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EAN : 9782867466915
352 pages
Liana Lévi (30/11/-1)
3.47/5   67 notes
Résumé :
Red Hook. Une langue de terre tout au sud de Brooklyn, là où l'East River se jette dans la baie. L'horizon y est délimité et l'avenir aussi. Blancs ou noirs, habitants du front de mer résidentiel ou des cités, les jeunes du quartier passent leurs soirées d'été dehors à écouter du rap, boire des sodas alcoolisés et à rêver d'aller voir de l'autre côté, à Manhattan. L'aventure est là, tout près, dans cette ligne de gratte-ciels. Une nuit de canicule, June et Val, deux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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L'autre côté des docks fait partie de ces romans, comme Eureka street de Mac Liam Wilson ou Rue de la Sardine de John Steinbeck, qui mettent en scène de façon éblouissante un quartier et ses habitants. Il s'agit ici de Red Hook, un quartier autrefois glorieux de Brooklyn, au temps où il était un des plus grands ports des USA. La pègre y prospérait alors autant que l'activité portuaire. Puis le quartier connut un déclin marqué et la construction d'une autoroute à destination de Manhattan dans les années 1940, puis d'un tunnel dans les années 1950, coupèrent le quartier du reste de la ville. Aujourd'hui encore, nulle ligne de métro n'y mène et seule une navette maritime et une ligne de bus permettent de s'y rendre des autres quartiers de New York. À la suite de cet isolement, Red Hook devint la capitale du crack dans les années 1980, jusqu'aux années 1990, où une féroce répression et diverses initiatives municipales lui valurent une gentrification progressive.
Le roman se situe à la charnière géographique et temporelle entre les deux univers : les guerres du crack sont encore un vif souvenir, mais sont au passé. Ce passé pourtant demeure dans la genèse des personnages. Les cités, principalement peuplées de noirs, pauvres et encore mitées par le marché de la came et les petits gangs, sont séparées des quartiers blancs du front de mer par Coffey Park. Un soir, deux amies d'une quinzaine d'années, Val et June, que leur développement asynchrone est en train tout doucement de séparer, se jettent à l'eau sur un petit canot gonflable de plastique rose, par défi, par inconscience. Aspirées par les eaux froides et huileuses de la baie, elles n'atteindront jamais la petite plage qu'elles comptaient gagner en moins d'une demi-heure. L'une sera retrouvée, l'autre non.
Un jeune garçon noir, Cree, les a vues partir et a même essayé de les rejoindre avant de renoncer. Il est orphelin, son père Marcus ayant été victime collatérale d'une fusillade. Sa mère, Gloria, et sa grand-mère, Grandma Lucy, communiquent avec les morts. de Marcus, il ne lui reste qu'une épave, le bateau avec lequel ils comptaient se promener ensemble jusqu'au New Jersey, en face. Autour de Val, la gamine rescapée, et de June, celle qui a disparu, plusieurs destins s'emberlificotent en un écheveau d'abord embrouillé. Celui de Jonathan, un musicien raté devenu professeur de musique et pianiste dans une boîte gay, qui n'a fait que dégringoler de quartiers huppés en quartiers de relégation durant le long avortement de sa carrière. C'est lui qui trouvera par hasard la rescapée échouée sous une jetée. Celui d'un épicier libanais, Fadi, qui croit inlassablement à sa fortune et à l'avenir du quartier. Celui d'une adolescente, Monique, qui préférerait pour sa part ne pas entendre les morts. Celui d'un jeune graffeur au talent époustouflant, Ren, qui sait utiliser la lumière et les supports pour faire mystérieusement vivre ses fresques.
Le style est beau, sans fioritures, efficace et descriptif. Mais ce qui est le plus attachant dans le roman, c'est la tendre connivence avec les personnages adolescents, qui sont décrits dans leur vulnérabilité et leur brusquerie, leurs contradictions et leur touchant besoin d'approbation et de compréhension. La finesse psychologique avec laquelle ils sont dépeints tandis qu'ils se blessent aux arêtes d'existences malmenées, la façon dont ils désespèrent, s'égarent et avancent pourtant est profondément touchante. (...)

Lonnie pour Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/laut..
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Éloignons-nous un peu des lumières aveuglantes de Manhattan et prenons le Verazzano Bridge via Staten Island ou, plus direct, le Manhattan Bridge pour arriver à Brooklyn. La rénovation galopante a depuis longtemps fait de ce faubourg l'extension branchouille de New-York. Mais quand on longe les docks, on finit par atteindre un quartier resté dans son jus : bienvenue à Red Hook, cité zonarde coincée entre la société de la réussite et la baie de l'Est River.

Si, paraît-il, la misère est moins pénible au soleiI, elle se vit en tout cas difficilement dans la canicule de Red Hook et pousse Val et June, inséparables adolescentes, à une expédition en canot gonflable dans la baie, le long des docks. L'une en reviendra ; l'autre pas.

L'autre côté des docks d'Ivy Pochoda – traduit par Adélaïde Pralon – fait partie de ces livres dont le décor est le héros. Certes, Ivy Pochoda y soigne ses portraits et s'attarde sur les espoirs de ses narrateurs choraux : Fadi l'épicier libanais attendant les mannes des paquebots de croisières appelés à accoster au nouveau débarcadère ; Cree qui rêve de s'en sortir et de partir en bateau sur les traces de son père défunt ; Monique la jeune chanteuse qui se la joue dure ; Ren grapheur talentueux au passé trouble ; et Lucy, Célia, Gloria ou Val dont les têtes résonnent des voix de ceux qui ne sont plus là…

Mais, à la manière d'un William Boyle dans Gravesend, c'est avant tout un cri d'amour à son quartier natal que l'auteure nous propose, un quartier en bascule comme les destins de ses habitants juste avant qu'il ne perde définitivement l'authenticité qui en faisait son charme. Comme dans Route 62 que j'avais particulièrement apprécié, Ivry Pochoda excelle ici encore dans le livre intimiste dont la trame de fond polardesque (qui prend un peu l'eau…) n'est que prétexte à vagabondage au coeur de cette petite société microcosmique.
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Brooklyn ,ses docks, un ancien port, l'atmosphère glauque qui promettait le frisson !

Mais, dès le début, le style m'a rebutée. Un fouillis d'infos, un bric-à-brac de détails insipides, des personnages pour lesquels je n'avais aucune empathie.
Un texte scénarisé qui a le don de m'ennuyer et que mon attention déserte sans arrêt!

Petit coup de gueule au passage: encore une quatrième de couverture qui ne lésine pas sur le qualificatif vendeur sans état d'âme :
" L'autre côté des docks " est un grandiose opéra urbain ..."
Grandiose !!!

Bon,pour ne pas être désagréable, je terminerai en précisant si besoin était, que ce livre n'était simplement pas à mon goût et j'en ai abandonné la lecture au quatrième chapitre.
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Red Hook a une particularité : C'est le seul quartier de New York, Brooklyn, à être regardé de face par la statue de la Liberté. C'est aussi un quartier où Coffey park sépare les cités et les quartiers plus tranquilles, les blancs des noirs.
Dans ce quartier , vivent deux jeunes, Val et June qui décident un soir de faire du canot dans la baie New York. Sans le savoir, elles sont espionnées par Cree, black des cités , lui même suivi par Ren, vagabond sorti de nulle part...Tous viennent de sceller leur destin.
Magnifique roman.
Tout d'abord Red Hook, on a tous l'impression d'y être allé après la lecture de ce livre. En quête d'identité, ce quartier veut laver son passé de zone d'impunité où les coups de feu étaient aussi nombreux que les taxis.
Comme dans d'autres zones de Brooklyn, les abords maritimes se sont gentrifiés, un Ikea a même poussé, les paquebots de croisière s'y arrêtent , juste devant un énorme supermarché trendy...
Cette mutation, les interrogations des habitants, les rapports raciaux, la jeunesse, la désillusion des cités...tout est extrêmement bien décrit.
De plus, les personnages sont très bien plantés, les barrières tombent et finalement un suspense s'installe. Il y a beaucoup de remords, d'amour, de haine, de désillusion dans ce Red hook. Il y a aussi l'impression parfois d'être dans un village paumé où tout le monde se connait.
Magnifique livre , très bien écrit. Belle découverte.
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Un soir d'été suffocant, Val et June, deux adolescentes du quartier de Red Hook, à Brooklyn, décident de se lancer dans une expédition nocturne le long de la baie à bord d'un canot pneumatique. Une escapade qui s'achève de manière dramatique et qui, si elle n'est qu'un microévénement à l'échelle de la mégapole new-yorkaise, touche de plein fouet la petite communauté de Red Hook, révélant au passage tous les motifs de désunion de ce quartier a priori uni, la persistance des barrières sociales et raciales et les petites ou grosses haines recuites.

Chronique noire d'un quartier pas encore trop touché par la gentrification mais partagé entre son désir de s'intégrer au grand New York (l'attente lancinante de l'arrivée du Queen Mary 2 qui marque le début et la fin du roman) et celui de conserver son identité, de cultiver sa différence malgré les antagonismes locaux, L'autre côté des docks joue à la fois la corde de la chronique de quartier et celle du roman noir social teinté de fantastique.
Ainsi voit-on évoluer dans ce quartier de cols bleus tout un petit microcosme : le père de Val, pompier peu amène et raciste, Fadi l'épicier libanais qui voudrait faire de sa boutique un lieu de rencontres et d'échanges entre les habitants du quartier, Jonathan le fils de bonne famille en rupture devenu prof de musique dans le lycée privé du coin et qui flirte avec l'alcoolisme, Cree le gamin des cités attiré par un ailleurs qu'il voit chaque jour, le New Jersey, dont il n'est séparé que par la baie au milieu de laquelle trône la statue de la Liberté… Eux et d'autres encore, touchés à des niveaux différents par le drame qui s'est joué offrent leurs voix au choeur que compose Ivy Pochoda, dessinant une petite société où la solidarité le dispute aux préjugés et aux rancoeurs que vient exprimer le courrier des lecteurs du petit journal de Fadi et qu'a cristallisé la mésaventure des deux adolescentes.
Et, à côté de tout cela, par le biais des personnages de Ren, de Monique et de la mère de Cree, apparaît un autre monde, se fondant dans le précédent et baigné de fantastique. Lieux abandonnés mystérieux et voix des morts remontant à la surface pour, là aussi, faire apparaître les lignes de fractures du quartier, viennent faire écho aux destins qui se jouent dans le monde réel.

Tout cela fait de L'autre côté des docks un roman séduisant et original à l'atmosphère bien particulière où la mer, omniprésente dans ce décor urbain, représente autant espoirs de fuites, que dangers invisibles ou promesses d'un avenir meilleur. Ayant grandi dans le quartier qu'elle met en scène, Ivy Pochoda sait en saisir l'âme pour en faire une belle oeuvre romanesque qui, si elle n'est pas dénuée de défauts, en particulier une naïveté parfois pesante dans les scènes fantastiques où les monologues intérieurs de Val notamment, n'en est pas moins touchante.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La lune est haute et pleine. Les dernières lumières des tours sont dans leur dos. Les bruits estivaux et les conversations du parc se sont évanouis, alors elles parlent plus fort, élèvent la voix pour braver le silence. Elles agitent les bras, font de grands gestes pour repousser les ombres qui dépassent des portes défoncées et des carreaux brisés. Elles connaissent les rumeurs, mais essaient de les oublier : les meutes de chiens sauvages enragés qui se reproduisent dans la raffinerie de sucre abandonnée, les camés hagards, les SDF, les fous.
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Au-dessus de l'eau, la brume masque les gratte-ciel. Elle a englouti les ponts Bayonne et Verrazano, noyé Staten Island et aspiré la plus grande partie du port de Jersey City.
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Tu devrais profiter du silence. Ça t'apprendra peut-être à écouter les vivants.
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"Coucher avec Lil n'avait rien eu d'extraordinaire, une de ces erreurs de fin de soirée que Jonathan n'arrive toujours pas à éviter. Leur accouplement chaotique lui a fait penser à un champ de courses : les santiags de Lil claquaient sur le sol, la main de Jonathan giflait le flan épais de sa partenaire qui, une fois l'effort passé, avait poussé un hennissement épuisé."
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Chaque geste a ses conséquences et peut déclencher deux réactions opposées. Si tu gardes le contrôle, si tu organises ton monde, les choses rentreront dans l’ordre et June reviendra. Tu inventes des symboles magiques que tu écris sur la buée des miroirs, sur le carrelage de la douche, sur le vernis de la table de cuisine. Tu choisis des objets sacrés – ceux qui signifiaient quelque chose pour June et toi – et tu les emportes partout, tu les poses près de ton lit la nuit, parfois même sous ton oreiller. Tu définis des mots secrets que tu récites à mi-voix jusqu’à trouver le sommeil.
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Videos de Ivy Pochoda (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ivy Pochoda
West Adams, un quartier délabré de Los Angeles divisé par l'autoroute qui mène à la mer et où persistent les traces des émeutes raciales de 1992. Dorian, Feelia, Essie, Julianna, Marella et Anneke vivent en marge, bâillonnées par le mépris et le souvenir d'un tueur en série qui, quinze ans plus tôt, a sauvagement assassiné treize prostituées dans l'indifférence générale. Mais voilà que les crimes recommencent. En l'espace de dix-huit mois, quatre femmes sont retrouvées la gorge tranchée et la tête recouverte d'un sac plastique dans une ruelle du quartier.
Dans ce roman noir, qui bouleverse tous les codes du genre, Ivy Pochoda place les victimes au centre de l'histoire et fait entendre la voix de celles que personne n'écoute, dans un monde qui veut détruire leur corps et les réduire au silence.
« Ces femmes-là » d'Ivy Pochoda Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon
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