C'est un livre, c'est une proposition d'action, c'est un acte graphique, c'est un objet d'art. «
L'invitation » de
Kveta Pacovska est moins un livre qu'on lit qu'un parcours onirique au fil duquel émotions et sensations révèlent, comme dans un conte de fée, en autant de reflets, les facettes de ceux auquel elle s'adresse.
Tout en émotion, en couleurs vives, en contrastes, le noir brillant rencontre l'argenté, le fluo et le rouge ardent. Dans ce déploiement de couleurs, dans ce joyeux tohu-bohu le même message revient « j'ai invité à prendre le thé ». Les invités, comme les pages défilent, se répondent, s'opposent, s'affichent. Les pages épaisses, si lisses au bout des doigts qu'elles procurent un rare plaisir tactile, en plus, craquent, crissent et grincent, comme un parquet sur lequel on marcherait. Tantôt mur tagué de messages, de symboles et de mots, dans tous les sens, tantôt page luisante, miroir, même noir où je capte mon reflet, collage, peinture, pop-up, tag, l'auteur convoque tous les arts, mineurs, majeurs peu importe.
Collez des formes diverses pourvu qu'elles soient jaunes, vous avez la lune, réalisme fortuit des premiers dessins enfantins, quand l'essentiel réside dans l'attribution de la signification. Sur le rectangle noir qui figure le corps, ajoutez des pointes rouges, ici, ailleurs, partout, elles seront cornes pour le rhinocéros. C'est le réalisme manqué, une étape du développement quand c'est l'intention de la représentation qui compte. La table est à plat et l'on en voit les quatre pieds, à l'horizontale. C'est le réalisme intellectuel au cours duquel l'enfant montre ce qu'il sait être du réel.
Kveta Pacovska créée comme l'enfant et lui dit en clair qu'il peut, lui aussi, ressentir autant que s'exprimer. A travers ce livre joyeux et réjouissant,
Kveta Pacovska transmet la diversité de ce que l'on peut faire. A nous, de montrer chacune de ces pages comme on le ferait d'une oeuvre d'art, la transmettant avec enthousiasme et confiant à l'enfant, de quoi s'exprimer, à son tour, en le laissant oser.