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EAN : 9782226318923
250 pages
Albin Michel (02/09/2015)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Le 25 octobre 1415, la bataille d'Azincourt, qui aurait dû être gagnée par les Français, fut pour eux une défaite sans précédent, où périt une grande partie de leur élite politique et guerrière. Pour les Anglais, bien inférieurs en nombre, usés par des semaines de marche, ce fut une formidable victoire, mise à l'actif de leur jeune roi Henry V. Comme à Crécy ou à Poitiers, les redoutables archers anglais avaient fait la différence.
Azincourt ouvrit la plus g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le 25 octobre 2015, nous commémorerons une défaite française, celle D Azincourt, survenue il y a six cents ans, le 25 octobre 1415. Après Waterloo en juin (bicentenaire), Marignan en septembre (cinq cents ans, mais c'était une victoire, remportée sur les Suisses, et plus celle des Vénitiens que de François 1er), vient donc le tour D Azincourt.
Valérie Toureille qui est l'auteur d'une biographie de Robert de Sarrebruck, homme de guerre du XVe siècle, signe donc ici un énième livre sur cette bataille, qu'elle décrit rapidement, au début de son livre, pour analyser plus longuement les conséquences de ce revers cuisant, qui vit le roi d'Angleterre, Henry V de Lancastre défaire notre armée et la décimer après une course-poursuite haletante, les Français talonnant les Anglais puis leur coupant la route à Maisoncelles pour les contraindre à livrer bataille. Ce fut l'une des batailles les plus meurtrières pour la chevalerie française qui connut ce jour-là une véritable hécatombe : seuls quelques têtes nobles furent épargnées et parmi elles le duc Charles d'Orléans.
La victoire éclatante remportée par Henry V ne suffit pas à asseoir ses prétentions sur le royaume de France : il lui fallut encore revenir sur notre sol et conquérir la Normandie et s'entendre avec les Bourguignons et le couple formé par Charles VI le Fou et Isabeau de Bavière pour obtenir, avec la signature du traité de Troyes en 1420 et son mariage avec Catherine de Valois, le droit d'espérer monter sur le trône de France, à la mort de Charles VI, en lieu et place du Dauphin, le futur Charles VII. Les hasards de l'Histoire firent qu'il décéda peu avant Charles VI et qu'il y eut Jeanne d'Arc. de sorte que le jeune Henry VI ne put être couronné qu'à Paris, Charles VII l'ayant précédé à Reims. Après la mort de Jeanne, qui avait redonné l'espoir à son camp, Charles VII organisa la reconquête de Paris, de la Normandie et de l'Aquitaine, non sans avoir préalablement fait la paix avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon.

On lira avec intérêt le livre de Valérie Toureille, qui traite donc moins de l'événement Azincourt en lui-même que de tout ce qui a suivi. Si l'on veut un bon récit de la bataille, on peut se reporter au livre de Dominique Paladilhe ou aux ouvrages anglais de Juliet Barker, de Michael K. Jones ou d'Anne Curry. On peut aussi consulter Philippe Contamine, John Keegan et son Anatomie de la bataille ou la vieille biographie de Charles VI le Fol signée Maurice Heim. On peut aussi, si l'on est plutôt littéraire lire le roman de Pierre Naudin intitulé : le bourbier D Azincourt (dans le cycle de Gui de Clairbois), sans oublier bien sûr - et surtout - la pièce de théâtre de Shakespeare : Henry V.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015).
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Valérie Toureille est historienne et elle vient de publier un livre intitulé « le Drame d'Azincourt. Histoire d'une étrange défaite« alors que l'on vient tout juste de fêter les 600 ans de ce qui n'est pas une simple bataille parmi tant d'autres, durant la Guerre de Cent ans, mais bien un moment clé de l'histoire de France. En effet, c'est après la terrible défaite qu'allait naître le premier embryon du sentiment national et les fondements de la France moderne.
-Le vendredi 25 octobre 1415, au beau milieu du plateau d'Artois, près D Azincourt (ou Agincourt), le roi d'Angleterre Henri V fait face à l'armée française, qui n'est pas conduite par Charles VI (inapable de le faire car déjà malade) mais bien sous les ordres de cinq chefs aux positions discordantes. On retrouve ainsi les jeunes princes de sang (le duc d'Orléans, le duc de Bourbon, celui d'Alençon), les deux principaux chefs militaires du royaume (le connétable d'Albret et le maréchal Boucicaut). le 25 octobre, Henri V reçut l'ambassade des hérauts français venus lui porter les défis (le défi, dans la guerre médiévale, constituait la disposition d'usage qui indiquait que l'on proposait la bataille à son adversaire). Les Français étaient trois fois plus nombreux. La bataille en elle même ne dura que 4 heures et fût un véritable désastre comme la France n'en avait encore jamais connu. Bilan de ceci : six mille Français et mille six cent Anglais périrent ce jour là. le génie tactique d'Henri V et la discipline de ses troupes avaient eu raison de l'enthousiasme brouillon des Français. Azincourt sonna le glas de la chevalerie traditionnelle.
-Les conséquences sont tout d'abord désastreuses. Ainsi en mai 1420, le traité de Troyes modifie le rapport de force entre les deux nations. Jamais dans son histoire, la monarchie française ne fut si près de disparaître qu'en cette année 1420, qui allait ouvrir une décennie calamiteuse durant laquelle le royaume allait se fractionner en deux camps irréconciliables. Deux factions rivales se déchirent depuis l'assassinat du duc d'Orléans en 1407 : les Armagnacs (partisans du roi de France) et les Bourguignons (alliés des Anglais). L'assassinat en 1419 du duc de Bourgogne est un tournant majeur dans les relations entre Français et Anglais. L'héritier du duché de Bourgogne s'allie aux Anglais d'Henri V. En 1420, un décret banni l'héritier du royaume de France. le traité de Troyes reconnaissait Henri V comme héritier et régent de France dans l'attente du décès du roi en titre Charles VI atteint de folie. le futur Charles VII qui n'est encore que le Dauphin, s'installe à Bourges et mène la guerre pendant 10 ans sans les moyens matériels de la faire. En 1422, Henri V meurt de la dysenterie à seulement 35 ans, suivi en cette même année par Charles VI roi de France en titre. Henri VI n'étant qu'un enfant au berceau, la régence est confié au frère du roi défunt Jean de Lancastre, duc de Bedford. le fond est touché lors de la nouvelle défaite française face aux Anglais à Verneuil en août 1424. Pendant trente années, la France est ainsi écartelée entre deux royaumes jusqu'au lendemain de la bataille de Formigny livrée le 15 avril 1450.
Charles VII règne sur le centre et au sud (pays d'oc). Il n'a ni argent, ni soutiens, si ce n'est celui de sa protectrice Yolande d'Aragon, des Armagnacs et de quelques mercenaires. le roi est au bord du renoncement lorsqu'il rencontre Jeanne d'Arc. C'est là l'un des épisodes les plus marquants de l'histoire de France, non pas tant sur le moment, (même si la levée du siège d'Orléans le 8 mai 1429 n'est pas anodine) mais bien plutôt parce que Charles VII (couronné à Reims grâce à la volonté farouche de Jeanne) fera, bien après la mort de cette dernière, (capturée puis condamnée au bûcher à Rouen, Jeanne meurt le 30 mai 1431) un mythe renforçant la nation française et la dynastie des Valois. La réhabilitation de Jeanne d'Arc en 1456, voit Jeanne proclamée bonne catholique injustement accusée d'hérésie. Dieu avait protégé les Valois et c'est lui qui au final avait donné la victoire à Charles VII. Azincourt a engendré Jeanne d'Arc. Ainsi, même quand les institutions disparaissent, le ciment de la nation demeure.
-Plus tard, la reconquête française fût menée par des capitaines sans état d'âme, indifférents aux codes chevaleresques, privilégiant l'efficacité à l'honneur. Charles VII encourage la révolution technique de l'artillerie en accordant davantage sa confiance à des ingénieurs, non du fait de leurs titres nobiliaires mais bien du fait de leurs compétences techniques. La réforme de l'armée gomme les distinctions entre nobles et roturiers. Conséquence de ces nouveautés, la « Praguerie » qui est ainsi la première rébellion de la noblesse contre son roi, la première révolte nobiliraire.
-Azincourt devait sonner le glas de l'indépendance française, mais elle n'eut pas au regard de l'histoire, les effets escomptés. 35 ans après le choc de cette défaite, c'était une autre France qui renaissait : un pays modernisé, mettant en place les instruments d'un Etat centralisé et puissant, une nation qui après avoir manqué de disparaître trouva l'ultime ressort du patriotisme pour se reconstruire et perdurer. Un patriotisme populaire jusque là inconnu dont les Anglais étaient la cible.
Un ouvrage fort intéressant. J'avais déjà lu celui de Philippe Contamine. Celui-ci est complet et accessible, idéal pour mieux comprendre cette page si riche et tourmentée de l'histoire de France.
Lien : https://thedude524.com/2016/..
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A partir de l'inattendue défaite française sur le champ de la bataille D Azincourt en 1415, contre une armée anglaise très inférieure en nombre, décimée par les épidémies et la disette, Valérie Toureille explore les conséquences nombreuses et durables de ce désastre : depuis le traité de Troyes aux grandes étapes de la guerre de cent ans. le récit se déploie sur quatre parties : la bataille D Azincourt et ses raisons ; la conquête anglaise et l'occupation de la France ; la résistance française à l'occupant anglais et enfin, les leçons D Azincourt tant du côté anglais que du côté français, dans la construction de l'Angleterre et dans celle de la France, et les deux façons dont celle-ci est intégrée à leurs récits et mythes fondateurs nationaux. Livre d'histoire ambitieux, ce livre est aussi un livre marqué par l'anniversaire de la bataille et par une réflexion sur la première étrange défaite française.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La résistance à l’occupant anglais a revêtu trois formes qu’il faut distinguer. La première fut la plus conventionnelle : celle des places fortes qui tenaient pour Charles VII dans un environnement hostile. On pense évidemment au Mont-Saint-Michel, ou encore à Vaucouleurs. La seconde qualifie l’action des capitaines français en territoire ennemi, partisans un moment, écorcheurs ensuite, rassemblés à l’occasion sous ma bannière de Jeanne d’Arc. La dernière, la plus symptomatique, fut d’essence populaire. Elle renvoie aux révoltes, quelques fois sourdes, parfois spectaculaires, qui naquirent de façon spontanée dans les territoires occupés.
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Vidéo de Valérie Toureille
Cartes blanche aux éditions Perrin Avec David FIASSON, Anthony GUYON, Jean LOPEZ, Clément OURY, Benoît YVERT La guerre est un éternel sujet d'actualité dont l'histoire militaire permet de saisir les enjeux géopolitiques et stratégiques. Au fil des conflits, de l'Antiquité à nos jours, l'art de la guerre s'est métamorphosé : Valérie Toureille, Clément Oury, Jean Lopez et Michel Goya vous décryptent ces métamorphoses
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