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Kirsi Kinnunen (Traducteur)
EAN : 9782878272352
168 pages
Rackham (04/10/2019)
4.1/5   435 notes
Résumé :
La légende urbaine voudrait que Leonardo DiCaprio ait enchaîné trente-deux conquêtes – toutes de sublimes top models – mais sans tomber amoureux d’une seule. Faut-il en chercher les raisons dans les arcanes de la société de consommation et sa propension au narcissisme ? Dans les lois de la biologie ? Ou, tout bêtement, dans le fait que ce cher Leo ne soit pas encore tombé sur la bonne ? Et nous, dans tout ça, sommes-nous, comme lui, des complexés de l’engagement ?<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 435 notes
Liv Strömquist poursuit, quelques années après « Les sentiments du prince Charles » sa réflexion sur l'amour, pas au temps du choléra, mais de nos jours, à travers deux exemples issus de la pop culture : les relations amoureuses à répétition de Leonardo di Caprio (victime au long cours de l'ouvrage), et l'indépendance amoureuse décrite dans la chanson « Irreplaceable » de Beyoncé.

L'autrice s'interroge ainsi sur la raison pour laquelle le héros de Titanic choisit toutes ses compagnes selon le même modèle : l'amour ne consiste-t-il pas à chercher son âme soeur, l'être en un seul exemplaire qui fait battre son coeur, justement en raison de ce caractère unique et introuvable ailleurs ?

Pour démontrer sa théorie, Liv Strömquist emprunte beaucoup des théories de l'essai de la sociologue Eva Illouz, « Pourquoi l'amour fait mal. L'expérience amoureuse dans la modernité » (celle-ci étant bien sûr à chaque fois citée, l'autrice faisant toujours un solide travail documentaire). L'explication de départ est que l'amour d'aujourd'hui est narcissique et autocentré, et à ce titre est incapable de distinguer l'autre dans son altérité ni même de reconnaître celle-ci.
En outre aujourd'hui, on a l'embarras du choix dans ses partenaires, alors qu'aux siècles précédents, il était bien plus contraint (le mariage était un contrat économique avant tout…)

Liv Strömquist aborde par la suite d'autres éléments plus novateurs : certains éléments constitutifs du statut social de la masculinité se sont érodés avec l'avènement de la modernité et du féminisme. Les hommes n'ont donc la possibilité d'exercer une autorité machiste que dans la sexualité, ce qui a mené à la longue à un détachement affectif et une certaine phobie de l'engagement qui caractérise certains spécimens (heureusement pas tous !). On est loin de la masculinité du XIXe siècle qui était, selon Eva Illouz, « définie dans la classe moyenne en termes de capacité à ressentir et à exprimer des sentiments forts, à formuler des promesses et à les tenir et à s'engager auprès d'autrui avec détermination et résolution »…
Mais en réponse à cette tentative de domination affective, les femmes ont adopté l'attitude masculine du détachement affectif et de la sexualité sérielle, pour atteindre cette espace de statut supérieur que les hommes se sont appropriés.

Ce qui fait le lien avec l'autre chapitre de la bande dessinée, « Un autre toi en une minute » : à partir de la chanson de Beyoncé (une femme déçue de son amant lui explique qu'elle trouvera mieux rapidement), Liv Strömquist interroge cette conception de l'amour féminin, sorte d'auto-empowerment où les femmes suraffirment leur valeur, refusent tout sacrifice pour dresser leurs sentiments et éviter des expériences négatives dans leurs relations amoureuses risquant de déprecier leur estime de soi. A partir de ce principe, peut-on quand même atteindre un amour heureux, puisque l'amour n'a rien d'inexplicable et de magique ? puisqu'on peut aimer et désaimer sur commande ?
C'est aussi typique de la société capitaliste dont l'un des moteurs est la performance, et qui sous-entend ainsi qu'« on devrait pouvoir créer un amour heureux sans mauvais côtés à la seule force de notre comportement », tout échec pour y parvenir étant de notre faute.
Car on n'est plus dans une société du devoir, mais pire, dans une société du pouvoir, ou l'on doit être capable de produire la meilleure version de soi-même, de peur de passer pour un raté.

Liv Strömquist est une autrice que j'aime beaucoup pour la finesse, la pertinence et la drôlerie de ses explications. Toutefois, j'ai moins aimé ce volume, car j'ai eu l'impression qu'elle n'a pas assez su prendre de recul sur sa lecture d'Eva Illouz, puisque l'essentiel de ses théories repose sur un seul ouvrage. Je ne suis pas particulièrement fan de Leonardo di Caprio mais j'ai été un peu gênée et agacée qu'il soit le running gag de l'ouvrage et surtout que Liv Stömquist parle à sa place (que sait-elle de ses pensées sur ses relations amoureuses après tout) ? de plus, certaines idées présentes le sont faites de manière un peu répétitive et pas forcément toujours convaincante. Bref, petite baisse de forme sur ce volume, qui ne m'empêchera pas toutefois de lire les suivants.
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Cette bande dessinée est vraiment très intéressante. C'est une étude sociologique sur le sujet des relations amoureuses, il aborde la notion de rapport à l'autre, de recherche de l'amour, de coup de foudre, il fait un tour exhaustif, historique, psychologique, c'est très complet, j'aurais presque envie de le faire lire à quelques proches.
Malheureusement, la forme ne m'a vraiment pas convaincu. Les texte écrit à la main, avec de grosses lettres puis des toutes petites à côté, c'est très pénible à lire pour ne pas dire impossible pour un presbyte, j'ai beaucoup peiné, la lecture était très laborieuse, pour une lecture où il faut quand même cogiter, ça ne le fait pas. J'ai préféré les oeuvres de Liv Strömquist plus militantes, parce que plus directes dans l'argumentation. Ici, la forme est vraiment un handicap, le format bande dessinée au graphisme un peu torché m'a gêné, et le plaisir de lecture n'était pas au rendez-vous. J'aurais préféré lire tout ça sous forme de prose.
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C'est incroyable ce que le genre « bande dessinée » peut abriter de propos différents. Adepte de la ligne claire dans mon enfance, des facéties de Gotlib à l'adolescence, je tente aujourd'hui des incursions dans le roman graphique contemporain. Mais ici, on est encore dans autre chose car La rose la plus rouge s'épanouit n'est pas romanesque du tout. C'est une très sérieuse enquête sur la disparition d'une faculté dont l'homme s'est pourtant longtemps prévalu : la capacité à tomber amoureux. Pour suivre la piste d'un amour désormais impossible à éprouver, sont convoqués sur un pied d'égalité, des extraits de magazine people et quelques pointures sociologiques ou philosophiques : Eva Illouz, Byung-Chul Han, Platon, Erith Fromm, Randall Collins ou Kierkegaard.
Le cas des amours sérielles de Léonardo di Caprio, qui n'a de crush que pour des mannequins de maillots de bain, sert de fil rouge à ces interrogations. La fascination qu'éprouve toute midinette pour les stars permet d'accrocher la problématique tout en lui conférant un caractère caricatural qui la laisse confortablement à distance de nos propres comportements moins outranciers mais tout aussi révélateurs de cette incapacité contemporaine à tomber amoureux. Je me suis donc trouvée triplement happée : par le désir d'apprendre quelque chose sur Léonardo di Caprio (je partais de très loin, l'ayant plus ou moins laissé à l'époque où il coulait sur un iceberg et j'ignorais ainsi tout de sa fascination pour les catalogues de lingerie), par une scénarisation habile qui utilise tous le potentiel graphique de la mise en case et par la facilité à (re)découvrir la pensée parfois complexe d'auteurs ici obligeamment organisée afin de servir la démonstration. Liv Strömquist traite vraiment son lecteur comme un roi !
Sur le fond, le propos tient les promesses de la forme et sans dévoiler la résolution du mystère, je dirais juste qu'elle a beaucoup à voir avec une société individualiste qui empêche que l'on voie l'autre autrement que comme le miroir d'un narcissisme à rebooster, qui maximise le choix au détriment d'une persévérance à entretenir la mini religion que constitue une vie de couple sur la longueur. Rien de très jojo donc, mais comme c'est expliqué de manière aussi stimulante qu'amusante, ça passe crème.
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Quand on voit à quelle fréquence Leonardo DiCaprio change de petite amie, il est assez aisé de douter de la profondeur de ses sentiments amoureux envers les nombreuses mannequins de maillot de bain qui se succèdent à son bras ou à son guidon, l'homme étant amateur de balades citadines à vélo. Se pose alors une question simple : c'est quoi, être/tomber/rester amoureux ? « On sait qu'il n'y en a pas d'autres comme la personne dont on est amoureux – c'est ça d'être amoureux de quelqu'un. » Passé le constat liminaire selon lequel le beau (ça se discute...) Leo change de copine comme de chemise, l'autrice/dessinatrice s'interroge sur le bonheur en amour. Elle fonde sa réflexion sur divers essais relatifs à la masculinité et aux relations sentimentales/maritales. Elle démontre notamment qu'un renversement s'est opéré en quelques décennies entre les rôles sociologiques des hommes et des femmes. Au 19e siècle encore, c'était les premiers qui exprimaient intensément leurs sentiments et leur volonté de s'engager à vie avec une compagne au sein d'un foyer. « Tomber amoureux est une espérance surnaturelle/mystérieuse/indéfinissable. » À moins que cela ne relève que de la biologie évolutive ? Dans l'amour s'affrontent l'altérité chérie de l'autre et l'égoïsme porté à soi-même. Aimer est-il nécessaire pour vivre ? Survivre ? Perpétuer l'espèce ? Être heureux ?

Comme dans Les sentiments du Prince Charles, Liv Strömquist développe une pensée claire et pertinente sur la qualité des rapports entre femme et homme. le graphisme a hélas été un vrai frein à ma lecture et il m'a fallu pas mal d'efforts pour surmonter mon peu d'attrait pour le caractère visuel de cette oeuvre. Fort heureusement, le fond est suffisamment puissant et intéressant pour avoir su capter mon attention.
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Dans cet ouvrage, nous retrouvons les thèmes chers à Liv Stömquist : les relations amoureuses (ou pas) entre les êtres.
Tout commence avec Léonardo di Caprio avec cette question : pourquoi cet acteur n'arrive-t-il pas à lier une relation durable avec une femme et qu'il accumule les relations plutôt brèves avec des mannequins de bikinis.
Liv Stömquist multiplie les références, croise les références historiques et les analyses de psychologues, de sociologues et de philosophes afin de tenter de comprendre ce qui se passe entre deux êtres, d'où vient l'amour, le coup de foudre, l'arrêt de l'amour et, chose que j'ai trouvé particulièrement édifiante : comment étaient les rapports entre l'homme et la femme dans les relations amoureuses au XIXe siècle...
Je suis ébahie, je ne réalisais pas vraiment que la façon dont je me comporte dans ma vie quotidienne (parce que, oui, je me retrouve dans ce qui est écrit sur les femmes du XXIe siècle) est en fait le produit d'une mutation sociologique.
Mais bref, ceci dit, je n'ai pas été aussi scotchée par cet essai que je ne l'avais été par Les sentiments du prince Charles et je me demande si, dans le cas de ce volume, le format 'BD' n'était pas une fausse bonne idée. Il y a, comparativement, trop de texte ,dans des polices trop irrégulières et trop différentes par rapport aux dessins qui n'apportent finalement pas grand chose.
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critiques presse (1)
LaPresse
12 décembre 2019
Bien que le contenu soit assez dense (le texte est aussi important que le dessin), Liv Strömquist nous propose un formidable condensé de nos comportements amoureux (contradictoires) et de nos multiples interrogations sur le sujet. [...] Un livre illustré brillant… et utile pour qui s’intéresse aux affaires du cœur.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« Être amoureux c’est donc comme être complètement impuissant, sans bras ni jambes, une sorte de viande à kebab qui tourne sur elle-même dans un snack-bar graisseux, capable de rien, sauf de cramer, désemparée de ne pouvoir rien faire sauf être une sorte d’espace d’accueil d’un désir, un unique désir, celui d’être près d’un abruti qui s’appelle Kevin . » Liv Strömquist
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Dans un article du journal Haaretz, Eva Illouz écrit : "Tomber amoureux peut arriver à n'importe qui et l'amour est effectivement aveugle - mais pour permettre à l'amour de durer, il faut des yeux grands ouverts qui soutiennent intensément le regard de l'autre, jour après jour. Être aimé par une autre personne, c'est traverser quelque chose qui ressemble au développement d'une photo - nous révélons lentement à l'autre notre vrai visage, notre vrai moi, à travers le regard persistant et pénétrant de l'autre. L'amour voit et sait, être aimé c'est être connu et reconnu. Contrairement à la recherche narcissique de son reflet dans les autres, il se passe autre chose lorsque deux personnes se regardent avec clarté et se renvoient l'image l'un de l'autre. Ainsi, alors qu'un miroir ne renvoie jour après jour que la même désespérante image, deux miroirs parallèles élaborent et construisent un réseau net et dense qui entraîne l'œil humain dans une trajectoire infinie, sans limites, infinie dans la pureté géométrale, au-delà des souffrances et du monde."
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« Tomber amoureux est une espérance surnaturelle/mystérieuse/indéfinissable. »
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Leonardo DiCaprio est comme une plaque de cuisson tiédasse qui ne fera jamais vraiment bouillir l’eau.
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« On sait qu’il n’y en a pas d’autres comme la personne dont on est amoureux – c’est ça d’être amoureux de quelqu’un. »
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Videos de Liv Strömquist (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Liv Strömquist
1,2,3 BD ! Chez les libraires ! vous présente les BD coups de coeurs d' Aurélien et la librairie le Bidibul à Troyes. Également un petit focus sur le festival le crayon vert et la venue à la librairie de David Snug pour la lutte pas très classe éd. Nada ! - le Petit théâtre des opérations, Toujours Prêtes ! de Virginie Augustin et Julien Hervieux chez Fluide - Astrologie de Liv Strömquist chez rackham - Poltron Minet de Madd - Mayen - Éditions Dupuis 1,2,3 BD c'est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture. #GALERIE #BD #POPCULTURE #BANDEDESSINEE #COMICBOOKS #9EMEART Retrouvez 1,2,3 BD ! Chez les libraires! sur : https://www.youtube.com/TraitpourtraitBD https://www.facebook.com/TraitpourTraitBD https://www.instagram.com/traitpourtraitbd/ https://twitter.com/TPTBD
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