Dürer à 26 ans à peine quand ses grandes gravures sur bois de l'Apocalypse le rendent brusquement célèbre.
Ces visions d'angoisse et d'épouvante éclatent dans un univers inquiet. Le Moyen-Âge finissant laisse après lui comme un murmure de fin du monde. Les révoltes des paysans qui assiègent les châteaux, l'ébranlement de l'Eglise et les soubresauts avant-coureurs de la Réforme, l'action des prédicateurs itinérants, souvent suivis de hordes humaines chassées par l'épidémie ou la famine, toute cette agitation contribue à répandre, jusque dans les bourgeoisies les plus prospères, l'idée que le jugement dernier est proche.
Le pourceau monstrueux. Burin 11,8 x 12,7 cm. [v. 1496]
Le Ier mars 1496 naquit à Landser en Alsace un pourceau monstrueux avec huit pattes, quatre oreilles et deux langues pour une seule tête. Cette merveille eut immédiatement droit aux honneurs de la presse : Sébastien Brant publia chez Bergmann de Olpe une feuille volante illustrée où il était question du symbole de l'Antéchrist. Dürer, amoureux de la mesure et de la symétrie, et fasciné par ce qui en est l'antithèse, ne pouvait manquer d'être inspiré par cette illustration, qu'il interpréta fort librement.
(p. 44)
Le Rhinocéros. Bois. 21,4 x 29,8 cm, 1515
Le 20 mai 1515 arriva à Lisbonne, en provenance des Indes, un rhinocéros, cadeau pour Emmanuel Ier, roi du Portugal. Celui-ci le destinait au pape Léon X, mais l'animal ne parvint pas à Rome, s'étant noyé accidentellement dans le golfe de Gênes. Dürer lui-même n'a pas vu le rhinocéros en chair et en os, mais seulement le dessin qu'avait exécuté Valentin Ferdinand, un morave installé à Lisbonne, avant de l'envoyer à l'un de ses amis nürembergeois. Et c'est d'après ce dessin que Dürer a gravé cette planche qui connut un succès considérable : elle fut éditée hui fois, dont sept après la mort de l'artiste; l'édition en clair-obscur est parue à Amsterdam en 1620.
L'Europe, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, semble n'avoir connu le rhinocéros que par cette image; on le retrouve un peu partout : dans un des monuments projetés pour célébrer l'entrée de Henri II à Paris, dans les armoiries du duc de Florence au XVIe siècle, fin XVIe - début XVIIe dans le décor d'un plafond colombien, dans un bronze italien du XVIIe, au XVIIIe dans une monumentale porcelaine de Meissen.
(p. 44 - 45)
Némésis. Burin. 33,3 x 22,9 cm [v. 1501-1502]
La gravure est désignée sous ce nom dans le Journal de voyage au Pays-Bas.
Némésis est le nom que porte la divinité grecque chargée d'exprimer la jalousie de l'Olympe à l'égard des mortels trop ambitieux : Promethée, Phaëton, Tantale, etc., non seulement les orgueilleux mais tous ceux qui franchissent les limites que le destin leur a une fois pour toutes assignées. Qui passe la mesure doit être puni.
Cette idée fondamentale de la sagesse grecque et que de nombreuses maximes antiques rappellent a certainement beaucoup impressionné Dürer, au point qu'il en fait presque la base de ses théories sur la peinture.
"Garde-toi de l'excès : l'harmonie entre deux termes voilà qui est beau."
"Entre trop et trop peu est un juste milieu : efforce-toi d'y atteindre dans toutes tes oeuvres." (Projet de préface au Traité des proportions, 1512)
(p. 78)
Quelque désir qu'aient les hommes de n'importe quel bien terrestre, il peut être complètement assouvi jusqu'à se transformer en dégoût, excepté seulement le désir d'acquérir un grand savoir, dont personne ne se dégoûte. (Projet de préface au Livre du peintre, 1512).
(p. 108)
La
sorcellerieEmission consacrée à l'histoire de la
sorcellerie en France.
- Au début : L'émission commence par la lecture d'une lettre écrite par une femme (épouse d'un guérisseur de la Sarthe).
- A 1'00 : indicatif de l'émission.
- A 1'40 : lancement d'Hélène CARDIN.
- A 2'05, à 3'53
Maxime PREAUD, conservateur à la B.N. et organisateur d'une exposition sur la
sorcellerie : Définition de la...