Ce pourrait être une ronde amoureuse, mais sans aucun humour. Personne n'aime celui qui l'aime : Macha aime Treplev qui aime Nina qui aime Trigorine, qui, lui, se laisse aimer par Arkadina... Les mères sont indifférentes pour leurs enfants, voire les rejettent. Et cette ronde sans espoir est symbolisée dès le début par la marguerite effeuillée : la fleur le dit, elle ne l'aime pas.
Personne ne semble non plus être à sa place : la jeune fille de
théâtre rêve de devenir actrice à la ville, l'actrice reconnue ne reconnaît pas son fils qui révèle son âge, l'écrivain célèbre ne s'occupe pas de sa gloire tandis que celui qui en a la vocation n'est pas assez reconnu.
C'est donc une pièce sur les espérances déçues, les amours perdues, les vocations qui ne s'accomplissent pas, les rêves qui échouent. Il n'y a pas de solution possible, le temps passe et fait vieillir les coeurs et changer les corps, et chacun fuit à sa manière son désespoir - un mariage sans amour, un amant plus jeune, les plaisirs charnels, l'amour paternel, jusqu'au suicide.
Malheureusement, je n'ai pas toutes les références culturelles sur la littérature russe pour avoir compris toutes les allusions, notamment à l'art novateur de Treplev.