AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 197 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et je suis là à allumer la radio, le genre où tu mettais 6 grosses piles dedans pour faire crachoter de la musique ou une chronique de France Inter. J'écoute cette odeur de poulet qui mijote. Des parfums de cuisine et d'enfants qui jouent dans la cour, autour d'un ballon ou d'un vieux pneu usagé. La voisine prépare des galettes au miel. Un délice, un retour en enfance. Au son des tam-tam, la nuit se profile, la lune se défile, les étoiles illuminent. Une soirée autour d'une bière chaude, des femmes en pagnes, l'ambiance africaine.

Et je suis là à tourner dans mon lit, entièrement nu, comme un ver de terre dans une assiette de piment. J'écoute l'absurdité de la vie - ou celle de l'administration burkinabè. Parfois les deux sont de concert. Mais la musique est différente. C'est celle d'une femme, celle d'une épouse, celle d'une mère qui se bat ensemble pour n'en faire qu'une et pour sortir son mari de prison, au son de l'injustice ou de l'incompétence.

Et je suis là à sentir cette force, ce parfum d'abnégation et d'arachide, ce pouvoir et cette envie dédiés aux femmes, à la mère de Roukiata qui la porte toujours sur son dos, le pagne serré, corps contre corps. La petite observe à hauteur d'hommes - ou de femmes en l'occurrence. Une histoire de femme, une histoire d'accent, une histoire de piment.

Épilogue : tandis que je finis tranquillement ma bière, dans le silence de la latérite, Roukiata revient sur un sujet sensible qui lui tient à coeur, le coeur d'une enfant, d'une fille, d'une femme, un sujet qui la touche, l'émeut, l'enrage, le drame qui bouleverse l'enfance de millions de petites filles comme elle, l'excision.
Commenter  J’apprécie          735
Je ne remercierai jamais assez BookyCooky de m'avoir conseillé la lecture de "Du miel sous les galettes".
Je m'intéresse beaucoup au Burkina Fasso, où j'ai une filleule, Fatimata Ouedraougo, et ce récit m'a permis de mieux comprendre encore le sort des femmes africaines de ce beau pays.

L'autrice jongle avec deux récits : celui de la petite Roukiata, installée dans le dos de sa mère, d'où elle voit se dérouler les aventures de sa famille, d'une part, et celui de Roukiata, devenue une jeune femme, comédienne, et choisie pour être la marraine de la Journée internationale de la Francophonie.

Avec beaucoup de pudeur, d'humour et de tendresse, le premier récit met en scène sa mère, en proie aux turpitudes de la vie : son mari, fonctionnaire, toujours honnête et travailleur, est injustement accusé d'un détournement de fonds qu'il n'a jamais commis. Sa femme va se démener corps et âme pour réhabiliter son mari. Mais ce ne sera pas simple. Il lui faudra affronter la bureaucratie burkinabé, et la justice qui est loin d'être rigoureuse. Pour faire bouillir la marmite familiale - la petite Roukiata est la dernière d'une grande fratrie - la mère fabrique des galettes délicieuses, qu'elle vend aux passants qui se régalement.

De l'autre côté du récit, l'autrice dépeint avec beaucoup d'humour le balai des courtisans lors d'une manifestation parisienne, comme la Journée internationale de la Francophonie. Parviendra-t-elle tout de même à être sur la photo qui immortalise l'évènement autour de son Président ? Difficilement, parce que les places sont chères pour être bien en vue, à côté de l'homme important.
La mère aurait pu se laisser facilement décourager par les tracas imposés par la bureaucratie, mais non, elle tient bon, quoi qu'il arrive.

La fin du récit bouclera la boucle quand Roukiata apprendra qu'elle deviendra bientôt mère.

Une dernière confession pleine de pudeur nous touchera profondément, à nous autres femmes des pays occidentaux, qui luttons pour l'égalité entre les femmes et les hommes, en nous faisant toucher du doigt le chemin qui reste à parcourir du côté de l'Afrique.

On connaissait la chroniqueuse sur France Inter, on découvre ici une écrivaine, qui, en rendant hommage à sa mère, rend ici un bel hommage à toutes les femmes africaines, qui tiennent bon dans l'adversité, pour leur famille.

Un très beau récit à mettre entre toutes les mains des jeunes femmes qui rêvent d'émancipation.
Commenter  J’apprécie          4411
Couronne de cheveux sur la tête et l'oeil malicieux, Roukiata Ouedraogo narre son enfance au Burkina Faso.
L'ouvrage favorablement accueilli par le public se distingue par la tendresse et l'humour pour relater un cataclysme vécu par sa famille.
L'auteure rend hommage à sa mère , femme forte et courageuse qui ne recule pas devant l'adversité que l'administration burkinabé lui réserve.
Son père injustement emprisonné pour vol des finances publiques se retrouve démuni et humilié face à un procureur en mal de promotion.
Face à ce revers de situation, sa femme Djemila va lutter avec acharnement pour libérer son mari innocent. Mais même si des âmes charitables se penchent sur le sort d'Hamado bien des vicissitudes vont entravées la persévérance de cette mère et ses sept enfants.
Ce récit nous est rapporté grâce à l'oralité de la famille puisque Yasmina, pseudo de Roukiata, n'est qu'une enfant porté sur le dos de sa mère lors de ces évènements.
L'auteure soulève aussi la lenteur et les aberrations d'une justice lente qui détient les même problèmes que la nôtre. D'autant que les hommes avides qui par orgueil refusent de reconnaitre leurs torts représentent des défauts universellement partagés.
Ce panorama se complète avec les coutumes africaines de ce pays notamment la tontine, acte de de générosité et de partage.
J'ai souvent consulté Google pour le vocabulaire et bien ri avec le canari sur la tête.

" du miel sous les galettes" se termine par le parcours de l'autrice qui dès ses cinq ans développe des compétences hors norme pour son âge. Avec tendresse j'ai regardé cette maîtresse qui va ouvrir le monde de la connaissance à Roukiata et lui permettre d'espérer un bel avenir.
C'est en France que sa vie se déroule désormais en tant que comédienne et chroniqueuse et même marraine de la Francophonie.
A mille lieues d'une Folcoche, l'héroïne est ici une femme badasse dont Ouedraogo a su éviter le récit familial mélodramatique.
Commenter  J’apprécie          381
C'est un très joli livre, à la couverture douce et colorée comme le wax, ce tissu africain qui sert à confectionner robes, pagnes, foulards...

Au tout début, j'ai été gênée par l'alternance des chapitres entre la vie actuelle du l'auteure en France et son enfance au Burkina Faso, que je trouvais quelque peu artificielle.

Mais très vite, je me suis plongée dans le récit, et sans connaître par ailleurs Mme Ouedraogo - qui se produit seule en scène et lors de chroniques radio - je me suis attachée à elle. Et à sa mère bien sûr, puisque c'est surtout d'elle dont il est question. Sa combativité, sa force de caractère, elle qui a bataillé pour sortir son mari de prison suite à une erreur judiciaire tout en s'occupant de ses enfants et en vendant des galettes pour subsister.

Je suppose que l'auteure n'a pas voulu tomber dans la description pittoresque du Burkina Faso, mais j'aurais tout de même aimé une immersion plus complète dans ce pays à travers un style plus foisonnant. Ici, l'écriture reste simple et directe, ce qui rend la lecture fluide mais sans réel plaisir littéraire. Encore une fois, ce n'était sans doute pas le but visé.

Un bel hommage d'une fille à sa mère donc et des pages de fin bouleversantes, "tout en résilience et dignité" pour citer RFI.
Commenter  J’apprécie          370
Récit biographique d'une enfance au Burkina Faso. L'autrice y rend hommage à sa mère qui s'est débattue pour assurer la subsistance de sa famille et faire libérer son mari injustement emprisonné.

Un dépaysement assuré lorsqu'on a des noms comme Fada N'Gourma et Ougadougou et que les femmes portent des pagnes de « basins ou de wax ». Des vies sur un autre continent, qui peuvent être si différentes des nôtres, mais si humainement les mêmes…

Un court texte, trop bref et peut-être un peu léger. Bien des choses restent inexpliquées et j'aurais aimé explorer un peu plus la société burkinabé et goûter davantage les galettes et le riz gras…
Commenter  J’apprécie          320
Du miel sous les galettes est le premier roman de Roukiata Ouedraogo comédienne, actrice, humoriste.
Le roman s'ouvre sur une jeune femme en panique ou presque, elle est la marraine de la Journée internationale de la Francophonie, elle l'artiste d'origine burkinabe... Un thé , une galette , un peu de miel et elle "replonge à Fada N'Gourma. Les galettes de maman" Tout est dit.
Un roman intimiste très autobiographique me semble t'il, le portrait d'une femme à nulle autre pareille, sa mère, et l'amour inconditionnel qu'elle lui porte. Une enfance, un pays,.Pauvreté, sécheresse, pluies diluviennes, corruption, misère tout est au rendez-vous et puis il y a le réconfort sans partage de l'amour maternel , la force de vivre en famille, la solidarité et la résilience.
Roukiata Ouedraogo aime la langue française, s'en sert en use fort bien et à bon escient. Humour et combat sont unis dans une noble cause: abolir l'excision.
Un grand merci aux éditions Slatkine qui m'ont permis de découvrir ce roman.
Commenter  J’apprécie          240
Roukiata OUEDRAOGO. du miel sous les galettes.

Une rencontre sur le continent africain, au Burkina-Faso ; Roukatia OUEDRAGO déroule le fil de sa vie. Elle est née dans une petite bourgade à Fada N'Gourma. Son père, Hamado Sankaké est employé aux services des finances et sa mère, Djelila, femme au foyer avec sept enfants à charge dont la dernière, Roukatia, bébé, est collée dans son boubou sur son dos en permanence. Cette famille mène une existence tranquille, subissant les aléas du climat avec la grande sécheresse, les orages violents, les nuits froides et les journées brûlantes. Cette vie va être bouleversée, volée en éclats par l'arrestation de Hamado, accusé de détournements de fonds. La lenteur de l'administration judiciaire, la force de la mère qui s'évertue et fait face à cette administration avec beaucoup de hargne, nous emporte dans un ouragan de tendresse.

Djelila est sûre et certaine que son mari est innocent. Elle multiplie les voyages à Ouagadougou, la capitale, frappe à la porte de diverses administrations afin de faire avancer le dossier en suspens de son époux. Pour faire vivre la famille, elle fait tous les jours de délicieuses galettes dont elle détient secrète la recette et les vend. Un peu d'argent frais permet la survie de cette tribu. Ce n'est qu'au bout de cinq années que Hamado recouvre la liberté mais il n'est pas blanchi des injustes accusations qui pèsent sur lui.

C'est avec beaucoup de nostalgie, de tendresse, d'amour maternel, filial que Roukiata se remémore sa jeunesse, sa douce enfance dans son pays natal. C'est un bel hommage qu'elle rend ici à sa mère, un roc, qui seul a élevé ses enfants pendant la longue détention abusive de son époux. ( 30/04/2022).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
Commenter  J’apprécie          210
Quel plaisir ai-je eu à découvrir l'histoire racontée par la jeune Yasmina, qui rend un touchant hommage, à sa mère, pillier de sa famille, qui s'est battue pour l'honneur de son mari, injustement accusé et emprisonné et pour ses 7 enfants qu'elle a du élever et nourri, en l'absence de son mari.
Roukiata Ouedraogo m'a replongée dans son pays le Burkina Faso, que j'ai eu la chance de visiter il y a de nombreuses années. Dans une langue simple et précise, j'ai revu les décors, l'animation des villes, le sable, les odeurs, les tissus colorés. Un véritable voyage.

Mais la beauté et tout l'intérêt du livre réside dans la description de Djelila, sa mère : cette femme, mariée et mère qui trouve l'énergie pour protéger sa famille, qui se démène pour eux. Elle est en mode survie, mais elle ne fléchit pas. Son courage et l'amour de ses proches lui donnent l'énergie pour poursuivre son combat vers sa juste cause. En cela, la thématique est universelle.

Certains chapitres évoquent aussi tout au long du récit Yasmina et/ou l'autrice à l'âge adulte et l'épilogue apporte une vraie profondeur au roman.

Un de mes coups de coeur de ce début d'année!

Je remercie Babelio et les Editions Pocket de m'avoir offert ce livre, que j'avais repéré depuis longtemps!
Commenter  J’apprécie          213
Résumé : La francophonie et le Burkina Faso.

La narratrice confirme avec ce premier roman sur sa vie au Burkina Faso, le bien-fondé de sa sélection pour représenter la langue française lors d'une conférence.

La narratrice, choisie comme symbole de réussite pour faire honneur à la langue française prépare son discours. Elle déroule alors son parcours depuis sa naissance au Burkina Faso. où elle était dernière d'une fratrie de sept enfants. Puis son père, fonctionnaire de l'État, alors accusé d'un détournement de fonds a été emprisonné. Cela a entraîné une suspension de revenus. Et donc, pour trouver des moyens de subsistance, sa mère vendait les galettes.
Mais, elle a aussi mis à profit toutes ces relations pour que la justice soit rendue et faire libérer son mari. La narratrice, spectatrice du combat de sa mère pour s'en sortir, retrace sa propre destinée jusqu'en France.
MON AVIS

Ici, nous voyageons dans le temps en Afrique au Burkina Faso. Dans sa famille de classe moyenne, la narratrice expose sa vie et celle de ses congénères de la naissance jusqu'à la scolarité et les études supérieures. Et elle nous familiarise avec les us et coutumes des lieux. À ce titre, ne manquez surtout pas l'épilogue, il détaille l'excision dont elle a été victime. La place de ce passage m'a d'ailleurs assez surprise en le reléguant au second plan… comme tout sujet tabou. Retrouver la chronique sur le blog
Lien : https://lesparolesenvolent.c..
Commenter  J’apprécie          190
Le récit commence à Paris par un petit déjeuner, moment où la comédienne Yasmina Sankaké se prépare, avec anxiété et fierté, à être marraine de la Journée internationale de la francophonie. Les pancakes vont la replonger dans ses souvenirs…
Car le plat de résistance de ce livre touchant, ce sont les galettes de sa maman.
Djelila Sankaké est une femme burkinabé, dont le mari est jeté en prison à la suite d'une erreur judiciaire. Seule, ostracisée, elle devient la Mère Courage qui vend des galettes pour nourrir et élever ses sept enfants, tout en multipliant les interminables trajets à la capitale afin de plaider la cause du détenu.
Cet évènement tragique qui a brisé des vies, est raconté par la narratrice en direct du pagne qui la noue au dos de sa mère : "La petite chose collée au dos de maman, c'est moi."
La journée parisienne de Yasmina Sankaké se poursuit un chapitre sur deux, montrant où "la petite chose" est parvenue en venant étudier en France.
Pour le dessert, on découvre avec attendrissement la narratrice enceinte, et puis soudain ce dessert révèle un goût bien amer...
Plus qu'oeuvre littéraire, ce récit autobiographique nous fait entendre la voix de Roukiata Ouedraogo comme à France-Inter - on retrouve d'ailleurs certaines de ses chroniques comme "le match de foot des mamans" ou bien des légendes locales – se racontant avec pudeur et avec un immense amour pour sa mère.
Challenge ABC 2022/2023
Challenge Globe-Trotter (Burkina Faso)
Commenter  J’apprécie          180




Lecteurs (457) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
291 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}