièce de théâtre à première vue ; en fait réflexion magistrale sur les abus du pouvoir personnel en général et sur le culte de la personnalité en particulier, qui mènera l'Allemagne où l'on sait et Stefan Zweig au suicide.

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Une expérience nouvelle en ce qui me concerne que la lecture d'une pièce de théâtre, n'étant pas un spécialiste du genre, je me contenterais de dire que j'ai adoré et le style et l'écriture.
Le récit met en scène une "aventure" de Bonaparte qui est une anecdote méconnue et authentique de sa vie. le rythme des dialogues et la concision des scènes font que le tout se dévore sans même qu'on s'en rende compte, j'ai passé un super moment de lecture.
Je ne connaissais de Zweig que "Le joueur d'échecs" et l'on m'avait dit que pratiquement toute son oeuvre valait d'être lue, avec cette deuxième expérience j'en suis convaincu !
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Durant la campagne d'Egypte de 1798, Pauline FOURÈS dite Bellilote, alors épouse du lieutenant FOURÈS, est séduite par le général BONAPARTE, lui-même à la tête de l'armée française chargée de couper la route des Indes à l'armée anglaise.

Le lieutenant FOURÈS est déplacé par BONAPARTE qui veut avoir les coudées franches avec Pauline, et fait ordonner à son soldat de rejoindre la France au plus vite. Seulement, le navire sur lequel navigue FOURÈS est attaqué par l'armée de la Grande-Bretagne qui fait prisonnier son équipage. FOURÈS est le seul captif libéré : il porte sur lui une lettre de BONAPARTE. Il peut donc rentrer sain et sauf au Caire… Et apprendre la liaison de sa Pauline de femme avec le général remuant… « Être prudent, je n'y pense même pas. La prudence n'est qu'un mot évasif pour désigner la peur ; et je n'ai peur de personne. Ils peuvent claironner l'histoire en France et les anglais peuvent la raconter dans leurs gazettes, ici je fais ce qui me plaît. Je serais un idiot de ne pas prendre la femme que je veux. Qui peut être gêné, d'ailleurs, qui a quelque chose à dire que je couche ici seul ou à deux ? ».

FOURÈS, de retour en France sur les talons de BONAPARTE après la campagne d'Egypte, est prêt à faire éclater le scandale en haut lieu. Mais le lui permettra-t-on ? D'autant que BONAPARTE prend du galon en devenant Premier consul. Et l'adultère semble ne plus l'enthousiasmer… Tandis que FOURÈS se découvre une fierté et un combat autre que militaire : « La patrie, ha ! Ha ! Parlons-en ! J'attendais que vous me sortiez ce drapeau-là qui sert à couvrir toutes vos sales combines ! Merci de la leçon, citoyen ministre, mais moi j'ai servi la République avec ma peau, loyalement, courageusement, aveuglément pendant sept ans ! Seulement en Egypte toutes sortes de faits m'ont éclairé et j'ai l'honneur de vous dire que je m'en fous d'une patrie qui met un flibustier plus haut que la liberté ! Pourquoi faut-il que ce soit toujours moi, nous, le peuple, les imbéciles qui trimions et nous sacrifiions pour la patrie ? Quand il s'agit de profit et de gloire, les maîtres sont au premier rang ; quand il est question de sacrifice, c'est nous qu'on pousse en avant ! ».

Cette pièce de théâtre en trois actes est un vrai petit bijou. Se basant sur des faits réels, elle manie l'humour et les situations cocasses, embarrassantes et vaudevillesques avec maestria. ZWEIG réussit un grand numéro de cache-cache, subtil et pétillant. Il épingle la cupidité du futur Napoléon 1er avec finesse et intelligence. Ou comment un homme est prêt à tout pour détruire la carrière d'un de ses soldats qui ne lui a pourtant rien fait de mal, bien au contraire. La pauvre Pauline est dépassée par les événements et se terre dans son ambivalence.

Pièce jubilatoire à lire à la fois comme un moment de détente et une page de l'Histoire de France, elle se laisse déguster avec aisance sans jamais se transformer en cours historique. Visiblement écrite à la toute fin des années 1920, elle est l'un des incontestables éléments constituant l'oeuvre riche du ZWEIG historien et biographe passionné.

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En lisant cette pièce, je pensais à Mme de Montespan et surtout à son mari, le cocu magnifique qui se fit une gloire de sa honte, lorsque Louis XIV lui prit sa femme - une histoire racontée notamment par Jean Teulé. Car c'est bien une histoire d'abus de pouvoir, un homme tout puissant qui réussit à fanatiser les foules, dominant les soldats prêts à le suivre au bout du monde - ou du moins en Égypte, et séduisant les femmes prêtes à rejoindre son lit.
Bonaparte apparaît peu d'ailleurs, il n'est là que pour imposer sa volonté que tous relaient, alors même qu'il n'est pas encore le tout-puissant Empereur. Et seul Fourès voit qu'il marche vers le pouvoir absolu : les lois n'ont plus cours, la fraternité et l'égalité disparaissent, ce sont bien les signes que la République agonise et qu'un nouveau roi va remplacer les anciens.
Dommage néanmoins qu'on ne voit pas plus les sentiments de la Bouillotte, il aurait été intéressant de comprendre, pourquoi elle a cédé alors qu'elle aime toujours son mari. Son origine populaire n'est qu'effleurée, bien qu'elle soit un élément de compréhension du personnage : au lieu d'être séduite, elle a cédé à l'abus de pouvoir de l'officier supérieur de son mari, charismatique.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- (...) c'est le curé qui nous l'a racontée quand nous étions enfants, cette histoire de la Bible, l'histoire de l'homme riche qui a 1 000 ou 10 000 brebis, alors que son voisin, le pauvre, n'a qu'un agneau, un seul. Mais ce n'est pas le pauvre qui jalouse l'autre, c'est le riche qui s'empare encore de l'agneau du pauvre, de son seul bien... Et dis, sais-tu comment se termine l'histoire de la Bible ? Que dit le bon Dieu devant cette injustice, lui qui soi-disant est là pour juger et pour punir ?... Et les autres, que font-ils, les autres, les camarades, les voisins, les amis. Hein ?
- Laisse donc ces histoires de la Bible...
- Rien, je te dis, le bon Dieu ne dit rien et ne fait rien à l'homme riche... Pas plus alors qu'aujourd'hui. Il se tait, regarde et brûle de l'encens dans sa pipe. Peut-être même trouve-t-il du plaisir à ce spectacle. Personne ne vient en aide au pauvre diable, personne, et lorsqu'il crie, Dieu se bouche les oreilles. Et les amis... sais-tu ce qu'ils disent : "Contiens-toi, Fourès, contiens-toi."
(p. 96-97)
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La rue appartient au peuple, n'est-il pas vrai, citoyens ? (...) Cet homme [Bonaparte] nous a tout pris : nos députés il les a dispersés à la baïonnette, nos tribunaux du peuple il les a suspendus ! Seule la rue nous reste encore pour y parler librement. Et puisque nous ne pouvons obtenir justice, que les juges et les avocats sont vendus, il ne nous reste plus que la rue pour la réclamer ! Si nous avons envoyé au diable les aristos était-ce pour qu'à leur place ce soient les généraux qui viennent nous botter le cul ?
(p. 158-159)
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Cour intérieure d'un palais de l'Esbekieh, au Caire, bâtiment à un étage. A l'arrière-plan, escalier conduisant au Grand Quartier Général de l’état-major et aux appartements du général Bonaparte. Au premier plan, assis ou debout autour d'une table, des soldats de garde et l'officier d'intendance Deschamps. Crépuscule. Ciel d'Orient, d'un bleu opalin, piqué de pâles étoiles.
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Que peut-on faire de grand dans ce tas de sable étroit qu'est l'Egypte! Ici il en est passé d'autres avant moi ; César, Pompée, des khalifes et des pharaons ont vaincu des peuples, construit des villes... et qu'en est-il resté? Rien! Ici il n'y a toujours qu'un seul vainqueur : le sable!
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BONAPARTE.
Ici, il n'y a toujours qu'un seul vainqueur : le sable ! Faudrait pouvoir aller aux Indes, avoir la mer, la Syrie, l'Arabie, le Bosphore... alors on pourrait bâtir un empire, créer un édifice qui reste. Mais ici ? Sache, mon amour, qu'il n'y a de grand que ce qui demeure, quelque chose qui vous survit, ne serait-ce qu'un nom ou un enfant.
Acte II, premier tableau.
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