AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330060916
155 pages
Actes Sud (30/03/2016)
3.88/5   207 notes
Résumé :
Le portrait dit des Époux Arnolfini a été peint par Jan Van Eyck en 1434 : énigmatique, étrangement beau, sans précédent ni équivalent dans l’histoire de la peinture... Cet ouvrage offre un voyage au cœur de ce tableau, qui aimante par sa composition souveraine et suscite l’admiration par sa facture. Touche après touche, l’auteur décrypte les leurres et symboles semés par l’artiste sur sa toile, à l’image d’un roman policier à énigmes. Alors le tableau prend corps, ... >Voir plus
Que lire après L'affaire ArnolfiniVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 207 notes

Ce n'est pas si souvent que l'on puisse admirer un jeune couple du XVe siècle en couverture d'un roman récent, d'investigation qui plus est.

C'est absolument incroyable le nombre de spécialistes et connaisseurs qui ont pu se pencher, depuis sa création par Jan van Eyck en 1434, sur cette oeuvre d'art. Il a fallu 7 pages à Jean-Philippe Postel pour citer les livres et articles relatifs à ce tableau exceptionnellement célèbre, il est vrai. Déjà le conservateur du fameux musée Groeninge à Bruges, Till-Holger Borchert, avait consacré, en 2008, comme historien d'art réputé une monographie au maître peintre médiéval, avec en couverture le même couple Arnolfini.

De la vie de l'artiste peu est connu avec certitude. Jan van Eyck serait né vers 1390 dans le Limbourg belge, à ou près de la ville de Maaseik, appelée avant Maeseyck : Maes signifiant la rivière la Meuse et "eyck" un chêne. Il aurait eu 2 frères artistes-peintres comme lui, Hubert et Lambert. En 1432 ou 1433, Jan a épousé la "damoiselle Marguerite" de qui il a fait le portrait en 1439 et qui se trouve actuellement au musée Groeninge précité à Bruges.
Le couple a eu 2 enfants : un fils Philippot, né en 1434 et dont j'ignore ce qu'il est devenu, et une fille Lyevine ou Livina, qui est entrée au couvent de Sainte-Agnès à Maaseik. Cette vile, qui abrite une impressionnante statue des frères Jan et Hubert van Eyck, se trouve à 120 kilomètres à l'est de Bruxelles, près de la frontière hollandaise et la ville de Maastricht et à côté de Liège et Aix-la-Chapelle en Allemagne.

Première question : c'est qui au juste ce couple sur le tableau avec leur petit griffon ? Il y a des experts d'art qui ont soutenu qu'il s'agissait tout simplement de Jan et Margriet van Eyck. Faux ! Disent d'autres experts, qui ont épluché les archives. Ce sont Giovanni di Arrigo Arnolfini, un riche "businessman" toscan avec son épouse Constanza Trenta. Encore faux, nous assurent d'autres experts, puisque la signora Arnolfini-Trenta venait de mourir, fin 1433.
Il s'agit bel et bien de Giovanni Arnolfini, car le nom du commanditaire du tableau "Hernoul-le-Fin" ne laisse pas de place au doute, selon encore d'autres experts et la beauté enceinte à sa gauche est Marguerite van Eyck. D'ailleurs, Giovanni est triste de la perte de sa bien-aimée et ne daigne même pas regarder cette dame... Dont il tient pourtant la main ... ! Bref, ne vous affolez pas trop en prétendant qu'il s'agisse du couple Arnolfini.

Non seulement l'attitude de monsieur et madame Arnolfini, qui ne se regardent pas du tout, tout en se tenant par la main, a fait couler, au cours des siècles, pas mal d'encre, mais aussi leurs vêtements - les patins abandonnés sur le sol par exemple - et le riche intérieur flamand.

Je ne sais pas si Jean-Philippe Postel à raison en affirmant, à la page 87, : "Les moindres aspects du tableau sont.. pleins de sens", mais ce qui est reflété dans le miroir entre les Arnolfini l'est incontestablement. C'est à coup sûr ce qui m'a le plus fasciné dans cette oeuvre d'art. Utilisez une loupe pour admirer à sa juste valeur les talents de van Eyck. Dommage que le charmant griffon bruxellois a réussi à ne pas être reflété dans ce miroir. Je me demande d'ailleurs comment il a fait ?

Ce serait délicieux d'apprendre comment le peintre réagirait s'il pouvait revenir sur terre et lire tous les commentaires sur son oeuvre contenus dans cet ouvrage. Je présume qu'il serait probablement fort étonné de certaines constatations et conclusions de la part des experts. Et c'est ce qui fait à la fois le charme et la faiblesse de ce petit "roman d'investigation". Mais peut-être qu'il me manque de la fantaisie ?

Si fin octobre il y aura le Brexit, je trouve que l'exécutif flamand devrait se débrouiller pour récupérer le superbe tableau des Arnolfini par Jan van Eyck, qui se trouve actuellement au National Gallery à Londres, et aller l'accrocher à une place d'honneur du musée Groeninge à Bruges. Je promets le futur ministre de la culture d'être personnellement présent à cette grande occasion.

Entretemps, chers ami-e-s, Joyeuse fête de Pâques.
Commenter  J’apprécie          515
Ce tableau, peint par Jan van Eyck, l'un des maîtres flamands du XVe siècle, a fait couler beaucoup d'encre, et se trouve, encore actuellement, au coeur de nombreuses discussions.

Riche de détails et de symboles, il permet en effet de nombreuses interprétations. Jean-Philippe Postel prend ici son lecteur par la main, et, grâce à son érudition, l'entraîne dans une folle enquête, parfois ardue à suivre, mais ô combien passionnante !

Au carrefour du roman policier, de l'essai historique et du roman d'investigation, cet ouvrage est une parfaite illustration de ce en quoi consiste le travail d'un chercheur. On navigue entre différentes légendes, divers faits historiques – sur plusieurs époques – et, surtout, on s'attache à l'exploration de toute la symbolique picturale de la Renaissance. Page après page, dissection après dissection, j'ai eu l'impression que les secrets de ce tableau se dévoilaient et que finalement, l'auteur parvenait à me faire toucher du doigt la signification profonde de cette oeuvre – ce qui n'est pas une mince réussite, je ne peux pas prétendre m'y connaître en peinture…

Cette lecture est passionnante, vibrante, envoûtante. Au premier abord, je dois vous avouer que j'ai vraiment craint que ce livre soit fait par et pour des spécialistes, et qu'il soit nécessaire, pour accéder vraiment à sa richesse, de faire partie du cercle des initiés. Mais tout est tellement bien expliqué, je n'ai pas eu de difficulté à suivre. Je dois dire que les illustrations, et en particulier les images zoomées de certaines parties du tableau, sont vraiment utiles pour permettre aux lecteurs de bien suivre les thèses développées par l'auteur.

Après avoir refermé ce livre, j'ai l'impression d'avoir participé à un jeu de piste, à une sorte de grande chasse au trésor tout au long de l'Histoire. Et je retiens de cette enquête fascinante que, pour comprendre, il suffit parfois de regarder, simplement.

Si vous avez envie de suivre un cours d'histoire de l'art sans craindre d'être largué par un exercice de style à l'occasion duquel l'auteur nous assommerait de son savoir, je vous recommande chaudement ce livre ! J'espère vraiment que vous voyagerez autant que moi. Alors, à vos pinceaux !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
Commenter  J’apprécie          350
L'affaire Arnolfini est l'enquête très fouillée que consacre Jean-Philippe Postel à cette peinture à l'huile sur bois - Les époux Arnolfini-, peinte par Jan van Eyck en 1434. Elle représente un couple dans un intérieur bourgeois et fascine le spectateur par l'aspect mystérieux du couple. Ils ne se regardent pas, la jeune femme semble enceinte, regardant vers le bas et l'homme, tout de noir vêtu, semble particulièrement triste. Après l'étude de nombreux documents, l'auteur analyse tous les éléments du tableau, de l'intérieur de la pièce, au miroir convexe reflétant le couple de dos et d'autres personnages, en passant par les objets épars (chaussures, fruits) ainsi que la présence d'un petit chien, en restituant ces détails dans le contexte et les traditions de l'époque.
Grâce à ces informations, Jean Philippe Postel élabore ou échafaude des hypothèses qu'il étaye, qui paraissent raisonnables...

Trop détailler les oeuvres d'art, explicitant tel ou tel élément, finit par en enlever tout le charme et l'attrait. C'est ce que j'ai ressenti à la lecture de cette enquête presque policière. Alors beaucoup d'informations sont intéressantes sur le mode vie de l'époque dans la bourgeoisie, le mariage, le deuil, les tenues vestimentaires qui permettent de qualifier assez rapidement le veuvage, mais au final je me suis ennuyée et j'ai presque pris le tableau en grippe, l'étude étant trop réaliste et enlevant à l'oeuvre justement tout le mystère dont elle est porteuse et qui fascine.
Je suis perplexe sur le besoin ou la nécessité de passer au crible ou décortiquer à outrance les oeuvres d'art, au risque de détruire la surprise ou le plaisir émotionnel du spectateur, qui est ce que l'on recherche en premier et qui fait que l'on aime sans raison l'oeuvre d'art en question.
Cette enquête peut séduire les curieux qui ont une âme scientifique, mais je ne suis pas sûre qu'elle plaise aux amateurs d'art...
Commenter  J’apprécie          290
Chaude vêture ourlée de martre zibeline pour ce couple de belle allure posant sur la toile devant un toutou dans l'intérieur cosy d'une chambre flamande opulente. Couvre chef à larges bords pour monsieur, « huve blanche des épousées » et plis lourds d'un drapé vert pour madame qui semble sur le point de « gésir » (on s'instruit). Une gestuelle étrange. Improbable mise en scène dont le sens a déserté le tableau… et qui laisse le spectateur du XXIe siècle dubitatif. Jean-Philippe Postel orchestre dans ce livre la rocambolesque traversée de l'histoire de cette oeuvre célèbre - signée Jan van Eyck et portant la date de 1434 - et le récit concomitant des innombrables péripéties soulevées par ses différentes interprétations. Très amusant d'en prendre connaissance par le biais de ce petit essai aussi brillant que la peinture dont il prétend décortiquer tous les mystères. « Les époux Arnolfini » ainsi qu'on les nomme depuis longtemps ont rejoint la National Gallery en 1843. Il fut un temps où derrière deux volets de bois leur illustre propriétaire, Marguerite d'Autriche, les tenaient soigneusement verrouillés s'en réservant la contemplation à elle seule. Selon les « arnolfiniens » ce couple appartint à une riche famille de négociants italiens installés à Bruges. Des contradicteurs soutiennent qu'il s'agit là d'un autoportrait du peintre et de sa femme qui accoucha justement en 1434. Un serment de fidélité assurent les uns, un mari trompé et sa femme adultère en train de régulariser renchérissent les autres, rite nuptial mystérieux, hommage funèbre à une épouse défunte, voire scène de chiromancie ont aussi été suggérés ! Ayant fait le tour de toutes les hypothèses Jean-Philippe Postel propose enfin la sienne, plausible et très recevable. Une de plus direz-vous et pourquoi pas ? Il faut aller la découvrir. Pourquoi renoncer au plaisir d'élucider une énigme en redonnant vie à quelques vieux écrits oubliés ? C'est ici qu'intervient la rencontre fortuite entre un petit livre acheté d'occasion par l'auteur et sa curiosité érudite jamais démentie pour le tableau de van Eyck. Investigation passionnante et rudement bien tournée. Chaque détail du tableau, tel un symptôme, passé au crible de l'examen clinique (l'auteur a paraît-il exercé la médecine) se charge d'un sens nouveau qui à chaque étape se dérobe ou se dédouble multipliant les possibilités d'égarement. Leurre et trompe l'oeil en peinture au service de ce qui pourrait être autant une farce qu'une vérité plus sombre. Sur des rabats aux couvertures (recto/verso), l'éditeur a eu la judicieuse idée d'offrir un zoom sur quelques-uns des éléments du tableau ajoutant au plaisir de lecture de l'enquête : le miroir et ses reflets ; une nature morte discrète ; le chandelier de cuivre et ses bobèches ; une paire de socques en bois ; l'insolite griffon bruxellois du premier plan ; et des mules rouges plus raffinées. Les primitifs flamands n'ont pas fini de faire parler d'eux!


Commenter  J’apprécie          200
L'affaire Arnolfini ! Qu'ils sont nombreux à s'être penché sur ce tableau, à avoir essayé de le décrypter . Qui ? sans doute un Arnolfini , quand ?1434 de cela on est sur, le peintre ? Jan van Eyck pareil c'est une certitude ..
Je crois que c'est la première fois que je pénètre dans l'intimité d'un tableau guidée par la plume enthousiaste de Jean-Philippe Postel. le livre dans une main, le regard passant d'une page à une image- là je ne critique pas Internet-, je me suis glissée dans cette chambre, je suis allée jusqu'au miroir, et j'ai observé ... et je me suis régalée.
Si par curiosité vous vouliez découvrir vous aussi Les époux Arnolfini je vous propose un lien :
https://www.museumtv.art/artnews/oeuvres/zoom-sur-les-epoux-arnolfini-de-jan-van-eyck/
et bien sur un détour par la National Galery ..




Commenter  J’apprécie          250

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Saint Arnoul était le patron des cornards, des coquillards, des cornificetur, des coupeaux, des jeannins, des cous, des vuihos, des lourches, des racoupis - des cocus. [...]
On disait des cocus qu'ils appartenaient à la "confrérie de Saint-Arnoul", qu'ils "logeaient à l'hôtel Saint-Hernoux", qu'ils "devaient une chandelle à saint Arnoul". Hernoux du temps de Rabelais désigne le cocu. C'est un cocu qui, dans le Roman de la Rose, se plaint de l'impudicité de sa femme :

Par vous, par voustre lécherie [lubricité]
Suis-je mis en la confrérie
Saint Ernoul le seigneur des cous.

Chapitre IV, Hernoul-le-fin avec sa femme, p. 36
Commenter  J’apprécie          60
Invisible et pourtant placée à la vue de tous, telle la lettre volée d'Edgar Poe, l'incroyable, l'impossible vérité du tableau est dans le tableau lui-même, enfouie dans le seul objet qui ne saurait mentir : le miroir. La vérité est au fond du puits. Il n'est que de s'y pencher pour la découvrir et alors on ne voit qu'elle. Elle crève les yeux. Vérité dangereuse, aux lisières de la sorcellerie et la nécromancie. Est-ce pour l'occulter que la très pieuse Marguerite d'Autriche fit mettre une serrure aux volets du tableau ? Précaution bine innocente en ce cas, et bien superflue, car Van Eyck, en maître inégalé de l'illusion, avait su ménager "ses rets, ses flèches, ses machines, lacets et gluaux pour surprendre notre pauvre âme" et faire de nous des aveugles.
Commenter  J’apprécie          30
Dans la chambre règne un grand calme. La lumière est douce, l'air comme velouté. Pas de fumée noire, pas de flammes. La main de l'homme est indemne de toute brûlure. Belle, palpitante de vie, la jeune femme lui tend la sienne. Son petit chien nous regarde. Des jeux d'ombre et de lumière magnifiquement agencés créent non pas l'illusion de la profondeur, mais la profondeur elle-même - cette perspective atmosphérique si chère à Van Eyck, si distinctive de son génie, cette inimitable phosphorescence.
Commenter  J’apprécie          30
Le tableau peut maintenant se déchiffrer à la façon d’un rébus. Ses détails nous diront les craintes et les désirs d’une jeune morte apparue à un homme qui n’ose pas, qui ne peut pas la regarder. Peut-être même nous diront-ils son histoire.
Commenter  J’apprécie          60
Fais en sorte de promettre. Quel dommage y a-t-il, en effet, à promettre ?
Riche de promesses, chacun peut l'être.
L'Art d'aimer, livre I, Ovide (Vers 443 et 444)

Chapitre III, Façons de voir, p. 32
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Jean-Philippe Postel (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Philippe Postel
Les Époux Arnolfini : énigme résolue.
autres livres classés : roman d'investigationVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (410) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1087 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..