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EAN : 9782204117937
303 pages
Le Cerf (01/11/2018)
5/5   2 notes
Résumé :
Les droits de l'homme?? Après la Seconde Guerre mondiale, ils apparaissaient comme une promesse universelle de paix et de justice. Aujourd'hui, ils sont devenus un champ de bataille idéologique, le terrain sur lequel se confrontent les civilisations en lutte. Car les droits de l'homme sont d'abord le reflet de notre conception de l'homme. Or, celle-ci a beaucoup changé depuis la rédaction de la Déclaration universelle, en 1948. Alors que cette déclaration d'après-gu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Prix Ethique et société 2019 du Salon d'auteurs chrétiens AuTours des Auteurs
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Qui peut bien lire des livres traitant d'éthique aujourd'hui ?
C'est la question que je me suis posée avec anxiété lorsqu'il y a bientôt un an notre jury « éthique et société » s'est réuni pour la première fois et a découvert la liste des ouvrages à lire que nous avait concoctée le responsable des prix littéraires. Rassurez-vous, nous étions tous volontaires pour ces lectures et conscients d'une actualité législative qui faisait (et fait encore) de ces questions d'éthique un véritable enjeu de société. Aussi, tout en appréhendant l'aridité que nous prêtions à ce type d'ouvrage avant de les avoir lus, nous étions prêts à affronter ces auteurs pour nous documenter de manière responsable !
Je réponds ce soir à la question : TOUT LE MONDE DEVRAIT LIRE ces livres et notamment celui de Grégor Puppinck ! Les droits de l'homme dénaturé. Il est parfaitement lisible, parfaitement construit et instructif au point qu'en le lisant on se trouve intelligent et cultivé. La surprise a été réelle pour beaucoup des membres du jury qui pensant s'attaquer au code pénal ou bien encore à une thèse de doctorat en droit se sont rendu compte que le livre de Grégor Puppinck exposait clairement les évolutions des droits de l'homme depuis 1789 en passant par 1948 ainsi que les enjeux découlant de cette dérive (car ça en est bien une).
En effet, depuis quelques années, la revendication d'un « droit » conduit à tout légitimer et constitue le moteur même de la machine à légiférer. Et cela mène dans certains cas comme Grégor le démontre dans son livre à une négation du Droit à force d'une extension des droits qui semble être une des conséquences de l'idéologie du progrès.
J'ai beaucoup aimé l'exposition faite par Grégor des deux manières d'envisager l'Homme à la veille de la Déclaration internationale des droits de l'homme de 1948 : Maritain face à Huxley. Personnalisme face à Individualisme. La Déclaration de 1948 est née d'une bataille entre ces deux conceptions radicalement différentes de l'homme, celle du personnalisme où la dignité humaine consiste à accomplir sa nature, et une seconde où la dignité recouvre tout ce que l'individu décide contre la nature. Bien sûr comme nous le constatons tous, c'est la deuxième conception qui l'a emporté : dans ce renversement, les désirs subjectifs de l'individu sont souverains : exit la réalité dans laquelle ce dernier est inscrit. L'individu libre est un esprit qui peut disposer de tout : sa nature, son corps, la famille, la société, la religion.
A ces droits « dénaturés » s'ajoute le « transhumanisme », une logique de dépassement de la nature humaine et de progrès : on peut vouloir procréer sans sexualité, quelle que soit l'identité sexuelle des corps, procréer des enfants non malades.
Nourri par des cas pratiques et des exemples parfois effrayants, ce livre est fait pour convaincre. le jury a particulièrement apprécié l'argumentation claire, progressive et rigoureuse d'un spécialiste du droit qui connaît les institutions internationales dont il parle.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les deux guerres mondiales ont mis fin au cycle initié en 1648 et ont ouvert la perspective d’une refondation politique du monde. Cette refondation a consisté à libérer les personnes du double enfermement national et légal dans lequel la modernité les avait piégées. Tout le projet international d’après-guerre peut se résumer par la volonté de détruire la souveraineté moderne et de restaurer la morale. Ce fut un projet foncièrement chrétien et démocrate, porté principalement par les États-Unis et ses alliés européens. Cette ambition démocrate-chrétienne sut s’imposer malgré la forte résistance du bloc communiste et de certains pays musulmans.

Le 6 janvier 1941, le Président Franklin Roosevelt prononça devant le Congrès des États-Unis un discours de portée universelle. Il entendait préparer son pays à la guerre pour défendre « la mode de vie démocratique [...] directement attaqué dans toutes les parties du monde », mais il appelait aussi de ses vœux l’avènement d’un « ordre mondial », d’un « ordre moral » plus élevé et à « l’antithèse même de ce prétendu ordre nouveau de la tyrannie, que les dictateurs cherchent à créer dans le fracas des bombes ». Cet ordre moral mondial devait établir « partout dans le monde » la liberté qui « suppose la primauté des droits de l’homme partout ». Ce monde devait être fondé sur la garantie universelle de quatre libertés essentielles : la liberté de parole et d’expression, la liberté de religion, la liberté de vivre à l’abri du besoin et la liberté de vivre à l’abri de la peur. Cet ordre moral mondial, Roosevelt le déclarait réalisable dès cette époque, par la coopération et l’amitié entre les pays libres. Il croyait qu’une conception aussi élevée de la société ne pouvait que remporter la victoire.
(p18 et 19)
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Ce n’est d’ailleurs pas tant une critique qu’une vision de l’évolution actuelle et future de l’homme des droits de l’homme que je souhaite partager. Plus précisément, ce livre décrit le passage des « droits de l’homme » de 1948 aux « droits de l’individu » des vingt dernières années, puis aux « droits transhumains » actuellement en formation. Cette évolution reflète celle du rapport de l’homme à la nature. Alors que les droits de l’homme de 1948 reflétaient des droits naturels, l’affirmation de l’individualisme a généré de nouveaux droits antinaturels, tels que le droit à l’euthanasie ou à l’avortement, conduisant à leur tour à l’émergence de droits transhumains qui garantissent aujourd’hui le pouvoir de redéfinir la nature, tels que le droit à l’eugénisme, à l’enfant, ou au changement de sexe. Plus profondément, cette évolution témoigne d’une transformation profonde de la conception de la dignité humaine qui tend à être réduite à la seule volonté individuelle, ou à l’esprit par opposition au corps, et qui envisage toute négation de la nature et des conditionnements comme une libération et un progrès. Finalement, ce livre montre comment les droits de l’homme actuels accompagnent le transhumanisme et œuvrent au dépassement de la démocratie représentative.
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