AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jacques Mailhos (Traducteur)
EAN : 9782351783283
592 pages
Gallmeister (04/04/2024)
3.92/5   12 notes
Résumé :
Colorado, 1986. Dominée par l’entreprise Stonewall et son usine de plutonium, Plainviewest une compagny town, une ville ouvrière sinistre totalement dépendante de son unique employeur. C’est là que vit Hack Turner, un col bleu, avec ses enfants : sa fille Nat, âgée de dix-sept ans, et son fils Randy, qui en a quatorze. Un soir où Hack est absent, Nat appelleson père pour le prévenir que Randy a disparu. Suivent trois jours de recherches éperdue durant lesquels les T... >Voir plus
Que lire après Dead StarsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
“Garde la merde à hauteur de tes chaussures. »

À Plainview dans les faubourgs de Denver-Colorado, le jeune Randy a disparu. Bon début pour un thriller ? C'est mal connaître Benjamin Whitmer qui dans Dead Stars – traduit par Jacques Mailhos – nous en fait un sacré bon roman noir !

Mais Randy est un Turner, et c'est peu de dire que personne en ville ne se précipite pour chercher l'adolescent, tellement la famille sent le soufre. La faute à Robin, le grand-père, qui a autrefois mis la ville sous sa coupe pour masquer ses trafics d'alcool et de stups. La faute à Whitey, l'oncle, « plus fainéant que le type qu'a dessiné le drapeau du Japon » et qui a repris le business familial en mode petits bras.

Mais aussi la faute à Hack, le père de Randy, qui travaille comme toute la ville dans l'usine de traitements nucléaires et a assisté à l'accident du bâtiment 771 causé par du plutonium qui n'était pas sensé y être. Un scandale étouffé que Hack a commencé à révéler à un journaliste d'investigation.

Et en cette année 1986 où Reagan fait son Président sur fond de menace communiste persistante et de course à l'armement nucléaire, fait pas bon l'ouvrir un peu trop contre la big company qui fait vivre toute la ville tout en la faisant crever.

« On est des Turner, (…) on était là avant leur ville et leur usine. »

Dead Stars est une réussite totale et permet à Gallmeister de renouer avec le noir – très noir – qui fit son succès et qui nous manquait. Whitmer s'y montre hyperréaliste de désillusion dans ses descriptions de cette Amérique « entre-deux » des années Reagan, qui traine encore des relents de guerre froide sans avoir basculé dans le repli.

Il excelle dans les portraits, qu'ils soient de salopards (Robin), de paumés (Whitey) ou de sages (le shérif). Avec pour point d'orgue ce Hack magnifique qui lutte contre ses démons et pour ses enfants, ou ces femmes à l'avenir sombre (Nat), parfois points d'équilibre d'une famille dont elles ne sont pas issues (Autumn).

Pas de rebondissement à deux balles, de twist ni de fins de chapitres ouverts en questionnements chez Whitmer. du minimalisme, de l'épure et une économie de mots assez bienvenue chez ces taiseux qui savent les limites du dépassement de la loi, juste ce qu'il faut pour garder la merde à hauteur de chaussures.

Du grand Whitmer !
Commenter  J’apprécie          392
La famille Turner était établie dans ce coin perdu du Colorado bien avant l'installation de Stonewall, l'usine de plutonium, et de la ville-champignon créée pour loger tous les salariés. Hack Turner, avait échappé à l'emprise de son père très violent en participant à des compétitions de rodéo. Mais, très gravement blessé par un taureau, il avait dû renoncer à cette activité avant d'être recruté par la Stonewall.
Quand son jeune fils de quatorze ans disparaît brusquement, Hack sait intuitivement qu'il va payer très cher ses écarts de conduite ainsi que ses révélations en cours à un journaliste sur les accidents dans l'usine.
Il a rompu les relations avec son père et ne peut compter que sur son jeune frère, un marginal qui vit dans un tipi avec une indienne et son fils. Diminué par une santé précaire, Hack se lance dans une recherche effrénée tout en veillant sur sa fille de dix-sept ans qui culpabilise. Mais toutes les portes se ferment devant lui sans le moindre indice et plus les heures passent et plus Hack se liquéfie, physiquement et moralement, impuissant et en colère.
Personnage essentiel de ce roman noir, la famille Turner, définitivement irréconciliable, cumule beaucoup trop de drames et de rancoeurs pour espérer une issue heureuse.
Commenter  J’apprécie          212
J'adore l'écriture de cet écrivain, encore jeune, et ici l'accouchement a été assez long. C'est ce style qui m'a permis de traverser une grosse première partie que j'ai passée en plein brouillard, Whitman maniant ici le non-dit et l'ellipse plus que de coutume, d'autant que la plupart de ses personnages sont des taiseux ou mentalement très étonnants.
Randy, le jeune fils de Hack ne rentre pas à son domicile et on ne retrouve que son vélo. Des personnages figés dans le marbre commencent alors à remuer. Hack a élevé seul sa fille aînée Nat et Randy, son épouse junkee semblant avoir disparu de la circulation pour de bon, depuis plusieurs années. Hack est un Turner, famille détestée entre autres parce que son père Robin a amené la drogue dans la région de Plainview, une ville qui n'existe que par l'usine de plutonium qui fait vivre la région et qui a racheté les terres d'élevage les plus proches. Mais Hack est aussi habité par une rage qui ne le quitte pas, et que seul son frère Whitey peut contenir. Et Nat, qui finit son lycée, ne rêve que de fuir ce Colorado de cul-terreux et de bikers nazillons, mais aussi son père incapable de communiquer.
Dans cette recherche minutée de Randy, on ne croise guère d'hommes ou de femmes sympathiques, mais surtout des laissés pour compte ou des crétins finis. Il faut attendre longtemps pour comprendre comment on en est venu là, dans cette Amérique paumée et servile, et je pense qu'une seconde lecture me sera indispensable pour apprécier pleinement « Dead stars » et son pesant silence. Si j'ai le courage de repartir pour 600 pages…
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
On dit que les enfants, c'est comme les crêpes, vous brûlez la première et vous la jetez. Mais ça ne s'est pas passé comme ça avec Sparrow. Il était né en un temps différent. Un temps plus dur.
Commenter  J’apprécie          00
Il y a autant de variétés de lâches qu'il y a de gens. Mes garçons sont de la variété générée par le fait d'être déchiré intérieurement. Et ils le savent tous les deux. Ils ne sont peut-être pas capables de l'exprimer avec des mots, mais ils le savent. L'un et l'autre, ils rêvent leurs rêves.
Commenter  J’apprécie          00
Quelle part de moi est une comédie ?
Pourquoi est-ce que je me sens toujours coupable ?
Pourquoi est-ce que les choses que je dis ne sont jamais celles que je pense ? Pourquoi est-ce que j'ai envie de prendre un couteau et de peler entièrement mon visage du haut du front jusqu'au menton?
Commenter  J’apprécie          00
Les ranchers accrochaient les dépouilles à leurs clôtures pour mettre en garde les autres coyotes et les tenir à distance de leurs poules et de leurs chiens. ça n'a jamais marché. Les coyotes ne sont pas différents des humains, ils se foutent royalement de leurs défunts.
Commenter  J’apprécie          00
Si Nat a une meilleure amie c'est Lenore. Nat prend bien soin de se le rappeler consciemment, parce que Lenore est le genre d'amie qui a toujours le besoin puissant de vous corriger, et plus elle passe de temps avec vous, plus elle trouve de choses à corriger.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Benjamin Whitmer (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Benjamin Whitmer
Deux romans exceptionnels à rebours du rêve américain. Les dynamiteurs de Benjamin Whitmer raconte la perte de l'innocence d'un gamin des rues de Denver à la fin du XIX° siècle, hallucinante géographie des bas-fonds de la ville ravagée par la crise économique. Dans les brumes du matin de Tom Bouman met en scène, au nord de la Pennsylvanie, un jeune homme immature, suspect idéal de la dispartion de sa compagne, entre grands espaces vierges et corruption sociale.
Une émission animée par Christine Ferniot et Michel Abescat Réalisation : Pierrick Allain
Les dynamiteurs de Benjamin Whitmer, traduit de l'américain par Jacques Mailhos, éd. Gallmeister. Dans les brumes du matin de Tom Bouman, traduit de l'américain par Yannis Urano, éd. Actes sud. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤28Yannis Urano16¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ! Facebook : https://www.facebook.com/Telerama Instagram : https://www.instagram.com/telerama Twitter : https://twitter.com/Telerama
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus



Lecteurs (71) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}