Partir à la rencontre du Prince à la petite tasse, c'est partir à la rencontre de soi-même autant qu'à la rencontre de l'autre. le migrant, celui qui n'a que son corps à habiter, qui dérange plus par notre incapacité à communiquer avec lui que par ce qu'il demande, ce migrant, dans le récit d'Emilie de Turckheim, est un Prince délicat, sensible à la profondeur de la relation humaine comme l'était la Princesse au petit pois au confort de son matelas.
Reza, réfugié afghan, migrant du Monde en errance depuis longuement déjà, se trouve être accueilli chez l'auteure. Pas seulement hébergé, entretenu. Non, la maison lui est ouverte pour qu'il y soit chez lui, en partage de la vie avec la famille qui jusque-là squattait seule la place.
Suivre Emilie de Turckheim dans cette expérience « migratoire », tendre, poétique mais très enracinée dans le quotidien, sa réalité, ses combats, c'est se laisser bousculer dans nos habitudes, nos réflexions, nos croyances, nos peurs. C'est aussi, humblement, entrer dans le monde de l'autre, son passé, ses combats, ses expériences, son envie de communiquer, de partager, de se révolter contre la situation.
Avec humour, tact, humanité et humilité, l'auteure nous ouvre les yeux sur la question de l'accueil des réfugiés au sein de la société (et non seulement du territoire). Ce livre soulève, bien à propos beaucoup de questions. Il nous offre quelques réponses et une invitation à donner sens et réalité à des valeurs que l'on cite souvent sans toujours pour autant construire notre quotidien dessus.
Merci aux éditions Calmann-Levy et à NetGalley pour la découverte de ce livre et de cette auteure.
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Il y a ceux qui parlent d'aider les autres et puis il y a ceux qui le font, réellement, concrètement. C'est ce que font Emile, son mari et ses enfant.
Accueillir un inconnu chez soi c'est plus qu'ouvrir ses portes. C'est ouvrir son coeur, son esprit, son horizon. Bien sûr il y a des doutes, des peurs, des angoisses. Il y a la barrière de la langue, les différences culturelles, les différences tout court.
Reza, bientôt renommé Daniel, est en quelque sorte un hôte parfait, discret, poli, curieux d'apprendre.
Les enfants aident beaucoup à créer un lien, par leur franchise, par leur simplicité. Là où leur mère n'oserait pas, eux ne se soucient pas des questions embarrassantes, des remarques qui peuvent créer un malaise.
J'ai beaucoup aimé les moments de partage.
Pour ceux qui auraient peur de plonger dans un récit politisé et/ou larmoyant, soyez rassurés. Il y a de l'émotion bien sûr mais il y a aussi de la légèreté. Comment expliquer à Reza la signification de certains mots, tel que "hop" ? Pas un ou une hop, juste hop. Ou comment expliquer à Reza que sa façon de cuisiner n'est pas très bonne pour la santé ?
Le seul bémol, à mes yeux, est que j'ai eu l'impression que le mari d'Emilie était quasi inexistant. Un peu comme si Emilie avait beaucoup fait pour son hôte et que son mari rien du tout. Mais peut-être est-ce une volonté du mari de ne pas prendre trop de place dans le récit.
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Voilà un petit livre qui fait du bien, qui montre que l'humanité n'est pas totalement foutue et que la solidarité n'est pas un vain mot
Emilie, son mari et leurs enfants décident d'accueillir un jeune réfugié afghan chez eux. C'est une belle leçon de fraternité, joliment écrite sous forme d'un journal. 9 mois de partage, d'apprentissages, de découverte de l'autre...
Ce livre m'a réconciliée avec le fait qu'on pouvait encore écrire de jolis petits livres sans tomber dans les clichés du "feel-good" racoleur.
Une jolie petite pépite à partager avec les plus jeunes.
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