AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 4463 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En fouillant dans la bibliothèque magique de ma grand-mère, remplie de vieux classiques, je suis tombée sur ce roman au combien célèbre de Jules Verne: Voyage au centre de la Terre. Je lui ai tout de suite demandé l'autorisation de l'emprunter car je voulais le lire depuis un bout de temps déjà. C'est chose faite à présent.
J'ai voyagé en compagnie du professeur Lidenbrock, de son neveu Axel et de Hans, le guide et je n'ai pas été déçue même si je n'ai pas adoré ce livre non plus. J'ai trouvé que c'était un peu trop long au début et le fait aussi qu'il y ait énormément de description y a joué un grand rôle. Enfin, bref, je ne vais parler que du positif.
Les personnages sont très attachants, on suit le point de vue du plus jeune, Axel, que j'aime beaucoup car il pose toujours les bonnes questions, il n'hésite pas à remettre en question les théories de son oncle et essaie de le décourager, en vain, surtout que ce dernier semble avoir réponse à tout et qu'il est difficile de le contredire. le professeur Lidenbrock est un peu loufoque mais on le sent vraiment passionné, il n'a presque jamais d'hésitations, il sait et il sent que le centre de la Terre est réel, qu'il est accessible et qu'il est possible de s'y rendre. Une troisième personne va s'inviter au voyage: leur guide, Hans qui n'est pas très bavard et de toute façon, il ne parle pas la même langue qu'eux mais qui les sortira d'un mauvais pas plus d'une fois.
Ils veulent accéder au centre de la Terre. Oui mais la question qu'il faut se poser est: ''où est l'entrée?". Mais dans le cratère d'un volcan, pardi! Dans le cratère du volcan islandais nommé "Sneffels". Axel ne croyait pas à l'existence du centre de la Terre jusqu'à son arrivée au pied du volcan, il fut surpris de constater que tout se déroulait comme prévu car les indices laissés sur place s'avéraient véridiques, leurs informations aussi.
Mon intérêt redoubla lorsqu'ils commencèrent leur longue descente dans les entrailles de la Terre. On peut dire que l'aventure commençait à cet instant-là. Et dès lors, les descriptions me fascinèrent et je les trouvais instructives. Bien sûr, ils rencontrèrent des difficultés comme le manque d'eau, la paranoïa qui s'installe, la peur de mourir, se perdre... et ils firent la découverte des merveilles du centre de la Terre: un océan, des fossiles, des ossements plus récents, des vrais animaux... le paradis pour les géologues, les paléontologues et les anthropologues.
Un livre qui se laisse lire, qui fait fonctionner notre cerveau à plein régime, qui instruit et qui active l'intérêt que l'on peut avoir pour les mystères du monde.
Je terminerais par ceci: si l'on croit aux théories de Jules Verne, c'est que nous sommes des Verniens. Une part de moi l'est. Et vous?
Commenter  J’apprécie          4310
A une époque où la frénésie des voyages et des grandes expéditions commençait seulement à prendre son essor, certains, pressentant déjà la monotonie qui gagnerait le coeur des vagabonds quelques décennies plus tard, se prenaient déjà à imaginer des vagabondages plus fantastiques. Puisqu'on aura bientôt fait le tour de la Terre, pourquoi ne pas prévenir la lassitude qui ne saurait tarder d'apparaître en se plongeant directement dans ses entrailles ?


Nous sommes d'accord –et Jules Verne aussi- une telle idée ne pouvait naître que dans l'esprit un peu hétérodoxe d'un savant fou. le professeur Lidenbrock, grand fantasque, maigre et sec comme une trique, nerveux comme une ampoule électrique mais déconnecté de la réalité, convient parfaitement au rôle. Qu'on ne cherche pas la nuance : Jules Verne n'ambitionne pas de détailler ses personnages dans les moindres ambiguïtés de leur caractère. Il en fait des types plutôt grossiers dont la description nous les rendra immédiatement familiers. Non pas qu'on ne les connaisse de longue date, mais on les a déjà rencontrés ailleurs, sous d'autres noms peut-être, mais leur essence reste la même.


« Il était professeur au Johannaeum, et faisait un cours de minéralogie pendant lequel il se mettait régulièrement en colère une fois ou deux. Non point qu'il se préoccupât d'avoir des élèves assidus à ses leçons, ni du degré d'attention qu'ils lui accordaient, ni du succès qu'ils pouvaient obtenir par la suite ; ces détails ne l'inquiétaient guère. Il professait « subjectivement », suivant une expression de la philosophie allemande, pour lui et non pour les autres. C'était un savant égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en voulait tirer quelque chose : en un mot, un avare. »


Le professeur Lidenbrock, fort de la maîtrise d'une modeste douzaine de langues, intercepte un message crypté glissé entre deux feuillets d'un volumineux manuscrit. La compréhension du code posera problème cinq minutes, et puis le message finira par être déchiffré, comme l'on s'y attend. Quel suspens… impossible d'imaginer quelle sera la teneur du message… Quoi ? Vraiment ? Un homme aurait trouvé une voie pour s'infiltrer jusqu'au centre de la Terre ? Ainsi, tout le mystère du titre du roman s'éclaire ! Et Lidenbrock, émoustillé par une idée aussi saugrenue qui irait à l'encontre des principales théories de son époque –si on peut se rendre au centre de la Terre, alors la température n'y est pas aussi élevée que ce que disent les plus grands scientifiques- décide de suivre les traces de ce précurseur et de s'engager à son tour jusqu'aux entrailles de la Terre. Tout ceci est rapporté par son neveu, jeune dadais romantique et naïf, possédant juste ce qu'il faut de science pour affronter son oncle lors de passionnantes discussions théoriques. Celui-ci, à force de ne vouloir rien faire, finira par être embarqué dans le sillage de son oncle pour un Voyage au centre de la Terre.


Récit d'aventure bien rythmé, pas avare en péripéties et en étapes géographiques, ce roman entraînera ses personnages à crapahuter d'abord en Islande, aussi loin du monde civilisé que possible, avant de leur faire découvrir les profondeurs de la planète. Au cours de leur expédition, ils embarqueront avec eux un guide islandais. Pas pénible du tout, celui-ci a l'avantage de ne s'exprimer que par monosyllabes (ce que l'on traduirait par « oui » ou « non » en islandais) et de gérer d'une main de maître les bagages et provisions des deux énergumènes qu'il accompagne. Jules Verne n'aime pas s'embarrasser de complications, qu'il s'agisse de personnages, de situations ou d'énigmes. Ces dernières, par exemple, justifient leur existence dès lors qu'elles sont citées. La question importe plus que la réponse. le plaisir loge dans l'interrogation et la spéculation intellectuelle qui en découle, plus que dans la certitude du fait accompli.


En lui-même, le Voyage au centre de la Terre n'a rien qui ne parvienne à égaler les artifices en trois dimensions que serait capable de nous fournir le cinéma aujourd'hui. On le verra, la progression de l'aventure sera plutôt linéaire. le dépaysement, si tant est qu'il existe, s'inspire des données des sciences archéologique, biologique et géologique, dernières en date apparues pour tenter d'expliquer l'évolution d'un monde, de sa flore et de sa faune. Sous les profondeurs de la Terre, rien de neuf ne surgit de l'esprit de Jules Verne, mais la découverte d'un monde différent que celui qui bruisse à la surface ; une possibilité parmi tant d'autres. Jules Verne, précurseur de la théorie des univers parallèles, un siècle avant que Hugh Everett ne l'énonce ? Mieux encore ! Puisque sous terre, il est possible de constater la présence d'un ciel, quid de celui qui surplombe nos épaules sur ce que l'on croit être la « surface » de la Terre ? Cette fois, Jules Verne anticipe les spéculations des théoriciens de la « Terre creuse », dont Louis Pauwels nous avait parlé dans son livre le Matin des magiciens :


« Pour les partisans de la terre creuse qui organisèrent la fameuse expédition parascientifique de l'Ile de Rügen, nous habitons l'intérieur d'une boule prise dans une masse de roc qui s'étend à l'infini. Nous vivons plaqués sur la face concave. le ciel est au centre de cette boule : c'est une masse de gaz bleutée, avec des points de lumière brillante que nous prenons pour des étoiles. Il n'y a que le soleil et la lune, mais infiniment moins grands que ne le disent les astronomes orthodoxes. L'univers se limite à cela. Nous sommes seuls, et enveloppés de roc."


Mais Jules Verne ne s'étend pas sur les interrogations que suscite le monde qu'il met en place. Véritable jouisseur des mots et des images, il s'amuse à faire voyager ses personnages de tableaux en tableaux, faisant naître une flore et une faune dont les monstruosités côtoient les ondoiements des roches et des minéraux :


« Aux schistes succédèrent les gneiss, d'une structure stratiforme, remarquables par la régularité et le parallélisme de leurs feuillets, puis les micaschistes disposés en grandes lamelles rehaussées à l'oeil par les scintillations du mica blanc.
La lumière des appareils, répercutée par les petites facettes de la masse rocheuse, croisait ses jets de feu sous tous les angles, et je m'imaginais voyager à travers un dimant creux, dans lequel les rayons se brisaient en mille éblouissements.
Vers six heures, cette fête de la lumière vint à diminuer sensiblement, presque à cesser ; les parois prirent une teinte cristallisée, mais sombre ; le mica se mélangea plus intimement au feldspath et au quartz, pour former la roche par excellence, la pierre dure entre toutes, celle qui supporte, sans en être écrasée, les quatre étages de terrains du globe. Nous étions murés dans l'immense prison de granit. »


Jules Verne excelle dans la représentation de cette beauté naturelle, subtilement remaniée par ses soins. Si l'on ne sait pas vraiment ce que le professeur Lidenbrock et son neveu recherchent en s'engageant jusqu'au centre de la Terre, en revanche, on sait quelles sont les motivations de Jules Verne : donner la possibilité à son émerveillement biologique et géologique de s'épanouir au sein d'une trame dramatique. Pour parler de sa prose en elle-même, peut-être devra-t-on en revanche oser avancer l'hypothèse qu'elle s'inspire plus vraisemblablement de celles qui parcourent ses ouvrages de vulgarisation scientifique que de celles qui définissent ce que l'on appelle couramment la « grande littérature ». Lorsqu'il ne sait pas comment conclure les situations qu'il a amorcées, Jules Verne s'en sort souvent par une résolution en queue-de-poisson : ainsi décide-t-il subitement, au milieu du livre, d'amorcer l'écriture d'un journal de bord tenu par le neveu ; puis, voyant que le procédé ne tient pas la route, il décide de l'interrompre subitement pour revenir à la narration habituelle et se justifie maladroitement par une note entre crochets :


« [Ici mes notes de voyage devinrent très incomplètes. Je n'ai plus retrouvé que quelques observations fugitives, prises machinalement pour ainsi dire. Mais dans leur brièveté, dans leur obscurité même, elles sont empreintes de l'émotion qui me dominait, et mieux que ma mémoire, elles donnent le sentiment de la situation.] »


Jules Verne n'hésite pas non plus à avouer que les mots lui manquent lorsqu'il s'agit de décrire les sensations éprouvées par ses personnages. Les confessions se multiplient au fil de la progression du voyage :


« Toutes ces merveilles, je les contemplais en silence. Les paroles me manquaient pour rendre mes sensations. Je croyais assister, dans quelque planète lointaine, Uranus ou Neptune, à des phénomènes dont ma nature « terrestrielle » n'avait pas conscience. A des sensations nouvelles, il fallait des mots nouveaux, et mon imagination ne me les fournissait pas. »


Heureusement, les images sont là pour pallier aux limites naturelles du langage. Chaque chapitre est accompagné d'une vignette en noir et blanc effectuée par Riou. Racées et précises, elles apportent du charme à cette histoire un brin désuète –en cela même, attachante- et rappellent d'autres contes fantastiques de la même époque –que l'on pense par exemple à Alice au pays des merveilles. D'ailleurs, le Voyage au centre de la Terre aurait également pu s'intituler Voyage au pays des merveilles ; hormis le fait que le déplacement est ici aussi primordial que la destination.


« - Et le retour ?
- le retour ! Ah ! tu penses à revenir quand on n'est pas même arrivé !
- Non, je veux seulement demander comment il s'effectuera.
- de la manière la plus simple du monde. Une fois arrivés au centre du sphéroïde, ou nous trouverons une route nouvelle pour remonter à sa surface, ou nous reviendrons tout bourgeoisement par le chemin déjà parcouru. J'aime à penser qu'il ne se fermera pas derrière nous. »


O folie joyeuse ! Et c'est dans cet état d'esprit insouciant/inconscient que Jules Verne nous mène à la baguette. La science n'est pas terne, et loin d'être triste : grâce à elle, les hommes deviendront les égaux de Lidenbrock, sautillant allègrement entre des parois de feldspath et de quartz, virevoltant entre les troncs démesurés des « lyoperdon giganteum », et s'abreuvant aux sources joyeuses de la biologie et de la géologie !
Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          433
Il y quelques semaines, je suis tombé par hasard sur une critique particulièrement virulente à l'encontre de ce roman et de son auteur.
Il y bien longtemps que j'ai découvert Jules Verne, évidemment et j'en avais gardé un excellent souvenir.
Je n'avais jamais lu ce roman et je trouvais qu'il était temps d'y remédier et de les défendre, lui et le romancier que je trouvais injustement mis au pilori.
D'abord, je vais être clair, si j'encourage les jeunes lecteurs à découvrir sans attendre ce cher Jules, ce n'est peut-être pas par Voyage au centre de la terre qu'il faut commencer.
Ce voyage fantastique qu'entreprennent les personnages de Verne et certes fascinant, mais le langage employé y est parfois complexe.
L'écrivain nous entraîne dans les pas d'Axel, un jeune Allemand, de son oncle Otto Lidenbrock et leur aide, Hans. Une aventure extraordinaire qui conduira nos protagonistes au coeur d'un volcan islandais, sur les traces d'un célèbre savant du XVIème siècle.
Jules Verne fait preuve, une fois de plus, d'une imagination débordante pour décrire le périple souterrain de ses héros.
Ayant choisi des personnages Allemands, les entraînant dans les contrées islandaises et à des fins scientifiques, c'est là que le lecteur rencontre l'obstacle de la linguistique alors que les explorateurs, eux, en rencontre bien d'autres dans leur aventure.
Il faut arriver à rentrer dans l'histoire, ce qui, même pour moi, s'est avéré compliqué, mais une fois embarqué, le génie de l'auteur fait le reste.
À tel point qu'on y croit (ou qu'on a envie d'y croire).
D'ailleurs, même si l'épopée n'est pas de tout repos, on rêve peut-être un peu d'être à leur place.
Si vous comptez faire le voyage, je vous préviens, n'oubliez rien. La nourriture et l'eau évidemment (en quantité suffisante, vous partez pour plusieurs mois), mais aussi, des outils, des cordes, des armes, enfin, des trucs pour survivre en milieu hostile... on ne sait jamais ce qui nous attend...
Bref, l'ado que j'ai été, adorait Jules Verne et l'homme que je suis devenu, ne l'aime pas moins.
Un classique à redécouvrir.


Commenter  J’apprécie          330
Plus qu'un voyage au centre de la terre, ce roman constitue un voyage dans le temps. A 120 kilomètres sous terre, les héros découvrent un univers beaucoup plus proche de la préhistoire que de celui du 19° siècle. La description du voyage en lui-même représente l'essentiel du roman. On observe une forte corrélation entre la distance parcourue à l'intérieur de la terre et le retour dans le temps. La narration sous forme d'un carnet de bord confère au récit une crédibilité tout à fait honnête, même s'il y a un peu d'incohérence et d'irréalisme. Les descriptions des roches et des minéraux sont conformes à la réalité. Ce livre est le récit d'une expédition scientifique et géographique, d'un voyage dans le temps - nous faisant remonter des origines de la Terre aux origines de l'homme – et de la quête d'une solution qui nous permettrait de remonter le temps, source d'inspiration inépuisable dans la littérature.
Commenter  J’apprécie          310
enfin me direz-vous j'ai lu un roman de Jules Verne!! Sans déplaisir , mais sans grande excitation non plus. J'ai sans doute passé l'âge pour ce type de roman mais voilà de mon temps (chut!!!) il y avait les livres pour les garçons et ceux pour les filles....donc , nous les filles pas de sciences , pas d'imagination, des romans type saga , le club des cinq vous voyez le genre ,!.No comment s'il vous plait sur mon âge ...
L'histoire pour ceux qui ne la connaitrait vraiment pas , le Pf Lidenbrock, dans sa bonne vieille ville de Hambourg découvre par hasard un parchemin crypté signé Arne Saknussemm, alchimiste islandais fort connu du 15ème siècle.
Et ô quelle surprise , ce parchemin indique comment ice savant a pu pénétrer dans les enrailles de la terre.Ni une ni deux , le Pr Lidenbrock, décide de partir sur le champ ,accompagné de son neveu Axel et d'un guide islandais Hans qui s'avérera être leur ange gardien.L'aventure sera pleine de péripéties mais ne compter pas sur moi pour savoir lesquelles
Quant à mon ressenti sur cette lecture , club de lecture babelio septembre 2012,je dirais mitigé .Tout cet étalage de sciences diverses , géologie, physique, astrophysique, chimie etc.m'a un peu beaucoup agacée d'autant plus que un siècle et demi tellement riche en découvertes scientifiques rendent les notions de Verne un peu obsolètes.
A contrario, je suis admirative devant les connaissances encyclopédiques de Jules Verne,son imagination débordante même délirante par moment.J'imagine qu'au moment de sa parution ce livre a du faire l'effet d'une météorite, premier grand roman d'anticipation de cette nature il a du en déranger plus d'un!
Et vous lecteurs qui vous délecter des romans islandais , ne ratez sous aucun prétexte les descriptions de l'Islande par Jules Verne , Indridason n'a rien inventé!
Commenter  J’apprécie          250
Fort de mes lointains souvenirs de quelques romans phares de Jules Verne lus dans une autre vie, c'est sans aucune surprise que je découvrais à la lecture pour moi nouvelle du « voyage au centre de la terre » qu'à la différence de l'adaptation destinée aux familles nord-américaines des années cinquante qu'en fit ce vieux Walt, cette aventure était exclusivement et délibérément masculine. En effet et ce malgré l'existence d'une fiancée pourtant elle aussi minéralogiste émérite et dont il est écrit qu'« elle en eût remontré à plus d'un savant », pas plus de femme conviée dans ce roman à visiter le centre de la terre, que dans d'autres échouant sur la plage déserte d'une île mystérieuse ou présente dans les coursives du Nautilus ou le ballon de Samuel Fergusson, ni non plus accompagnant Phileas Fogg à travers son tour du monde.

J'avais par contre totalement oublié à quel point chez Jules Verne le caractère de ses personnages est ramené à un simple trait, et que celui-ci non seulement les définit d'emblée dans leur intégralité mais qu'il a cette toujours même caractéristique que sa simplicité ne vient pas de ce qu'il n'est qu'une ébauche ou une épure mais au contraire de ce qu'il est destiné à être définitivement arrêté. Ainsi, les trois héros de ce roman : le professeur Otto Lidenbrock, minéralogiste érudit et polyglotte dévolu à la science jusqu'à la psychose et façonné de certitudes au demeurant pour la plupart ratifiées par les faits, son jeune neveu Axel, narrateur de l'expédition et dont la jeunesse ne peut signifier que candeur, enthousiasme, éclairs d'inspiration mais aussi fragilité à laquelle parfois se mêle un rien de couardise ou de dolence et enfin leur guide Islandais recruté sur place, Hans Bjelke, sorte de sherpa nordique idéal, immanquablement efficace, irrémédiablement mutique et prêt à emprunter n'importe quelle voie du moment qu'on ne sait où elle mène et dès lors que c'est au côté de ses deux employeurs, fleurons d'une Europe éclairée, puissante et expansionniste, tels ils ont entamés ce voyage hors norme, extraordinaire dans le plein sens du mot, tels ils le finiront.

Dans cette traversée du complet inconnu, du presque inexploré puisque c'est en réalité sur la trace laissée par Arne Saknussemm qui trois siècles auparavant fut le premier à ouvrir les entrailles de la terre qu'ils se sont lancés, et bien que livrés à eux-mêmes, à eux-seuls pendant plusieurs mois, oubliés du monde de la surface et faisant, jour après jour, l'expérience de l'euphorie et du désespoir, de la peur et de l'éblouissement, rien ne les aura changés. Ils n'ont pas bougé d'un iota, ni dans leurs certitudes, ni dans leur candeur et encore moins dans leur mutisme, à peine en ressortent-ils quelque peu amaigris et hirsutes. Ainsi, définitivement, cette équipée au centre de la terre n'est en rien le récit d'une aventure humaine, mais bien plutôt celui de l'Aventure de l'Humanité avec un « A » et un « H » majuscules, comme on parlera pratiquement un siècle plus tard de ce grand pas fait par elle avec à peu près le même esprit conquérant et colonialiste que du temps du second empire durant lequel Jules Verne vécut et installa son oeuvre. de cette aventure, pourtant toute intérieure, le bon docteur Freud semble être si loin que c'est comme s'il ne devait même jamais advenir, et cependant il arrive, il n'est déjà plus très loin, au point qu'il pourrait bien avoir été un des jeunes lecteurs de Jules Verne et quelles belles pâtures en effet lui auraient alors faites ces sombres boyaux descendant dans le ventre de la terre, ces couloirs inviolés et étincelants, étincelants parce qu'inviolés, cette mer interne, immensément répandue, régulièrement bouleversée d'orages aussi soudains que furieux, ces cavernes lumineuses où la nuit ne vient jamais mais cependant habitées de monstres immémorés entièrement occupés à s'entredévorer et bien sûr cette remontée finale à travers un étroit conduit d'une mer originelle transformée par un acte manqué en eaux soudain rendues effrénées et bouillonnantes puis bientôt en lave libératrice, et cela, encore une fois, sans aucune femme présente en ces lieux, seul un mystérieux berger à peine entrevu, sans âge et sans époque, veille là sur d'improbables troupeaux silencieux.

Mais ce qui pourrait ainsi ne nous paraître que faiblesse et inconsistance dans un siècle littéraire plutôt voué à l'exploration des comédies humaines, de la complexité des âmes et des sentiments et des ressorts politiques d'une société déjà vieillissante et nous tirer ainsi un peu de mépris condescendant, en constitue en réalité tout le charme et la singularité. Car, et comme cela n'est pas si fréquemment le cas ailleurs, les héros de Jules Verne traversent leur aventure comme si eux-mêmes n'en étaient que les lecteurs et puisque, de par cette ascèse rationaliste et positiviste à laquelle ils ont consacrés leurs voeux, ils occupent plus de temps à commenter objectivement cette aventure qu'à la vivre avec passion, ils nous laissent ainsi, sans nul nécessité de nous identifier à eux, tout à fait libres de visiter ces lieux sans être en rien gênés par leur présence. Au contraire, ils sont comme des guides parfaits dépêchés par Jules Verne dans le but de nous faire visiter dans des conditions idéales son musée merveilleux, son théâtre d'ombres chinoises et dont on peut, de temps à autre, se laisser aller à écouter par politesse les explications raisonnées et savantes aussi désuètes à nos jours qu'elles étaient déjà superfétatoires à l'époque sans que cela ne gâche en quoi que ce soit notre concentration à vouloir profiter pleinement du spectacle des lieux. On attend d'eux seulement qu'ils portent la lumière et choisissent des routes que sans leur curiosité nous n'aurions jamais eu le courage, voir même l'idée, d'emprunter.

Aussi de ce qu'il advient de ces héros au delà de leur aventureux périple finalement peu nous importe. Qu'Axel dès son retour à Hambourg épouse sa Graüben dont il a donné le prénom à un embarcadère souterrain naturel (il n'est décidément pas possible que le bon Sigmund n'ait pas lu ce livre), cela va de soi. Que le Professeur Lidenbrock tire quelques gloires de salon de son courage sans faille d'explorateur à tout va, c'est la moindre des choses. Quant à l'impavide Hans Bjelke, il semble traverser la vie avec une telle sagesse innée de moine tibétain qu'on peut l'imaginer aussi bien retournant à ses chasses solitaires d'eiders islandais que consacrer le reste de sa vie à tricoter au fond d'une Isba entourée de geysers des chandails en poils de rennes ou de renards bleus.

Ils sont passés en ne laissant au bout du compte rien d'eux-mêmes. de la belle écriture de Jules Verne précise et sans afféteries et dont le primordial du très respectable travail littéraire consiste à rendre réel l'impossible et à donner une architecture concrète et cohérente au merveilleux, ne restent donc, mais c'est bien là l'essentiel, que ces lieux révélés, devenus pour nous presque familiers par la justesse de leur description et qu'on peut désormais visiter, sans besoin d'autre guide que notre mémoire de lecteur, chaque fois que le coeur nous en dit.
Commenter  J’apprécie          230
C'est mon premier Jules Verne, qui fait partie comme Alexandre Dumas, des classiques que l'on n'étudie jamais à l'école.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'écriture de Jules Verne est très accessible, même s'il use abondamment de termes scientifiques, qui ne gênent en rien la fluidité de la lecture.
Ma première expédition au centre de la terre m'a donné beaucoup de plaisir, et j'ai été bluffé par la créativité plus que débordante de son auteur. L'oeuvre n'est pas le plus grand roman fantastique de tous les temps, mais elle prend vraiment de la valeur, lorsqu'on la replace dans son époque. Jules Verne a sûrement dû être d'une grande inspiration pour les écrivains qui lui ont succédé.
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
Commenter  J’apprécie          214
Lu dans le format « fac similé » produit par « Le Monde ». On profite ainsi des illustrations réalisées à l'occasion de son édition originale.
L'histoire, classique qui a inspiré nombre de cinéastes, est maintenant passée dans la mémoire collective.
Le récit est découpé en petits chapitres « feuilletonisants ». Très pratique a lire par petits bouts, quand on dispose de peu temps en semaine ...
On arrive vite au bout de cette première histoire et on attend avec impatience la reedition du tome suivant.
Commenter  J’apprécie          181
(...) Des (re)lectures que j'ai faites de Jules Verne ces dernières années, Voyage au Centre de la Terre est celle qui m'a le moins déçue. On a fait mieux en matière d'enthousiasme délirant, mais il faut dire que j'ai revu mon opinion sur l'auteur nettement à la baisse depuis que je me suis remise à la lecture de ses bouquins.

Ici on n'échappe pas aux interminables listes et énumérations qui sont si chères à Verne, mais elles sont moins nombreuses et moins longues, donc moins indigestes. On a bien une longue explication sur comment les volcans d'Islande se sont formés, mais je vous avoue que je l'ai carrément zappée.

L'histoire en elle-même est plus palpitante que celles des derniers romans de l'auteur que j'avais (re)lus, sans doute en partie parce que, étant fortement claustrophobe, j'avais hâte de voir les protagonistes ressortir à l'air libre ^^ le récit des découvertes faites par les personnages n'est pas exempt de péripéties, pour la plupart plus improbables les unes que les autres, et la majorité des théories scientifiques avancées prêtent plus à sourire qu'autre chose, étant réellement très dépassées.

Le personnage du professeur, puéril et capricieux, est fortement antipathique, mais les autres protagonistes sont typiques des oeuvres de Verne: pas forcément très attachants, parce que manquant un peu de personnalité ou de profondeur, mais on les suit sans déplaisir.

Une lecture plutôt sympathique pour un classique du genre, mais pas aussi amusant que les différentes adaptations cinématographiques qui en ont été tirées.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          160
Voyage au centre de la terre est une lecture d 'adolescence le livre , je l 'ai lu .Sa lecture était agréable , je ne me suis pas ennuyé du tout .Mais sa lecture ne m ' a pas tellement marqué .
Commenter  J’apprécie          160





Lecteurs (19453) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage au Centre de la Terre

Comment se nomme le neveu du professeur Lidenbrock ?

Hans
Robert
Axel
Julien

10 questions
462 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au centre de la Terre de Jules VerneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..