Ce premier opus porte très bien son nom puisqu'il s'agit effectivement, ici, d'une mise en bouche, une Ouverture, et autant vous le dire tout de suite, les saveurs que nous propose
Manon Toulemont avec son premier roman m'ont paru tout simplement exquises. Cela se déguste comme du bon vin ! Ou tiens, comme un verre d'un délectable AB négatif pour nos camarades aux dents longues. Aussi rare, aussi précieux.
Je me suis plongée avec délice dans cet univers singulier que je n'ai d'ailleurs trouvé dans aucun autre roman – peut-être quelques bribes, bien que très légères, dénichées dans chez
Anne Rice ou encore
Andréa H. Japp. -, j'ai adoré découvrir les rues de Paris dans lesquelles je n'ai mit les pieds qu'une ou deux fois dans ma vie et finalement me sentir presque comme une parisienne moi-même au fil des pages que je tournais. Je voyais quasiment les lumières de Pigalle défiler sous mes yeux tandis que je lisais, le cimetière Montmartre, les stations de métro…Comme si j'y étais.
Les personnages m'ont également ravis. Pacôme Sycomore, en premier, pour qui j'ai littéralement craqué. Ce vampire de 23 ans, asocial, éleveur de serpents et responsable sa soeur de quatorze ans, Alice. J'ai aimé le voir tenter de maîtriser la soif du démon qui l'habite et se dépatouiller dans des situations totalement rocambolesques. Un personnage tout en contraste, fort mais faible, attendrissant mais qui se montre parfois vraiment brutal, le genre de figure assez complexe que j'affectionne particulièrement.
On découvre également Ange d'Orypan, un prédateur à la psychologie plutôt effrayante mais pour lequel on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine fascination. Personnage atypique de par sa simple nature, en effet, le blondinet au visage d'éphèbe se révèle être un siroy, soit une sirène mâle, une créature assez rarement développée dans la littérature fantastique.
Manon Toulemont revisite le mythe de la sirène au travers de son Ange d'une manière tout à fait intéressante. On a hâte d'en connaître davantage !
Il y a aussi la jeune Olympe, étudiante en Lettres de dix-huit ans, bien que peu présente dans ce premier tome, dont les mésaventures m'ont réellement fait frissonner. Ses cauchemars pourraient être les nôtres et l'on s'imagine parfaitement bien à sa place et c'est en cela que l'atmosphère devient angoissante. Mon coeur s'est mit à palpiter activement à chaque fois que je lisais un passage concernant cette pauvre jeune fille, un sentiment que je recherche particulièrement lorsque je me plonge dans la lecture d'un thriller fantastique.
Pour rester du côté des filles, parlons maintenant de l'adolescente Alice Sycomore, soeur cadette du vampire. Présentée comme une collégienne tout à fait banale au début du roman, en dehors du fait qu'elle vive seule avec son frère de 23 ans, éleveur de serpents, on ne se doute pas une seule seconde de ce qu'elle peut garder au fond d'elle. Un personnage qui m'a également beaucoup intrigué et sur qui j'ai envie de recevoir davantage d'informations. La jeune Alice a, selon moi, énormément de potentiel dans la suite de l'histoire.
Finissons maintenant par Joseph, le malchanceux Joseph qui se trouve souvent au mauvais endroit, au mauvais moment. le pauvre paie de son insouciance les mésaventures des autres, notamment celles de Pacôme qui prend un malin plaisir à le voir comme un punching-ball. Les situations qui lui tombent dessus malgré lui sont pour la plupart assez cocasse et, je l'avoue, m'ont fait sourire plusieurs fois.
Manon passe énormément de temps sur Pacôme, les trois quart du roman environ, au détriment des autres personnages – notamment Olympe et Ange -, ce que certains pourraient voir d'un mauvais oeil, mais remettons seulement les choses dans leur contexte : l'intrigue gravite principalement autour de ce personnage, il semble tout à fait approprié qu'il soit plus présent que les autres dans l'histoire de ce premier volume. Il est l'élément déclencheur, le pilier central, tandis que les autres personnages ne font l'objet que d'une introduction et je suis prête à parier que les tomes suivants nous laisserons les découvrir plus en détails.
En dehors de sa faculté incroyable à créer des personnages palpables et étonnamment profonds,
Manon Toulemont possède une plume des plus élégante, un vocabulaire riche ainsi que de jolies tournures de phrases. Quelques longueurs encombrent parfois le récit, bien qu'assez rare et la plupart du temps justifiées, mais n'enlève rien du charme que j'ai décelé dans ce livre.
L'auteure a également une manière exquise de nous délivrer les informations au compte-goutte, ce qui a pour effet de fournir son roman en suspens. le mystère plane sans arrêt et le lecteur se trouve en éveil constant. Une caractéristique propre au genre du thriller et qui, pour une fois, n'est pas laissé de côté.
Vous l'aurez comprit,
Symfonia, ouverture fut pour moi un véritable coup de coeur, un roman à lire, relire et rerelire. Manou Toulemont, de part son jeune âge et la fraicheur de son écriture, donne, sans conteste, un coup de fouet au genre du thriller fantastique. Et on en redemande ! Néanmoins, certaines scènes pourraient heurter les âmes les plus sensibles, vous voilà prévenus !
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