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Critique de Patsales


Un petit-fils parle avec sa grand-mère survivante de Nagasaki et cherche à comprendre pourquoi la bombe a été larguée. Elle n'était pas nécessaire au processus de paix.
« La justice, donc, n'est pas importante ?
— Il n'y a pas de justice. Il y a seulement la vérité.
Ma mère buvait à petites gorgées l'eau de son verre.
— Pourtant, continua-t-elle, il est évident qu'après la guerre, les Américains ont apporté la démocratie au Japon. »
Oui, nous dit ce dialogue : il existe une vérité des faits. Mais les faits eux-mêmes se contredisent. Et les conséquences de nos actes, même les plus terribles, ne sont pas forcément ce qu'on attendait. Chaque livre de la pentalogie a un narrateur différent pour raconter les mêmes faits. Seul le lecteur a accès à toutes les pièces; mais l'essentiel tient dans ce premier tome. La vérité explose et foudroie, comme la bombe atomique. Son rayonnement nous atteint bien longtemps après qu'elle a éclaté. Mais peut-être son souvenir empêchera-t-il de commettre les mêmes erreurs.
De livre en livre, la même histoire se répète et dévoile un Japon victorien où les enfants illégitimes sont légion, ignorant leur « origine douteuse » quand ils sont adoptés, raillés et humiliés quand ils restent sans père, risquant leur vie si l'on venait à apprendre qu'ils sont coréens plutôt que japonais.
Cette honte des origines se manifeste dans deux scènes de sexe particulièrement dérangeantes. La première dans le premier livre est racontée par une jeune fille qui, la nuit, observe son père faire l'amour et qui transmet les détails de cette scène primordiale à sa propre fille. La deuxième dans le dernier livre est à la lisière du viol et de l'initiation à la sensualité, elle est narrée dans sa dimension érotique par une grand-mère à sa petite fille.
Dans le premier cas, la révélation de la sexualité sera mortifère; dans le second, elle amènera peut-être une pitoyable résolution : non, les jeunes filles ne doivent pas coucher avec des hommes mariés plus âgés. Mais en se détournant de ceux qui pourraient être leur père, elles courent le risque de tomber amoureuses de leur frère…
J'ai eu du mal à entrer dans ce conte aux symboles appuyés et répétitifs (les palourdes, les hirondelles, les fleurs), dont les multiples points de vue évoquent moins le tremblé d'une vérité qui se dérobe que la faillite narrative d'une histoire qui tourne en rond. Conte amoral qui ne semble pas lui-même savoir ce que son lecteur va pouvoir faire de ces vaines et tardives révélations.
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