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Critique de Pancrace


Décolorés les messages du ciel,
Les évidences déteintes au soleil,
Fané le rouge sang des enfers,
L'Eden un peu moins pur, un peu moins clair,
Souillé, taché, le blanc des étendards,
Brulé le vert entêtant de l'espoir,
Ternis, les gentils, troublants, les méchants,
Les diables ne sont plus vraiment noirs,
Entre gris clair et gris foncé…

En demi-teinte, en clair-obscur JCO sonde, perfore, mine, ronge et ravage pareil au Caravage au nom de tout ce qui les sépare.
Fille Noire, Minette – Fille Blanche, Genna.
University Schuyler College, 1974
Première année d'études. Même chambre. Minette va mourir.
Malaise, « NEGROT GO HOME » Qui en veut à cette fille de pasteur ? Qui en veut à l'introvertie noire, très chrétienne, antipathique, boursière, renfrognée, butée, fermée et sûre d'elle comme une huitre avant que le couteau ne trouve la faille ?
Surement l'Amérique toute entière ou tout simplement ses voisines plus claires, moins foncées, plus chics, moins modestes ?
En tous cas pas Genna ! La fille blanche, très aisée, à la mère hippie déjantée et au père, avocat anti-Vietnam, anti-Nixon et activiste politique toxique. Elle est de surcroit, arrière-petite-fille du créateur de cette université guindée au code d'honneur rigoriste.

JCO décortique, analyse l'accablement, le harcèlement, le poids des relations familiales, les tensions raciales jusqu'à faire suer les mots et répandre l'odeur âcre du racisme.
Genna se doit de protéger Minette à tout prix, de par son éducation endosser la rédemption de son pays, s'absoudre de l'aisance que Minette ne connaitra jamais. Accepter sans vaciller de porter le fardeau oppressant des agissements et des manigances politiques de son père et de la défaillance et de la désinvolture de sa mère.

Ce roman est émouvant, captivant, parfois même envoutant, sa lecture demande une attention soutenue pour en saisir les finesses par le menu. Ne croyez pas qu'il soit un polar ni même un thriller, c'est une introspection dans les choix, dans les principes sournois, les volontés et les combats, dans la culpabilité et la bêtise comme JCO sait si bien l'écrire et le décrire, c'est un chant miné de la dissonance de deux destins, une symphonie raciale, un « Ebony and Ivory live together in perfect cacophony » dont JCO se fait la voix de tête. « This is The Voice » !!!
Et je te veux dans mon équipe…


Préambule de J.J.Goldman
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