Bastarda raconte une histoire tragique, celle du destin de Marthe, une enfant abandonnée, recueillie par un couple du village de Guagnu, au fond de la vallée du Haut-Sorru. C'est aussi une fresque sociale et politique de cette Corse du XIXéme. Au fil de son récit, l'auteur évoque la présence d'une l'administration territoriale déterminée à imposer son modèle républicain centralisé, l'appel de l'Empire Français qui fut pour beaucoup de Corses la solution pour échapper à leur condition, mais aussi les débats politiques qui divisent bonapartistes et paolistes.
Jean Pierre Nucci met un soin particulier à la mise en scène de ses personnages. Chacun d'eux porte une part de l'île, de sa violence, de sa misère de son rapport à l'autre. de Guagno Ajaccio, de Tunis à Marseille, ils portent le poids des traditions, la fierté de leur identité, la volonté d'ailleurs. Il décrit avec justesse la dureté des rapports humains, entre les hommes et les femmes, dans une société villageoise façonnée par la tradition religieuse.
Bastarda n'est pas qu'une histoire bouleversante et terriblement émouvante. A travers la vie de Marthe, de sa famille d'accueil, des acteurs qui s'invitent dans un récit aux multiples rebondissements,
Bastarda s'inscrit dans la tradition du roman corse qui s'attache aux paradoxes de l'âme humaine.
Bastarda – Éditions Mon village – Juin 2018