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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Petite délinquance.

Banlieue de Stockholm par une nuit de décembre. Un jeune garçon est abattu par balles sur une aire de jeu. L'inspecteur Farid Ayad suspecte rapidement son meilleur ami qui a sombré dans la petite délinquance avec lui.

La Suède serait l'un des pays avec la population la plus heureuse au monde. Un pays où il ferait bon vivre en somme. Malin Persson Giolito fait voler toutes ces belles images en éclats. Malin Persson Giolito montre ce qu'est réellement la société suédoise. Dans la banlieue de Stockholm, deux quartiers limitrophes mais qui ne communiquent pas, ne se ressemblent pas. L'un est un ghetto de riche, l'autre est un ghetto de pauvre. L'un est érigé en modèle, l'autre fait office de repoussoir. Dans ce contexte était-il seulement possible d'imaginer qu'une amitié naîtrait entre deux garçons que tout oppose ?

Billy est brillant, aimé de tous, mais il vient d'une famille d'immigrés pauvre. Quant à Dogge il est médiocre, délaissé voire ignoré par ses proches. Maigre consolation, il est né du bon côté. Mais la richesse matérielle peut-elle remplacer l'amour et l'estime des siens ?

Le lecteur aimerait voir une belle histoire d'amitié qui transcende les classes sociales. Une histoire où les gentils et les méchants sont bien identifiés. Une sympathique petite histoire où les gentils gagnent et où les méchants sont punis. Mais ce n'est pas la réalité. La réalité c'est la longue dégringolade de Billy et Dogge vers la délinquance. de petits délits en petits délits jusqu'à l'irréparable. le lecteur ne sait plus quoi penser, dégoût ou empathie ?

Comment deux enfants sans histoire en viennent-ils à terroriser un quartier ? Les causes sont multiples : parents débordés ou démissionnaires, manque de moyens alloués aux services publics, marginalisation des pauvres et des immigrés induite par la montée de l'extrême-droite… le tableau est très sombre. A la fin de la lecture, le doute n'est plus permis, la Suède traverse une grave crise sociale.

Bref, ce thriller brise les illusions sur la société suédoise.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024.
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Coup de Coeur !
Un polar suédois très réaliste aussi réussi que les deux précédents intitulés "Quicksand" et "Rien de plus grand" adapté en série télévisée et diffusé sur Netflix en 2019 !

Dans ce nouveau thriller social aussi dérangeant que poignant, Malin Persson Giolito dresse le portrait sans concession d'une jeunesse à la dérive et d'une société au bord de l'implosion, incapable de protéger ses enfants.

Une nuit de décembre, dans la banlieue de Stockholm, un jeune garçon est grièvement blessé par balle. L'inspecteur Farid Ayad – qui l'a vu, impuissant, tomber dans la délinquance et la drogue – suspecte très vite le meilleur ami de la victime. Mais, lorsque celui-ci dénonce le petit caïd local, il passe un point de non-retour…

Les parents comme les policiers s'interrogent : pourquoi les deux garçons se sont-ils laissé happer par la spirale de la violence ? Dans quelle mesure Dogge et Billy sont-ils responsables de leurs actes ?

Je remercie les éditions @Pressesdelacite et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce roman policier que j'ai beaucoup apprécié.

La structure narrative bien maitrisée alterne entre le difficile déroulement de l'enquête policière menée par Farid Ayad (lui-même issu de la même banlieue sensible que les deux jeunes de quatorze ans, Dogge et Billy) et des flashbacks mettant en lumière l'enfance, puis l'adolescence des garçons jusqu'au terrible drame. J'ai été un peu gênée au début car ces épisodes dévoilant la vie passée des deux amis ne sont pas datés, ce qui est assez perturbant, créant un flou temporel. Mais, cet effet était peut-être voulu par l'autrice.

Les chapitres courts s'enchainent rapidement, donnant du rythme qui va crescendo à ce récit trépidant et dynamique. Les dialogues sont nombreux, ce qui donne de la vraisemblance et de la vivacité à l'histoire que j'ai trouvé très réaliste et crédible. La formation de juriste de l'autrice permet de créer une intrigue qui pourrait très bien être issue de faits réels. Cela donne une réelle authenticité à l'intrigue policière, ce que j'ai beaucoup aimé.

L'histoire est vraiment de plus en plus prenante au fil des pages car elle nous plonge dans l'atmosphère oppressante et délétère de cette banlieue où règne la loi du plus fort en toute impunité. Je me suis réellement sentie, comme Dogge et Billy, prise au piège de ce cercle vicieux de la violence qui ne semble leur laisser qu'une seule échappatoire : la mort.

Le portrait psychologique des personnages est bien détaillé, dévoilant les failles de chacun d'entre-eux. Cela permet de s'identifier facilement à ces jeunes à la dérive en perte de repères. Quant à Farid, qui fait face à un grave cas de conscience. j'ai ressenti de l'empathie pour lui car il n'hésite pas à contourner la vérité pour que justice soit faite. Tout comme Leila, la mère de Billy qui fait tout pour protéger ses enfants des représailles des dealers qui menacent leur vie.

Comme le dit l'autrice : "Le polar s'appuie sur les conflits humains. Or, Pour moi, il n'est plus grand conflit aujourd'hui que celui de l'inégalité économique". Je recommande donc ce roman à toutes celles et ceux qui aiment les thrillers à visée sociale qui font réfléchir car "Délits mineurs" ne peut laisser indifférent.
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Une très belle découverte pour moi que ce polar social écrit par la suédoise Malin Persson Giolito ! Elle fonde l'intrigue de son roman sur l'inégalité économique, qu'elle considère comme le plus grand conflit humain actuel.
Le suspense porte donc sur le meurtre de Billy, jeune délinquant issu d'un quartier défavorisé, qui aurait été visé par son meilleur ami, Dogge, voyou lui aussi mais beaucoup plus nanti. Ils ont 14 ans. Un troisième personnage de caïd qui terrorise la cité, Medhi, vient corser l'affaire...

Malgré le thème, qui est le récit d'une chute inéluctable, le mot qui me vient à cette lecture est celui d'équilibre : équilibre de l'écriture, agréable et fluide juste comme il faut, de la construction en chapitres courts, de la sensibilité tout en douceur, sans quête du sensationnel, du choquant ou d'un suspense artificiel.

Equilibre aussi entre la peinture psychologique de ses personnages et la problématique sociale. Tous les protagonistes nous sont en effet présentés sans misérabilisme ni jugement, qu'ils viennent du quartier défavorisé de Våringe ou de Rönnviken, la banlieue huppée qui lui fait face, qu'ils soient flic ou épicier, mère voilée ou père absent.
Ils existent par eux-mêmes mais aussi en ce qu'ils dévoilent les dérives inquiétantes de la société suédoise. A travers cette amitié entre deux adolescents différents, comme une passerelle entre deux mondes ennemis, on assiste au délabrement des quartiers pauvres, à la montée du crime organisé, aux techniques utilisées par les caïds pour recruter des guetteurs, les former et les transformer en bombes humaines, à la précocité de la violence (les deux garçons sont défoncés dès l'âge de 10 ans...).

L'auteure, une ancienne juriste, pose au lecteur la question de la responsabilité. Ballotés entre les violences que les deux garçons infligent et celles qu'on leur inflige, nous suspendons très vite notre jugement moral ou nos réflexes manichéens (sont-ils sympathiques? sont-ils des monstres?) pour prendre de la hauteur sur le récit. Nous cherchons des causes. Impuissants et désolés, nous assistons aux rebonds de la violence qui vient ricocher sur tous les protagonistes, même les mieux intentionnés.
Et quand nous refermons ce livre, nous ne pouvons en vouloir à aucun des personnages. Avec douceur et une grande humanité, l'autrice nous permet de nous élever au-dessus d'une intrigue pourtant bien ficelée et très incarnée, pour voir de près la maladie de la violence, plaie de nos sociétés modernes.
Expérience dont nous sortons grandis, et plus humains...

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024 (catégorie roman policier)
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Bonjour les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture de 398 pages sur ma liseuse.
Quelle lecture et quelle écriture que nous gratifie l'autrice. Un vrai bonheur m. Ce délit mineur nous touche pas que la Suède malheureusement. C'est poignant,fort une jeunesse qui se prend pour des caïds et l'argent et le pouvoir ne fait qu'engendrer des drames familiaux. Un thriller de grande intensité.
Mais comme je dis toujours ceci n'est que personnel
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Un polar surprenant, construit en deux parties – passé/présent – ou comment la relation entre deux jeunes garçons de milieux sociaux opposés a pu déraper un peu plus loin pour finir dans le sang. C'est parfaitement bien construit, un tempo qui intrigue et permet de comprendre ce gâchis, cette lente destruction liée à une société qui ne sait pas protéger les siens et laisse le racisme prendre toute sa place pour étouffer et tuer.
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Varinge versus Rönnviken …
Banlieue pourrie contre quartier bourge...
Le riche et le pauvre.... Dogge et Billy...


Deux quartiers de Stockholm séparés par une rocade et un tunnel. Dogge et Billy se rencontrent dans une aire de jeux et nouent une amitié indéfectible en dépit de leurs différences sociales, culturelles... Deux garçons de milieux opposés qui deviennent potes, le genre d'histoire qui ne peut que bien se terminer en tirant une larmichette au lecteur émotif. Pas de quoi avoir un pressentiment, pas même en tenant compte de l'étouffante chaleur, de l'orage qui menace. Pourtant, un matin Billy est découvert poignardé à mort, pourtant ce ne sont que des enfants et nulle mère ne devrait avoir à enterrer son fiston. Nulle autre ne devrait voir le sien arrêté pour meurtre.


Farid mène cette enquête explosive. Il connaît la cité dont il est issu, il connaît les gosses. Flic désabusé, il fait le constat d'une délinquance en augmentation exponentielle, d'une violence incontrôlable, de mesures qui ne parviennent plus à endiguer la criminalité en bandes organisées, sans limites. Les fusillades s'enchaînent, les morts collatéraux s'additionnent comme autant de victimes de guerres de gangs et personne n'est puni.


Avec Délits mineurs, Malin Persson Giolito met ses compétences de juriste et son style net et sans bavure au service d'un roman coup-de-poing, d'un grand roman social, celui de l'effondrement d'un modèle politique dont chaque mesurette prise dans l'instantanéité d'un fait divers – à Stockholm comme ici -, ne fait que déplacer les problèmes sans jamais les régler au fonds. J'ai tout aimé dans cette histoire, et en premier lieu l'affection que l'auteure accorde à ses personnages. Elle ne juge pas, ne sombre pas dans un manichéisme simpliste qui accorderait toutes les circonstances atténuantes aux laissés-pour-compte des banlieues, victimes d'un fatum indépassable et ne fait pas des habitants de quartiers aisés des pourris systématiques. Rien n'est aussi simple, rien n'est tout noir ou tout blanc ! Elle écrit à hauteur d'hommes et de femmes faits de chair, de sang, de drames et de joies, qui nous ressemblent, auxquels il est facile de nous identifier, et ces gosses pourraient être les nôtres. La violence n'est pas glorifiée, ni seulement surjouée. Elle est là, décrite sans effet de manches, tenace, quotidienne, absurde, récupérée par des propagateurs de mensonges et contre-vérités, toujours à l'affût.


Délits mineurs aurait pu s'intituler L'origine de la violence ou Naufrage d'une société. L'auteure entrelace passé et présent, découvrant lentement les liens noués entre Dogge et Billy, puis comment, de fil en aiguille, ils ont déraillé. La construction est exemplaire, digne d'un mécanisme de haute précision. Au fil de la lecture, on entend son tic-tac serinant, annonciateur alors même que le ciel est encore bleu et serein, d'un déluge inéluctable de tonnerre et de foudre. le talent de Malin Persson Giolito m'a rappelé celui de ses illustres prédécesseurs Maj Sjöwall et Per Wahlöö pour leur critique de la société suédoise, ainsi que celui de Stieg Larsson pour la qualité de son style et l'originalité de son intrigue. Une grande découverte, une lecture passionnante !
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Délits Mineurs" de Malin Persson Giolito nous plonge au coeur d'une Suède méconnue, dévoilant une réalité sociale en déclin et met à mal le modèle sociétal nordique idyllique que nous avons tous en tête.
À travers une écriture nette et précise, l'auteure explore des thèmes puissants tels que le racisme, l'emprise des gangs sur la jeunesse, et la culture du silence qui alimente une escalade de violence. Les chapitres courts ajoutent au dynamisme du récit, même si quelques longueurs sont à noter. Mais rien de grave, rassurez-vous !
L'ambiance noire y est particulièrement bien retranscrite et on a parfois un besoin pressant de revoir la lumière et de remonter à la surface tellement cette atmosphère et ce sentiment d'obscurité sont présents.
J'ai aimé ce thriller psychologique noir qui nous plonge dans deux quartiers de Stockholm, opposés sur le papier, de par leur population, leurs couleurs, leurs origines, où Dogge et Billy, deux adolescents à peine sortis de l'enfance, sont engloutis par l'emprise des gangs dirigés par Mehdi. Dans cette Suède méconnue, l'inspecteur Farid Ayad, originaire du même quartier populaire que Billy, tente de prévenir la délinquance tout en étant confronté à ces jeunes en dérive.

Le pouvoir corrompu des gangs devient une force de destruction, mettant en lumière les défaillances de la société à protéger ses jeunes. L'auteure soulève des questions difficiles sur la responsabilité collective face à l'escalade de la délinquance de ces jeunes paumés et désoeuvrés et comment les communautés peuvent être complices ou combattantes dans cette bataille.
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Je découvre cette auteure et waouh que c'était bien !
2 gamins aux opposés socialement deviennent copains au plus jeune âge. Douglas vient d'une banlieue chique, les parents ont des moyens et Billy, lui, d'une banlieue pauvre enfant de l'immigration.

Ils vont grandir ensemble, chacun évoluant dans un milieu singulier mais s'invitant l'un chez l'autre. L'enfant de bonne famille aux parents fêtards et peu regardants sur ce qu'il fait et l'autre, plus désoeuvré, aîné d'une fratrie nombreuse et élevée par une mère courage seule.

Quand une nuit, Billy est retrouvé mort dans le parc qui l'a vu grandir c'est son meilleur copain qui prévient les secours et s'enfuit. On l'a obligé à faire ça, ils frequentaient un caïd de la drogue qui les menaçait...

Farid est un flic de quartier, Douglas et Billy il les connaît par coeur il les a déjà arrêté et ramené à leurs familles. C'est pour lui un échec que ce drame. Il va donc être intégré à l'équipe d'enquêteur pour dénouer cette affaire et faire tomber le responsable.

L'auteure nous offre un passé /présent. Comment ces 2 destins se sont croisés et ont dérivé du mauvais côté dans une société où la violence est omniprésente et les moyens de la police si faibles en comparaison. le débat qui fait aussi rage en France en 2023 est celui de nombreux pays occidentaux: comment répondre à la violence d'une jeunesse sans repères, comment remettre de l'ordre dans une société où tout est bouleversé ?

J'ai adoré ! Les 450 pages sont un régal je le recommande à tous les amateurs de policiers à suspens.
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