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Dans ce roman de David Foster Wallace entre délire, absurdité et iconoclasme nous entrons dans un monde digne des frère Coen.
Pour Léonore Beadsman fille à papa, standardiste dans la maison d'édition " frequent&Vigorous" rien ne va plus. Sa perruche "Vlad l'empaleur" se met à parler et dire des choses extravagantes qui vont intéresser une radio évangélique. Rien de surprenant dans cet état de l'Ohio où la devise est " avec dieu tout est possible ".
Quand le standard de la maison d'édition perd la boule et reçoit des commandes de pizzas ou des rendez-vous au " château " haut lieu des plaisirs sado-masochiste la pauvre Léonore ne sait plus à quel saint se vouer.
La goutte qui fait déborder le vase c'est la disparition de son arrière grand-mère de la maison de retraite en compagnie d'une vingtaine de pensionnaire, bref un remake de la grande évasion.
sans compter son petit ami Rick Vigorous amoureux jaloux et patron de Léonore.
Au fil des pages on rencontre des personnages névrosés à la limite du border line, des histoires à dormir debout.
voila un roman jouissif où David Foster Wallace démystifie les psys, se moque des évangélistes, ridiculise les groupes agro-alimentaires.
Cet auteur que j'aime pour sa folie, parti trop tôt laisse un vide dans cet art qu'est l'écriture.
Voila un roman que je recommande pour celles et ceux qui veulent sortir des sentiers battus.
Un cinq étoiles s'impose rien que pour les séances chez le psy de Léonore et Rick.
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[b]La fonction du balai[/b]

Quasi impossible de faire un commentaire sur cette oeuvre. Je vais essayer mais je risque d'extrapoler des choses ridicules.
Style génial, sommet de ce que j'ai pu lire quasiment. On a de tout, le style théâtral, le style poétique, le roman moderne, toutes les formes de récit sont maîtrisés sans que cela ne fasse catalogue.
J'ai été impressionné par le changement de style dès que le narrateur changeait, c'était fluide et chaque style appartenait vraiment à la personnalité du personnage qui narrait. Assez incroyable.
Un vocabulaire très riche, mêlant courant, soutenu et familier. Une oeuvre complète, pleine, totale, on dirait même absolue.
Roman chorale et même opéra tant les décors varient de façon inattendue.
Je ne peux raconter l'histoire elle est trop riche et complexe, voire absurde par moment.
Malgré l'humour j'ai trouvé ce récit tragique, avec pour seule leçon la vacuité existentielle, c'est un roman qui m'a un peu enlevé l'envie de sourire bien que je sois émerveillé par le talent de ce romancier trop vite disparu.
Il m'a touché sans que je ne sache pourquoi et je ne sais quel sujet en particulier, mais je n'en suis pas ressorti indemne. J'ai pris autant de plaisir que j'ai souffert.
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Lenore Beadsman est une jeune femme d'une vingtaine d'années. Elle vient d'apprendre que son arrière-grand-mère qui a le même prénom qu'elle, s'est échappée de sa maison de retraite en compagnie de vingt-cinq autres pensionnaires et que le standard téléphonique de son travail déraille. Si ce n'était que ça... sa perruche se met à répéter tout ce qu'elle entend et devient la star d'une chaine chrétienne sans compter son patron-petit ami qui est très jaloux et complexé...
C'est un roman très surprenant, on passe d'un personne à un autre, d'un type de narration à l'autre, on pourrait s'y perdre facilement (ça arrive par moments) mais la magie et l'humour opèrent à merveille. On passe d'un échange verbal à un long monologue du patron sur les histoires que lui envoient ses étudiants (ou les siennes ?) en passant par des rêves grotesques... Impossible de tout résumer. Ça part dans tous les sens, on en oublie presque la trame principale : retrouver l'arrière grand-mère de Lenore.
Les séances avec le psychologue sont aussi dignes d'intérêt ! C'est un roman dense, foisonnant, on s'y perd un peu mais c'est pas grave car on passe de bons moments sans parler des critiques sous-jacentes de certaines personnes... (Une petite déception : la fin, trop rapide) Vraiment à découvrir !
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Lenore est plutôt attachante. C'est une fille un peu perdue, issue d'une famille riche, mais dont chaque membre est vraiment très bizarre : un père tyrannique, une arrière-grand-mère qui a besoin d'un environnement à 37°C pour survivre et adore les jeux de langage, un frère, toujours sous l'emprise de substances et qui considère sa jambe synthétique comme un être à part entière… Ajoutons-y un petit ami et patron par la même occasion terriblement jaloux et on comprendra que la jeune femme se sente étouffée et manipulée. Elle cherche à comprendre si elle peut avoir une volonté propre, qui ne serait dictée par rien ni personne, ou si elle n'est au final qu'un personnage de fiction.
Alors, lorsque son arrière-grand-mère disparaît, que sa perruche commence à parler en mélangeant insanités et versets de la Bible, que les lignes téléphoniques ne tournent plus rond, on comprendra alors aisément que la demoiselle soit perturbée !
Ça part dans tous les sens, et j'aime plutôt ça en général. Mais par contre, je n'aime pas le côté absurde, qui m'a ici parfois profondément ennuyée. Pourtant, il n'aurait pas fallu grand-chose pour m'intéresser réellement. Pendant toute ma lecture, j'ai été en permanence sur le fil, entre ennui et intérêt, attendant le petit détail qui me ferait accrocher et avancer avec plaisir dans cette histoire bizarre. La fin notamment, m'a complètement perdue : je n'ai pas compris ce qu'il se passait. le lecteur est laissé sans explication sur ce qui est advenu de l'arrière-grand-mère...
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Sans doute, si Dieu existe, qu'Il se cache dans chaque grain de sable ou dans chaque plume colorée d'un oiseau exotique. Peut-être se demande-t-Il si ces êtres qu'il observe, dans le monde ici-bas, sont bien réels, s'ils existent vraiment parce qu'ils en ont une vague impression. Et s'Il se penche sur ce qui se passe en Ohio, peut-être pensera-t-Il, tel le lecteur lambda que nous sommes, que cette histoire n'a ni queue ni tête, que les personnages - sont-ce des êtres, s'ils pensent vraiment exister ? - sont détonants et loufoques, que l'usage de la liberté qui leur est permis de faire est peut-être un trop grand don. La fonction du balai serait un roman sans l'être. Foisonnant de personnages et de situations à la cohérence apparente, le récit de David Foster Wallace casse les codes du genre, recentrant donc le lecteur sur la seule narrativité, sur le langage. Car le langage est l'un des piliers du roman, comme source de la communication entre les personnages mais aussi de la représentation du monde. L'autre pilier est le questionnement sur l'individu, sur sa place dans un groupe social - la famille, la société - sur son utilité.

A maints égards, le foisonnement narratif de la fonction du balai rappelle les oeuvres d'autres jeunes auteurs américains, de John Kennedy Toole à Jonathan Franzen en passant par Tristan Egolf. C'est une sorte de tourbillon de personnages à la fois très sérieux et loufoques, et de situations absurdes qui attendent le lecteur. Au centre de ce théâtre, Lenore Beadsman est la fille d'un magnat du petit pot pour bébé qui travaille en tant que standardiste, pour quatre dollars de l'heure, dans une maison d'édition. Elle flirte avec son patron, Rick Vigorous, dont le nom n'augure en rien de son incapacité sexuelle - il est doté d'un micro-pénis -, qui est obsédé par la possession - verbale, puisque non physique - de Lenore. Parmi la famille Beadsman, il faut encore citer LaVache, brillant étudiant unijambiste et plus gros dealer de drogue de son université ; Clarice fait front aux infidélités de son mari en organisation des thérapies familiales passant par un théâtre grotesque ; John, le frère aîné, pousse sa logique jusqu'à devenir famélique ; Lenore, l'arrière-grand-mère et matriarche ; Patrice, la mère folle à force d'avoir été humiliée, et encore Concarnadine, la grand-mère atteinte de démence. Citons également le père de Lenore, Stonecipher, un grand ponte industriel qui redoute, plus que de perdre sa grand-mère, de perdre un secret industriel. D'autres personnages, encore, doivent être cités : Andrew "Wang-Dang" Lang, étudiant bourru et comptable déprimé qui reviendra, à la faveur d'un hasard, dans la vie de Lenore ; Neil Obstat travaille pour le père de Lenore et nourrit pour cette dernière une admiration secrète ; Candy Mandible, collègue de Lenore et dont les charmes sont recherchés par les meilleurs partis de l'Ohio ; Melinda-Sue, la femme d'Andy Lang ; Peter Abbott, le réparateur des lignes téléphoniques ; Norman Bombardini, monstrueux obèse ; le docteur Jay, psychologue aux méthodes pour le moins étranges et à la déontologie douteuse. Les situations loufoques, qui s'enchaînent, donnent un caractère surréaliste au récit, depuis le repas gargantuesque de Norman Bombardini jusqu'à la scène du bar avec M. Bloemker et sa poupée gonflable en passant par l'ultime menottage de Lenore par Rick. A maints égards, La fonction du balai est un roman fou.

Mais est-ce réellement un roman ? La question mérite d'être posée. de façon évidente, David Foster Wallace casse les codes du genre. le roman commence avec une disparition - celle de Lenore Beadsman, l'arrière-grand-mère - dont la résolution servira de fil rouge au récit. Par ailleurs, cette disparition n'est pas anodine : avec elle, Lenore Beadsman a entraîné une vingtaine de résidents de l'hospice, et la vieille dame a besoin d'une température constante de 37 degrés. Si la résolution de l'enquête paraît chose aisée en apparence - une personne âgée peu mobile, entourée de personnes comme elle, et qui a des besoins vitaux très particuliers -, rien ne le sera vraiment. Quelques indices - des dessins énigmatiques - serviront de piste à Lenore - l'arrière-petite-fille -, sans toutefois que l'enquête, au bout des 700 pages du roman, ne trouve une explication. Et cette fin, d'ailleurs, n'en est pas une. Tout l'univers du roman semble s'effondrer dans un cataclysme insensé de lignes téléphoniques folles, de tremblements de terre dus à un obèse, d'une série de questions qui demeurent sans réponse. Entre les deux points - le début et la fin -, David Foster Wallace déroule un récit d'apparence ordonnée, mais décousu, une sorte de profusion narrative que l'on pourrait voir comme un exercice de style, un enchevêtrement de situations dans lesquelles les personnages, englués dans un système d'obligations envers les autres et d'enfermement quant à eux-mêmes, ne peuvent littéralement pas avancer. Hélas pour Lenore, aucun autre personnage qu'elle ne semble porter attention à ce qui est advenu de Lenore Beadsman l'aînée, même son propre père, qui pourtant la "place" sur cette enquête, et dont le souci principal semble être la perte du secret d'une alimentation miracle pour les bébés, laquelle accélérerait l'apprentissage du langage. En réalité, tout, ou presque, est là : La fonction du balai interroge en fait le rôle du langage dans la construction de l'individu et la représentation du monde.

De fait, disqualifiant l'objet de sa narration, David Foster Wallace recentre son récit sur sa fonction langagière. le mot, dit Wittgenstein via Lenore Beadsman, est ce qui définit le monde, et le contrôle. Ainsi le roman peut-il être compris comme un système, c'est-à-dire un ensemble de signes cohérents, bien que cela ne paraisse pas évident à nous, lecteur, mais puisque nous sommes à l'extérieur de ce système, cela ne compte pas. le langage devient une manière de comprendre le monde, de l'appréhender. Les histoires de Rick, dans ce sens, sont très significatives. Rick raconte des histoires à Lenore, histoires qu'il est censé tirer des épreuves qui lui sont envoyées, en qualité de rédacteur en chef d'une revue littéraire, par plusieurs auteurs du pays. Ces histoires servent, en réalité, de mise en abîme, pour mieux comprendre la façon dont Rick perçoit les choses. Elles sont non seulement à l'attention de Lenore, mais également de la nôtre, en tant que lecteurs. La femme obèse et sa grenouille cachée, par exemple, est la métaphore de l'impossibilité de se départir de son milieu social ou familial. Pour Rick, ces histoires sont une manière de communiquer, et il s'agit en réalité de la seule manière de faire pour lui. Idem pour Clarice et les séances théâtrales familiales, dans lesquelles le mal-être d'une femme trompée devient scénario fictif d'une pièce qui doit agir comme thérapie. La fiction devient un moyen de dire : dire pour comprendre, dire pour contrôler. Mais des résistances apparaissent : Alvin, le mari de Clarice, ne joue pas vraiment le jeu ; Lenore réfute cette obligation de contrôle. le langage, comme outil de la fiction, en prend alors les qualités et les défauts. Partant, ce qui concerne les personnages d'un roman - donc d'une fiction - nous concerne aussi nous, lecteurs, utilisateurs du langage. le langage ne peut à lui seul appréhender le monde. Et l'individu, libéré d'un système langagier défaillant, peut alors appréhender sa propre liberté.

Mais est-ce réellement si simple ? Doit-on prendre au sérieux une réflexion qui n'a rien de sérieux ? Et, le cas échéant, de quelle liberté parle-t-on ? L'individu peut-il être absolument libre, ou est-il soumis à des forces, des pressions, une obligation d'utilité ? Revenons au personnage central, Lenore, autour de qui tout gravite, tel le centre d'un système. Lenore, qui rappelons-le, en tant qu'héritière, travaille comme standardiste, semble très attachée à sa liberté individuelle. Son attitude démontre son envie de ne se soumettre à aucune volonté extérieure. Tout en elle interroge la place de l'individu dans un groupe social : la famille, l'entreprise, la société. Dans une société américaine individualiste, l'exemple de Lenore démontre l'impossibilité pour l'individu d'être totalement libre. Malgré sa volonté, Lenore est tiraillée par les volontés des uns et des autres : son père qui veut qu'elle retrouve l'arrière-grand-mère, Rick qui veut la posséder par les mots, Andy Lang qui aimerait lui faire l'amour, Norman Bombardini qui lui réserve une place spéciale dans son monde ingéré. La scène finale est particulièrement symbolique, où, dans un chaos sensoriel, Lenore est écartelée par les sollicitations de tout le monde, où chacun réclame son avis, lui donne des conseils, la veut pour lui-même. Chacun attend de Lenore une fonction, une utilité, qui la définirait en tant qu'individu, tel un balai dont on attend qu'il balaie, et dont on prendra alors la partie utile, c'est-à-dire la brosse. La fonction de l'être, c'est-à-dire son utilité, est donc définie par autrui, selon son intérêt, et Lenore, malgré ses revendications de liberté individuelle, qui est prête aux sacrifices financiers que cela implique, à l'absence d'amour physique que cela implique, se fait, comme tout un chacun, le maillon d'une chaîne plus grande.

Quel est donc le sens de tout cela ? Dans une société individualiste où l'individu, en réalité, n'existe pas pour lui-même, où est le sens, et y a-t-il seulement Salut ? Celui-ci est-il en ce Dieu auquel l'Amérique croit, sans connaître toutefois son visage ? Rien n'est moins sûr. Car Dieu, comme tous les autres, s'est fondu dans le paysage. Paysage commercial du Grand Désert de l'Ohio - GOD pour l'acronyme anglais - qui n'a rien de la Thébaïde biblique, mais tout du mall du Midwest, humaine création et illusion. Paysage médiatique, où Dieu est vendu en formules d'abonnement et dont la Parole est débitée par une perruche mi divine, mi gouailleuse. A moins qu'il ne faille penser qu'il n'y aucun sens à cela, comme il y a un roman sans les codes du roman, comme le dessin de Lenore Beadsman de l'homme qui monte - ou qui descend - la dune de sable, comme le langage qui aspire à être tout - comme Norman Bombardini - et qui n'est rien.
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J'ai lu ce roman sur les recommandations de Titou Lecoq dans le podcast "Le Book Club" et je pensais lire un monument de la littérature américaine que chaque Français intéressé par le sujet aurait déjà lu ou prévu de lire. Que nenni ! Au vu du peu de critiques Babelio (et zéro critique sur la Fnac !), j'en déduis que ce petit bijou de littérature est resté bien secret.

Alors, effectivement, c'est très long (704 pages), c'est parfois confus (une trentaine de personnages importants, les noms et le contexte n'est pas toujours donné), mais ça se lit relativement bien : j'ai dévoré ce roman en quelques jours.

Au programme, nous avons : Lenore, une jeune standardiste dont l'arrière grand-mère linguiste s'est échappée de la maison de retraite, Rick qui est aime Leonore sans que ce soit vraiment réciproque, tous deux allant chez Jay le psychologue sans éthique qui raconte tout à tout le monde, Vlad l'Empaleur le perroquet de Lenore qui se met à prêcher la bonne parole après avoir mangé de la nourriture scientifiquement modifiée, et de nombreux personnages hauts en couleur.

C'est extrêmement créatif et imaginatif, des idées foisonnantes à chaque ligne. L'aspect philosophique est omniprésent, pas toujours limpide : une des thèses principales de l'auteur (d'ailleurs détenteur d'un doctorat de philosophie) est que tout est langage. de fait, le langage lui-même devient également le sujet du roman, et également une des nombreuses problématiques des personnages chez qui le langage pose problème et les empêche de communiquer.

Difficile d'en dire plus sur ce roman très particulier, je vous invite plutôt à le lire pour vous faire votre propre avis !
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"La plupart des très jolies filles ont de très vilains pieds, et Mindy Metalman n'échappe pas à la règle, comme le remarque soudain Lenore"....

C'est par cette vison très "quentintarentinonesque" que nous faisons connaissance de Lenore (2eme du nom). Lenore Beadsman rend visite à sa soeur Clarice, qui est en première année dans une université pour filles, Mount Holyoke. La jolie Clarice (blonde aux yeux bleus) partage sa chambre avec la rondouillarde Sue Shaw (rousse aux yeux verts) et la ondulante et sublime Mindy Metalman (brune aux yeux noirs). En ce jour de 1981, Lenore a quitté Cleveland dans l'Ohio, pour apporter quelques provisions, un peu de nouvelles, et de l'herbe fraîche à sa soeur...
Un évènement dans la soirée, va faire en sorte que Lenore quitte la scène...

Puis, nous retrouvons Lenore en 1990. Depuis 1981, Lenore s'est adoucie...
Bien qu'issue d'une famille nantie de Cleveland, dont la fortune est inestimable, Lenore travaille comme simple standardiste dans une sombre maison d'édition qui n'édite pas grand chose.
Rick Vigourous en est le directeur, et l'amoureux-transi de Lenore.
Candy Mandible est sa collègue et sa colocataire.
Vad l'Empaleur est sa perruche.....

Puis beau jour, Lenore est convoquée par le directeur de l'hospice où réside, en autre, Lenore (1ere du nom). Son arrière-grand-mère, octogénaire vibrante, a pris la poudre d'escampette, et entraînant avec elle une vingtaine de personnes, résidents et membres du personnel.... Et même le docteur-directeur suppose, suppute que certains membres de familles du personnel s'y sont joints....
Là on se dit : " oh oh .... c'est un peu "frèrescohenesque" comme situation... un doigt de "Big Lebowski" ?"....

Puis, quand tout à coup, Vad l'Empaleur se met à débiter des phrases sans arrêt et sans a-propos, on se régale.... D'autant plus, que Vad n'a pas sa langue dans sa poche ; et devant les propos obséquieux tenus par Vad, Lenore, choquée se met en tête de lui apprendre des passages bibliques.... Mais Vad n'est pas versé dans les Ecritures saintes, et mélange (pour notre plus grand plaisir) le sacré et le profane....

A cela s'ajouteront bien d'autres choses qui vont entrainer Lenor à nous dire ... "oh là !.... ça devient un peu "davidlynchesque, non ?"....

'La fonction du balai" de David Foster Wallace est un livre où l'humour est toujours présent. C'est un livre épais, vu le nombre de ses pages, mais l'humour y est si fin, qu'on tourne les pages avec plaisir.
Toutefois, on peut s'y perdre, voir même s'égarer en route, étant donné la multitude des personnages, et les phrases d'une longueur extrême (mais au vocabulaire si riche !)....
Mais, une fois retrouvé Vad l'Empaleur et ses propos de néo-télévangéliste-avant-garde on passe un bon moment de lecture et de détente...
Et là on se dit : " Tiens donc, mais à quoi ça me fait penser ?..... à rien ? Normal : ce Wallace est un gros mythe à lui tout seul..."
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L'histoire en elle-même est assez décousue pour qu'elle ne soit pas spécialement le fil conducteur du livre, laissant la vedette à l'absurde, au cynisme, à la folie de l'Homme, à son incapacité à vivre avec l'Autre, à ses névroses, sa religion souillée par les paillettes, à son environnement tout à fait anti-naturel, à ses déviances sexuelles, ses thérapies familiales... Tout y passe, sans aucune pitié. le portrait que l'auteur fait de son contemporain est volontairement exagéré, parfois légèrement surnaturel, mais il n'en est alors que plus authentique, et si l'on y trouve un côté un peu biographique, on peut aisément comprendre la difficulté pour quelqu'un comme lui de se satisfaire d'un monde comme ça.

C'est un écrivain que je place aux côtés de Tom Robbins et de Chuck Palahniuk, mais dont la plume se démarquera toujours plus de par son incroyable complexité, voire même totale excentricité. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ses livres mettent si longtemps à être traduits, si l'on prend en compte les jeux de mots, les subtilités de langage, les notes en bas de page, les références inconnues... J'attends de pouvoir lire Infinite Jest, son roman de plus de mille pages, considéré comme une des pierres de l'édifice de la littérature américaine actuelle, à paraître (bientôt ?) dans sa version française.

Il fait partie de ces gens avec qui j'aurais aimé pouvoir avoir de longues discussions philosophiques et sarcastiques sur le Monde, les choses, la vie, les gens, sur la fonction du balai et sur la fonction d'un livre, sur sa capacité à tout chambouler sans que rien en change, et pourtant. Pavé dans la mare ou météorite dévastatrice, à vous de voir.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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La fonction du balai, par Davide Foster WALLACE. C'est un bien étrange roman, difficile à classifier et à commenter, une histoire qui s'épanouit dans le désordre, la fragmentation, entre ironie et parodie, un concerto inachevé pour jeune fille et ses amoureux, un récit magnétique qui agace et attache.
Lenore Beadsman, 25 ans, vit en colocation à Cleveland. Elle vient d'une famille d'industriels de la nourriture pour bébé dont elle n'est pas vraiment digne, et rend visite régulièrement à son arrière grand-mère, Lenore Beadsman également, dans sa maison de retraite, dont elle disparaît un beau jour, entraînant avec elle vingt-cinq résidents et soignants. Lenore junior se donne pour tâche de retrouver Lenore sénior, qui ne jure que par Wittgenstein et détient un secret industriel. Mais elle doit aussi gérer ses difficultés avec son travail de standardiste, alors que les consoles ont pris chaud et que toutes les lignes du quartier sont mélangées, mettant en exergue sans le dire que tout est détraqué dans ce monde, à commencer par les connexions entre les uns et les autres. Lenore doit encore manager sa relation amoureuse avec son patron, un éditeur peu flamboyant. Elle doit aussi faire face à un psy fou à lier qui attache ses patients sur des sièges éjectables montés sur rails, à un magnat industriel qui en pince pour elle, avale des plats par dizaines et pèse une demi-tonne, à son perroquet qui se met à déblatérer des bondieuseries au milieu d'insanités, à son père, un patron ambitieux, le regard braqué sur son concurrent Gerber, à son frère, un autre cinglé, brillant celui-là, défoncé, qui met ses connaissances universitaires au service de ses potes contre de la drogue, enfin à un beau blond bien monté qui s'éprend d'elle et la séduit, malgré sa promesse de ne pas trahir celui qui le protège, l'éditeur et «fiancé» de Lenore. Etc.
Lenore est au centre du jeu, elle semble subir les évènements, alors qu'elle voudrait les maîtriser. Déterminée, encore qu'assommée par chacune des anicroches rencontrées, fragile malgré un bonne résistance aux agressions et aux diverses déclarations d'amour, Lenore émeut le lecteur, car elle a pris le bien pour cible.
Ce livre, bourré de moments cocasses ou absurdes, est aussi parsemé de réflexions pseudo-philosophiques, pseudo-intellectuelles parodiant les discours attendus ou l'inculture générale. Mais l'on devine, entre les lignes, la critique à peine voilée d'un système où la réussite, l'argent, la psychothérapie de bazar, l'évangélisme télévisuel occupent une grande partie de l'espace.
Un livre excentrique et génial, premier roman d'un écrivain désespéré qui mit fin à ses jours en 2008.
[http://lireecrireediter.over-blog.com
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Métafiction tragique et loufoque, La Fonction du balai constitue le point d'entrée parfait dans l'oeuvre névrosée, puissante mais souvent hermétique de David Foster Wallace, immense écrivain américain trop tôt disparu...
Lien : http://goodnightmary.blogspo..
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