Ce très beau titre de
Jean-Paul Nozière (emprunté à
Tom Robbins*) est un roman policier centré autour de quatre personnages principaux, Alice, Linlin, Freddy et Nour. Ces prénoms forment les titres des chapitres que l'auteur agence comme dans un puzzle. Ce n'est que dans l'avant dernier chapitre que tout s'éclairera pour le lecteur (ou avant s'il est plus perspicace que moi !).
Publié par les éditions
Thierry Magnier, ce livre destiné aux adolescents ravira les jeunes comme les moins jeunes. C'est le premier titre de cet auteur que je découvre, lui qui en a écrit une cinquantaine et dont j'avais évidemment entendu parler, sans mettre la main sur un de ses livres. C'est désormais chose faite et bien faite !
Jean-Paul Nozière est à l'origine de treize policiers pour adultes, pas étonnant puisque l'intrigue est ici fort bien menée, construite surtout sur la psychologie subtile des personnages.
Au départ, une petite fille de trois ans disparaît du parc où elle jouait, en Bretagne. Chargé de la surveiller, son grand frère, un jeune homme de dix sept ans, se laisse distraire par une curieuse et belle femme.
Dix ans plus tard, autre disparition, cette fois-ci en Bourgogne, celle de Laura, une belle jeune fille aux allures de femme. Linlin, le pauvre fou du voisinage qui adore la reluquer, est fortement suspecté…
Jean-Paul Nozière décrit fort bien l'entourage de Jean-Alain, surnommé Linlin : ses parents, traducteurs de chinois et très protecteurs, Alice, une autre de ses voisines qui vient lui faire la lecture, et surtout les gendarmes qui patrouillent souvent dans les parages. La jeune disparue habite en effet dans une zone écartée, près d'un lac peu isolé, propice aux mauvaises rencontres.
Mais c'est surtout Linlin qui focalise l'attention de l'auteur et la nôtre par la même occasion ! J'ai beaucoup aimé pénétrer la folie de ce personnage – d'ailleurs pas si fou que cela pour celui qui prend la peine de décrypter ses attitudes et habitudes.
Jean-Paul Nozière excelle à nous entraîner dans le sillage de Linlin, qui sert finalement de révélateur à beaucoup d'autres personnages, et constitue une sorte de miroir dans lequel viennent se refléter les peurs de ceux qui le rejettent ou la beauté (bonté) de ceux qui l'accompagnent. Petit bémol, j'ai moins aimé suivre les pérégrinations des gendarmes dont certains sont un peu trop caricaturés à mon goût.
Mais il n'en demeure pas moins que ce fut une belle lecture, touchante et entraînante et qui assurément ne sera pas qu'un livre de plus dans ma folle vie de lectrice !
* le titre est issu d'une phrase de
Tom Robbins dans son roman
Comme la grenouille sur son nénuphar paru aux éditions Gallmeister (nous apprend
Jean-Paul Nozière dans ses remerciements)