"les arbres des forêts sont des très belles femmes dont l'invisible corps sous l’écorce est vivant" écrivait le poète Pierre Louÿs.
Les arbres ont si puissamment empoigné le monde qu'ils n'en sont pas séparables.
L'arbre nous donne l'heure intime du monde.
"Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme" clamait Victor Hugo dans ses "Contemplations".
Tout penseur est un jardinier qui s'ignore.
Au bout du compte, les végétaux comme dans les sociétés humaines , c'est l'inégalité dans l’accès aux ressources qui compromet les cohabitations heureuses.
La lenteur de l'arbre n'est pas qu'une moindre vitesse, qui demeurerait mesurée, comptabilisée, surveillée. Elle reste un libre ajustement au rythme propre du vivant. L'arbre croît et se développe selon la farandole des cycles temporels qui gouvernent le cosmos. Par son lent avènement, sa patiente dilatation, cet être de silence s'accorde aux élans du monde. Ni en avance ni en retard, il prendre le temps comme il vient. Sensible aux inflexions saisonnières, aux fluctuations quotidiennes de la lumière, il se laisse guider par une temporalité cosmique dont il incarne une vivante clepsydre.
Face à un monde numérique empli de virtualités, notre intérêt pour le biomimétisme semble une compensation nécessaire. Il panse le déracinement dont souffre notre être profond.
Nous vivons dans la mémoire de mondes anciens intimement peuplés d'arbres, où nous avons appris à nous mouvoir.
Il est vrai que chaque arbre dessine, bien qu'imparfaitement, sa propre histoire. On y lit ses accidents de parcours, ses tentatives inabouties, ses plongées dans l'espace.