Voilà, je viens de refermer ma lecture de ce grand classique de littérature asiatique, que j'avais fantasmé si longtemps. Peut-être est-ce pour cette même raison d'avoir attendu, mais pardonnez-moi je suis, déçu.
Pas par les premiers chapitres, ceux ou le fameux singe découvre son existence, ses envies, se développe et s'amuse un peu. Tout ceci est plein d'imagination, d'irrévérence, de piquant.
Par la suite. Dès que le périple commence, même dès la pénitence du singe, l'ensemble devient facilement moralisateur, se place en prosélyte zélé de l'ordre établi... Jusqu'à faire même voeux (sauf second degré qui m'aurait échappé - je suis loin d'être un bon connaisseur de la littérature asiatique) de propagande anti Tao et pro Bouddhisme dans certains des derniers chapitres.
Loin de moi l'idée que l'exotisme d'une haine religieuse d'Asie, par rapport à celles qu'on connait si bien en Europe et au Moyen Orient, pourrait ne pas avoir un intérêt d'étude. Ne serait-ce que pour se rappeler que tous les hommes sont les mêmes (et même si leur intelligence les rapproche si souvent de leurs pieds) partout autour de la planète. Mais on s'éloigne quand même ici considérablement de la liberté de pensée d'un
Cervantès, de la douce ironie de
Dante, et même de la dualité de
Virgile: entre poésie brute et flagornerie dans
l'Enéide. Et en tout cas on est à des kilomètres de mon gentil fantasme.
Il reste malgré tout la féérie des personnages, qui forment un bestiaire remarquable, et évidemment inspirant en lui-même. Heureusement.