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Critique de montmartin


Le centre de documentation, d'information et de recherche sur la persécution national-socialiste est situé à Bad Arolsen en Allemagne. Il sauvegarde la mémoire des victimes du nazisme, il recherche des parents proches. Il possède plus de 30 millions de documents et un fichier de 17,5 millions de noms. Il conserve dans ses archives les effets de 3200 détenus, des papiers d'identité, des photos, des lettres, quelques bijoux fantaisie, des étuis à cigarettes, des porte-plume. "Tous ces objets qui viennent des camps, des reliques échappées de l'enfer, il est temps de les rendre à qui de droit. Ce sont des objets sans valeur marchande dont la modestie trahit celle de leurs propriétaires. "
Au Bureau central de recherches, Irène, une Française, « raccommode des fils tranchés par la guerre, éclaire à la torche des fragments d'obscurité. Elle doit retrouver à qui appartiennent ces objets et suivre la piste de leurs descendants, un parent, un ami. Quelqu'un pour qui ça aura du sens. Trois mille objets à restituer et une seule vie pour le faire. »
Un petit pierrot blanc dont le tissu terni s'effiloche, un médaillon de la vierge à l'enfant, un mouchoir brodé des prénoms des détenues, le visage dessiné d'un enfant dessiné au crayon sur un bout de papier. À partir de ces petits riens, Irène part à la recherche de Karol, Wita, Lazar, Eva, Allegra, Léon. C'est avec ces personnages que Gaëlle Nohant nous fait revivre le ghetto de Varsovie, les camps d'Auschwitz, Treblinka, Ravensbrück. Elle nous emmène « de l'autre côté des barbelés, se fraie un passage à travers l'horreur et la solitude. » Irène se rend sur leurs traces en Pologne " ce pays couturé encore à vif " où les femmes manifestent aujourd'hui pour qu'aucune d'entre elles ne soit forcée à être mère.
Avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, Gaëlle Nohant évoque le sort de deux cent mille enfants, âgés de deux à douze ans, raflés dans les territoires occupés, dans les écoles, les orphelinats parfois en pleine rue pour être adoptés par des familles nazies. La douleur des jeunes femmes dont le corps sert à des expériences horribles. Les cheminots qui ramassent sur le ballast les messages écrits sur des bouts de papier par ceux qui s'entassent dans les wagons à destination de la mort. Les archives clandestines du ghetto de Varsovie, enterrées avant la liquidation du ghetto pour pouvoir témoigner après la guerre. Dix boîtes métalliques contenant des milliers de documents découvertes dans les ruines de Varsovie. Les personnages de ce livre sont fictifs mais ils sont tellement vrais, tellement vivants.

Il y a des romans dont j'hésite à faire la chronique tant j'ai peur que mes mots ne soient pas à la hauteur de la qualité du récit. Peur de ne pas pouvoir retransmettre toutes les émotions ressenties à sa lecture. le nouveau roman de Gaëlle Nohant est d'une telle richesse. La manière dont l'auteure traite ce sujet difficile et douloureux est remarquable. Les derniers chapitres sont tout simplement sublimes. Merci infiniment, Madame, de m'avoir offert pour ma dernière lecture de l'année un si beau moment.
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