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Chloé Billon (Traducteur)
EAN : 9791038702547
256 pages
Zulma (01/02/2024)
3.37/5   47 notes
Résumé :
Si seulement elle était née ailleurs, aux États-Unis ou en Scandinavie ! Elle aurait envoyé balader sa mère… Mais dans les Balkans, on n’échappe pas à sa famille. Résultat des courses, la voilà embarquée dans la vieille Golf déglinguée du cousin Stojan pour assister aux funérailles de tante Stana. Sauf que rien ne se passe comme prévu, entre tonton Loir accroché à sa bouteille d’eau-de-vie, la Popesse, fausse dévote au regard diabolique, et Mileva qui tire à boulets... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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T'es prêt Emir ?
Oui Goran et toi ?
Oui moi aussi !
Goran prit sa trompette , Emir ses poules et tous les deux se lancèrent dans ce qu'ils font de mieux , le bordel réjouissant , lâcher de poules sur fond de cuivres endiablés.
Vous l'avez l'image ? Et bien , vous avez le cadre de ce roman tonitruant, déjanté, très drôle et traduisant sous l'humour la vie en Bosnie après la guerre de 1992.
Notre héroïne , dont l' occupation favorite consiste à mater inspecteur Barnaby , est envoyée par sa mère représenter la famille aux obsèques de la tante Stana, victime d'un bout de poulet au calibre inadapté à son larynx.
C'est le cousin Stojan et sa golf II qui l'amène vers un moment hors du temps...

Très drôle donc , sans être trop dans le comique burlesque , désopilant, et bien critique comme il faut sur l'état de la Bosnie où le meilleur moyen de réussir semble la corruption.
l n'y a pas que la Bosnie qui charge ! L'étude sociologique des personnages , leur avidité, leur égoïsme ne s'applique malheureusement pas qu'aux locaux.
Une très belle découverte.
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Elle espère être rentrée de l'enterrement de tante Stana avant le début de sa série policière préférée. Elle croit naïvement que tout va se dérouler selon un programme bien établi, mais c'est bien méconnaître sa famille.

Sladjana Nina Perković nous offre une histoire rocambolesque, un road trip à travers la Bosnie complètement déjanté. Des personnages truculents, des situations invraisemblables, une bonne dose d'humour noir, un premier roman jubilatoire. Un portrait extravagant d'une famille bosniaque où il n'y en a pas un pour rattraper l'autre : tous sont fêlés ! Mais c'est aussi pour l'auteure dans cette farce de dénoncer les travers d'un pays ; le manque d'infrastructures, la bureaucratie, la corruption généralisée, le poids des traditions et notamment celui de la religion, le patriarcat et l'alcoolisme endémique.
Un moment de détente qui fait du bien.
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Quand nous rencontrons la narratrice, elle est dans le fossé. Comment ? Pourquoi ? C'est ce que nous découvrirons dans ce qu'elle nous raconte ensuite, revenant sur les mésaventures qui l'ont menée là, alors qu'elle se rendait simplement à l'enterrement de la tante Stana pour représenter la famille, en remplacement de sa mère, brouillée avec sa soeur, et qui ne veut surtout pas la croiser.

De cette narratrice, nous ne connaîtrons que peu de choses personnelles, sinon qu'elle vivote depuis la fin de la guerre en Yougoslavie, dans sa Bosnie natale, toujours chez sa mère, bousculée par elle pour qu'elle se secoue un peu les puces, plutôt en vain... Alors cette obligation familiale ne la rend pas jouasse, les conditions dans lesquelles elle va se produire non plus, et encore, elle n'en connaît pas les conséquences !

A travers cette narratrice, paradoxalement rapprochée de nous par l'utilisation de la première personne, mais en même temps universalisée par le flou entretenu autour de son individualité, qui en fait d'elle comme une jeune bosniaque type, nous est décrite sans fard la Bosnie après guerre, dans ses non-dits, qui transpirent dans chaque geste, chaque parole, dans sa culture, qu'elle tente de conserver, dans son désir de recommencer à avancer, malgré les aléas de la vie et d'une société corrompue, qui prennent d'ailleurs un tour tragi-comique au fil du récit.

Car ce roman nous décrit en fait la Bosnie par l'intermédiaire d'un ton pince-sans-rire, très mordant, qui fait preuve de beaucoup de dérision, un ton que j'ai déjà pu lire chez nombre d'auteur.e.s des Balkans, comme si cela faisait, finalement, partie de leur vision du monde, du moins de la façon dont elles ou ils souhaitent transmettre leur vision du monde et de ce qui les entoure. Ainsi, le grotesque prend vite le pas sur le sérieux, le picaresque sur le récit d'apprentissage, la vie déjantée sur la mort burlesque, la gaieté et la fraîcheur sur la solennité attendue, finalement très rapidement déjouée, avec brio, par l'autrice.

Une excellente découverte, comme souvent avec les éditions Zulma, que je remercie de m'avoir permis de lire ce premier roman de Sladjana Nina Perkovic, en lien avec une Masse Critique Babelio.
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Ce roman se déroule en Bosnie, dans un milieu populaire encore meurtri par la guerre civile. Mandatée par ses parents pour assister à la sépulture d'une vieille tante et surtout pour éviter une spoliation de l'héritage, la jeune narratrice monte dans la voiture de son cousin pour un voyage dantesque. Sur place, en pleine campagne et sous un déluge de pluie, elle est entraînée dans un tourbillon de folie où tous les acteurs font leur possible pour perturber la cérémonie.
Si la première partie est consacrée à la préparation et au déroulement de la sépulture, la seconde traite de la tentative de suicide du veuf qu'il convient d'empêcher pour préserver la valeur de l'héritage.
Animée par une galerie de personnages loufoques et traversée d'amusantes histoires, cette hilarante farce littéraire bosnienne stigmatise les désordres d'une société bureaucratique incapable de gérer le quotidien de ses administrés. L'auteur y fustige aussi bien l'administration locale que la corruption des forces de l'ordre ou l'anarchie qui prévaut dans les hôpitaux ou les cimetières bosniaques.
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Un lâcher de crayons de couleur !
Les Balkans en apogée !
Irrésistible, trépidant, malicieux, ce premier roman qui dépasse largement ses grands frères est une plongée en version 3D en Bosnie, dans ce faux-calme de l'après-guerre où les stigmates sont encore prégnants.
Mais c'est sans compter sur la jeune narratrice qui nous entraîne dans un récit déjanté, burlesque, au coeur même de sa famille, qui vaut tous les détours.
Sous ses faux airs de clown au nez rouge, s'élève une satire politique, sociale, d'un pays empreint de coutumes, d'habitus, de combines, de corruptions.
« Comment ai-je fait pour finir là où j'ai fini ? C'est très simple. Je courais. le chemin était boueux, raide et défoncé…. Et j'ai fait un vol plané d'au moins trois mètres avant d'atterrir dans ce fossé. Et c'est ainsi que commence cette histoire. »
Cette jeune femme vit chez sa mère. Elle ne sort que peu. Encore en mutation entre deux âges, elle semble plus adolescente qu'adulte. Elle regarde jusqu'à plus d'heures des séries policières sous sa couette. Quelque peu dépressive, « je n'ai plus envie de rien. »
Son amoureux est parti en Australie, abonné absent, elle a le syndrome de la coquille vide. le flou et cette amertume qui bloque immanquablement les volets de sa chambre.
Mais sa mère la brusque et la somme de se rendre à l'enterrement de sa tante Stana qui s'est étouffée avec un os de poulet. (Si, si). Elle doit partir, affronter cette famille quelque peu décalée. Sa mère pour moult raisons ne veut s'y rendre.
« Sinon, quand tu seras là-bas, ouvre grand les yeux et les oreilles. Je veux que tu fasses attention à tout. Des teignes pareilles, ils sont fichus d'essayer de nous arnaquer notre part. »
Le cousin Stojan emmène notre jeune narratrice. Et là, c'est l'expédition loufoque, risible viscéralement prometteuse de vivre une suite d'histoire à mourir de rire.
Il faut dire que cette fratrie est un phénomène. Mais n'oublions pas le tire : Dans le fossé. Entre la chute qui peut faire sourire et le symbole, il y a les degrés d'un roman signifiant.
La boue est présente dans ce récit. Comme l'imprévisible ou l'impossibilité d'accéder à cet autrement.
La cartographie de cette famille est l'idiosyncrasie sociétale et caricaturée dans une extrême justesse. le rire est pour combler l'absurde des comportements et pour contrer les blessures d'un pays qui a du mal avec ses travers.
Quid du cousin Stojan, Mimi la cousine et confidente de notre narratrice, celle qui remet d'équerre cette généalogie atypique. Tante Milena, Tonton Loir et leurs fils, le Pope et sa femme la Popesse et l'oncle Radomir, ici, c'est le vaudeville, l'as de pique, les chaises renversées, et le cercle familial dans un pastiche, voire un simulacre. Une pièce montée qui va s'écrouler sous le poids d'un scénario qui frise la folie et l'humour noir.
Sous l'espièglerie d'une plume surdouée, filmique, la gravité des malentendus, des non-dits et des frustrations. le style est d'une maîtrise hors norme. On aime savoir Sladjana Nina Perkovic prendre la main sur le récit. On est au coeur de cette famille, on observe, et on écoute : « Si ceci était, par exemple, une histoire d'Hemingway, son héros aurait dès le deuxième paragraphe tiré sur les fascistes, abattu des ponts et empêché la progression des blindés ennemis. »
« Malheureusement, cette histoire ne se déroule pas dans un coquet village anglais, mais dans nos montagnes boueuses, où les choses ne pas particulièrement logiques. »
Ce récit feu follet est puissant et révélateur d'une Bosnie tremblante et vulnérable encore.
« Dans le fossé » telle la boucle, le cercle, le commencement et la fin d'un roman comme une marelle entre ciel et terre, mirage et raison, théâtralisation et vérité, la boue telle une métaphore de rires ou de larmes. Mais ici, c'est l'optimisme qui remporte la palme et que ça fait du bien !
Traduit avec perfection du serbo-croate (Bosnie-Herzégovine) par Chloé Billon, « Dans le fossé » a reçu une Mention spéciale du Prix de littérature de l'Union européenne. Publié par les majeures Éditions Zulma.

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critiques presse (3)
LeMonde
04 mars 2024
Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre : tous des fêlés, des piqués, des détraqués, les personnages de Sladjana Nina Perkovic. L’éventail va de la douce dinguerie à la folie furieuse. Mais tous ont ce petit grain qui fait leur charme – et ­celui de ce premier roman aussi déjanté que maîtrisé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeSoir
20 février 2024
Le rire n’est qu’en surface dans le premier roman de Sladjana Nina Perković, qui dresse un tableau haut en couleur, et noir à la fois, de la Bosnie d’après la guerre.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Actualitte
03 janvier 2024
"Dans le Fossé" est une exploration introspective et critique de la société bosniaque contemporaine, offrant une perspective unique et souvent négligée dans la littérature moderne.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Si j’étais par le plus grand des hasards née aux États-Unis, je leur ferais à tous un doigt d’honneur, j’enfourcherais ma moto, et je m’élancerais vers le soleil couchant, sur une route s’étirant en une infi- nie ligne droite. Ou, si j’avais eu la chance d’être scandinave, je tournerais les talons, harnacherais mes rennes et partirais vers le nord, vers le pays des neiges et des glaces éternelles. Là où la seule rencontre que l’on peut faire, c’est éventuellement un ours polaire ou un renard arctique. Au Japon, je me barricaderais dans ma chambre. J’ai regardé un documentaire sur les jeunes Japonais qui ont trouvé ce moyen de se soustraire aux conventions sociales qu’on leur impose. Cet état a même un nom, mais je l’ai oublié. Quoi qu’il en soit, tout cela est bien beau et bon, mais dans mon cas, complètement inconcevable. Et comment pourrait-il en être autrement ?! L’action de cette his- toire se déroule en Bosnie.
Si vous êtes peu ou prou au fait de la situation en Bosnie, alors, vous comprendrez que faire un doigt d’honneur et tourner les talons ne sert pas à grand-chose.
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Les gens ne se sentent jamais aussi vivants qu’après un enterrement, à condition, bien entendu, que le défunt n’ait pas été un être trop proche ou trop cher. Ils ont tous dans un coin de la tête le fait que la prochaine fois, ça pourrait bien être leur tour.
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Je compris à quel point il était stupide d’attendre de mon père qu’il aille à l’enterrement de sa tante. Ou à n’importe quel enterrement. Je ne pouvais même pas me l’imaginer se montrer à ses propres funérailles.
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La seule chose dont l’homme doit avoir peur, c’est des hommes. Un chien ne mordra jamais sans raison. Alors qu’un homme, oui .
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Je pense même que c’était ce que maman espérait, pour pouvoir ensuite entrer en scène et faire tout un scandale. Les situations conflictuelles, c’était sa nourriture spirituelle.
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