La charité n'autorise pas la maltraitance.
p 46
- Je me méfie toujours d’un homme de pouvoir qui commence sa phrase par « Croyez-moi ». Surtout s’il sollicite les excuses du peuple.
Comme la faim, l'ennui amollit l'esprit. Il nous oblige à parler de tout et de rien pour ne pas convoquer un passé regretté, un présent insupportable ou un futur terrifiant.
p 136
La folie peut devenir une consolation à la réalité.
Pour mes parents, naître fille ne supposait pas servitude, devoir et pudeur. Ils m’offrirent la liberté et la force d’être moi, de m’inventer.
Ils me transmirent le respect du travail bien fait. Le mien, le leur, autant que celui des abeilles ou de nos domestiques.
On les condamnait à la prison, peut-être à vie, sans qu'elles se soient rendues coupables de rien.
Nous n’obtiendrons jamais l’égalité des droits tant que nous ne l’arracherons pas, ni le respect tant que nous ne l’ordonnerons pas… Nous ne pouvons voter, mais la constitution ne nous interdit pas d’être élues à la présidence.
J'ai vu ces sévices précipiter une jeune femme saine d'esprit dans la folie.
La folie peut devenir une consolation à la réalité.
Je désirais plus que tout quitter cet horrible endroit; pourtant, une fois libre, je ressentis comme une douleur.
- Bienvenue chez les folles bénignes ! Décidément, on a bien fait de l'interner, celle-là.
- Eh oui ! Vous êtes bien chez les folles ! Les hystériques ! Les colériques ! Les mélancoliques, les agitatrices... Les épuisées. Les audacieuses. Les tristes. Les exclues de la société, les rebelles. Toutes les femmes qui n'en peuvent plus !