Anne Sizaire nous propose un rapide tour d'horizon de la résistance allemande au nazisme, de 1933 à 1945 environ. Je dis "rapide" car l'auteure procède par touches, via de courts chapitres, oscillant entre 5 et 10 pages, centrés sur une ou deux figures mémorables de la résistance allemande.
Cela va de religieux, prêtres ou évêques, à des artistes en passant par des communistes. On retrouve donc, dans le désordre,
Inge Scholl ou
Klaus Mann, ou les comploteurs de l'opération Walkyrie... Je ne connais pas assez le sujet pour remettre en question la sélection faite par l'auteure.
Dire qu'
Anne Sizaire trace le portrait de résistants, c'est beaucoup dire. Elle fait plutôt de l'impressionnisme, et ne fait qu'effleurer un sujet difficile. Difficile, parce que les nazis se sont bien chargés d'éliminer toute résistance. Parce que les Russes ont aussi pas mal fait le ménage en ne faisant pas le tri entre les Allemands. Parce que des résistants connus, il n'y en a pas tant, contrairement à ce qu'
Anne Sizaire souhaite nous montrer.
Que cela soit clair, les résistants allemands ont été nombreux. Ils ont eu à choisir entre la peste et le choléra. Ils sont, souvent, restés anonymes, repoussant l'abject par de petits gestes quotidiens. Il fallait aussi penser à sauver sa propre peau, je ne leur jette pas la pierre, tout comme
Anne Sizaire.
L'auteure est journaliste, et cela se sent dans sa manière d'écrire. C'est souvent très clair et direct, sans fards (et d'autant plus dur), mais quelques envolés lyrico-emphatiques viennent (à mon avis) un peu gâcher le tout. Bémol plus consistant:
Anne Sizaire compile des sources existantes, elle n'utilise aucun matériel propre, nouveau, originale. Cela dit, cela reste un témoignage important alors qu'en 2018 l'Europe semble définitivement oublier les horreurs passées et se tourner vers les populismes les plus primaires. le message d'
Anne Sizaire est que nous pouvons résister, tous, à notre niveau, et qu'il n'y a pas de niveau plus petit qu'un autre.