O ignorante, ô inculte en littérature espagnole, voire en littérature tout court, voici que je découvre comme un perdreau de l'année, cet auteur
Carlos Ruiz Zafon. de surcroît par hasard, dans une grande surface qui pour 2 achetés dans cette collection en offre un (à choisir en caisse centrale, et là je dois reconnaître que le choix est large).
J'ai pensé en aparté que ce Monsieur Zafon était bien célèbre et avait dû vendre bien des livres. le bonus était que les livres étaient publiés dans la collection Babel, que j'apprécie, et que j'ai trouvé directement les quatre volumes. Et hop c'est parti.
Intéressant. Vraiment.
A plusieurs titres.
Le premier est l'écriture ou le style. Très riche, une multitude de métaphores, des millions d'images, drôles, émouvantes, pathétiques, lourdes, répétitives, aussi...Sur ce premier tome, il y a des répétitions d'images.
Le deuxième est la construction. Une histoire parallèle sur deux temps, cruciaux pour les Espagnols, le juste avant la guerre civile et le après. Deux histoires qui s'entrecroisent, des acteurs qui se projettent.
Le troisième est le fond politique très espagnol, de l'avant- guerre civile, de la guerre civile, puis de l'après-guerre. Là, je dirais que ce cadre est non essentiel, sert davantage de prétexte à l'intrigue. Franchement, on n'apprendra rien de cette abomination de guerre civile en lisant ce livre, excepté des choses déjà répandues par d'autres romanciers.
Revenons à l'histoire, prenante et émouvante, qui est celle de
Daniel Sempere, jeune homme dans les années cinquante, orphelin de mère, et un père qui croit-il ne l'écoute guère, mais…tous deux vivent au milieu des livres, pour les livres, pour le meilleur et le pire.
L'histoire de Daniel et de son père est une belle histoire, des relations manquées, retrouvées. Leur amour commun des livres les lie profondément même si parfois voire souvent la communication orale reste difficile et constitue un obstacle.
Le livre nous fait suivre Daniel, son père, mais aussi ses relations amoureuses… sur des centaines de pages, nous avalons les pages… pour en fait réaliser que cette histoire en cache une autre, comme l'histoire du train sur le passage de la voie ferrée.
Et au final, ce que j'avais subodoré assez vite, l'histoire dans l'histoire n'en forme qu'une, les parallèles sont énormes, les fils (cousus de blanc) aussi… et là j'ai lâché…
La parentalité entre Pénélope et Julian, ben oui, c'était tellement vendu à l'avance, aucune surprise, le personnage de Julian – alias le monstre dévoré par le feu – pas surprenant non plus, le personnage du policier mangeant à tous les rateliers - Fumero – ignoble, pas étonnant non plus, il m'a semblé à plusieurs moments déjà avoir lu ces pages ou ces personnages.
Quant à la fin, là aussi, il m'a paru trop facile de faire tout découvrir au lecteur par un simple écrit, rédigé « au cas où il m'arriverait quelque chose » d'une protagoniste seule. D'autant que le lecteur avait tout pour pressentir un tel dénouement.
Enfin, les dernières pages relèvent, de mon point de vue, des happy ends à la Hollywood.
Il reste une lecture enthousiasmante, riche, assez drôle, émouvante aussi. Je me suis attachée aux personnages, pas tous, non, mais ceux de Daniel et son père, leurs amis, les femmes aussi, autant de portraits cadrés dans leur temps.
Je reste en deça pour les raisons déjà évoquées, les fils blancs, les ficelles hollywoodiennes, quelques invraisemblances et des distorsions dans le récit qui au départ semblent intéressantes et qui au final apparaissent comme des astuces de romancier et enfin un usage abusif des images et métaphores qui se répètent (ainsi la lumière bleutée du petit matin).
Tout cela dit, j'ai commencé la lecture du deuxième volume.