" Lorsque notre haine est trop vive, elle nous met au-dessous de ceux que nous haïssons. "
François de La Rochefoucauld
(page 9).
Quelle attitude adopter ? devait-il demander une recherche d'empreintes ? Il ne portait pas de gants à cet instant : on y retrouverait les siennes. En parlerait-il à son avocate ? Il rangea l'objet dans une petite boîte en carton qui traînait sur son bureau. Il savait qui était l'expéditeur de ce message et les raisons de cet envoi. Cela ne l'ébranla pas. Il connaissait maintenant les nouvelles règles du jeu. Il n'allait pas se priver de les transgresser.
L'énigme à résoudre était : comment un jeune homme au parcours sans faute pouvait-il se retrouver dans une situation aussi tragique ?
Elle fit la paix avec sa propre histoire
Vomir tous ces hommes qui n’avaient pas de conscience, qui mentaient à la société, qui ne respectaient rien, qui avaient détruit des vies en toute impunité.
Un son rauque sortit de sa gorge. Ces visages, cela n'était pas possible ! Elle ferma les yeux. Des images violentes envahirent son esprit. Ses derniers souvenirs enfouis lui revinrent par flashes successifs... Des larmes inondèrent ses joues, seule manifestation de sa détresse que l'état actuel de son corps lui permît d'exprimer. Tout son être ne demandait qu'à crier, taper, hurler...
La vision de son univers saccagé lui fit l’effet d’un électrochoc. Il se promit de ne plus se laisser aller. On voulait l’enfermer dans une cellule pour le restant de sa vie. Hors de question. Il allait se battre. Mais dans un premier temps, il avait besoin d’une douche.
On parle de ma vie, là ! Vous croyez que cela m’amuse de voir mon nom et mon image faire la une des quotidiens ? J’ai une réputation à tenir, une future vie de médecin qui m’attend. Je sors à peine du tribunal que je vois ma tête à l’affiche du premier kiosque à journaux !
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle/ Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,/ Et que de l’horizon embrassant tout le cercle/ Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;/ Quand la terre est changée en un cachot humide. »
Il ne connaissait l’univers carcéral qu’à travers les films ou les polars. La réalité dépassait la fiction. Il ne savait pas s’il allait tenir le coup longtemps. Depuis six jours dans le quartier des arrivants, il s’était fait tout petit, espérant devenir invisible aux yeux des autres détenus.