L'un des meilleurs polars que j'ai jamais lus.
J'ai découvert là un auteur au talent incroyable.
Un roman au vitriol.
Un pour tous, tous pourri...
Dans le New York de
Don Winslow il n'y a pas de loi.
Flics, magistrats, avocats, procureurs, bien évidemment barons de la drogue, criminels de tous poils, noirs ou blancs, Ritals, Irlandais, Latinos, à chacun son territoire, à chacun son job, à chacun sa rémunération.
Rien entendu, rien vu, rien dit et tout va bien dans le pire des mondes.
Qu'importe que les trafics s'amplifient.
Mais, attention, il y a de temps en temps des lignes rouges à ne pas franchir.
Denny Malone est sergent, près de vingt ans qu'il arpente les rues de Harlem, il en connaît chaque recoin, chaque dealer, il y a ses indics. Avec son équipe, il lui arrive de fermer les yeux, de recevoir une enveloppe de temps en temps, de s'offrir des plaisirs gratuits.
Il est respecté, par les siens comme par les délinquants.
Il a des ennemis dans les deux camps, il le sait.
Un jour, parce qu'une ligne a été franchie, il voit rouge.
Rouge sang, comme celui de son coéquipier qu'il perd dans l'intervention et comme celui du caïd qu'il abat froidement.
Il récolte au passage 100 kg de drogue dure.
Ça représente un beau paquet de pognon tout ça.
C'est tentant....
Mais ça veut dire, là aussi, franchir une ligne.
Don Winslow vous embarque dans un polar noir et violent.
Il vous place au coeur de l'action.
Vous arpentez les rues avec les flics du NYPD, vous intervenez avec eux (pensez à votre gilet pare-balles, oui, vous n'allez pas affronter des enfants de choeurs avec des pistolets à eau ).
Vous allez fermer les yeux ou tourner le dos au moment opportun et tout ira bien.
Sauf qu'avec Winslow, à un moment, ça dérape.
Les fédéraux s'en mêlent.
Vous saviez que ce monde était pourri, on l'a déjà dit.
Mais vous n'avez encore rien vu.
Ce qui vous attend est bien pire.
Pour ces gens-là, le paradis n'existe pas, leur place est en enfer, tous autant qu'ils sont, même quand ils se croient à l'abri...
C'est mené tambour battant, ça sent la poudre à chaque page (les poudres, je devrais dire...).
Il y a en plus un écho à l'actualité récente, le Black lives matter n'est pas né avec l'affaire George Floyd, Winslow nous le rappelle.
Ce que j'ai aimé dans ce bouquin aussi, c'est que l'auteur prend le temps d'expliquer.
Tout.
Pourquoi notre monde bascule.
Pourquoi ceux qui devraient être des exemples, des modèles pour leurs familles ou pour notre société passent du côté obscur.
Pourquoi l'argent achète tout, le pouvoir, le confort, la paix.
Mais tout est fragile et surtout l'être humain.
Un jour, on en veut plus.
Plus de territoire, plus d'argent, plus de pouvoir, plus de luxe, plus de reconnaissance, plus de justice et tout fini dans la violence, le feu et le sang.
Parfois, à vouloir gagner plus on perd tout, même sa dignité.