Ce n'est pas si souvent que l'on puisse admirer un jeune couple du XVe siècle en couverture d'un roman récent, d'investigation qui plus est.
C'est absolument incroyable le nombre de spécialistes et connaisseurs qui ont pu se pencher, depuis sa création par
Jan van Eyck en 1434, sur cette oeuvre d'art. Il a fallu 7 pages à
Jean-Philippe Postel pour citer les livres et articles relatifs à ce tableau exceptionnellement célèbre, il est vrai. Déjà le conservateur du fameux musée Groeninge à Bruges,
Till-Holger Borchert, avait consacré, en 2008, comme historien d'art réputé une monographie au maître peintre médiéval, avec en couverture le même couple Arnolfini.
De la vie de l'artiste peu est connu avec certitude.
Jan van Eyck serait né vers 1390 dans le Limbourg belge, à ou près de la ville de Maaseik, appelée avant Maeseyck : Maes signifiant la rivière la Meuse et "eyck" un chêne. Il aurait eu 2 frères artistes-peintres comme lui, Hubert et Lambert. En 1432 ou 1433, Jan a épousé la "damoiselle Marguerite" de qui il a fait le portrait en 1439 et qui se trouve actuellement au musée Groeninge précité à Bruges.
Le couple a eu 2 enfants : un fils Philippot, né en 1434 et dont j'ignore ce qu'il est devenu, et une fille Lyevine ou Livina, qui est entrée au couvent de Sainte-Agnès à Maaseik. Cette vile, qui abrite une impressionnante statue des frères Jan et Hubert van Eyck, se trouve à 120 kilomètres à l'est de Bruxelles, près de la frontière hollandaise et la ville de Maastricht et à côté de Liège et Aix-la-Chapelle en Allemagne.
Première question : c'est qui au juste ce couple sur le tableau avec leur petit griffon ? Il y a des experts d'art qui ont soutenu qu'il s'agissait tout simplement de Jan et Margriet van Eyck. Faux ! Disent d'autres experts, qui ont épluché les archives. Ce sont Giovanni di Arrigo Arnolfini, un riche "businessman" toscan avec son épouse Constanza Trenta. Encore faux, nous assurent d'autres experts, puisque la signora Arnolfini-Trenta venait de mourir, fin 1433.
Il s'agit bel et bien de Giovanni Arnolfini, car le nom du commanditaire du tableau "Hernoul-le-Fin" ne laisse pas de place au doute, selon encore d'autres experts et la beauté enceinte à sa gauche est Marguerite van Eyck. D'ailleurs, Giovanni est triste de la perte de sa bien-aimée et ne daigne même pas regarder cette dame... Dont il tient pourtant la main ... ! Bref, ne vous affolez pas trop en prétendant qu'il s'agisse du couple Arnolfini.
Non seulement l'attitude de monsieur et madame Arnolfini, qui ne se regardent pas du tout, tout en se tenant par la main, a fait couler, au cours des siècles, pas mal d'encre, mais aussi leurs vêtements - les patins abandonnés sur le sol par exemple - et le riche intérieur flamand.
Je ne sais pas si
Jean-Philippe Postel à raison en affirmant, à la page 87, : "Les moindres aspects du tableau sont.. pleins de sens", mais ce qui est reflété dans le miroir entre les Arnolfini l'est incontestablement. C'est à coup sûr ce qui m'a le plus fasciné dans cette oeuvre d'art. Utilisez une loupe pour admirer à sa juste valeur les talents de van Eyck. Dommage que le charmant griffon bruxellois a réussi à ne pas être reflété dans ce miroir. Je me demande d'ailleurs comment il a fait ?
Ce serait délicieux d'apprendre comment le peintre réagirait s'il pouvait revenir sur terre et lire tous les commentaires sur son oeuvre contenus dans cet ouvrage. Je présume qu'il serait probablement fort étonné de certaines constatations et conclusions de la part des experts. Et c'est ce qui fait à la fois le charme et la faiblesse de ce petit "roman d'investigation". Mais peut-être qu'il me manque de la fantaisie ?
Si fin octobre il y aura le Brexit, je trouve que l'exécutif flamand devrait se débrouiller pour récupérer le superbe tableau des Arnolfini par
Jan van Eyck, qui se trouve actuellement au National Gallery à Londres, et aller l'accrocher à une place d'honneur du musée Groeninge à Bruges. Je promets le futur ministre de la culture d'être personnellement présent à cette grande occasion.
Entretemps, chers ami-e-s, Joyeuse fête de Pâques.