AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782226317087
304 pages
Albin Michel (01/04/2015)
4.15/5   10 notes
Résumé :
Australie, 1829. John Batman, aventurier et homme d’affaires, entreprend avec une milice constituée de colons, de repris de justice et de métis, d’éliminer les Aborigènes qui gênent ses plans de conquête. Une véritable battue au cours de laquelle ces hommes, aveuglés par la promesse d’un lopin de terre ou d’un peu d’argent, se révéleront dans toute leur cruauté.

Déployant une langue incandescente qui rappelle le Méridien de sang de Cormac McCarthy, ... >Voir plus
Que lire après La battueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En 1829, la colonisation de l'Australie n'est pas achevée. Des hommes d'affaires britanniques s'installent encore sur des terres de ce continent, notamment en Tasmanie. Des aborigènes occupent déjà les lieux, qu'importe : des milices privées permettent de faire régner la loi du plus fort. Ce n'est donc pas seulement un choc de cultures entre des êtres qui se prétendent civilisés et ceux qu'ils qualifient de « sauvages » (et de cannibales) qui se produit alors, c'est aussi un affrontement militaire entre ces populations.
Black Bill, un autochtone qui a grandi parmi les blancs, est partagé entre ces deux cultures. Sa connaissance du territoire et des habitudes des populations locales font de lui un guide redoutable dans la chasse à l'homme lancée par John Batman.

La violence est omniprésente dans ce roman inspiré d'événements historiques. L'auteur décrit les comportements de ses personnages sans y ajouter de jugements, et n'insiste guère sur leurs états d'âmes. Cette description détachée renforce le sentiment d'horreur du lecteur face à la cruauté des protagonistes. Paradoxalement, elle permet aussi de mieux comprendre leurs agissements : quand l'humanité même des « sauvages » est niée, la vie de quelques uns d'entre eux (même enfants) devient peu de chose face à l'appât du gain ou à la possibilité de regagner sa liberté…

Un roman intéressant, surtout parce qu'il traite d'un sujet que je ne connaissais que très peu (mais malheureusement trop universel). Je déplore cependant une traduction souvent approximative, avec des confusions de termes. Ainsi le mot « groupe » semble avoir été systématiquement traduit par le mot « parti », et l'on croise parfois des « gousses » d'arbres ! L'expression « bon peu de temps » (p. 1, p. 256, …) est aussi employée plusieurs fois (au lieu de « depuis quelque temps » ou de « depuis peu de temps » ?). En outre, l'absence de ponctuation des dialogues (les prises de paroles sont simplement renvoyées à la ligne) rend la lecture moins fluide.

- 3,5/5
Commenter  J’apprécie          70
Je tenais à profiter du défi "1 Mois 1 Pays en Livres" proposé sur Instagram pour retourner en Tasmanie, un pays découvert avec "Désirer" de Richard Flanagan. Et je n'ai pas regretté le choix de "La Battue" puisqu'en moins de deux pages, j'ai été emportée par le talent de conteur de Rohan Wilson : ses descriptions ont la fougue du langage oral et ses dialogues nous brûlent les mains lorsqu'on tente de les saisir en mêlant les langues aborigènes à l'anglais poisseux de la rue et des prisons du XIXe siècle.

À des kilomètres du grand nord canadien, on retrouve pourtant la même brutalité que celles des récits de trappeurs de Jack London alors que deux factions se préparent à la traque et à l'affrontement. D'un côté, les hommes du clan de Manalarguenna, et de l'autre la milice constituée par John Batman. En nous plongeant dans la brutalité de la Black War (1803-1830), ce roman nous confronte, une nouvelle fois, au terrible constat du racisme et la volonté exterminatrice de l'homme blanc en Afrique, en Amérique, en Australie…

La plume de l'auteur semble sortie du fond des âges lorsqu'elle nous raconte cette terre de pierre et de feu marquée de sillons sanglants. Elle insiste sur la sensorialité de cet environnement : l'odeur de l'humus, le son de la hache qui coupe du bois, la texture des dernières neiges, mais aussi le goût du sang, le bruit des balles et l'odeur de la chaire brûlée. Dans ce décor unique du bush australien, la battue devient un être à part entière avec autant de têtes qu'elle compte d'hommes. Ces derniers semblent n'avancer que grâce à une terrible idée résumée ainsi par Black Bill : « N'y a point de meurtre contre un noir, dit-il, pas plus qu'il y a de meurtre contre un chat. » (p. 105).
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          70
. Après la découverte du sombre et remarquable «Murmurer le nom des disparus» de Rohan Wilson, j'ai voulu lire le premier roman de ce jeune auteur . Nous sommes à nouveau en Tasmanie aux alentours de 1830 : l'auteur raconte un épisode de l'extermination des aborigènes par les colons . L'un d'entre eux ,John Batman recrute des bagnards pour l'assister en échange de leur libération . Il bénéficie de l'aide de pisteurs métis dont Black Bill qui mène une vendetta personnelle contre un chef de clan . L'auteur donne à ses personnages un densité particulière , chacun des membres de la bande est montré dans sa brutalité , ses contradictions sans manichéisme . La battue se déroule dans une nature sauvage que Wilson décrit avec un maîtrise exceptionnelle . L'étrangeté des moeurs et des usages contribue encore au dépaysement du lecteur. Un récit fascinant qui nous plonge dans les noires profondeurs d'une humanité si virtuose dans l'art d' éliminer celui qu'elle considère comme « l'autre » …avant , les « autres » disparus , de s'auto-détruire.
Commenter  J’apprécie          90
4.5/5 : Voilà un très grand roman qui frappe pour sa qualité, sa richesse, son écriture, son art de l'intrigue et ses protagonistes. Rohan Wilson entre dans la catégorie des très grands écrivains : une épopée australienne que je n'oublierai pas de si tôt !

J'ai croisé dans ce style et ce récit tout ce que j'aime dans la littérature américaine mais transposée dans la littérature australienne : une ambiance des plus uniques, une prose magnifique, une atmosphère électrique, une voix inoubliable. Ici c'est L Histoire qui se déroule sous nos yeux, décrite au travers des yeux des chasseurs. Une battue qui est remplie de sang, d'injustice, de haine et de violence.

La comparaison doit automatiquement se faire avec le grand Cormac McCarthy et ce sur plusieurs points : les dialogues hachés, secs et qui contiennent la substantifique moelle de l'humanité; des descriptions simples mais sublimes; des passages d'une grande beauté philosophique où l'homme d'action devient à son tour penseur; des protagonistes matures, brisés, froids comme la pierre afin de se protéger de la culpabilité.

Les faits racontés sont vrais de même que l'écriture est d'une extrême sincérité,elle va droit au but et au coeur et nous rappelle à tous que les mots simples, les phrases et chapitres courts sont parfois aussi purs que de longs et fastidieux enchainements verbaux. Bravo à Nadine Gassie pour cette traduction des plus réussies ! Ce livre est à l'image d'un western : action et réflexion, humanité et bestialité, paysage et visage : la nature et la culture se rencontrent pour un choc littéralement intense.

En définitive, ce livre est une belle découverte et j'ai vraiment hâte de lire un autre roman de cet auteur promis au succès !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
Commenter  J’apprécie          40
Il est devenu une commodité du critique de convoquer les mânes du Cormac McCarthy de Méridien de sang à chaque fois qu'il se trouve face à un western âpre, brutal et bien écrit. En l'espèce, la filiation avec l'auteur de "L'obscurité du dehors" n'est pas usurpée. Rohan Wilson ne pourra pas nous faire croire qu'il n'a pas lu MacCarthy : même sécheresse des dialogues, même manière de ne pas les ponctuer, même faculté à retranscrire la sauvagerie des temps et des hommes. Mais cette traque d'aborigènes n'est pas qu'un pâle succédané des oeuvres du grand Cormac. Rohan Wilson a sa propre voix. Il sait donner complexité à ses personnages en leur donnant une noirceur pétrie d'ombres changeantes et traversées de lumière. "La Battue" est un très beau roman. Et on n'en revient pas qu'il s'agisse du premier de son auteur.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Ils l'observaient par-delà les brumes, faisceaux de lances au poing telles de longues et fines aiguilles, manteaux de kangourou flottant sur leurs épaules masquant les pièces d'habillement en dessous : vieux pantalons déchirés noirs du sang du gibier, chemises en coton chapardées et déguenillées. L'un des leurs était sanglé dans un brelage de fantassin, un autre vêtu d'un fin gilet de futaine comme pour aller dîner. Leur haleine saignait dans le froid. Non point poignée de reliques surgies des herbages que leurs ancêtres avaient foulés mais hommes refaçonnés de maints aspects propres à ce nouveau monde. Contemplant ces figures depuis la porte, Bill chercha son poignard tenu toujours prêt dans le fourreau entre ses omoplates. (p. 8)
Commenter  J’apprécie          50
C’était là un homme qui de ses seules paroles avait pouvoir de déchirer la trame même du monde.
Commenter  J’apprécie          20
Un homme avec ton passé devrait point s’inquiéter. Je t’en ai vu abattre des pires que lui.
Commenter  J’apprécie          20
Elle lui conseilla de regarder à nouveau et lorsqu'il obéit ,la couverture nuageuse se dispersa et i y avait là une lune pondéreuse aussi blanche que l'œil révulsé d'un convulsif.
Commenter  J’apprécie          00
C’est rien qu’un homme, c’est tout.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : australieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (54) Voir plus



Quiz Voir plus

Les indiens d'Amérique du Nord

Publié pour la première fois en 1970 aux États-Unis, ce livre de Dee Brown retrace les étapes de la Conquête de l'Ouest et les massacres des indiens entre 1860 et 1890 :

Enterre mon corps Wounded Knee
Enterre mon cœur à Wounded Knee
Enterre mon âme à Wounded Knee
Enterre mon esprit à Wounded Knee
Enterre mon scalp à Wounded Knee

10 questions
191 lecteurs ont répondu
Thèmes : conquete de l'ouest , far-west , western , ute , navajos , Nez Percé (Indiens) , comanche , Apache (Indiens) , Cheyennes (Indiens) , Sioux (Indiens) , indiens d'amérique , littérature américaineCréer un quiz sur ce livre

{* *}