Série la plus longue d'
Urasawa, il y a démontre au fil des tomes sa capacité à sans cesse rebondir et faire repartir son scénario, même quand on pense celui-ci dans une impasse ou dans le creux de la vague.
Pour quelqu'un qui adhère à la narration un peu loufoque et très marquée années 80 et
Rumiko Takahashi, ce tome de Yawara est encore un modèle du genre sur le plan de la relance scénaristique, alliant humour, romance, enjeux sportifs et personnels/familiaux. du grand art !
Yawara a décidé d'arrêter le judo en apprenant que son père, qu'elle pense parti à cause d'elle, entraîne sa rivale. Mais c'est une si grande athlète que personne autour d'elle ne souhaite qu'elle en reste là. le mal être est cependant très ancré en elle et il leur faudra toute leur astuce pour en venir à bout et lui redonner l'envie de lutter.
J'ai beaucoup aimé ce tome pour tout ce qu'il met en branle. Arrivé dans le dernière quart de la série, on parle bien plus des sentiments de Yawara et il n'est plus juste question de blague autour de son grand-père qui veut tout contrôler. Dans ce tome, on parle par exemple du trauma des enfants de parents séparés, on évoque aussi le retour dans le monde du travail des femmes après être devenues mères, ou encore de la pression maritale des parents et de la société. le tout se fait bien sûr, comme toujours avec
Urasawa, dans la joie et la bonne humeur, mais peut-être avec une touche de profondeur en plus par rapport au restant de la série. J'ai beaucoup aimé qu'on nous montre ainsi des figures masculines plus intéressantes pour l'histoire. le mari de Fujiko s'implique dans son couple et son rôle de père. Matsuda est celui qui se démène le plus pour que Yawara retrouve le chemin du judo.
Assister à l'ascension logique de Sayaka fut donc moins déplaisant que prévu car présenté comme une entracte le temps que Yawara fasse le point sur sa vie. L'auteur mêle astucieusement ses problèmes familiaux et sentimentaux, grâce encore à des personnages de garces parfaitement écrits pour nous faire rire et rager à la fois. On aime voir la gentille Yawara ne rien voir mais lutter quand même et reprendre peu à peu le dessus. Yawara est le prototype de la gentille japonaise mais l'auteur nous montre qu'on peut aussi avoir du caractère et à une époque où on célébrait plutôt celles qui étaient soumises et dans le rang, c'est rafraîchissant de tels portraits ! Ce fut ainsi jouissif de la voir lutter contre ceux qui voulaient l'aider puis les écouter pour lutter cette fois contre ses rivales et elles-mêmes.
Le volume est ainsi plein de moments forts. Il y a les retrouvailles de Fujiko avec le judo et Yawara. Il y a l'ascension de Sayaka. Il y a le bref retour d'une rivale mondiale de Yawara pour venir encore plus la titiller. Et pour les amoureux de romance, il y a le basculement de plus en plus certain de Yawara vers Matsuda au détriment de l'affreux Kazamatsuri qui est bien puni. Ça donne des scènes très enthousiasmantes dans le premier cas où on aime voir cette reprise en main progressive, surtout en aussi bonne compagnie. Que j'aime ce duo totalement improbable ! Mais également dans le second cas où malgré les embûches la romance avance on le sent bien et surtout elle dévoile le vrai regard de chacun, Yawara réalisant que Matsuda n'est pas juste un journaliste à sensation mais quelqu'un qui est passionné et l'a vraiment suivie depuis le début avec enthousiasme. C'est un peu la voix du coeur ^-^
J'ai souvent eu des petits coups de mou dans Yawara mais l'auteur a toujours su requinquer, c'est à nouveau le cas ici pour moi et pour son héroïne. Quel bonheur de voir pour une fois les plans de ces enquiquineurs se conjuguer pour pousser Yawara dans la bonne direction. Pour qui aime les films comme Rocky sur l'ascension d'une vedette, ce fut la même sensation ici avec Eye of the tiger en fond sonore !
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