Comme il est difficile de s'embarquer vers le douloureux destin des enfants mal aimés, malmenés, délaissés, culpabilisés.
C'est sans doute par le langage poétique que l'inavouable trouve à s'exprimer, en effleurant la souffrance. Suggérer avant de vomir, le coeur délavé peut retrouver un chemin pour se réinventer, un ciel, un espoir, pour être prête à saisir une main tendue, une vraie main , bienveillante et protectrice.
Marie val en posant des mots sur le papier blanc écrit l'impasse où des adultes l'on salit, "je ne peux même pas vous fuir" .
Ce terrible aveux d'impuissance accompagne l'autre rage, celle de l'écorchée vive, "je me rappelle de tout, de chaque action incrustée".
Dans cette arène familiale, Marie n'est plus qu'un animal traqué, son calvaire comme un puissant torrent glaciaire "un océan de mensonge, le faux nous ronge".
Les rimes s'incrustent dans le blanc de la page, en lames de couteau, qu'il faut sans relâche imprimer pour les cracher, dans un rock au rythme métallique.
"C'était loin d'être des canulars
Lorsque j'en faisais des cauchemars
Non, c'était loin d'être amusant
Lorsque je n'étais qu'une enfant face à des tyrans."
Alors vient dans la main de
Marie Val, ces mots qu'elle pose comme des pointes que vient frapper sa plume d'acier :
"Pour contrer leurs propos
Je laisse ma plume leur faire la peau."
Avec une lucidité bouleversante elle nous donne à nous lecteurs une maxime de vie, "S'il faut mentir pour survivre sur cette terre Je préfère m'enfouir sous terre.""
Dans sa dernière prosodie symboliquement appelée « affaire classée », elle nous tend la main, "en déposant aux archives, toutes ses pensées nocives".
Bravo pour ces magnifiques poèmes.