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Critique de Soukiang


N'avez-vous jamais éprouvé le besoin de ressentir le grand frisson ?
De sortir un peu de votre zone douillette, d'être livré à vous-même, isolé et en butte avec les éléments d'une nature hostile et d'une civilisation mystérieuse ?
Combiner l'art et la manière de pousser l'immersion par la lecture au point de vous faire tout oublier, d'en confondre le jour et la nuit, d'être littéralement cloué dans la place, Clarence Pitz n'a qu'une seule parole, c'est celle du Chacal !
C'est l'histoire terrifiante d'une excursion hors du commun et hors du temps, il était une fois des touristes belges en terre africaine ...

Depuis la découverte des premiers Homo Habilis (ancêtre ce l'homme moderne ou Homo sapiens), l'Afrique est considérée comme le berceau de l'humanité.
Tout le monde a encore en mémoire auditive le cri de Tarzan dans la version de 1933 avec Johnny Weissmuller, dans cette brume envoûtante accueillant les occidentaux, le choc des cultures, les frissons ressentis lorsque les premières victimes tombaient sous les lames des machettes et autres lances des indigènes, des pièges primitifs mais diablement efficaces, le noir et blanc se mélangeant et renforçant cette aura mystérieuse, le voile inconnu semant le doute dans les esprits les plus rationnels.

La peur de l'inconnu, la peur de l'autre ...

Voyager fait parti des activités ludiques pour se détendre, découvrir de nouveaux pays, élargir ses horizons, suivre ses envies, poursuivre des rêves, s'éloigner pour mieux se retrouver, tracer de nouvelles routes ... vers un ailleurs !
Et quel dépaysement vous attend ici, maintenant !

La soif de connaissances, susciter la curiosité en cherchant des réponses vers des cultures différentes, d'autres espaces à fouler au risque de vous brûler les ailes, à repousser des limites que vous ne soupçonnerez jamais, à creuser encore et toujours pour espérer mettre la main sur le Graal, chacun y va de sa philosophie de vie, grimper l'Everest est à la portée de tout le monde pour peu que vous vous donniez les moyens et d'accepter de souffrir, d'oublier vos certitudes et ne pas se contenter de vos acquis, tout a un prix ici-bas, rien ne saurait se rapprocher de la quintessence de celle d'accepter ... son destin, vers cet ultime peut-être plongeon !

Africa for ever ...

Oubliez tout ce que vous savez sur l'Afrique, tous les clichés, les safaris-photos, ce premier thriller tape dans le mille pour transcender le simple genre, mêler l'anthropologie et l'ethnologie pour servir une intrigue à couper le souffle, ériger des personnages symbolisant peu ou prou toutes les convenances à la mode occidentale, la richesse du roman se décline au fil des pages, dans cette torpeur des événements qui ne manquent pas d'assaillir des touristes en mal de sensations fortes, la chance d'une vie pour pénétrer au coeur des secrets d'un peuple renfermé, le sentiment de se retrouver piégé dans un huis-clos cauchemardesque, la plume alterne un compte à rebours implacable et carnets intimes donnant un sens profond à la proximité de chacun, dans leur angoisse et incertitude des lendemains, vibrer avec eux et vous voilà embarquer dans un trip hallucinant, la magie des mots fait le reste.

Ambiance quand tu nous tiens ...

Comment attiser le feu de la curiosité pour une culture opaque au tout-venant, maintenir ce rythme d'enfer dans une promiscuité, au milieu de nulle part, dans cette savane étouffante qui n'a pas livré tous ses secrets, le poids de la culpabilité et de la force des esprits, La parole du chacal se boit comme du petit lait, avec voracité ou délicieusement pour en apprécier toutes les saveurs, chapitre après chapitre, happé au travers des nombreuses péripéties, oser franchir des territoires énigmatiques avec des légendes à vous donner la chair de poule, l'auteure sait installer une ambiance délétère pour brouiller les cartes et les pistes, indiscutablement le récit se révèle vite passionnant, trouver l'équilibre entre la vérité historique et la cohérence de la progression de l'histoire, y compris quelques situations qui sonneraient comme un air de déjà-vu quelques chapitres en amont se justifieraient par la confusion mentale qui contamine l'esprit cartésien, la peur distillée au compte-gouttes insufflant une puissance narrative pour mériter de le qualifier de thriller addictif, le pari tient toutes ses promesses.

E comme Emotion ...

Cette urgence véhiculée dans l'horloge biologique et naturelle rend la lecture obsédante, trouver des solutions miracles par tous les moyens possibles voire inimaginables, Clarence Pitz ne ménage pas les effets dévastateurs, des images percutantes pour atteindre et bousculer les schémas classiques du thriller, prendre plaisir à s'immerger dans un bouillon de cultures entrelaçant des sortilèges et des esprits anciens, titiller vos synapses pour plonger dans une atmosphère oscillant entre l'extraordinaire et l'effroi, entre souffler et respirer c'est observer le flux et le reflux d'une vague meurtrière, les masques tombent pour révéler des visages taillés à la serpe, tout reste dans le domaine des hypothèses et à en approfondir les contours incertains, on parle de no mans's land, de vengeance attendant depuis la nuit des temps, l'interaction entre les personnages, l'ambivalence de certains se dispute aux apparences trompeuses d'autres, l'attitude froide s'opposant à la machination sourde en instance, c'est dans l'extrémité de situations critiques que se dénonce le pire de l'humanité ...

Recherche d'exotisme désespérément ...

La parole du chacal aborde une fête rarissime pour mériter de la définir telle quelle, imaginez une seconde, la fête des Dogon, un peuple du Mali, les cérémonies du Sigui ont lieu tous les soixante ans, la dernière ayant eu lieu en 1967 sur une période de sept ans, ce qui donne lieu à toutes les spéculations dont l'intrigue fait écho, si l'histoire de la parole de chacal prend lieu et place en 2027, vous apprendrez une multitude de choses sur les us et coutumes, les rituels et traditions ancestrales, des valeurs déjà presque oubliées en Occident, lire en méditant et en s'instruisant, lire en frémissant devant l'insoutenable parfois, devant des séquences bouleversantes aussi, c'est possible quand la plume se prête à merveille à décrire au plus près des protagonistes, à décrire le sentiment anxiogène qui les font sombrer dans des desseins obscures et insaisissables, une montée progressive de terreur oppressante contraste avec le calme naturel de la savane, dans la poussière et des moustiques qui tourbillonnent autour de vous, il est des moments où vous vous substituerez aux personnages et vous poser mille et une questions, que feriez-vous à leur place pour sortir de ce guêpier ? Quelle leçon pourrai-je en tirer ?

Humanité ... ou rien !

Inévitablement, dans tout bon thriller s'oriente des question sociétales, dans La parole du chacal, pour les Dogon (et tout autre peuple minoritaire), comment préserver sa culture sans la mettre en péril, en acceptant de recevoir des touristes, en améliorant quelque peu des rudiments de base comme l'hébergement, les excursions dans des zones protégées ?
L'harmonisation entre les peuples, la force qui émane de l'esprit des anciens pour protéger les récoltes, assurer la descendance et la sauvegarde des artefacts archéologiques, l'auteur ne s'en cache pas, en filigrane, par des messages sous-jacents, lire pour nous renvoyer un effet miroir et apprendre des autres cultures.

Publié chez le Lys Bleu Editions, le premier roman de Clarence Pitz Auteur est un thriller passionnant qui s'inscrit dans la veine des meilleurs, sans concession, enrichissant tout en ressentant ce besoin primitif de retrouver des valeurs oubliées, de voir l'Afrique différemment, de voyager dans une aventure héroïque à travers des personnages tous plus vrais les uns que les autres, l'empathie éprouvée à toute épreuve, l'humanité de certains protagonistes fait plaisir à lire, une quête au bout de soi-même, au-delà de sa zone de confort, le temps est précieux, puissiez-vous à votre tour épier les esprits et surtout entendre ... La parole du chacal !

Coup de coeur ❤️
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