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EAN : 9782707190727
250 pages
La Découverte (08/09/2016)
3.99/5   93 notes
Résumé :
La drogue est la continuation de la politique par d’autres moyens : telle est sans doute l’une des leçons les plus méconnues du IIIe Reich… Découverte au milieu des années 1930 et commercialisée sous le nom de pervitine, la méthamphétamine s’est bientôt imposée à toute la société allemande. Des étudiants aux ouvriers, des intellectuels aux dirigeants politiques et aux femmes au foyer, les petites pilules ont rapidement fait partie du quotidien, pour le plus grand bé... >Voir plus
Que lire après L'extase totale : Le IIIè Reich, les allemands et la drogueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Je me passionne pour la Seconde Guerre mondiale depuis de très longues années mais jamais je n'avais envisagé cette période sous cet angle-là : ce livre m'a stupéfiée, dérangée, vraiment décontenancée. Je suis sans doute naïve car même si j'avais entendu parler de drogues circulant lors de cette tragédie mondiale, j'ignorais tout de sa macabre réalité. En refermant ce livre, on reconsidère cette guerre avec un regard absolument différent. Bien sûr, cela n'excuse ni ne justifie aucun des actes immondes perpétrés par le IIIe Reich mais cela permet d'en obtenir une vision d'ensemble plus complexe et plus subtile.
Au départ, on apprend que les nazis considéraient les drogues comme une abomination et les mettaient dans le même panier que les Juifs : "Juifs et drogues fusionnent en une entité toxique ou infectieuse qui menacerait l'Allemagne." Et puis apparaît un sauveur : le Docteur Theodor Morell, censé soigner les troubles gastriques très douloureux du Führer. Il devient très vite son médecin personnel, Hitler lui-même devenant son célèbre "Patient A". C'est le début de l'engrenage : dès que le Führer donne le moindre signe de faiblesse, le Docteur Morell est là. Vitamines, toniques, prises sous pilules ou par injections… avant ses discours, voire pour la vigueur de son salut nazi, Hitler exige ses doses. Et puis en 1938, le laboratoire Temmler commercialise la première méthamphétamine allemande : la pervitine. Ses effets ? Elle augmente l'énergie et la confiance en soi, rend euphorique, affûte les sens et donc la puissance et la concentration, soumet la fatigue et l'anxiété. Toute la société allemande commence à en ingérer : étudiants, travailleurs de toute sorte, mais aussi membres du Parti nazi. Des chocolats à la pervitine font même leur apparition !
On apprend que les pilules miracle "s'avalent comme des bonbons", que la Wehrmacht commande des dizaines de millions de doses pour ses soldats de l'armée de terre et de la Luftwaffe, et que c'est en partie cette drogue qui explique la terrible efficacité du Blitzkrieg de 1940. Rien ne les arrête plus : soldats et membres du Parti planant à mille kilomètres, Hitler accro à plus de 80 produits (la liste exposée par l'auteur est effrayante !), mais comme tout abus, la chute finale sera aussi exceptionnelle que l'euphorie aura été grandiose.
Je m'arrête ici parce que je ne veux pas dévoiler tout le livre, mais quel choc, quelle audace aussi que cette immense analyse. C'est un vrai coup de maître : effrayant, fascinant, glaçant. Et quel extraordinaire travail de recherche nous livre ici Norman Ohler, que nous suivons à travers sa quête : une immense documentation, un exposé minutieux et ahurissant d'un IIIe Reich complètement dopé qui ne dort plus, qui nargue le corps et l'esprit humains. Les notes de l'auteur ainsi que les nombreuses illustrations et photographies foisonnent d'éclaircissements et renseignements passionnants…
Bref, un livre qui offre un éclairage inédit et absolument effarant sur la Seconde Guerre mondiale et qui va, je pense, me marquer longtemps. Un constat choquant, atterrant, qui nous rappelle malheureusement qu'aujourd'hui ce sont les djihadistes de Daech, drogués au Captagon, transformés en surhommes sans peur ni fatigue, qui menacent le destin du monde.
Merci aux éditions La Découverte et à NetGalley pour la découverte de ce livre.
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Je n'avais pas idée de l'ampleur de la démocratisation et de l'institutionnalisation de la méthamphétamine sous l'Allemagne nazie. Véritable succès commerciale des années 30, la Pervitine s'est imposée dans la société allemande, donnant à ce peuple l'impression éphémère d'un nouvel élan. La frénésie du travail, le fanatisme idéologique et un sentiment de toute-puissance qui bouleverseront l'Allemagne. Ces psychostimulants ont d'ailleurs favorisés les premières victoires expéditives du IIIème Reich (Blitzkrieg en Pologne et en France). Un soldat qui dort peu, mange peu, donne un avantage stratégique immédiat indéniable à l'armée. Toutefois, les effets secondaires considérables d'une prise de ces substances sur le long terme ont été ignorés au profit du désir de victoires constantes. L'auteur s'attarde longuement sur le premier toxicomane de la nation, Adolf Hitler, à travers les archives de son médecin personnel. le travail de recherche et de documentation impressionnant de cet ouvrage ont contribué à enrichir ma vision de cette période de l'histoire qui me passionne. Une extase totale qui ne pouvait aboutir qu'à l'overdose.
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Cet essai, très richement et précisément documenté, se penche sur la problématique – matérialiste à sa façon – du rôle des drogues dans l'histoire du IIIe Reich, selon trois pistes d'analyse convergentes – ce qui constitue une démarche originale, à mon avis : la propension à la toxicomanie de la société allemande tout entière avant et pendant le nazisme, l'usage des drogues par la Wehrmacht, et les propres addictions de Hitler, secondé ou incité par son médecin personnel, le Dr. Theodor Morell, dont le matériau d'archives, particulièrement abscons mais abondant, constitue la partie la plus importante de la recherche. La thèse ici démontrée est qu'une certaine toxicomanie n'est pas un épiphénomène mais au contraire quelque chose de profondément complémentaire et consubstantiel avec le nazisme, nécessaire à sa compréhension à l'instar de ses éléments idéologiques ; cependant, elle ne peut être prise ni pour un facteur explicatif unique, ni pour un argument à décharge des responsabilités des uns et des autres, en particulier de Hitler, qui garda son libre-arbitre et son jugement jusqu'au dernier instant de sa vie, malgré des souffrances physiques énormément accrues par le sevrage forcé de stupéfiants qui ne pouvaient plus être produits et livrés an 1945.

Dans la première partie, « Pervitine : l'amphèt' nationale », l'on apprend l'étonnante diffusion des drogues – la sémantique même du terme ne possédait aucune des connotations négatives d'aujourd'hui – dans l'Allemagne d'après 1918. Mais ce qui a longtemps fourvoyé les historiens, ç'a été la véritable guerre idéologique du nazisme contre cette vétéro-toxicomanie : la politique anti-drogue nazie était en tout traits semblable (et associée) à la politique antisémite, et les morphinomanes furent parmi les pionniers des camps de concentration. Mais ce peuple massivement drogué trouva une nouvelle substance, synthétique, de production nationale, dopante, particulièrement adaptée à l'idéologie et aux contraintes productivistes du nazisme : la pervitine. Molécule miracle diffusée presque autant que sa contemporaine, l'aspirine, elle se trouvait jusque dans les pralines de chocolat.
La deuxième partie, « Blitzkrieg meth (1939-1941) », apparaît comme une suite logique de cette profusion, en milieu militaire ; néanmoins, à la lumière de témoignages de soldats, tels les lettres du front du jeune Heinrich Böll, l'éblouissante stratégie de la Blitzkrieg, notamment dans la bataille de Flandre et la déroute française, paraît beaucoup plus claire une fois que l'on a compris comment les troupes motorisées pouvaient avancer sans l'arrêt du sommeil et sans les inhibitions de la prudence élémentaire et de la peur...
La troisième partie, « High Hitler – le médecin du Patient A », la plus longue et minutieuse, parfois excessivement, retrace une à une les étapes de cette méphistophélique symbiose entre le Dr. Morell, opportuniste obèse, avide, orgueilleux et passablement poltron, et son Patient A, qui finit par devenir son unique client et celui qui ne peut absolument plus se passer de ses seringues. Il y a eu chez moi lecteur une curiosité morbide à tenter de déceler les mécanismes de la domination – réciproque ou progressivement inversée ? - entre ces deux personnalités infâmes. La chute aux abîmes de Hitler, qui est représentée de manière impressionnante par sa photo de profil reproduite à la p. 197 (ill. 21 « L'abstinent devenu junkie », source Laif.), est également beaucoup plus compréhensible, une fois venu à connaissance du cocktail de psychotropes et autres substances euphorisantes auquel il était accoutumé.
Enfin la quatrième partie, « Dernières débauches : Blut und Drogen (1944-1945) », considère cette dernière étape de la guerre sous l'angle de la recherche désespérée et frénétique d'une « drogue miracle », en guise d'arme secrète, espoir ultime en un renversement de la débâcle. Cette recherche se loge à l'enseigne du pathétique : expérimentations insuffisantes ou pseudo-expériences menées sur des cobayes humains dans les camps de concentration, productions chimiques et ravitaillements entravés par les bombardements, psychologie collective d'un peuple en état de manque ou de bad trip : à tous les niveaux, civils et militaires, y compris celui de Hitler et de ses plus proches collaborateurs, tous se trouvent en situation d'impasse pharmaceutique. Ainsi certains seront appréhendés et « pris en charge » par les Alliés...

Une lecture fort instructive qui fournit une vision d'ensemble cohérente et originale, malgré certaines longueurs.
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Un livre hallucinant si je peux dire ainsi , des révélations qui mettent à bas les images effrayantes des guerriers aryens que l'on découvre encore dans des récits ou des fictions sur la deuxième guerre mondiale . En même temps on peut ainsi éclairer certains comportements individuels ou collectifs inhumains de la soldatesque nazie .Ainsi donc l'usage massif , au niveau des armées mais aussi du peuple , des amphétamines ( pervitine ) a transfiguré , décuplé les actions militaires et policières de ces soldats .
Ces révélations sont très troublantes sans toutefois en rajouter à l'horreur de ces guerres , difficile aussi d'oublier que les combattants de Daesch font eux aussi usage de Captagon pour encore plus se transformer en guerriers inhumains . a mon avis un livre important pour celui qui s'intéresse à cette époque mais un livre dont les leçons sont toujours d'actualité....malheureusement .
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Très belle découverte que cet ouvrage sur toutes les drogues qui ont été conçues et ingurgitees par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale.
Il s agit ici de cocaïne,péritoine,hormones,opioides, morphine,eucodal,héroïne...et toutes substances illicites et dangereuses.
Cet ouvrage ,pour moi,se subdivise en deux thèmes principaux.
Le premier concerne la fabrication et l emploi de la pervitine parmi les soldats et leurs conséquences sur le déroulement de la guerre et la seconde partie concerne la relation fusionnelle entre Hitler et le Dr Morell et leurs dépendances l un à l autre,à travers tous les traitements administrés.
Cet ouvrage donne une nouvelle lecture au déroulement de la guerre et nous explique au mieux les avancées et réussites des usines pharmaceutiques.
Bonne lecture.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les Américains délivrent le camp de Dachau et confisquent ses archives. C'est une véritable aubaine pour les services secrets américains. Les tests vont se poursuivre sous le nom de code de Project Chatter, dirigés par Charles Savage et Henry K. Beecher, de l'université de médecine de Harvard, et menés sous les hospices du Naval Médical Research Institute à Washington D.C. Ils servent de matrice à plusieurs séries d'expériences qui s'étalent sur plus de cinquante ans, impliquent des milliers de cobayes humains et dont les résultats doivent d'abord aider les Américains à démasquer les espions soviétiques durant la guerre de Corée.
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Devant nous se trouve l'ancien laboratoire du Dr Fritz Hauschild, chef du département pharmacologique des usines Temmler de 1937 à 1941, qui s'était lancé à la recherche d'un nouveau type de médicament: un "productivisant". Ce fut le premier fourneau à drogues du IIIème Reich. (...) C'est ici que fut produite une méthamphétamine dont la qualité dépassait celle fabriquait par Walter White - le héros de la série Breaking Bad qui a hissé la "crystal meth" au rang de symbole de notre époque. Breaking Bad signifie littéralement "dérailler, changer brutalement d'attitude et faire quelque chose de mal". Sans doute ce titre pourrait-il aussi convenir à la période 1933-1945.
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« Grisé par les drogues, le Führer semble être parfaitement lui-même : voici le véritable Hitler tel qu'il était déjà auparavant. Ses idées, ses plans, l'extrême importance qu'il accorde à sa personne ainsi que le mépris de ses adversaires : tout ceci était déjà contenu dans le programmatique Mein Kampf de 1925. Son addiction aux opioïdes n'a fait que cimenter une rigidité préexistante, renforcer sa tendance à déléguer la violence plutôt qu'à l'exercer soi-même et a contribué à ce qu'il n'ait même jamais pensé à infléchir sa conduite durant la phase finale de la guerre et du génocide juif. […]
Un cas classique d'actio libera in causa diraient les juristes : quelle que soit la quantité de drogue prise pour être encore en mesure de perpétrer ses crimes, cela n'atténue en rien sa monstrueuse culpabilité. » (p. 206)
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Le national-socialisme fut un poison, au sens propre du terme. Il a laissé au monde un legs toxique, un venin qui nous affecte encore aujourd'hui et n'est pas près de disparaître. Les nazis se sont donné des airs de père-la-vertu en menant en grande pompe une politique antidrogue aussi drastique que punitive, avec des soubassements idéologiques. Pourtant, c'est bien sous Hitler qu'une substance particulièrement addictive, insidieuse et puissante est devenue un produit grand public. Cette pilule a fait une carrière parfaitement légale sous le nom de pervitine à travers tout le Reich allemand, puis dans les pays d'Europe occupés.
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Les médicaments le maintiennent dans un délire permanent, ils érigent un mur imprenable, une défense sans faille que rien ni personne ne peut plus franchir. Toute hésitation est balayée par cette vague de confiance artificielle. Le monde qui l'entoure peut bien être réduit en cendres, ses actes peuvent bien coûter la vie à des millions de personnes. Hitler se sent plus que conforté dans ses agissements lorsque cette forte came bruisse dans ses veines et instaure une euphorie de synthèse.
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