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EAN : 9782226396228
176 pages
Albin Michel (29/03/2017)
3.55/5   11 notes
Résumé :

Empathie : évocateur d'altruisme, voire d'amour, ce mot a de quoi séduire en ces temps où nous cherchons des raisons d'espérer. Pourtant, l'empathie est menacée, notamment par des manipulations qui en brouillent les enjeux. Ainsi, l'empathie pour la souffrance d'autrui est exploitée à des fins malhonnêtes ; l'idéalisme généreux des adolescents est détourné par des extrémistes ; de nouveaux systèmes économiques exonèrent les acteurs de la maltraitance de leur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Certains prétendent que nous sommes dans le siècle de l'empathie, pour autant cette belle vertu peut devenir le terreau dans lequel fleurissent les manipulations. Les bons sentiments font souvent l'objet d'un détournement pour favoriser les actes d'adhésion émotionnels, c'est ce que pratique au quotidien les as du marketing et de la publicité.

Dans cette étude passionnante l'auteur dénombre trois formes d'empathie, affective, cognitive et mature et analyse leur interaction avec force exemples tirés d'oeuvres cinématographiques. En parallèle il identifie quatre situations qui fragilisent l'acquisition de l'empathie, en particulier lors de la petite enfance : l'absence de visages expressifs, le choc des images, la maltraitance et le sentiment d'incompréhension.

L'identification à une fonction peut aussi étouffer l'empathie, comme on le constate parfois lors d'une prise de poste à responsabilité. L'auteur souligne l'importance d'avoir une forme d'empathie pour soi-même, afin de pouvoir l'appliquer aux autres... Car nous sommes naturellement plus enclin à comprendre ceux qui nous ressemblent, l'important étant d'adjoindre à nos émotions une réflexion juste et mesurée, pour ne pas se laisser manipuler à l'insu de notre plein gré !

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
L’échec de l’éducation morale

Les neurosciences montrent qu’il existe un moyen d’accroître l’empathie dès l’enfance et de favoriser ainsi la construction du sens de la justice : c’est de développer le changement de perspective émotionnelle. Or il semble qu’il existe une fenêtre critique pour cette installation, située entre 8 et 12 ans. Les enfants chez lesquels cette aptitude n’est pas encouragée à cet âge pourraient avoir beaucoup de difficultés pour la développer ensuite. Deux arguments plaident en ce sens. Le premier réside dans le fait que les dictatures organisent toujours une éducation unilatérale intensive dans cette tranche d’âge. Le second est qu’il est très difficile de déradicaliser un fanatique, et plus facile de le « retourner » pour qu’il devienne un défenseur acharné de la cause qu’il combattait la veille. Autrement dit, un cerveau qui n’a pas été entraîné dans la préadolescence à prendre en compte l’existence de points de vue différents sur le monde peine ensuite à adopter une posture relativiste et, si d’autres circonstances s’y ajoutent, cette incapacité peut le pousser vers des engagements sectaires. L’adolescent que son éducation n’a pas préparé à penser la multiplicité des points de vue sera alors tenté par les mouvements politiques ou religieux radicaux qui le confirment dans sa manière de fonctionner. Mais la religion ou l’idéologie ne sont que des vernis ajoutés après-coup. Ces jeunes ne renoncent pas à leur sens critique sous l’effet d’un « conditionnement », c’est plutôt eux qui vont chercher une cause capable de légitimer leur propension à penser le monde selon un point de vue unique. Autrement dit, les mouvements radicaux qui font du prosélytisme ne sont pas la cause de la radicalisation d’une partie de la jeunesse, ils ne font qu’en cueillir les fruits. Les graines, elles, en ont été plantées bien avant, éventuellement par des parents ou des pédagogues d’une tendance politique ou religieuse différente, mais prisonniers d’un point de vue tout aussi radical. Ce qui est premier, chez les candidats à la radicalisation, c’est la fascination pour une explication univoque qui prétend tout expliquer.

Ce serait une erreur de croire qu’une « éducation morale » puisse remédier à ce problème. Le pire ne serait pas qu’elle ne produise aucun effet, mais qu’elle fabrique de petits moralistes tout aussi rigides et sectaires que ceux que nous devons aujourd’hui combattre. Il existe déjà bien trop de grands « psychorigides », gardons-nous d’en fabriquer de petits ! N’oublions pas le risque d’un basculement toujours possible d’une conviction dans une autre chez ceux qui pensent qu’une seule est possible. L’histoire est remplie de glissements de l’extrême droite vers l’extrême gauche, et vice versa, qui ont fait dire que les diverses tendances politiques ne se répartissent pas selon une ligne sur laquelle la gauche et la droite seraient à l’opposé l’une de l’autre, mais selon un « fer à cheval » dans lequel les extrêmes sont plus proches entre eux qu’ils ne le sont du centre. Une personnalité sectaire est chez elle partout où le point de vue de l’autre est balayé sans même être pris en compte. C’est pourquoi, à « l’éducation morale » préférons tout ce qui encourage chez l’enfant la prise en compte de la multiplicité des points de vue et les changements de perspective émotionnelle.

Plus nos expériences sociales nous confrontent à des personnes différentes de nous et de celles que nous côtoyons habituellement, plus nous sommes sollicités dans notre capacité de comprendre les états mentaux différents des nôtres. Pour développer l’empathie dans sa forme complète, il est essentiel d’encourager la compréhension des façons de penser, de ressentir et de vivre différentes des siennes. Et de le faire dans des situations qui mettent en jeu le partage et la compréhension mutuelle à travers des échanges en face-à-face. Car si les capacités d’empathie cognitive sont essentielles, elles ne doivent pas faire oublier l’importance de l’empathie affective. Les travaux sur les conséquences ravageuses de son absence, notamment dans l’expérience du « visage immobile » d’Edward Tronick, doivent nous inciter à soutenir partout les actions qui mettent au centre de l’interaction des visages réactifs et des relations fiables.
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L'empathie est donc une capacité complexe qui fait intervenir plusieurs composantes. La première est affective. C'est la capacité d'identifier les émotions d'autrui : elle assure entre les autres et soi la résonance sans laquelle la communication entre deux être serait impossible, et elle est facilement manipulable. La seconde composante de l'empathie consiste dans la capacité de comprendre que l'autre a des expériences différentes des miennes. Il s'agit d'une compréhension intellectuelle dont les émotions sont absentes et elle est facilement mise à profit pour manipuler autrui. Enfin, ces deux composantes se conjuguent dans la capacité de se mettre émotionnellement à la place de l'autre, et donc d'être affecté par la souffrance qu'on lui imagine. Il s'agit d'un processus qui combine la participation émotionnelle et la prise de recul cognitif. (pp. 12-13)
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En troisième lieu, les industriels ont réfléchi à la possibilité d’adapter l’objet exactement aux gestes et aux intentions de l’utilisateur quand il l’aperçoit. C’est ce qu’on appelle l’affordance. Les objets industriels sont dessinés et conçus pour que leur usage s’impose dans la relation que nous avons avec eux. Par exemple, la forme du volant d’une automobile nous indique clairement qu’en le tournant, nous allons faire tourner les roues du véhicule. Un levier pourrait avoir le même résultat, mais parlerait moins à notre imagination. La rondeur évidée du volant évoque la roue ronde qu’il commande.
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Nombre d'entre nous s'alarment à juste titre des informations approximatives et alarmistes que nous assènent sans répit les chaines d'info en continu, les alertes sur Internet et les réseaux sociaux.
Ces informations sont d'autant plus stressantes qu'elles sont de plus en plus intrusives.
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Une expérience réalisée avec des supporters sportifs le montre. L'adhésion d'un club de rugby qui voit un collègue recevoir une décharge électrique souffre pour lui, et cette souffrance est confirmée par le fait qu'il présente une activation de la même zone cérébrale dédiée à la douleur que la victime. Mais s'il voit souffrir de la même manière un supporter de l'équipe adverse, c'est la zone cérébrale dédiée à la récompense et au plaisir qui s'active chez lui. (p. 87)
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Vidéo de Serge Tisseron
État des lieux et enjeux
Avec la participation de Nora ABED, Gisèle APTER, Angélique BELMONT, Stéphane BOUCHARD Dana CASTRO, Nele DE WITTE, Bénédicte DEFONTAINES, Naomie DESIREE, Emmanuel DEVOUCHE, Haddia DIARRA, Philippe DRWESKI, Capucine DUBOIS, Quentin FRULEUX, Sara GABRI, Carlo GALIMBERTI, Richard GNASSOUNOU, Sarah HAMMAMI, Marianne JOVER, Gilbert LACANAL, Fredi LANG, Alice LECOQUIERRE, Andra LUNGU, Carine MILCENT, Sylvain MISSONNIER, Gladys MONDIERE, Clotilde PERREVE, Virginie PICCARDI, Fanny REDLINGER, Bertrand SCHOENTGEN, Serge TISSERON, Emmanuelle TRUONG-MINH, Inès UTRILLA, Tom VAN DAELE, Ilaria VERGINE, Xanthie VLACHOPOULOU
Un état des lieux sur les pratiques psychologiques à distance, en France et ailleurs, piloté par des acteurs majeurs de cette discipline.
Cet état des lieux des pratiques à distance des psychologues, en France et au niveau international, a pour objectif de nourrir les réflexions et les pratiques des professionnels et des chercheurs. En effet, les récentes et rapides évolutions de ces modes d'intervention facilitées par l'usage des TIC (technologies de l'information et de la communication) génèrent des débats éthiques et méthodologiques qui s'inscrivent dans les transformations du champ de la santé. Ainsi la télépsychologie, discipline encore assez nouvelle, est amenée à se développer de façon structurée grâce aux résultats de la recherche et aux apports des professionnels de terrain.
Si la pandémie COVID-19 en a généralisé l'utilisation pour permettre le maintien d'un lien ou d'une écoute dans une situation alors particulièrement anxiogène, elle a révélé la nécessité d'une meilleure formation des psychologues pour cerner les problématiques pratiques, techniques, méthodologiques, théoriques et déontologiques. Certains cadres existaient avant la crise dans le contexte scientifique plus large de la cyberpsychologie mais ils restent à enrichir voire à construire dans une démarche collective pour les inscrire dans le champ social, institutionnel et réglementaire. Les auteurs, acteurs majeurs de cette discipline, y contribuent.
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