Voici le récit de l'amour douloureux d'
Enzella, une jeune et jolie espagnole qui a fuit à Marseille, vers la fin de la deuxième guerre mondiale, l'avènement de Franco dans son pays. En voix off, justement, certains passages, en alternance, reprennent ses souvenirs d'exode, de pont foudroyé et de mort.
Elle travaille chez un transitaire du service de ravitaillement et croise un jour, par inadvertance, dans un tramway un bel inconnu, Hugo, qu'elle reverra sur les collines du Rove, un pinceau à la main, peignant jusqu'à plus soif les alentours.
Enzella habite l'Estaque. Qui évoque l' Estaque, ce petit port près de Marseille où les pêcheurs viennent le soir dérouler les filets de leurs pointus, pense aussitôt à Cézanne.
Lucien Vassal, l'auteur, qui habite le coin, connait parfaitement tous les paysages peints et balade pour notre plus grand plaisir ses deux personnages principaux de l'Estaque jusqu'à la Sainte Victoire. Enchantement des yeux, exaltation des sens où l'on retrouve mot à mot, couleur par couleur les bribes de lettre écrite à
Zola "Au soleil couchant, en montant sur les hauteurs, on a le beau panorama du golfe de Marseille et des iles".
C'est également tout un pan d'histoire à connaitre,la vie sur Marseille et ses environs, les jours de rafle, les jours de bombes qui sifflent encore sur la cité phocéenne.
Un bon roman bourré de péripéties et un mystère à élucider. Hugo est il vraiment l'alsacien, sans histoire, qu'il prétend être?