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3,5

sur 137 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec un texte aussi facétieux que l'illustre Georges Pérec nous sert, il va sans dire que des situations cocasses pleuvent dans cette pièce où le comique de répétition a largement sa part. "L'augmentation", c'est l'histoire du parcours du combattant qu'est appelé à connaitre un modeste employé dans une grande entreprise et qui s'emploie à utiliser tous les arguments et stratagèmes possibles et imaginables pour bénéficier (lui et pas les autres !) d'une augmentation auprès de son chef. C'est tout à la fois, beau, intelligemment pensé, malicieux, épatant mais aussi féroce et cruel ...
Bref, l'univers du travail dans toute sa splendeur et ses travers, et c'est drôle.
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Ne tournons pas autour du pot, c'est un ratage monumental.

Paru en 1968, L'Art et la manière... appartient au mouvement de l'OuLiPo, dont l'un des principes réside dans l'écriture sous contrainte. Ici, la contrainte se situe pour Pérec dans le défi de faire de son texte la transcription littéraire d'un organigramme décisionnel, directement inspiré de celui d'une entreprise existante. Son objectif, déclare l'auteur lui-même, est « d'arriver à un texte réellement linéaire donc totalement illisible ».

De fait, ce bref ouvrage n'y va pas par quatre chemins : reproduit en encart dans le livre, l'organigramme en question vaut déjà son pesant de cacahuètes. Mais surtout, il donne naissance à un texte de quatre-vingt pages se composant en tout et pour tout d'une seule et même phrase dénuée du moindre signe de ponctuation. Voilà déjà à n'en pas douter quelque chose qui pourrait bien faire frémir le lecteur dès l'instant où il se saisit du livre pour lire la quatrième de couverture et par voie de conséquence le pousser à se demander tout en le feuilletant d'un air faussement nonchalant s'il aura vraiment le courage de lire une prose pareille surtout qu'il se sent un peu las en ce moment voire à tout simplement reposer le livre sur le rayonnage de la librairie sans même l'ouvrir et bien entendu sans l'acheter ce qui constituerait en somme la démonstration exacte de ce que souhaitait faire Pérec en l'écrivant à savoir la preuve qu'il est possible de produire un texte si parfaitement illisible que personne ne s'essayera seulement à tenter de le lire prouesse qui reconnaissons-le n'est pas permise à tout le monde j'en sais quelque chose moi qui peine déjà au bout de seulement quelques lignes aussi profitons de l'occasion pour revenir plus sagement au sujet de ce billet.

Pérec pensait accoucher d'un texte illisible : c'est en cela que réside selon moi le caractère incontestable du ratage.

Non seulement son livre est tout à fait lisible, et à vrai dire sans le moindre effort, mais il constitue même un moment de joie pure, de jubilation littéraire intense et de franche poilade. C'est d'une absurdité délicieuse et parfaitement rationnelle, ça déborde d'un humour pince-sans-rire qui ne peut laisser indifférent. En refermant cet opuscule, nul n'oubliera plus jamais l'importance fondamentale qu'il y a à savoir si Mr x se trouve ou non dans son bureau. Car de deux choses l'une, ou il y est ou il n'y est pas, et il n'est après tout pas interdit de penser en frappant à sa porte que votre vie tout entière pourrait bien s'en trouver changée.
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Comme à son habitude la critique de TiriNoiret de ce court récit mais cette longue phrase de Perec va analyser le rapport de la narration avec le temps ou alors il va à travers le thème de la répétition dévoiler le rapport de l'écrivain à son geste d'écriture à moins qu'il ne déduise du geste de l'écriture le facteur de transformation du temps réel avec celui de la lecture elle qui n'a rien à voir avec la durée de l'écriture ni celle du vécu du héros c'est à dire vous oui oui vous qui tâchez de lire vite fait ce court livre qui pas de chance revient sans cesse à son début à sa situation de départ à l'absence d'augmentation première fonction des fonctions narratives de Vladimir Propp tandis que vous vous vieillissez vous vieillissez tellement qu'il sera bientôt temps de prendre votre retraite retraite qui pourrait se baser sur un salaire sans augmentation augmentation que pourtant vous ne cessez de réclamer mais que le récit vous refuse en vous ramenant toujours à la case départ devant le bureau de votre chef qui s'il est absent vous vous égarez dans les couloirs ou discutez le bout de gras avec une collègue s'il est présent vous vous dissolvez mais comment avez vous pu vieillir autant en lisant un récit de moins de 100 pages et en être toujours là où vous étiez en en commençant la lecture en omettant de lire l'organigramme du début ce qui a causé ce piétinement de l'intrigue et cette dilatation temporelle

Vous voilà prévenu, ne lisez pas cette critique sans queue ni tête.
Trop tard ? Tant pis ! Joyeuses fêtes !
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Voici la description la plus drôle, la plus absurde et, pourtant, combien réelle des affres d'un employé qui souhaite solliciter une augmentation de salaire.

On se croirait dans le monde de Raymond Queneau. Un petit bijou de non sens. Sans un seul signe de ponctuation.

Premier livre lu chez Georges Perec et assurément pas le dernier.
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Illisible et illarant, L'art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation est un défi accepté par Georges Perec : transcrire en texte le voyage de l'oeil suivant un organigramme.
Pris dans un labyrinthe infernal de mots poussant leurs prédécesseurs, sans aucune ponctuation, l'auteur nous embarque dans un récit emplit d'humour noir et décalé, sur la campagne de chasse à la promotion auprès de son chef de service. Un acteur alors broyé dans un engrenage qui semble sans fin, une bille courant dans un jeu de couloirs manipulé par un être extérieur, une boucle sans fin qui n'offre que peu de chance de tirer le gros lot de la sortie !

C'est drôle, décalé, déstabilisant, bref, délicieux !! Et la lecture de l'organigramme ayant servi de trame, livré en fin d'ouvrage, achève le lecteur, repartant dans le dédale d'échanges et d'arrêts devant le bureau du chef, monsieur x, afin de saisir le gibier au moment le plus opportun.
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Ma nouvelle année littéraire commence bien avec cette longue phrase de Georges Perec comme une farandole de mots.
Avant l'édition de « L'art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation », Georges Perec avait écrit un texte adapté pour le théâtre sous le titre « L'augmentation ». C'était en 1968. Et je dois dire que j'ai retrouvé le côté théâtral dans ce récit aussi drôle que critique vis-à-vis du monde du travail. Et puis, ce texte est un prétexte à exercice de style dans lequel l'Oulipien excelle.
Il s'agit d'envisager toutes les solutions possibles pour un employé en quête d'augmentation afin de vaincre les stratégies de sa hiérarchie pour satisfaire sa demande, y compris la séquestration dudit chef mais en considérant également ce qu'il a mangé le midi.
Il faut entrer dans cet univers aussi ludique qu'ironique pour apprécier. Pour ma part, je me suis fait prendre au jeu et j'en ris encore.


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Ayant encore "bon pied bon oeil" rien ne me contraignait à choisir une version sonore, sinon que nous préparions "L'Augmentation", dans sa version théâtrale avec une jolie troupe d'amateurs.
Le rythme de la lecture avec cet empressement hilare, m'a semblé un exercice de haute voltige plutôt qu'une façon de faire passer ce texte, plus grinçant à mon sens.
C'est une chance de pouvoir se faire son film à soi tant qu'on peut lire! Merci donc pour le concept du livre-audio : je vais le prêter de ce pas à quelqu'un de cher qui n'a plus accès à la lecture.
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Nouvelle lecture. La dernière en date 21 juin 2020 (pour bien commencer l'été)

Tout de suite et pour mettre les choses au point sur les i, Perec est un Oulipien. Ce terme parle à certains (un grand nombre). Poursuivons. OUvroir de Littérature Potentielle. Enfin et vraiment s'il reste quelques personnes : Ecrire en respectant une contrainte. Par exemple un roman sans la lettre e (la disparition). Ici ce pourrait être « écrire 71 pages qui ne sont qu'une seule phrase.
Tout est parti d'un organigramme d'entreprise mise. Souvent, il est vrai que d'un texte compliqué on en tire un organigramme. Là c'est l'inverse. Certains vont trouver cette ligne sans ponctuation aucune ch….e à lire. Je dirais plutôt que le plaisir résulte d'une tournure d'esprit. L'humour nous donne rendez-vous dans chaque page.
Cette phrase-livre peut être facteur de jeux. Perec s'applique à nous rappeler aussi souvent que possible « disons pour simplifier car il faut toujours simplifier ». Combien de fois revient cette expression ? . Tout comme il se plait à faire « le tour des différents services dont l'ensemble constitue tout ou partie de l'organisation qui vous emploi ». Allez dites, combien de fois fait-il ce périple
Vous ferez la connaissance avec quelques personnages que vous croiserez dans les couloirs ou installés dans leurs bureaux Mlle Yolande ; M. Xavier ; M. Zosthène et M. Wolfgang ; Mlle Hermeline… sans oublier l'ingénieur.
Voilà, ma démarche ne consiste qu'à vous inciter à lire ces 71 pages sans vous laisser rebuter par la contrainte d'un Oulipien au talent reconnu.
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Un ovni! Un rythme parfois insoutenable! Une histoire drôle et un cheminement finement mené! Attention il va vous falloir du souffle!
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Un bon moyen de garder le sourire tout au long des quelques soixante pages de ce texte très drôle et sombre en même temps, car il décrit une situation compliquée pour qui s'est déjà lancé dans ce genre de demande auprès d'un patron. Un bel exercice littéraire.
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