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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Derrière un bandeau présentant une toile de James Ensor, sur laquelle les figures colorées et burlesques d'un carnaval encadrent un squelette au visage grimaçant, Emmanuel Venet propose une comédie de moeurs provinciales, joyeusement grinçante, un roman comme une sotie dénonçant les turpitudes et les hypocrisies des habitants de cette France étriquée des petites villes. Dans ce texte comme dans ses précédents récits, il laisse la plus allègre liberté à son imagination, passant d'une page à l'autre de la farce d'un vaudeville à l'histoire tragique du voyage d'un migrant africain, ajoutant toujours à cet art du conte sa gourmandise pour les mots, comme lorsqu'il décrit au long de plusieurs paragraphes l'architecture d'une cathédrale, usant avec délectation de la palette complète d'un vocabulaire technique, précieux et pittoresque. Et puis, si la dimension oulipienne de son écriture est là moins évidente que dans d'autres de ses oeuvres, son goût des images et des symboles, sa manière légère et élégante de filer ici la métaphore du feu, d'un incendie bien réel à la chaleur érotique des corps et aux braises de la passion, emporte définitivement l'adhésion du lecteur… On se laisse volontiers brûler aux étincelles de cette écriture !
À Pontorgueil, une ville moyenne située non loin de Verrières (cette autre cité d'une Bourgogne à moitié imaginaire, qui apparaissait déjà dans Virgile s'en fout), la cathédrale, un beau soir, s'embrase, jusqu'à être bientôt réduite en cendres. Catastrophe pour l'évêque, que l'annonce de l'événement surprend en pleins ébats amoureux avec l'une de ses ouailles, obligé de rentrer dare-dare constater les dégâts ! Dès le lendemain, une enquête commence, révélant cette aventure cachée mais aussi de multiples autres secrets, les mesquineries et les ridicules de différentes figures de la vie locale, gérants incompétents, escrocs à la petite semaine, responsables véreux ou marginaux miséreux. le fait-divers n'est pas sans rappeler l'incendie réel de la Cathédrale de Nantes, le 18 juillet 2020, d'autant plus que dans la réalité comme dans la fiction, un migrant, employé au nettoyage et à la fermeture vespérale de l'édifice, est rapidement mis en cause (mais si sa culpabilité est avérée à Nantes, le Blaise Muki de l'histoire d'Emmanuel Venet sortira blanchi de l'affaire). D'autres pistes aussi sont évoquées, comme celle de la vengeance d'un fils de la bourgeoisie locale contre un évêque qui lui a volé sa mère ou celle de l'incompétence d'un jeune paumé, employé ce soir-là à la surveillance de la cathédrale… Rien n'y fait pourtant, on ne connaîtra pas la cause de l'incendie. Et qu'importe, d'ailleurs, puisque cette destruction est peut-être, finalement, pour les notables du coin, une aubaine ? Et qu'importe aussi pour le lecteur, puisque ce récit, dans lequel Emmanuel Venet aura rebattu les cartes de quelques destins avec cette souriante perfidie qu'on lui connaît et qu'on adore, révèle une fois encore toute la subtilité d'analyse de son auteur, la finesse de son regard sur les êtres et les choses, la réjouissante puissance de son talent de satiriste ? Allons, ne boudez pas votre plaisir, vous reprendrez bien un peu de Venet, non ?
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Si vous n'avez pas encore lu Marcher droit tourner en rond, d'Emmanuel Venet, alors vous êtes chanceux : lire Venet, c'est goûter un style élégant et plein d'intelligence, agrémenté d'un humour tout desprogien. Et il se trouve que ce nouveau roman - Contrefeu - s'inscrit dans la parfaite veine de cette fresque (de bras cassés) miniature qu'était Marcher droit… , succès modeste à sa sortie, mais dont chaque lecteur devint un fidèle. Et de fidèles, il en est aussi question dans cette chronique perfide du charme discret de la bourgeoisie de province — si l'on peut dire. Avec son évêque habité par le feu de la passion, sa fervente consumée par l'ardeur du désir, son migrant africain brûlé d'un destin dramatique (mais qui fait un coupable idéal), ses quelques affairistes bouillonnants d'idées pour faire de bons placements, ou encore son jeune alterno' qui refuse d' « entrer dans les schémas de la consommation de masse » tout en reprochant à sa mère de pas installer la climatisation, Venet multiplie les points de vue, brouille les pistes et révèle les failles de chaque protagoniste avec autant de minutie que de désinvolture. C'est fin, c'est drôle, on serait même tenté de dire que c'est malheureusement si vrai que cela en devient cruel. Et le pire : c'est qu'on aime ça (on en redemande d'ailleurs).
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À Pontorgueil, avril 2010, une cathédrale brule et s'effondre. La petite bourgade s'agite tout autour de cet évènement et Emmanuel Venet décrit d'un chapitre à l'autre des personnages qui vont graviter d'une manière ou d'une autre autour de cet incendie. "Contrefeu" est plein d'humour, Emmanuel Venet se régale à décrire les petits compromis du quotidien de ses personnages. Derrière la plume drôle et cynique de l'auteur, on perçoit une certaine vision de la France. Une vie provinciale avec tous les coups bas qui vont bien. "Contrefeu" se lit tout seul et derrière la description d'une petite société qui règle ses comptes, l'auteur aborde aussi les thèmes qui lui sont chers, de la psychiatrie au rapport à la norme. Comme souvent les niveaux de lecture sont nombreux dans les livres d'Emmanuel Venet et une nouvelle fois c'est un régal de bout en bout. Malin.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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