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Une BD labyrinthe où la pensée erre, se perd, s'étonne, se désespère. Dans une ville où l'architecture et les personnages sont en équilibre entre passé et futur, pierre et végétal, angles et courbes, où les murs s'effilent vers le haut, emprisonnent l'horizon, où les personnages à demi léthargiques, aux gestes et paroles répétitifs... dans cette ville, le lecteur s'interroge. Quelle est cette ville, Samaris, que cache-t-elle derrière ses murailles, au coeur de sa machinerie sifflante, de son décor endormi ?

Les quatre chapitres des Mystères de Pâhry qui suivent Les Murailles de Samaris sont tout aussi surprenants, un peu trop courts peut-être. Cauchemardesques et obscures, les images nous piègent.

Tout dans cette BD concourt à nous faire perdre pied pour nous embarquer dans un autre univers. Un univers intérieur, vertigineux, une plongée dans les méandres de la pensée, d'images, de peurs, de quêtes, de fuites, d'ombres. Un voyage ténébreux et philosophique, des personnages qui vivent de façon parallèle aux lignes architecturales établies, où des personnages titubent, ils sont à part, différents, hors normes, au bord de la folie, à moins que ce ne soit de la clairvoyance.

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"Les murailles de Samaris" est tout à fait le genre d'oeuvre qui m'intéresse en B.D. Avec ce 1er tome de la série "les cités obscures", Schuiten et Peeters font preuve d'audace et d'exigence, que ce soit visuellement ou narrativement.

Franz, habitant de Xhystos, est envoyé en mission officielle à Samaris. Les précédents émissaires ont disparu sans jamais donner de nouvelles. Arrivé à Samaris, Franz découvre une ville bien étrange dans laquelle, très vite, il se sent mal à l'aise.

Je ne veux pas trop en dire sur l'histoire pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui liraient cette B.D. Sachez simplement que le scénario écrit par Peeters est étonnant, audacieux et très inventif. L'intrigue est peut-être menée un peu trop vite et aurait pu être développée d'avantage sur certains aspects mais cela reste un scénario remarquable qui a quelque chose de fascinant.

Visuellement, c'est tout simplement superbe. Schuiten propose des illustrations recherchées et d'une grande beauté. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est la représentation des deux villes, qui sont ici de véritables personnages avec chacune une identité propre. Les amateurs d'architecture et de design seront aux anges.
L'architecture de Xhystos est très représentative de l'art nouveau. Schuiten affirme d'ailleurs avoir imagine Xhystos comme si cette ville avait été entièrement créée par Victor Horta. Ce côté art nouveau donne une tonalité rétro-futuriste très séduisante à certaines pages.
Quant à Samaris, ses édifices monumentaux évoquent plutôt le baroque, tandis que le coeur de la cité réserve des surprises (je n'en dis pas plus pour laisser le plaisir de la découverte).
Le travail de Schuiten sur la représentation des villes est absolument remarquable, parmi les plus impressionnants que j'ai pu voir, travail magnifié par une utilisation très réussie des couleurs.

J'ai beaucoup aimé ce 1er tome des "cités obscures" et j'ai hâte de découvrir les autres merveilles imaginées par Schuiten et Peeters dans les tomes suivants.
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Il s'agit du premier récit réalisé par François Schuiten (dessins) et Benoît Peeters (scénario) dans le cycle des Cités Obscures. Cette histoire a été prépubliée dans le magazine "À suivre.." et est parue en album pour la première fois en 1983. La présente édition (2007, référence ISBN-10: 2203006919) comprend l'histoire "Les murailles de Samaris" (46 pages) en couleurs, ainsi que les 4 premiers chapitres d'une histoire postérieure restée inachevée "Les mystères de Pâhry" (31 pages) en noir & blanc, en couleurs pour le dernier chapitre.

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- Les murailles de Samaris - La première séquence s'ouvre sur 3 pages permettant de découvrir l'architecture de la cité de Xhystos, alors que des cellules de texte extraites du journal intime de Franz Bauer commentent sur la manière dont il a été recruté pour être envoyé en mission à Samaris. Ces commentaires laissent supposer que les événements se déroulant à Samaris menacent la tranquillité des citoyens de Xhystos sans qu'il soit possible de déterminer la nature du risque. Plusieurs missions ont déjà été envoyées à Samaris, mais aucune n'est revenue. D'abord opposés à ce départ, ses amis finissent par l'accompagner jusqu'aux portes de la ville pour son voyage vers Samaris. Anna, sa compagne, lui déclare qu'elle ne l'attendra pas et que son départ signifie leur rupture. Après un voyage difficile (mais assez bref en nombre de pages, seulement 5), Franz arrive à Samaris, se rend à son hôtel, puis se promène dans la cité pour la découvrir.

La séquence d'ouverture plonge immédiatement le lecteur dans un autre monde, à la fois proche du notre, mais aussi suranné, utopique et littéraire. L'architecture de Xhystos évoque immédiatement la Troisième République, et plus particulièrement la fin du dix-neuvième siècle et le tout début du vingtième, avec ces édifices s'appuyant sur des poutrelles métalliques apparentes, et de grandes verrières. L'arrêt du tramway apporte une touche discrète d'Art Nouveau. Les costumes un peu guindés des personnages, entre habits de soirée et tenue militaire d'apparat, ajoutent une touche de formalisme à l'aspect visuel du récit.

La narration à la première personne sous la forme d'un journal intime formel et le voyage font immédiatement penser à Jules Verne, pour l'esprit de découverte et d'exploration, ainsi que l'incorporation de technologies (rétro)-futuristes. Dès cette première séquence, il s'y mêle également comme un sentiment d'inquiétude diffuse, de malheur inéluctable, porté par une remarque en passant, comme si le voyage de Franz ne pouvait que catalyser une tragédie latente. Les échanges de Franz avec ses supérieurs puis avec ses amis sont très formels, malgré l'emportement de Franz. Même sa rencontre avec Anna et leurs étreintes manquent de chaleur humaine, de compassion, d'empathie. Ces sensations sont renforcées par l'architecture implacable de Xhystos, dessinée de manière impeccable par Schuiten, avec un aspect très propre sur lui, très hygiénique, presqu'aseptisé.

Les réflexions de Franz dans son journal montrent qu'il est taillé dans le matériau des héros romantiques, croyant en un idéal non formulé, capable d'emportement dans certaines situations. Cet aspect de sa personnalité ajoute encore à l'apparence surannée du récit. le lecteur suit donc ce personnage principal qui quitte sa cité, franchit le poste frontière pour entreprendre un rapide périple qui l'amène dans une autre cité. Là, ce qu'il y découvre va le confondre, va dépasser son entendement. En surface, Peeters propose un récit très simple, avec une explication très claire, et un soupçon de surnaturel. Pourtant peu à peu le malaise de Franz devient celui du lecteur. Ce dernier est confronté aux mêmes faits que Franz, il se débat comme lui devant l'invraisemblance de la situation. Il essaye comme lui de se raccrocher à Carla, la seule personne prêtant attention à Franz dans Samaris. Il découvre peu à peu l'incroyable vérité, la technologie construite pour un dispositif imitant le cycle de vie de la plante Drosera. À nouveau le style détaillé, construit et rigoureux de Schuiten fait merveille pour donner corps à la cité Samaris et à son incroyable secret. Cette bande dessinée se lit comme si elle avait été crée par un créateur unique, tellement la cohérence est forte entre intrigue, mots et dessins.

Lorsqu'il achève la lecture de ce premier voyage dans l'une des Cités Obscures, le lecteur refeuillette rapidement les pages et découvre que la chute de l'histoire trouve son écho dans la silhouette de Franz située en quatrième case de la page 15.

Ce premier tome des Cités Obscures propose une histoire rapide, sur une trame simple, constituant un voyage à l'apparence datée. Pourtant une fois entamé ce voyage, le lecteur est placé aux côtés de Franz, éprouvant les mêmes sensations que lui, subissant le mystère principal comme lui. Il se promène à ses côtés dans les rues de Samaris, cherchant à détecter l'indice qui lui permettra de faire naître la compréhension. Comme Franz, il prendra peu à peu conscience que ce voyage dans une autre cité est également un voyage intérieur troublant et peu réconfortant. En fait les tribulations de Franz s'adaptent à l'urbanisme des 2 cités, celle où il habite, et celle qu'il visite. Peeters et Schuiten ont délibérément limité cet urbanisme à un seul style par cité, induisant un état d'esprit implicite sur l'individu, l'obligeant à se conformer de manière subliminale. le lecteur n'est pas loin de ressentir l'oppression que font peser ces architectures, un peu comme K. subissant les lois arbitraires dans le Château de Franz Kafla. Cette édition de 2007 a été remaniée pour partie par Schuiten et Peeters, avec une fin différente de l'originale. Ils souhaitaient améliorer la cohérence du cycle (le lecteur peut guetter l'apparition d'Eugen Robick) et la force du récit.

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- Les mystères de Pâhry - Chapitre 1 : les artistes sont priés d'évacuer de toute urgence l'opéra avant la représentation car il est contaminé. Chapitre 2 : un individu se déplace clandestinement dans les couloirs dérobés de ce qui pourrait être le Louvre, observant sans être vu les visiteurs et les employés. Chapitre 3 : le même fugitif cherche désespérément une issue toujours au travers de circulations secrètes. Chapitre 4 : le docteur Abraham séjourne enfin à Pâhry pour compléter ses études, mais il souffre de terribles migraines qui se manifestent sous la forme de petits tuyaux jaune, rouge, vert et bleu, semblant lui traverser le crâne.

Dans la courte introduction, Peeters explique que ces fragments constituent le début d'une histoire inachevée, peut-être parce que trop ambitieuse. le lecteur se régale de ces individus (le fugitif et le docteur Abraham) que leur état (hors la loi, ou céphalées extraordinaires) place à part du monde normal et fait évoluer en décalage du commun des mortels. À nouveau, les dessins de Schuiten font merveille pour matérialiser les couloirs de services du Louvre, ou les combles secrets de l'opéra, suggérant également un monde secret juste à côté du notre.

Même s'il ne s'agit que de fragments, ces pages constituent un nouveau voyage riche de mystères et de promesses inquiétantes, une autre architecture ayant des conséquences directes sur l'état mental des personnages incapables de se conformer à ladite architecture.

Cette édition comprend également un dessin double page de la station "Arts et métiers" du métro parisien dont l'habillage en cuivre a été conçu par Schuiten et Peeters. Cette station correspond à un passage dans le cycle des Cités Obscures.
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Je suis un fervent amateur des oeuvres de François Schuiten et de Benoît Peeters, en particulier leurs créations en tandem comme Les Cités Obscures que j'avais lu il y a au moins une quinzaine d'années.
La fin de l'ouvrage nous donne des pistes de compréhension pour le texte et les dessins. Comme les auteurs le mentionne, le personnage principal est l'architecture, en particulier de style art nouveau. On peut refeuilleter indéfiniment ce livre tant les dessins sont beaux (surtout pour un amateur d'art nouveau). L'histoire est bien mystérieuse et l'on découvre que progressivement les clés des énigmes. Une bonne science-fiction avant-gardiste ouvrant la série excellente de ce duo de créateurs.
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Les murailles de Samaris. Ces murailles ont fait gonfler les voies de mon imagination . Oui, imaginez, cette ville, une ville qui se nourrit des images de ses visiteurs. Une ville où tout n'est que projection. N'est ce pas là la réalité de nos villes ?
Là un souvenir, là une ombre, là un rire, ici, une lumière, à l'angle d'une rue.. , dans ce parc,..à cette table. Ici un désert.
Et si nous étions le jeu de notre esprit ? J'aime cette façon de mener un récit. Il y a un côté presque biblique au monde que créent Schuiten et Peeters.
Les enfants de ….les tribus de…. les peuples de... des nations , des cités. Récit poétique, étrange, philosophique, labyrinthique.
Oui les personnages des cités obscures se perdent, fuient s'échappent ressurgissent. Jamais les mêmes, toujours perdus dans des dimensions qui leur échappent. Des Ulysse déterrant leur Ithaque. J'aime ce monde qui tourne, bascule, chavire, se démonte, se remonte, un monde comme une mise en scène. Une parodie, un simulacre, un drame, un rêve parfois, une tragédie.
L'une est Samaris, l'autre est Xhystos…
Certains passages vous font basculer dans notre propre réalité. Est ce là ? Que fais tu lecteur-voyageur , station Arts et métiers ? Quel est ce Louvre ? Quelle est cette cour ? Es tu fugitif , es tu homme libre ? le crois tu ? Regarde , écoute et regarde autour de toi, ce mur a t il toujours été là ? Qui de toi ou de lui parcourt cette cité ? D'où viens tu ? D'une image ? D'un souvenir ? D'un mirage ? Partir, revenir, quel est celui que tu emportes, celui que tu laisseras, celui que tu trouveras ?
Un album dans lequel on éprouve également un grand bonheur à déguster les perspectives de Schuiten et toutes ces folles mécaniques qu'il sait si admirablement transposer.
Edition qui m'a également permis de découvrir Les Mystères de Pâhry, au graphisme impressionnant.
De nouveau, un excellent voyage dans le monde des cités obscures.

Astrid Shriqui Garain

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J'ai lu hier soir dans le cadre de la lecture commune Bande-dessinée du mois d'août "Les murailles de Samaris", et j'en sors un peu déroutée.
Généralement j'aime bien, les bandes-dessinées de science-fiction, mais là je dirais que c'est plutôt un univers indéfini, comme dans une pièce de théâtre avec des décors fictifs et changeant. Le héros est mandaté pour enquêter dans la ville de Samaris, ses journées à déambuler dans les rues donnent un sentiment de grand vide, comme s'il n'était qu'un spectateur d'une mise en scène et non un acteur.
Par contre niveau dessin, j'aime beaucoup le trait et la couleur de l'auteur. C'est très fin et détaillé.
Je ne saurais dire si j'ai vraiment aimé, mais ça interpelle. Pour mieux comprendre cet univers, il va falloir je pense que je lise les suites.
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Dans cette BD, la ville se déploie comme espace architectural, mais aussi comme espace mental. Les courbures fleuries de l'art nouveau se muent en une plante carnivore abstraite. Un labyrinthe inextricable, fait de fantasmes et de faux-semblants, quelque part entre Kafka (le héros s'appelle Franz, soit dit en passant) et Philip K. Dick. Qui de l'homme ou de la ville se trouve dans l'autre ?
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Un voyage au coeur de la ville moderne par deux architectes du XXe siècle. de très beaux dessins servent de support à une histoire un peu déroutante, mais la BD c'est aussi et pour certains d'abord le plaisir des yeux, et là nous ne sommes pas déçus.
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Ce premier album de la série des « Cités obscures » m'a fasciné par la beauté du dessin et des couleurs . le scénario est moins convaincant : ces villes simulacres renvoient à des références historiques (les villages « Potemkine ») ou philosophiques ( par exemple le Baudrillard de « Simulacres et simulation » ) ,l'histoire est intemporelle et allégorique.
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BD où les grandes mégalopoles tiennent incontestablement le premier rôle. C'est une sorte d'hommage aux grands architectes du siècle dernier.

L'histoire se situe dans une sorte de monde parallèle au nôtre mais pas tellement différent en ce qui concerne ses lois et ses codes. Chaque tome est indépendant bien qu'on retrouve des personnages ici où là en clin d'oeil. C'est une oeuvre qui pousse à une véritable réflexion philosophique. L'approche ne sera pas aisée pour tout le monde, il faut le savoir.

Malgré un certain classicisme du dessin, l'architecture des cités est vraiment soignée. Les personnages sont au contraire raides et inexpressifs. Ce n'est pas une de mes séries préférés, je dois le concéder ! Je reconnais une certaine qualité mais c'est quelquefois beaucoup trop abstrait et froid pour moi.

L'achat se justifie pour quelques tomes emblématiques mais pas sur toute la collection. Pour ma part, je possède les titres suivants: les murailles de Samaris, la fièvre d'Urbicande, la Tour, Brüsel.

Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 3/5 – Note Globale : 3.75/5
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