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Citations sur Les échappés (38)

Je m'étais égaré sans me sentir perdu.
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Commençons par l'essentiel : ce kaléidoscope de roman est si original, si déroutant, si envoûtant qu'il mérite d'être lu, et relu.
Le lecteur est mené en balade, tel dans le palais des glaces d'une fête foraine. À chaque tournant, un personnage haut en couleurs l'attend pour lui confier ses secrets - des secrets qui résonnent avec les nôtres. Le lecteur s'y attache, mais il s'échappe en un éclair. On se lance à sa poursuite dans le dédale du labyrinthe, il demeure introuvable jusqu'à ce que l'on désespère. Comme par magie le voilà de nouveau face à nous. Porte dérobée ou destin, à vous de choisir.
Facétieux, l'auteur tire les ficelles des marionnettes qui seraient ses lecteurs. Il nous pousse dans nos retranchements.
Poésie, philosophie, psychologie, références artistiques et historiques - tout y passe. Le magicien joue sa partition. Qui êtes-vous ? Un témoin d'une intrigue qui vous dépasse ? Un simple figurant ? Le personnage principal ?
Jeu de trappes ? Escape game ?Toile d'araignée ? Beaucoup de fils à démêler. L'important est que l'on ne s'ennuie jamais si l'on accepte de se laisser emporter par cette folle course à travers monts et marées, pays et contrées.
Une fois à l'extérieur, la fête terminée, on s'efforce de rembobiner la bobine, de reconstituer ce puzzle inextricable. La porte du palais des glaces est close, les lumières sont éteintes. Il faudra revenir demain pour tenter de trouver la voie la plus courte vers la sortie. Mais pour le prix du ticket, dans un espace aussi restreint, on réalise combien on a voyagé loin, en nous.
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Nous avalions les kilomètres, les kilomètres nous avalaient. « Prochain arrêt… » Suivait le nom d’une ville ou d’une autre, mais à quoi bon nommé un trou à rats si rien ne le distingue de ses semblables ? Un numéro de série aurait été plus approprié. Les mêmes garages, les même fast-foods, les mêmes églises, vendant tous la même marchandise périmée. Des hommes y naissaient et y mourraient, point.
Je m’étais égaré sans me sentir perdu. Je ne cherchais rien et mes compagnons avaient eux aussi abandonné leur chasse au trésor. Pink Floyd avait cédé sa place à Led Zeppelin, au craquement qu’émet la voix de Robert Plant lorsqu’il s’aperçoit que la femme qu’il aimait tant n’a jamais existé. Les paysages surréels qui défilaient derrière les vitres m’ont donné la nausée. Mon cerveau n’arrivait pas à assimiler tant de beauté, tant d’espace. « Prochain arrêt… » À chaque fois j’adjurais le chauffeur de ne pas me dire où nous nous trouvions, tel un client suppliant un voyant de ne pas lui révéler la date exacte de sa mort.
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L’air nocturne sentait le bitume, la terre grasse, l’indécision. Peut-être appartenais-je à cet endroit, peut-être pas. […] J’ai eu dans ces rues désertes l’intuition de vérités qui m’échappaient à Monterey – l’intuition seulement, mais c’était déjà mieux que rien. Étais-je parti depuis quatre jours, un mois, une éternité ? Mon corps empestait la sueur et avait besoin d’une bonne douche ; mon âme puait encore plus mais avait peur de l’eau. Je n’ai pas osé frapper à la porte des love motels dont les enseignes grésillaient à la sortie ouest de la ville comme autant de lampes tue-mouches. […] J’ai donc vadrouillé jusqu’à l’aube, une aube gris-rose devant laquelle la ville semblait se prosterner jusqu’à s’aplatir. […] Les créatures de la nuit se sont empressées de refluer vers les rues transversales. Dans les villes comme celles-là, les bonnes gens se lèvent tôt et leur sourire est encore plus large et terrifiant que celui du Joker.
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L’Amérique est une déesse à deux visages, condamnée à abhorrer une moitié d’elle-même.
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Cette nuit-là, maman m’a confessé qu’elle avait toujours voulu mourir jeune – pas par peur de vieillir, mais de s’oublier en vieillissant.
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Peut-être nous trouvions-nous encore au Nevada, ou peut-être déjà en Utah. Nous nous en moquions. Où que nous soyons, la route était parfaitement rectiligne, comme pour défier Dieu et ses foutus détours.
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On ne décrit pas le chaos avec des quatrains.
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Je ne vis dans sa mélancolie que la compagne naturelle de ceux qui naissent au mauvais endroit.
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Je n’ai jamais avorté un roman volontairement. Mes nombreuses fausses couches ont toujours été le fruit de ma négligence. Le classement n’a jamais été mon fort. Je ne compte plus les serviettes en papier sur lesquelles j’avais ébauché une intrigue que j’ai jetées à la poubelle par mégarde, ou les carnets de notes que j’ai laissés dans un train. À première vue, certaines de ces histoires mort-nées montraient plus de promesses que celles que j’ai menées à terme. J’ignore pourquoi certains sujets « collent » et d’autres pas. Cela n’a rien à voir avec l’adhésivité du support. Je me console en me disant que les récits les plus opiniâtres méritaient plus de survivre que les autres, une sorte de sélection naturelle.
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