AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 65 notes
5
10 avis
4
4 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les arrimant solidement au fil de son humour au vitriol, Lydie Salvayre embarque de nouveau les rieurs dans l'une de ces narrations comme elle seule sait les trousser, irrévérencieuses et subversives, et qui, immanquablement, tout au long de l'envoi font mouche. Après son Irréfutable essai de successologie et son constat de la prime à la médiocrité commerciale en matière littéraire, la voilà qui s'en prend derechef au monde marchand pour un éloge de la paresse, cet art subtil et vagabond qui, en ouvrant la porte à l'inattendu et à la pensée, pourrait changer le monde en le ramenant à l'essentiel : l'épanouissement et le bien de chacun.


Autrefois simple moyen de subvenir à nos besoins, le travail est devenu à l'ère industrielle le moyen de produire et de générer des richesses, dans une surenchère de consommation menant à la nécessité de trimer toujours plus pour un bonheur toujours plus inaccessible. « Quel usage faisons-nous de l'énorme accumulation de moyens dont la société dispose ? Cette accumulation nous rend-elle plus riches ? plus heureux ? » La crise du Covid aidant, et avec elle celle du travail quand la souffrance au travail semble devenue le lot commun, Lydie Salvayre nous propose une réflexion dont, pour mieux se faire entendre, elle enrobe l'érudition dans l'insolence cinglante et railleuse d'un discours déclamatoire, à la première personne du pluriel, où elle n'hésite pas à persifler jusqu'à ses propres outrances.


« C'est le travail exagéré qui nous use et nous déglingue » et, poursuit cette fois Nietzsche, nous « soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves », nous plaçant « toujours devant les yeux un but minime [pour] des satisfactions faciles et régulières », car « une société où l'on travaille sans cesse durement jouira d'une plus grande sécurité. » Véritable opium du peuple, cette sécurité nous fait oublier notre condition de mortels pour remettre « à plus tard, à plus loin, à jamais, le temps de vivre qui nous est compté, car les jours s'en vont et… nous aussi » écrit déjà Sénèque. Alors qu'en vérité, constate Baudelaire, « c'est par le loisir que j'ai, en partie, grandi, – à mon grand détriment ; car le loisir, sans fortune, augmente les dettes, les avanies résultant des dettes ; mais à mon grand profit, relativement à la sensibilité et à la méditation ». Sans parler des « trente-six ans d'une paresse entêtée, sensuelle, mondaine, à la fois enchantée et coupable, délicieuse et inquiète, trente-six ans durant lesquels germera, mûrira et croîtra silencieusement la grande oeuvre de Proust : À la recherche du temps perdu »…


Multipliant sous couvert de plaisanterie les références artistiques, philosophiques et politiques – il n'y eut pas jusqu'au gendre de Karl Marx, Paul Lafargue, pour réfuter le droit au travail de 1848 dans son « Droit à la paresse » –, Lydie Salvayre touche à une multitude de sujets essentiels pour nous inciter à repenser, avec d'autant plus d'à-propos que l'Intelligence Artificielle va considérablement rebattre les cartes, « l'organisation du travail en vue d'une meilleure répartition des tâches et des biens. »


Enlevé et hilarant, ce bref roman est, sous ses airs de boutade débridée, un manifeste pour une paresse qui ne serait finalement que sagesse et qui, nous débarrassant du mirage sclérosant de l'Argent, saurait, par un meilleur partage du travail, nous laisser enfin profiter du vrai bonheur d'être et de penser. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          11131
Par ici les paresseux !
Autant vous prévenir de suite, il y a un sacré problème avec cet essai. Il est très difficile de faire un choix dans les citations, à moins de le quoter en entier (plus facile à faire avec la version numérique). Je fais le choix de le citer en totalité (il ne fait que 144 pages et se lit très bien), mais faute de pouvoir le faire sur Babélio (d'autant que ça doit pas être trop légal), je vous invite plutôt à vous le procurer et le lire afin de bien comprendre le sens de ma critique (et lire par la même occasion un essai sur la paresse et le travail, érudit, passionnant, aux contours poétiques et pamphlétaires, sarcastique et drôle aussi). Vous ne serez pas déçus à mon avis, surtout si vous vous sentez paresseux (à ne pas confondre avec fainéant), ce dont je ne doute pas trop que vous l'êtes, la paresse se manifestant très fréquemment chez les lecteurs apparemment.
Sur ce je vous laisse, je suis pressé. Il ne reste que quelques heures à mon dimanche et j'ai encore tout un tas de trucs à faire comme lanterner, baguenauder, musarder, penser, batifoler, lambiner, badauder, folâtrer, butiner, rêvasser... Et paresser un peu, avant un repos bien mérité.
Commenter  J’apprécie          6412
C'est une petite variation sur le thème de “Le droit à la paresse” de Paul Lafargue par Lydie Salvayre, juste un petit essai délectable, aux tendances anticapitaliste, l'anti “Travailler plus pour gagner plus”, qu'elle remplace par “Travailler moins pour lire plus”. Ce n'est pas qu'un simple éloge de la glande, c'est bien plus politique qu'il n'y paraît, demandant aux politiques d'imaginer autre chose que de nous mettre au service des “apologistes-du-travail-des-autres”, et c'est écrit avec humour et poésie, ironie et pétillance. Elle semble se détacher parfois de son texte, s'appelant elle-même La Salvayre, pour devancer ses détracteurs et mieux les retourner, un manière de dire, qu'on peut en rire, mais qu'elle n'est pas seule :
Tu verras bien qu'un beau matin, fatigué
J'irai m'asseoir sur le trottoir d'à côté, hé-hé
Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
(“S'asseoir par terre” d'Alain Souchon)

J'ai récemment applaudi le Petit éloge de la médiocrité de Guillaume Meurice, on y retrouve le même état d'esprit, la même volonté, j'applaudis de nouveau ce petit livre qui secoue et qui fait du bien, cela fait sans doute de moi un joyeux glandeur, mais j'assume, trop de travail pénible dans notre monde, qui ne profite pas à celui qui de toutes façons finira par en crever, le dos défoncé, les poumons cramés, ou l'impression d'être une merde.
Pourquoi est-ce les poètes, les humoristes, les rêveurs qui remettent le plus en cause notre système économique, alors que ce système nous envoie droit dans le mur, qu'attendent les acteurs économiques pour se réveiller ? Ils n'y tiennent en réalité absolument pas, pour eux, tout fonctionne très bien comme ça, puisqu'ils en profitent égoïstement tout en donnant des coups de pieds dans le cul des fainéants et en cramant la planète par petits bouts.

Et bien oui, un dimanche à glander pour soi à bien plus de valeur qu'un lundi à bosser pour les dividendes des “apologistes-du-travail-des-autres”.
Un dimanche à glander, ou à lire, ça va de soi.

P.S. : Avez-vous remarqué que paresse rime avec sagesse.
Commenter  J’apprécie          353
Quel plaisir, quelle jubilation à la lecture de ce coup de coeur humaniste et civilisationnel de Lydie Salvayre. Un chef d'oeuvre d'humour et d'amour pour une société qui serait parvenue à se libérer de la contrainte d'un travail obligatoire pour subsister, mais non choisi. La charge est lourde mais juste contre « les apologistes du travail des autres », mais « la paresse est l'autre nom de la sagesse »!Travailler moins pour lire plus, puisque la lecture s'acoquine merveilleusement à la paresse, puisque les bons et vrais lecteurs sont très souvent, sinon toujours, de fieffés paresseux. Poétique, mordant, surprenant, cette évocation d'un monde où les gens pourraient avoir une paresse productive (car la paresse, ce n'est pas ne rien faire, mais, s'offrir le temps de penser et de faire ce dont on a envie!) Ajoutons au crédit de l'autrice cette auto-dérision qui jalonne le roman et fait sourire le lecteur et transformons comme elle le suggère, le prosaïque en poétique.
Commenter  J’apprécie          220
Nous avons toujours aimé les dimanches, Ne travaillez jamais ! de Lydie Salvayre : un roman poétique, un pamphlet ? Une lecture indispensable et très appropriée à un dimanche matin "paresseux" où on s'offre le luxe de petit-déjeuner au lit, de s'extraire de tout et de lire – attention, acte hautement subversif qui conduit à penser et encourage à l'insoumission !
Moins de deux cents pages où la paresse est valorisée en tant qu'art, en tant que désobéissance, acte politique ou encore revendication du droit de travailler moins pour lire plus ! Lydie Salvayre y démonte point par point, arguments écologiques, philosophico-littéraires, psychanalytiques, éthologiques, y compris bibliques à l'appui, les partisans et "apologistes-du-travail-des-autres".


"Des arguments, nous l'affirmons haut et clair d'une rigueur et d'une intransigeance toutes mathématiques reposant de surcroît sur une expérience de travail qui vous est totalement étrangère, et que voici, que voilà, magistralement exposés".
Beaucoup d'humour, une invitation à s'éloigner de la frénésie, à s'interroger : "Qu'ai-je trouvé de beau et d'admirable dans ce cirque sauvage qu'est devenu le monde et qui me permette de l'endurer ?" et à imaginer beaucoup mieux que ce que nous proposent ces "apologistes-du-travail-des-autres".

Ce choix pour l'item 49 "Un livre publié - ou réédité en 2024", du Challenge Plumes Féminines 2024.
Commenter  J’apprécie          160
Je regarde la grande librairie depuis plusieurs années, mais j'ai fini par être lassée de toujours voir les mêmes auteurs invités et surtout de proposer des livres franchement souvent moyens...du coup , j'ai changé ma méthode de visionnage ...je lis un ou deux livres des invités de la semaine prochaine et en fonction , je regarde ou pas l'émission et là... c'est un livre qu'il faut absolument lire ! ...... c'est poétique 😂 et mordant.... vous reconnaîtrez les "apologistes-du - travail -des-autres" j'en suis sûre 😉
,........allez TRAVAILLER MOINS POUR LIRE PLUS !
Commenter  J’apprécie          70
- DROLE ET INTELLIGENT -

"Que s'est-il passé pour que les choses s'inversent au point que, de nos jours, les seuls paradis désignés comme tels soient les paradis fiscaux ?".

Hé oui, que s'est-il passé? Que s'est-il passé entre la révolution industrielle, qui devait nous apporter temps libre et confort de vie, et la révolution du CAC40, qui a avili les masses, soumis le prolétariat, porté aux nues les cols blancs toujours plus gourmands, toujours plus avides d'engranger des avoirs pour grappiller quelques places dans le prestigieux classement annuel FORBES? Que s'est-il passé pour que l'humanisme ait disparu à ce point des boussoles des patrons (pas tous heureusement) et pour que, à l'autre bout de la chaîne, les plus vulnérables se soient résigné, exténués par des boulots harassants et dépourvus de sens?

Lydie SALVAYRE, dans une langue érudite, follement diverse, et absolument enthousiasmante, nous livre une analyse qui, sous couvert d'humour et de légèreté, sonne profondément juste. Elle mène la charge avec panache contre les "profiteurs du travail des autres", contre cette société maladivement inégalitaire qui, encore aujourd'hui, désigne les plus vulnérables comme les parasites à éradiquer, les cancers sociétaux que devrait absolument recracher le système pour "guérir", sans jamais entamer le mouvement d'un regard vers les puissants qui n'ont, pour la plupart, pour seul mérite que celui d'être nés, et qui s'évertuent à perpétuer le modèle qui a rendu possible leur insolente richesse, jalousement conservée à l'abris de paradis fiscaux.

C'est drôle, impertinent et brillant. C'est du Salvayre quoi!
Commenter  J’apprécie          60
Depuis longtemps, Lydie Salvayre nous comble de bonheur.

Depuis toujours nous aimons les dimanches avec Lydie Salvayre

Elle nous ferait même aimer les lundis.

Avec un trop petit livre de 130 pages, on se marre, on pouffe de rire, on s'identifie, on réfléchit, on se rappelle, on apprend, on se cultive si bien qu'à la fin, on a envie de le recommencer. Et elle fait le plus bel éloge de la paresse. Paul Lafargue peut aller se rhabiller. Mais aussi Nietzsche, Saint Mathieu, Guy Debord et tant d'autres.

Les apologistes-du-travail-des-autres s'en prennent plein la tronche. On les reconnaît entarté par la Salvayre qui n'y va pas de main morte.

Irrévérence, humour, verve et intelligence, tous les ingrédients d'un beau moment.

Commenter  J’apprécie          50
Lydie Salvayre adore les satiristes classiques et cela se sent plus que jamais dans l'essai récemment paru. Si l'on commence sa lecture par un texte empreint de lyrisme, où s'évoque en douceur l'enfance – époque bénie où l'on échappait encore au travail et à l'injonction de productivité –, on bascule assez vite dans une sorte de réquisitoire enlevé contre une certaine idéologie contemporaine de la « valeur travail », selon l'expression reprise à bouche que veux-tu par le personnel politique, et hélas devenue la doxa de nos sociétés occidentales, le bourrage de crâne fonctionnant à merveille. On flirte avec le pamphlet et sa langue vigoureuse, par exemple, p. 28 :

"Alors, ces dépouilleurs de pauvres, ces cleptocrates, ces spoliateurs qui ont pognon sur rue (Salvayre) et que dans notre jeunesse nous qualifiions de porcs, de requins, d'enflures ou de raclures de bidet, ces apologistes-du-travail-des-autres s'emploient avec une détermination rare à nous convaincre des immensissimes bienfaits du travail, en exhibant des chiffres vérifiés par l'Institut international de sciences économiques, et faisant déverser sur nos têtes les laïus de leurs experts sagacissimes, éminentissimes et extrêmement télévisuels, dont la seule fonction est d'injecter leurs menteries dans nos cervelles sans défense."

Cette attaque en règle s'accompagne d'une apologie énergique de la paresse, que l'autrice ou plutôt le narrateur à la première personne du pluriel prend soin de définir à plusieurs reprises (par ce qu'elle n'est pas – la paresse défaut-péché brandie par certains comme un épouvantail – et par ce qu'elle est – une forme de présence au monde, à soi-même, de sagesse, de courtoisie, etc.). Soit dit en passant : qu'il est agréable de lire des gens qui savent de quoi ils parlent, conçoivent clairement les choses et emploient sûrement les mots, à l'inverse de nombre de journalistes, figures politiques, et de la majorité de la population, qui semblent se complaire dans la reprise de termes et concepts aux contours indéfinis, auxquels ils ne prennent pas la peine de songer avant que de les employer.

Reprenons.

Dans sa langue savoureuse qui mêle joyeusement les registres et les tons, Lydie Salvayre peint le tableau de notre société égarée dans les fausses valeurs et vraies plaies promues par une élite soucieuse d'accroître ses privilèges en exploitant le bétail humain. Bétail, outil, consommateur, c'est en effet ce que nous sommes devenus, dans un système qui prétend que le travail est une exigence morale, économique et sociale, une nécessité absolue, et méprise la liberté de penser, d'être soi, et de cultiver son jardin, son esprit, son corps – son humanité. Travailler plus pour gagner plus pour consommer plus pour enrichir plus les nantis. Et se retrouver épuisé, incapable de faire quoi que ce soit de vraiment important pour son être profond, aigri, déprimé, abêti et usé.

Démontant brillamment le discours propagé depuis deux siècles (disons : depuis le début de la révolution industrielle) comme un virus par les tenants du pouvoir économique et politique, et quelques penseurs dont on aurait souhaité qu'ils meurent en jeune âge de quelque maladie plutôt que d'émettre leurs théories assassines (c'est moi qui parle, pas l'autrice), Lydie Salvayre ouvre grand les portes d'une réflexion politique au sens étymologique et humaniste, convoquant à ses côtés des poètes et écrivains, comme Rimbaud, Baudelaire, Lafargue (évidemment !) ou encore Rabelais, à qui elle laisse le mot de la fin ; des philosophes, comme Fourier et Nietzsche ; des théoriciens et hommes politiques comme Blanqui ; des touche-à-tout comme Bertrand Russell ou l'inimitable Guy Debord, et tant d'autres ! Ils forment un réseau dense et séculaire de champions contre l'asservissement (moral, physique, intellectuel, social…) de l'homme et pour la prise en compte de sa liberté fondamentale et de son droit d'exister, vraiment, pleinement. Ils paraissent faire partie de ce « nous » que l'autrice emploie tout au long du texte, non pas un nous de majesté, ni de modestie, mais un nous généreux, distinct de Lydie Salvayre (qui d'ailleurs fait irruption dans le texte comme si elle était une voix extérieure venant parfois mettre son grain de sel dans le propos), invitant tous ceux qui partagent sa vision du monde et de l'humanité, et emporte, et soulève, un « nous » qui tantôt se fait bretteur, tantôt libelliste, tantôt taquin, joueur, moqueur. L'énergie qui infuse l'intégralité du propos se déploie contre un « vous » représentant ceux que l'autrice appelle les « apologistes-du-travail-des-autres », lesquels ne manquent pas de s'en prendre plein les dents, et parfois dans une langue verte et fleurie des plus réjouissantes (on admirera la capacité de Lydie Salvayre à donner l'impression de la spontanéité, du coup de sang, de l'indignation).

Finalement, en parfaite cohérence avec cet essai plein d'espoir et sans doute utopiste – mais, comme l'autrice l'écrit (p. 79), n'en déplaise aux grands patrons, gouvernants et autres économistes arc-boutés sur leurs certitudes délétères et leurs acquis, l'utopisme n'est pas un défaut ou un gros mot, non, c'est une formidable occasion de rêver l'avenir et, parfois, d'ouvrir une nouvelle voie –, le « nous » qui s'exprime dans ces pages offre une sorte de programme révolutionnaire (mais pacifiste et doux) qu'on pourrait dire d'insoumission et de rébellion socio-professionnelles. On notera l'usage optimiste du futur, non du conditionnel, et du présent dans ce manifeste dont l'autrice désamorce le sérieux par moult saillies drolatiques et une bonne dose d'autodérision. Carpe diem ! en somme, non d'une manière égoïste propre, précisément, au modèle capitaliste libéral, mais en philosophe éclairé et se connaissant soi-même. le texte nous invite à repenser nos vies souvent misérables car aliénées, à nous libérer de la (sur)consommation presque imposée depuis deux ou trois décennies à nos pauvres esprits dès l'enfance, et à retrouver le plaisir vrai et vital de réfléchir, rêver, muser, d'être dans notre corps aussi, un corps qui ne devrait pas être perpétuellement épuisé, et de lire, lire, et encore lire, pour renouer avec l'infini champ des possibles qu'offre cette activité. Parmi de nombreuses citations que j'aurais pu faire ici, en voici une (p. 19-20) :

"Nous aimons arracher ce mouchoir de dégoût que le travail contraint nous enfonce dans la bouche,
et nous délester des corsets qui nous enserrent et nous étouffent mais auxquels nous nous croyons stupidement soumis,
Nous aimons avoir au coeur la joie de se délier, de se déconnecter, de se désencombrer, de se déprogrammer, de se désaveugler, de se désharnacher, de se désentraver des liens que l'on maintient par lâcheté, par habitude ou par veulerie,
puis, grâce à cette décoïncidence, trouver justement la meilleure adéquation entre soi et soi, et une meilleure appréhension du monde.
Autant de choses qui s'apprennent,
autant de choses à oser,
et qui demandent juste une once de courage.

Car vous l'avez compris, dans la situation actuelle, paresser c'est désobéir […]"

Commencez donc par lire cet essai et, comme moi, voyez s'il ne vous incite pas, alors que vous hésitiez encore, à changer d'existence et à devenir des anarchistes tranquilles mais obstinés, qui refusent de continuer à vivre en zombie, les yeux et le coeur fermés, le corps mort, et l'âme confisquée.
Lien : https://litteraemeae.wordpre..
Commenter  J’apprécie          30
En ces temps de réformes et de ces discours sur « la valeur travail », il fait bon lire Lydie Salvayre et son dernier livre inspirant.

🔥L'époque industrielle qui a modifié le but du travail. On passe du travail pour satisfaire ses besoins au travail comme instrument de torture pour enrichir le capitalisme. S'enrichir, toujours et encore. Idéal toujours bien en vigueur. « Ces apologistes-du-travail-des-autres-qui-ne-pensent-que-pour-le-Marché considèrent le peuple comme une force tout juste bonne à boulonner. »

🔥L'autrice démonte ces discours avec une verve incomparable. Elle y met de la philosophie, de la littérature, de la psychanalyse, de l'économie, de l'écologie en convoquant les auteurs de son panthéon personnel.
🔥Elle s'amuse en nous invitant à cette désobéissance du travail. A l'image d'un Debord, et de son « Ne travaillez Jamais » écrit sur un mur parisien en 1953, Lydie Salvayre harangue les lecteurs et lectrices.

🔥La paresse est bien un art, une philosophie, un acte politique. La paresse, ce péché, le pire pour certains, tant décriée mais si vivifiante. La paresse comme un refus d'obtempérer. La paresse c'est dire oui à la vie, à ces moments de lecture, ces moments où l'esprit vagabonde, ces moments de création, ces moments de solitude. Car la paresse reste une sorte de travail pour l'autrice qui ne cache pas qu'elle écrit dans son lit entourée d'une multitude de livres. Un travail choisit

🔥Soyons réalistes. Il nous faut peu de choses pour satisfaire nos besoins réels. Ne travaillons pas pour consommer davantage de produits, travaillons sereinement à notre échelle en pleine liberté. Que voulons-nous ?

🔥Véritable programme utopique et politique, Lydie Salvayre démontre une autre voie possible. A l'heure où les politiques s'écharpent sur ce travail aliénant, ce livre est une bouffé d'air poétique.

🔥La paresse a mauvaise presse mais je revendique la paresse.
Lien : https://www.instagram.com/sh..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (334) Voir plus



Quiz Voir plus

Lydie Salvayre

Née en ...

1939
1948
1957
1966

12 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Lydie SalvayreCréer un quiz sur ce livre

{* *}