Nujeen, l'incroyable périple

Ma grosse déception, ce roman que les éditeurs comparent au témoignage de Malala.
Le livre de Malala que j'avais dévoré.
Eh bien non, ce livre n'a rien à voir avec le récit de la jeune Pakistanaise.
Ce roman-là est, à mon avis et j'assume mes mots, une vaste imposture.
Cette jeune fille, avec tout le respect que je lui dois, n'est absolument jamais rendue attachante, passant tantôt pour un singe savant évoquant toutes le périodes de l'Histoire (leçons apprises en regardant jour et nuit la télévision), tantôt pour une enfant capricieuse trouvant à de très/trop nombreuses reprises la nourriture « infecte », et enfin une jeune handicapée jouant sans cesse sur son mal pour passer devant les autres (« on a essayé d'utiliser mon asthme comme prétexte », « Je passe devant. Je ne peux pas rester comme ça dans cette queue. »…)
A aucun moment, on ne peut imaginer qu'il s'agit du récit d'une adolescente. Tout est si maîtrisé (à l'exception de l'orthographe parfois, mais je n'ai eu droit qu'à l'épreuve…), à l'image de ces quelques passages : « Je peux vous parler de Staline et d'Hitler, mais d'aucune de leurs victimes. Est-ce que ce sera la même chose avec Assad dans cinquante ans ? Sans doute. Les gens sauront tout de lui mais rien des bonnes gens de la Syrie. Nous ne serons que des nombres,…, tandis que le tyran entrera dans l'Histoire. » Et cet extrait montre également, si besoin était, que ce récit est un véritable réquisitoire contre Assad et sa famille, contre Erdogan…
Un message raté qui, à mon avis, ne peut que renforcer les sentiments nationalistes : « Allemagne, pays où tout le monde ou presque essayait d'aller parce que les allocations pour les migrants étaient avantageuses. », « La maison est fournie par l'Etat allemand, qui paie également les factures. Il nous donne 325 euros par mois pour les adultes et 180 euros pour chaque enfant… », « S'occuper des migrants au cours de l'année 2015 a coûté aux contribuables allemands plus de 23 milliards… »
Lorsqu'elle analyse le viol de jeunes femmes allemandes, au soir de la Saint-Sylvestre, à Cologne : « Notre culture est différente. Peut-être que certains hommes musulmans, en voyant les filles allemandes légèrement vêtues ou en entendant dire que les femmes tombent enceintes sans être mariées, se font une mauvaise idée du comportement à adopter. » Heureusement qu'elle finit cette analyse en écrivant : « Mais les agressions sexuelles sont répréhensibles partout. »
 
Je n'ai qu'un regret : ne pas avoir su plutôt que Nujeen résidait à Cologne. Y étant le 1er octobre dernier, j'aurais cherché à la rencontrer et je suis certaine que j'aurais découvert une jeune adulte pleine d'attraits, ce que ne montre pas ce livre que j'ai -par honnêteté intellectuelle- lu jusqu'à la dernière page. Une lecture décevante de bout en bout.
Merci Babelio pour cet envoi -néanmoins.
Je finirai par ces phrases de Nujeen mises en valeur par l'auteur (?????) : « Pour réussir en tant que migrant, il faut connaître la loi. Il faut être débrouillard. Il faut un smartphone, avoir un compte Facebook et WhatsApp. »
Loin de l'image que j'ai d'un migrant…
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