L'intrigue :
Dans
Ma Fille ne t'en va pas, Yasmina est la mère de deux filles et un fils. Sa fille ainée s'est radicalisée et a entrepris d'aller faire le Djihad en Syrie. Yasmina se remet en question : aurait-elle pu constater sa radicalisation, l'en empêcher ? Lui avait-elle donné une mauvaise éducation, était-ce de sa faute ? Elle veut lui dire à quel point elle l'aime et elle regrette de ne pas lui avoir raconté son passé en Afrique. Elle se remémore le passé tragique qu'elle a vécu là-bas. Elle veut à tout prix empêcher sa fille de vivre les mêmes horreurs.
L'auteur :
Marion Poirson-Dechonne est née à Montpellier. Agrégée de lettres modernes et docteur en arts et sciences de l'art, elle est maître de conférences HDR en cinéma à l'université Paul Valery Montpellier 3 où elle donne des cours de pratique du scénario et d'esthétique du cinéma. Elle est l'auteur d'une cinquantaine d'articles sur le cinéma, ainsi que de deux ouvrages, le cinéma est-il iconoclaste ? et Entre spiritualité et laïcité, la tentation iconoclaste du cinéma. Elle a aussi publié trois romans policiers, un roman historique ainsi qu'une série jeunesse dont l'action se déroule à Montpellier au Moyen Âge.
Le livre en détails :
Le récit consiste majoritairement en l'exploration intérieure de Yasmina. Elle médite sur la religion et la radicalisation, les inégalités sociales, le machisme, l'immigration et de nombreux autres sujets d'actualité. Elle dénonce aussi l‘esclavage moderne dans le Maghreb.
Son aventure est révoltante et nous donne soif de justice. Ici pas d'euphémisme, la violence est crue.
Cependant pas d'autre côté du miroir comme on pouvait s'y attendre, on n'a pas le point de vue de sa fille et c'est dommage. le livre n'a pas réellement pour thème le Djihad, c'est plutôt un prétexte pour raconter la misère des femmes dans certains pays.
On a un style d'écriture simple et contemporain, qui offre une lecture simple. Malgré tout c'est assez déroutant car Yasmina est censée être quasiment illettrée tandis que le vocabulaire utilisé est parfaitement maîtrisé.
Mes impressions :
Tout ce qui est dans le livre est très intéressant, et le majeur problème vient de tout ce que l'on n'a pas. J'entends par là le point de vue de la fille mais aussi et surtout d'un dénouement digne de ce nom. En effet la fin tient en cinq lignes et m'a vraiment déçu vis-à-vis du potentiel qu'elle avait. J'ai clairement eu le sentiment que l'auteure avait dit tout ce qu'elle avait à dire et a mis un point sans se soucier de donner une belle conclusion marquante. C'est vraiment dommage.
Je pense que ça mériterait un second volume avec cette fois-ci le point de vue de la fille de Yasmina et qui traiterait réellement du Djihad. J'aurais aimé voir l'envers du décor, la manière dont peu à peu les jeunes sont manipulés et radicalisés etc… Et il pourrait apporter la conclusion que mérite cette histoire.
Je regrette aussi que le style d'écriture ne soit pas plus caractérisé, avec plus d'expressions arabes et un français plus bancal.
Malgré tous ces défauts, le livre vaut quand même le détour, il n'en reste pas moins très bon mais simplement décevant sur beaucoup d'aspects.