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EAN : 9782918767817
416 pages
Asphalte (06/09/2018)
3.31/5   13 notes
Résumé :
" Il faut qu'on parle ", annonce un matin Lola à son mari Sandino, chauffeur de taxi. " Ce soir, à mon retour ", répond celui-ci, avant de se laisser absorber par la ville. Et il ne rentre pas, entamant une odyssée de sept jours et six nuits, travaillant sans relâche pour éviter cette discussion fatidique, car il le sait : sa femme, lasse de ses infidélités, veut le quitter.
Sandino l'insomniaque parcourt Barcelone et les clients défilent, tous pénitents dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ça ne va plus trop entre entre Sandino et Lola qui veut faire le point ...
Lui préfère faire le mort, fuir, rouler à bord de son taxi dans les rues de Barcelone.
Les jours et les nuits défilent, les passagers et les passagères aussi.
Le chauffeur insomniaque est accaparé par ses pensées, par une urne, par son blues.
L'appel à l'aide de Sofia et d'Ahmed va le réveiller de sa propre léthargie,
raviver ses propres démons et l'embarquer plein pot dans l'enfer de Barcelone....
Après l'excellent J'ai été Johnny Thunders, Carlos Zanon poursuit sa route erratique en taxi.
Ce coup-ci au volant, un chauffeur ballade son blues dans Barcelone et se laisse entraîner dans une histoire qui va vite le dépasser.
Le rythme s'accélère au fil des chapitres,
plus mélancolique, à fleur de peau,
moins rock'n'roll que son précédent roman noir
mais tout aussi bien écrit.
Taxi, ça roule toujours pour Carlos Zanon !
Je remercie babelio, Masse critique et les éditions Asphalte pour cette course en Taxi dans Barcelone.
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Parfois, on ne peut s'empêcher d'éprouver un sentiment de frustration lorsqu'un livre que l'on apprécie ne trouve pas son public et l'on se retrouve même à regretter que l'ouvrage n'ait pas fait l'objet d'un écho plus conséquent auprès des chroniqueurs qui semblent avoir boudé le roman. Pourtant après le succès critique de J'ai Été Johnny Thunder qualifié, à juste titre, de roman culte, Carlos Zanón ne s'est pas reposé sur ses lauriers et a fait preuve d'audace en nous proposant de suivre avec Taxi, les pérégrinations de José que tout le monde surnomme Sandino, chauffeur de taxi insomniaque et volage, cherchant à fuir toutes formes de confrontation. Et si l'esprit de la légende maudite du rock'n roll du précédent ouvrage a disparu des thèmes principaux, on en trouve quelques réminiscences, notamment au rythme des chapitres qui portent le nom des 36 titres composant Sandinista!, le triple album emblématique des Clash donnant son surnom au personnage principal. Une somme d'errances et d'incertitudes dans la mélancolie des rues de Barcelone compose ce portrait d'un monde désenchanté qui prend parfois l'allure d'une odyssée aussi burlesque qu'hallucinante.

Sandino connaît déjà la tournure de la discussion qu'il va avoir avec sa femme Lola. « Il faut qu'on parle » lui a-t-elle dit. Ne souhaitant pas évoquer ses trop nombreuses incartades, préférant fuir à tout prix l'issue fatidique, il entame donc, au volant de son taxi, une errance de sept jours et six nuits dans les rues de Barcelone. Tous les prétextes sont bons pour retarder l'échéance. Il faut dire que les histoires s'enchaînent avec un défilé de clients qui se confient à lui pour l'entraîner, parfois à son corps défendant, dans de drôles d'aventures. Et si cela ne suffisait pas, il y a ses collègues dont il faut se soucier comme Ahmed s'inquiétant pour son petit frère Emad qui a bien changé depuis qu'il fréquente un entourage d'individus douteux ou Sofia qui s'est bien gardée de restituer tout le contenu d'un sac oublié dans son taxi, en se retrouvant ainsi embringuée dans une sombre histoire de trafic de stupéfiants avec des propriétaires désireux de récupérer l'intégralité de leurs biens. Sans relâche, les événements se succèdent en entraînant Sandino dans une espèce de fuite en avant qui risque de lui porter de bien plus graves préjudices que la confrontation qu'il doit avoir avec Lola.

Insomniaque, irresponsable et emprunt d'une certaine forme de spleen l'empêchant de prendre la pleine mesure de ses actes, on suit cette lente déliquescence d'un individu qui ne trouve plus aucun sens dans sa vie au point de vouloir la fuir ou d'endosser quelques éléments épars de celles de son entourage, ennuis y compris, afin de recouvrer l'espoir d'un changement radical lui permettant de se dérober à ses responsabilités et de s'engouffrer dans une perspective de rêves et de désirs inassouvis. Il émane donc du texte une sensation de torpeur et de lenteur, bien loin des rythmes trépidants auxquels le lecteur est habitué, permettant à Carlos Zanón de décliner en détail tous les aspects de la vie de Sandino pour mettre en scène un récit d'une profonde humanité où l'on découvre toute une kyrielle de protagonistes s'entrecroisant dans une succession de rencontres insolites, de virées improbables et de quelques confrontations d'une violence aussi surprenante qu'épique comme cet impressionnant règlement de compte entre Sandino et Hector, un ancien flic véreux devenu tenancier d'un rade où le taxi à ses habitudes.

Imprégné d'une multitude de références littéraires, musicales et cinématographiques, Taxi est un récit glissant parfois vers une dimension chargée de poésie nous permettant d'appréhender tout ce petit monde gravitant dans les différents quartiers de Barcelone avec un texte tout en maîtrise mettant en exergue la difficulté et la complexité des rapport sociaux qui régissent l'ensemble des protagonistes. Il en résulte un sentiment de chaos, parfois de maladresse et surtout d'incompréhension qui donnent lieu à des situations insolites pouvant prendre une tournure parfois cocasse comme le remplissage d'une urne funéraire ou plus inquiétante comme cette allusion du jeune Emad évoquant quelques amis devant passer au Bataclan. On se surprend donc à rire ou à tressaillir de surprise au gré d'un roman très dense où l'amour et ses désillusions, l'amitié et ses trahisons ponctuent cette errance confuse qui laisse poindre une lueur d'espoir à l'image de quelques scènes poétiques mettant en lumière une ville de Barcelone bien éloignée des clichés touristiques.

Surprenant périple aux entournures mélancoliques et oniriques, Taxi est un roman noir tourmenté qui traduit l'incertitude et la fragilité d'un monde dont on distingue toute la complexité au travers du regard trouble d'un homme dont l'esprit, embrumé par une succession de nuits sans sommeil, lui font perdre tout sens de la mesure. Un récit chaotique et flamboyant.



Carlos Zanon : Taxi (Taxi). Asphalte éditions 2018. Traduit de l'espagnol par Olivier Hamilton.

A lire en écoutant : Tourmento de Mon Laferte. Album : Mon Laferte, Vol. 1. 2015 Universal Music Mexico, S.A. de C.V.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Comment continuer à avancer quand on est désabusé par le morne quotidien d'une vie que l'on n'a pas choisi ? Sandino déteste conduire. Pourtant, il s'est retrouvé chauffeur de taxi tout comme son père et son frère avant lui, en dépit de ses rêves de grandeur. A cause de la crise. Pour gagner honnêtement sa vie à défaut de la vivre pleinement. Alors, pour s'offrir un peu de piment et d'évasion, Sandino multiplie les conquêtes féminines, quitte à se brûler les ailes au feu de passions éphémères qui ne sont pas du goût de sa légitime épouse. Arrive le jour où cette dernière lui dit : "Sandino, il faut qu'on parle". Inutile d'être fine mouche pour deviner ce que sa femme veut lui annoncer. Alors il prend la fuite. Ce récit nous raconte les sept jours d'errance pendant lesquelles il va multiplier les bourdes et s'enfoncer dans le pétrin, en voulant fuir la réalité et jouer les bons samaritains pour aider une collègue qui se trouve en fâcheuse posture après avoir essayé de berner des malfrats. Sandino va apprendre à ses dépens qu'il est dangereux de confondre la vie réelle avec un film de Tarantino...

Tout comme dans le féroce "N'appelle pas à la maison", Carlos Zanón nous entraîne dans l'univers trash et désespéré de losers invétérés qui cherchent en vain la lumière et la rédemption dans les bas-fonds de Barcelone. Fidèle à son style narratif percutant, sans fard ni fioritures, l'auteur nous livre une épopée urbaine plutôt bien rythmée qui oscille habilement entre action et réflexion.
En bref, un très bon moment de lecture qui confirme ma première impression sur les écrits du señor Zanón : une savoureuse plume noire à suivre de très près...
Lien : https://leslecturesdisabello..
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Le genre : l'étranger à Barcelone

C'est à l'occasion d'une opération critique “petits éditeurs” lancée par ma médiathèque que j'ai découvert ce roman (et son auteur), choisi d'abord sur sa première de couverture. Taxi, publié aux éditions “Asphalte”, belle résonance. Et puis lecture de la quatrième de couverture, prometteuse : une odyssée de sept jours et six nuits d'un chauffeur de taxi insomniaque dans Barcelone, fuyant ses propres problèmes de couple dans son “taxi-confessionnal”.
J'avoue pourtant avoir eu du mal à entrer dans l'histoire. On suit les errances de Sandino, entre clients, nombreuses maîtresses et famille, sans que rien de tangible au niveau de l'histoire ne se mette en place. Il repousse incessamment le moment de rentrer chez lui car il sent, il sait que sa femme va lui annoncer qu'elle le quitte. Il voit ses maîtresses. Il prend des clients. Il va à la crémation de sa grand-mère avec ses parents et son frère Victor. le tout noyé sous une avalanche de noms de rues, de places barcelonaises… Pas si accrocheur quand on n'est pas familier des lieux.
Et puis petit à petit, le roman nous happe. Les personnages s'épaississent : Ahmed, le copain de bistrot qui lui demande d'emmener son frère en France pour qu'il quitte la pente de la radicalisation sur laquelle il est engagé ; Sofia, la copine qui s'est mise dans un sale pétrin en récupérant un sac d'argent et de drogue dans son taxi ; Jésus, l'illuminé musicien qui pense pouvoir ressusciter les morts …
Sandino (un pseudonyme, tout un symbole) est un homme camuesque qui semble dépossédé de sa volonté, ou tout du moins incapable de prendre (et d'assumer) ses décisions. Chauffeur de taxi “par défaut”, anciennement écrivain, les seuls récits qu'il écrit se passe dans sa tête. Il excelle dans l'art de fantasmer les scènes, mais pas dans celui de les faire vivre. La confrontation avec sa femme, attendue tout au long du roman, n'aura d'ailleurs pas lieu (si ce n'est une brève conversation téléphonique), car il trouve toujours une bonne raison de ne pas rentrer chez lui. le voilà embarqué (malgré lui ?) dans une sale histoire de drogue (qu'il ne rechigne pas à consommer lui-même), obligé de se battre, de négocier avec des truands.
L'écriture de Zanon est particulièrement travaillée et confère au roman une indéniable qualité. Il sait distiller par petites touches des problématiques très contemporaines, mais en restant fixé sur son personnage. le côté “roman noir”, davantage présent dans le seconde partie du récit, permet de relancer l'action et de maintenir le lecteur en éveil.
Une belle rencontre que ce roman, et un auteur dont je découvrirai avec plaisir d'autres ouvrages.
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” On l'appelle Sandino, mais ce n'est pas son prénom. C'est un surnom. (...) 
Sandino n'aime pas conduire, mais il est chauffeur de taxi.
Un chauffeur triste, un chauffeur dragueur, un chauffeur gentil. 
(...) Enfants, il observait la ville depuis cette terrasse, cette ville avec toutes les histoires qui allaient lui arriver. Là, dans ces bâtiments, vivaient et dormaient la femme qui l'aimerait un jour, ses amis et ses ennemis. C'est dans ces rues que se déroulerait tout ce qui n'avait pas encore eu lieu. “ 



Sandino l'insomniaque parcourt Barcelone à bord de son taxi, accompagné de ses clients toujours prompts à se confier. 
Sa femme attend patiemment son retour pour parler, faire une mise au point, le quitter. 
Infidèle, il sait ce qui l'attend et préfère fuir une fois de plus cette discussion fatidique. Commence alors une véritable odyssée de sept jours et six nuits à travailler sans relâche.


” On avance pour ne pas avoir à regarder derrière soi. Sinon, à quoi bon partir. ”



Dans cette fuite en avant, il tâche de venir en aide à Sofia, une de ses collègues qui a eut la mauvaise idée de s'approprier un bien oublié dans sa voiture. 
Un service qui risque de le mettre véritablement en danger.


C'est comme mettre une balle dans le barillet d'un revolver, l'enlever et la remettre pour jouer à la roulette russe par ennui. N'importe quoi pour se sentir exister à nouveau et essayer de disparaître en même temps. »

Ce que j'en dis : 
Carlos Zanón possède un style de narration propre à lui-même et nous offre une nouvelle fois un roman noir profond et des personnages complexes non démunis d'humanité. 

Sandino, notre chauffeur de taxi a beau connaître sa ville par coeur, il s'est perdu en chemin et prend de nombreux détours, qui hélas ne le mettent pas à l'abri de mauvaises rencontres. Il va lui falloir bien plus qu'un GPS et surtout une bonne dose de courage pour venir en aide à sa collègue qui s'est fourré dans une drôle de galère. 


À travers ce portrait d'un chauffeur de taxi, on plonge dans la noirceur de Barcelone dépeinte à merveille par une plume lyrique qui donne un peu de lumière et d'espoir à cette ville qui part à la dérive tout comme cet homme. 
Un roman sombre, une belle errance urbaine où les âmes vagabondes se perdent dans l'espoir de se retrouver. 

Lien : https://dealerdelignes.wordp..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Qu'importe le miroir, seul compte le reflet.
L'impunité de mentir à un étranger. Ce n'est rien d'autre que l'art du mensonge pour le mensonge. Le chauffeur de taxi ne te crois pas, et toi, tu ne le crois pas non plus. La ville défile tout autour de toi, qui es enfermé dans ce bathyscaphe, derrière des vitres sur lesquelles défilent des fonds d'écran que tu connais par cœur, qui ne font plus partie de ta réalité et qui montrent toujours des endroits paumés.
Sandino veut croire que la plupart des choses qu'on lui raconte ou qu'il entend sont des mensonges. Il veut le croire. Parce ce que si c'est la vérité, alors c'est effrayant.
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Le cerveau de la vieille est comme un flipper avec plein d'extra balles. Quand il y en a une qui disparait, une autre jaillit automatiquement.
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Ils terminent leurs bières. Sandino rote. Sofia lui envoie un coup de coude. Les mêmes rites de toujours. C'est peut-être ça qui crée les amitiés.
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Lux interior est mort.
John Updike, Adam et Eve, Kavafis, tous morts.
Tout le monde meurt, sauf Kirk Douglas.
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Cette chanson, puis une autre et encore une autre, mais Sandino a l’impression qu’il n’y a plus de chansons ce matin, parce que Lola, sa femme, va bientôt le quitter. Pour de bon, cette fois-ci, définitivement. Il devrait ressentir de la tristesse ou même envisager une certaine forme de liberté, en tout cas pas cette crainte de se retrouver seul dans l’immensité d’une vie censée être un spectacle agréable, mais qui ne signifie absolument rien pour lui.
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Video de Carlos Zanon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlos Zanon
Carlos Zanon - J'ai été Johnny Thunders .A l'occasion du festival Quai du Polar à Lyon, Carlos Zanon vous présente son ouvrage "J'ai été Johnny Thunders" aux éditions Asphalte. Traduit de l'espagnol par Olivier Hamilton. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/zan%C3%B3n-carlos-ete-johnny-thunders-9782918767589.html Note de musique : "Polar Stratospheric Clouds" - Project 5am Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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