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Julien Talpin (Autre)
EAN : 9782490205035
176 pages
Editions les etaques (29/01/2020)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Pourquoi les quartiers populaires ne se révoltent-ils pas plus souvent ? Alors qu'ils sont ravagés depuis des décennies par un urbanisme au rabais, le chômage de masse et les humiliations policières, Julien Talpin explore les raisons pour lesquelles ces quartiers peinent à asseoir leurs intérêts. Il montre que les entraves aux mobilisations collectives tiennent moins à ce qui serait l'apathie fataliste des habitants qu'aux multiples tactiques répressives déployées p... >Voir plus
Que lire après Bâillonner les quartiers : Comment le pouvoir réprime les mobilisations populairesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les quartiers populaires sont ravagés depuis des décennies par un urbanisme au rabais, le chômage de masse et les humiliations policières. Pourtant, ils se révoltent peu. Julien Talpin, sociologue et chercheur au CNRS, met à nu les tactiques répressives et les logique disciplinaires déployées par les pouvoirs publics pour entraver les mobilisations collectives : chantage clientélaire aux subventions, disqualification islamophobe des opposants, piqûre anesthésiante de la démocratie participative, complètent la répression policière et judiciaire et ont un effet décisif dans la démobilisation des classes populaires et la production de la paix sociale. Il souhaite ainsi « contribuer à armer la critique et l'auto-organisation ».
(...)
Enquête édifiante, car si l'acharnement et les entraves déployés à l'encontre de militants, sont parfois visibles localement, à condition d'en être directement témoin et d'échapper au filtre des médias locaux, ils sont rarement perçus comme pratiques systématiques.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Merci à Babelio pour cette opération Masse Critique et aux Éditions Les Etaques de m'avoir permis de recevoir « Baîllonner les quartiers » de Julien Talpin.
Sociologue et chercheur au CNRS, Julien Talpin nous offre ici un regard sur les stratégies dont usent les ennemis des militants des quartiers populaires. Je vais citer l'auteur lui-même car ces deux passages expliquent mieux que je ne pourrais le faire ce que vous pouvez attendre de cette lecture :
- «Ce livre explore une autre piste, complémentaire : le rôle des multiples entraves au développement du militantisme dans les quartiers populaires. On ne peut en effet comprendre les difficultés de ces mobilisations sans donner une place prépondérante aux répressions dont elles font l'objet et aux contraintes - matérielles, symboliques et politiques - très fortes dans lesquelles elles s'inscrivent. »
- «  C'est donc toute la gamme de ces tactiques de pouvoir qu'on tentera de décortiquer : de l'interdiction des rassemblements à l'assèchement des ressources matérielles nécessaires à la mobilisation, du délit d'opinion à la criminalisation de la critique sociale ou l'emprisonnement de militants présentés comme des délinquants de droit commun. »

Je ne me considère pas comme une personne naïve, et le choix de ce livre lors de l'opération Masse Critique n'était pas le fruit du hasard : j'aime la sociologie, et connaître les mécanismes de discrédit était en accord avec mes convictions et rejoignait des lectures antérieures.
Cependant, je ne m'attendais pas à découvrir un tel...rouleau compresseur…C'est d'une violence qui donne la nausée : harcèlement, discrédit, tout est fait pour épuiser les forces, casser les équipes, saper les finances. La multiplication des attaques à l'encontre des militants, mêmes vaines et ridicules : tout est mis en oeuvre pour épuiser, décourager, effrayer même les militants . Ces derniers passent plus de temps à se défendre et justifier leurs démarches, donner des preuves du bienfondé de leur démarche...qu'à militer.
Témoignages, enquêtes : Julien Talpin revient sur des luttes, des naufrages. Une fois remise en question la réputation d'une association, ou de l'un de ses membres fondateurs, même si la preuve de la diffamation est faite, le mal est ancré, la suspicion naît : c'est souvent le début de l'effondrement pour l'association.

Ce livre m'a aussi permis de réaliser combien j'étais moi aussi perméable, malgré mes luttes, espoirs, « convictions », mes lectures, et le recul que j'espère garder face à la propagande médiatique. Malgré tout, certaines choses se sont ancrées insidieusement en moi et je les ai découvertes avec surprise : une certaine image des « quartiers » qui me prédispose malgré moi à considérer différemment des revendications qui viendraient d'un village de campagne et de HLM de banlieues. Ça a été un choc de ressentir en moi cette « résistance », cette « construction » qui s'est faite insidieusement au fil des années et que la lecture de ce livre a bousculé. A mon sens, c'est une preuve supplémentaire de l'importance de ce livre: il révèle des mécanismes dont on a à peine conscience, mais qui contribuent à faire le jeu des "puissants".

Le livre de Julien Talpin met aussi en lumière des stratégies qui peuvent devenir des pièges pour la parole populaire, telle la démocratie participative qui finalement devient l'instrument du pouvoir en place qui court-circuite toutes les initiatives venant de la population : s'emparer de la possibilité de pouvoir « dire » pour finalement éteindre les voix.

Discréditer pour faire douter...diviser pour mieux régner ...de vieilles recettes qui marchent si bien !
Dans quel état sort-on de ce broyeur si l'on persiste à défendre les gens des quartiers populaires, à continuer à mobiliser les forces, les ras-le -bol, pour tenter désespérément une amélioration des conditions de vie, une reconnaissance, un peu d'humanité ?

J'achève cette lecture pleine d'une admiration renforcée pour celles et ceux qui portent ces combats et donnent de leur temps, de leur vie, pour aider. Mais aussi emplie d'un dégoût renouvelé pour les machinations pestilentielles de certaines institutions et pouvoirs en place. Triste, également, car, comme le souligne un militant : eux ont l'argent, le temps...et pas nous.
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Masse critique m'a permis de découvrir les éditions Etaques par ce livre dans la catégorie non-fiction et m'a permis d'aborder
un sujet qui est parallèle à mes lectures habituelles sur les mouvements sociaux, police/justice, protestation/contestation
à savoir celui des "quartiers" où ces sujets se regroupent.
Il peu paraître paradoxale de dire que les quartiers sont baillonés alors que de nombreuses initiatives sont mises en place pour donner la
paroles aux habitants. Mais ces initiatives ne sont considérées que lorsqu'elles sont contrôlées par les pouvoirs locaux. La démocratie participative est vite vue comme une démocratie au rabais par les participants et très souvent utilisée comme un leurre par les autorités.
Ainsi ce livre éclaire les stratégies visant à contrôler si possible ou affaiblir, délégitimer sinon les initiatives d'habitants devenus
"poil-à-gratter" des autorités locales . le "grand débat" d'E. Macron est une illustration magistrale, nous dit l'auteur, de comment on
fait diversion, divise la population et démobilise un mouvement massivement soutenu comme l'étaient les gilets jaunes.
Pour nombre d'élus, leur élection constitue le sacre suprême qui justifie d'exercer seul le pouvoir de décision qui leur est confié. Se pose
alors la question de la légitimité dans un processus démocratique miné par l'abstention.
Les propos tenus par certains élus au sujet de leurs électeurs rapportés vers le fin du chapitre 3 vous feront dresser les cheveux sur la tête.
L'auteur examine quelles sont les contestations admises et quelles sont celles qu'on ne veut pas voir se développer. Les exemples étudiés
sont ceux de quartiers de grandes métropoles du Nord-Pas de Calais et aussi d'autres événement qui ont eut un retentissement national.
Par eux, l'auteur montre les moyens déployer pour les étouffer lorsqu'ils deviennent gênant.
La question du financement est abordée ensuite puisque centrale dans la survie d'un mouvement dont il est rare qu'il puisse être autonome.
Financer c'est choisir qui ou quelles actions on finances. Accepter d'être financer, sans avoir vraiment le choix, c'est renoncer à son
autonomie et parfois s'auto-censurer. Ici, le clientélisme n'est pas loin.
Quand le clientélisme s'efface faute de moyens à distribuer, c'est la répression et la criminalisation des militants qui prend le relais.
Le constat dressé m'a paru faire des mobilisations populaires un combat perdu. L'auteur tente de minimiser cette impression en fin d'ouvrage
mais les victoires sont peu nombreuses et minces quand elle sont.
La conclusion montre un État faible puisque qu'ayant recours quasi systématiquement à la répression pour éteindre les mouvements sociaux et une démocratie française finalement allergique aux contre-pouvoirs qui pourtant font vivre la démocratie.
La volonté de ce livre est donc de mettre au jour les pratiques politiques visant à étouffer les mouvement sociaux pour permettre de
mieux les contrer.
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Dans cet ouvrage il est question de "démocratie" dans les quartiers populaires du moment que la population aille dans le sens des élus en place.
A travers des analyses de situation dans différents quartiers et de témoignages de militants de quartiers populaires, l'auteur constate que les pouvoirs publics par tous les moyens ( arrêt des subventions, poursuite judiciaire...) de faire taire les contestataires.
Cette entrave au militantisme se retrouve dans toute la France, ce n'est pas juste lié à quelques communes ou encore à un parti politique.
Ce livre est édifiant. Je vous me conseille.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Les vertus dissuasives de la répression policière sont d'autant plus élevés pour les habitants des cités qu'ils sont particulièrement ciblés par les forces de l'ordre au quotidien. Les contrôles au faciès discriminatoires, les insultes racistes et la violence physique entretiennent non seulement une défiance considérable à l’égard de l'institution policière, mais façonnent également le rapport à l’espace – les contrôles policiers exercés notamment en dehors des quartiers n’incitent en effet pas franchement à en sortir – et à l’engagement. 
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Ce livre explore une autre piste, complémentaire : le rôle des multiples entraves au développement du militantisme dans les quartiers populaires. On ne peut en effet comprendre les difficultés de ces mobilisations sans donner une place prépondérante aux répressions dont elles font l'objet et aux contraintes -matérielles, symboliques et politiques-très fortes dans lesquelles elles s'inscrivent.
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Pour celles et ceux qui , en interne, doivent batailler pour défendre des thématiques jugées controversées, cela coûte aussi une partie de leur capital militant, pouvant toujours se voir reprocher par leurs camarades de "radicaliser le débat public" ou de "décrédibiliser l'image du syndicat". La disqualification contribue à diviser les collectifs, à placer une ombre ou un doute sur la réputation de certains militants, devenus "infréquentables", "sulfureux" ou "borderline", affaiblissant d'autant leur ressource première, leur capacité de mobilisation.
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Bâillonner les quartiers, c'est d'abord les considérer en problème, en population à risque qu'il faut gérer. Le traitement des mobilisations issues de banlieues découle de la constitution des quartiers populaires en "zone de non-droit". Qualifiés de "racailles", de délinquants" et plus récemment de "communautaristes" ou de "terroristes", les militants des quartiers apparaissent comme une menace pour la République.
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La démocratie participative vise bien souvent à couper l'herbe sous le pied des mobilisations populaires, quelle que soit leur zone d'expression. Elle incarne la main gauche de l'État, quand la répression violente en constitue la main droite, les deux oeuvrant de concert pour briser le front de la critique et faire taire les oppositions.
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Videos de Julien Talpin (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Talpin
Ils et elles sont Français·es et musulman·es. Ont grandi et étudié en France. Et ont fini par quitter leur pays. D'autres y réfléchissent. Comment expliquer ce phénomène d'exil à bas bruit ? Discussion dans À l'air libre.
Avec :
Julien Talpin, directeur de recherche au CNRS, spécialiste du racisme;
Olivier Esteves, professeur à l'université de Lille, spécialiste de l'ethnicité et de l'immigration, coauteurs de la France tu l'aimes mais tu la quittes (Seuil)
Maryam Pougetoux, étudiante et ancienne vice-présidente de l'UNEF
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